Difference between revisions of "Bon, eh bien, j'espérais"

From No Subject - Encyclopedia of Psychoanalysis
Jump to: navigation, search
Line 1: Line 1:
 +
<font size="+2">séminaire oral du 12 février 1974</font>
 +
</p><p><font size="+2">Jacques Lacan</font>
 +
<br><font size="+2">1973-74</font></p></center>
  
 +
<blockquote>
 +
<blockquote>
 +
<center><img src="pipe.jpg" alt="ceci n'est pas une pipe" height="100" width="144"></center><a></a>
 +
</blockquote>
  
<font size="+2">séminaire oral du 15 janvier 1974</font></ul>
+
</blockquote>
</ul>
+
<font size="-1">En rapport avec les documents sonores disponibles en archives
 
 
</ul>
 
</ul>
 
</ul>
 
</ul>
 
 
 
<center><font size="+2">Jacques Lacan</font>
 
<br><font size="+2">1973-74</font>
 
<p><img src="pipe.jpg" alt="ceci n'est pas une pipe" height="100" width="144"></p><a></a><a></a></center>
 
 
 
<p><font size="-1">En rapport avec les documents sonores disponibles en archives
 
 
au groupe
 
au groupe
 
<b><i><a href="http://www.lutecium.fr/Accueil.html">Lutecium</a></i></b>,
 
<b><i><a href="http://www.lutecium.fr/Accueil.html">Lutecium</a></i></b>,
le texte proposé sur cette page est une transcription écrite
+
le texte proposé sur cette page est une transcription intégrale
intégrale de la séance, relue à l'aide de la bande
+
écrite de la séance qui a été relue à
son, (2002).</font>
+
l'aide de la bande son. (février 2003).</font>
</p><center>
+
<center>
<p><font size="+1">transcription de la version sonore originale</font></p></center>
+
<hr size="3" width="80%"><font size="+1">transcription de la version sonore
 +
originale</font></center>
  
<p><font size="-1">&nbsp;&nbsp; Voilà vous m'avez vu la dernière
+
<dir><font face="Arial"><font size="-1">Bon, eh bien j’espérais...
fois un petit peu dépassé par votre nombre, comme il est...
+
j'ai appris sur le tard qu'il y avait les vacances de... dites de Mardi
ça me laisse l'espoir qu'il se réduise, alors je continue.</font>
+
gras, justement parce que c’est pas le Mardi gras, alors j'ai maintenu
</p><p><font size="-1">&nbsp;&nbsp; L'inconvénient de ce nombre, c'est
+
ma ... j'ai maintenu ma... ma, je ne sais pas quoi, mon séminaire,
que, j'y pensais tout à l'heure, je suis... je suis amené,
+
n'est-ce pas, je l'ai maintenu aujourd'hui parce que j’espérais
enfin, à chaque fois, à… à pencher, enfin, vers ceci
+
que grâce à ça je pourrais peut-être me promener
que si je vous parle, ça ne peut être que pour la première
+
au milieu de vous parce que vous seriez un peu moins nombreux, et en somme
fois. C'est-à-dire que c'est une notion d'ordre. Cette notion d'ordre
+
parler un peu avec les gens qui sont censés m’écouter. Vous
évidemment me gêne et c'est d'où j'essaie de sortir
+
êtes un peu moins nombreux, c’est vrai, ce qui d'ailleurs me permet
en vous montrant autre chose, c'est à savoir qu'il y a la nodalité.</font>
+
de le faire, mais enfin, je regrette de ne pas avoir eu cette occasion
</p><p><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Pour le dire, n'est-ce pas, la question
+
de m’exprimer d'une façon un peu plus familière et directe.
est de savoir ce que le savoir inconscient, là, forcément,
+
Voilà.</font></font>
je vois bien que... je vois bie<a></a><a></a>n que j'enchaîne, à savoir
+
<br><font face="Arial"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; -dessus...
que, le savoir inconscient, je le pose. Je le pose comme ce qui travaille.
+
là-dessus je vous annonce que, il vient de sortir une espèce
Et ce qui travaille peut travailler, il n'y a de prise quelconque du travail,
+
de plaquette comme ça (le docteur Lacan lance la plaquette dans
il n'y a de prise quelconque du travail que dans un discours. Il s'agit
+
la salle), que je vous envoie, il y a un encart dedans, l’encart est aussi
de fonder ce qui travaille dans le discours analytique.</font>
+
intéressant que la plaquette, de sorte que ça va aussi bien
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; S'il n'y avait pas de lien social,
+
si c'est pas les mêmes qui l'ont reçu. Voilà. En principe
et de lien social en tant qu'il est fondé par un discours, le travail
+
- en principe, ça doit passer à la télévision
serait insaisissable. Disons, avec I'ironie que ça comporte, que
+
- donnez l'encart à quelqu'un d'autre... voilà. C'est des
dans la nature, ça ne travaille pas. Alors, il semble bien, enfin,
+
questions que Jacques-Alain Miller a eu la bonté de me poser, dans
que, c'est d'ailleurs ce qui la fonde, la nature, l'idée que nous
+
l'espoir de faire ... Télévision. Naturellement, naturellement
en avons, c'est le lieu, c'est le lieu où ça ne travaille
+
c'est un espoir tout à fait abusif : il m’a posé les questions
pas.</font>
+
qu'il est capable de me poser à partir de l'idée qu'il se
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Le savoir, le savoir en tant qu'inconscient,
+
fait de la télévision. Il m'a posé des questions kantiennes
en tant qu'en nous "ça travaille", semble donc impliquer une supposition.
+
en particulier, comme si tout le monde était kantien, mais jusqu'à
C'est une supposition, me direz-vous, pour laquelle nous n'avons pas besoin
+
un certain point c'est vrai, tout le monde est kantien, de sorte que les
de nous forcer, puisqu'en somme, c'est nous-même le sujet, I'<i><font face="Symbol">upokeimenon</font></i>,
+
questions qu'il m'a posées m'ont donné simplement occasion
tout ça, ça veut dire exactement la même chose, à
+
de... occasion de répondre au niveau présumé télévision
savoir qu'on "suppose" que quelque chose existe, qui s'appelle, que j'ai
+
par Jacques-Alain Miller. Le résultat m'a paru quand même
désigné comme l'être parlant, ce qui est un pléonasme,
+
digne d'être retenu puisque je l'ai fait publier. Voilà.</font></font>
parce qu'il n'y a d'être que de parler, s'il n'y avait pas le verbe
+
<br><font face="Arial"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Alors maintenant,
être, il n'y aurait pas d'être du tout.</font>
+
je vais vous parler un peu, aujourd'hui, en essayant de rester dans la
 +
note de ce que j'espérais. Ce que j'espérais vous dire, c’était
 +
en somme, c'était quelque chose, disons, en gros, comme ça,
 +
dont la visée, enfin, vous en ferez le titre que vous voudrez, dont
 +
la visée était de vous dire, vous dire la différence,
 +
c'est ça qui me parait, c'est ça qui me parait important
 +
dans ce que j'essaie de vous apporter cette année, de vous dire
 +
la différence qu'il y a entre le vrai et le Réel.</font></font>
  
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Néanmoins, néanmoins,
+
<br><font face="Arial"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Comme vous vous
nous... nous savons bien que le mot <i>d'exister</i> a pris un certain
+
en êtes peut-être aperçus, n'est-ce pas, je me suis
poids. Un poids en particulier par le quanteur, le quanteur de l'existence.
+
avancé cette année à... avec vous, je me suis avancé
Le quanteur de l'existence, en réalité, a tout à fait
+
cette année avec, comme dans <i>La paix chez soi</i> de Courteline,
déplacé le sens de ce mot ex-sister, et si même je
+
n’est-ce pas, "le truc d'un côté et le machin de l’autre",
peux l'écrire comme je l'ai écrit <i>ex, tiret, sister</i>,
+
c’est tout ce qu'elle a réussi à obtenir, la petite bonne
<i>ex-sister</i>
+
femme, en achetant je ne sais quel lustre, enfin qui justement se met en
c'est justement là en quoi... en quoi se... en quoi se marque l'originalité
+
deux morceaux... enfin, contrairement à elle, mes trois morceaux,
de ce quanteur.</font>
+
à savoir les trois, les trois ronds consistants dont s'ajuste le
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Seulement, voilà. L'originalité
+
nœud borroméen, c'est ce que je tiens dans la main pour vous parler
ne fait que déplacer l'ordre, à savoir que ce qui ex-siste,
+
de ce que les non-dupes errent.</font></font>
c'est cela qui serait originaire. C'est à partir de l'ex-sistence
+
<br><font face="Arial"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Ca n'a pas l'air
que nous nous trouvons ré-interroger ce qu'il en est, ce qu'il en
+
d'avoir un rapport direct, immédiat tout au moins, ça ne
est de la supposition.</font>
+
saute pas aux yeux. Mais vous savez peut-être qu'un de ces ... un
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Simple déplacement, en somme.
+
de ces trois ronds, je le dénomme, je le dénomme du Réel,
Et ce que j'essaie, ce que j'essaie de, ce que j'essaie de faire cette
+
les deux autres étant l'Imaginaire et le Symbolique, et que c'est
année, hein, avec mes non-dupes, c'est de voir de quoi en somme
+
autour de ça que j'essaie de vous faire sentir quelque chose.</font></font>
il faut être dupe pour que tout ça tienne, que ça tienne
+
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; <font face="Arial">Vous faire sentir
dans une consistance.</font>
+
ceci, d'abord, que j'ai déjà proféré, mais
 +
qui ne vous a pas forcément sauté aux yeux, n'est-ce pas,
 +
c'est que, c'est que justement je les prends sous seulement cet angle qu'ils
 +
sont trois, qu'ils sont trois et également consistants. C'est une
 +
première façon d'aborder, d'aborder ce qu'il en est du Réel.
 +
Il est bien certain que le Réel, c'est ce qui les fait trois, sans
 +
que pour autant ce qui les fait trois soit le troisième. S'ils se
 +
rajoutent, ce n'est que pour faire trois. Et justement ils ne se rajoutent
 +
pas. Parce que chacun des trois se rajoute tout autant sans pour autant,
 +
sans pour autant être le troisième. Il n'est là que
 +
parce que les deux autres ne font pas nœud sans trois, si je puis m'exprimer
 +
ainsi.</font></font>
 +
<br><font face="Arial"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Et c'est ce que
 +
je voudrais vous dire, c'est que la logique ne peut se définir que
 +
d'être la science du Réel. L'embêtant, c'est qu’elle
 +
ne parle et qu'elle ne part que du vrai.</font></font>
 +
<br><font size="-1"><font face="Arial">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Elle n'a pas tout
 +
de suite commencé comme ça. Il y avait peut-être, comme
 +
tout de même dans l’ensemble, enfin, vous le savez, il y avait un
 +
nommé Aristote qui a frayé la question. Evidemment, le mot
 +
de "vrai" </font><font face="Symbol">alethes</font><font face="Arial">
  
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Et c'est en quoi j'introduis ce ternaire
+
traîne pas mal dans son machin qu'il a appelé l'Organon et
ou plus exactement je m'aperçois qu'à partir, à être
+
dont on a fait depuis, la logique. Lui frayait, il se débrouillait
parti de ce ternaire, du Symbolique, de l'Imaginaire et du Réel,
+
comme il pouvait, et l'ennui, actuellement, dans notre affaire avec l'Organon,
je pose une question, ou plus exactement, comme pour toute question, pour
+
c'est que ça ne peut pas paraître sans que la moitié
toute question c'est de la réponse qu'elle est partie... de la réponse
+
de la page soit tenue par des, disons, commentaires de l'Organon, qui ne
qui, à maintenir, à maintenir comme distinct, le Réel,
+
sont pas du tout à proprement parler ce qu'on peut appeler commentaires,
nous fait nous poser la question : où se situe ce savoir, ce savoir
+
mais une certaine façon d'organifier sur I'Organon, c'est-à-dire
inconscient que... dont nous sommes travaillés dans le discours
+
de le rendre comestible.</font></font>
analytique. Il est bien certain que c'est le discours qui nous fait coller,
+
<br><font face="Arial"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Ça commence
le discours analytique qui nous fait coller à ce savoir d'une façon
+
à un certain Alexandre, à un autre qui s'appelle Simplicius,
qui n'a pas de précédent, n'a pas de précédent
+
et puis plus tard à un nommé Pacius, et puis après
dans l'Histoire.</font>
+
tout ce qu’on veut, un Pierre d'Espagne, un saint Thomas d'Aquin, enfin
</p><p><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Pourquoi après tout ne pourrions-nous
+
grâce à ça, la chose a été, enfin complètement
pas considérer ce discours lui-même comme contingent puisqu'il
+
déviée, c'est au point que ce n'est pas du tout facile, parce
part d'un dire, d'un dire qui fait événement, celui que j'essaie
+
que malgré tout on a un espèce, comme ça, de frottis,
de... que j'essaie de prolonger devant vous, et la question de la contingence
+
on s'est frottés à ces divers auteurs, et on les entend,
de ce dire, c'est bien autour de celle-là que nous tournons. Si
+
on entend Aristote, malgré tout, à travers, à travers
ce dire n'est que contingent, et aussi bien c'est de cela qu'il faut rendre
+
eux.</font></font>
compte, où se situe le Réel ? Est-ce que le Réel n'est
+
<br><font face="Arial"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Ce serait bien
jamais que supposé ?</font>
+
si, si quelqu'un, si quelqu'un arrivait à faire l'effort, en somme
</p><p><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Dans ce noeud, ce noeud que je profère,
+
de lire, de lire par exemple, rien que ceci, qui est le second volume de
dans ce noeud, ce noeud fait du Symbolique et de l'Imaginaire en tant que
+
cet <i>Organon</i>, à lire ce qu'on appelle, qu'on appelle, c'est
c'est seulement quelque chose qui avec, avec… fait trois, qui les noue,
+
parce qu'on l’a intitulé comme ça, c'est aussi un titre qui
c'est du Réel qu'il s'agit.</font>
+
est venu après coup, on appelle ça <i>Les Premiers Analytiques</i>,
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Qu'ils soient trois, c'est à
+
arriver à le lire, non pas bien sûr de première impression,
cela que tient le Réel.</font>
+
parce que quelqu'un qui le lirait de première impression, simplement,
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Pourquoi le Réel est-il trois
+
n'y comprendrait pas plus que ce que, dans l'ensemble, enfin vous comprenez
? C'est une question que je fonde, que je justifie de ceci : qu'il n'y
+
à ce que je raconte, c'est-à-dire pas lourd...&nbsp; la chose
a pas de rapport sexuel. En d'autres termes, que je le précise,
+
absolument qu'il faudrait qu'un jour quelqu'un arrive à faire, c'est
que je le précise de ceci, qui puisse s'écrire, moyennant
+
justement à connaître assez bien la différence de ce
quoi, moyennant quoi ce qui s'écrit, c'est que, par exemple, il
+
que dit Aristote avec ce que nous ont transmis, enfin, ceux qui ont ressassé
n'existe pas de "f", de "f" tel qu'entre x et y qui, ici, signifient le
+
le truc, à en voir assez bien la différence pour voir combien
fondement de tels des êtres parlants, à se choisir comme de
+
Aristote frayait et comment il frayait et pourquoi pas, même les
la partie mâle ou femelle, ceci, cette fonction qui ferait le rapport,
+
endroits où il glissait, où il s'est tordu le pied, ... c'est
cette fonction de l'homme par rapport à la femme, cette fonction
+
un monde ! Ouais...</font></font>
de la femme par rapport à l'homme, il n'en existe pas qui puisse
+
<br><font face="Arial"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Il est tout à
s'écrire.</font>
+
fait clair que je n'en rajoute pas, là. Ou plutôt que ce que
</p><center><img src="ndup6a.jpg" alt="Non dupes 6 a : Il n'existe pas une fonction f telle que f (x,y)" height="43" width="165"></center>
+
je rajoute, ce serait destiné à, à proposer, enfin
 +
tout au moins une tâche, à savoir jusqu'à quel point,
 +
et dans Aristote, me semble-t-il, on peut saisir, à quel point c'est
 +
un frayage ; et un frayage qui ne s'éclaire qu'à partir de
 +
ceci que j'ai énoncé juste à l'instant : que la logique,
 +
c'est proprement la science du Réel.</font></font>
  
<p><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; C'est ça la chose, la chose
+
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp; <font face="Arial">Dans Aristote, on n'est
que je produis devant vous, c'est ce que, quelque part, car je me répète,
+
pas tellement encombré par le vrai. Il ne parle pas de vrai à
comme tout le monde, il n'y a que vous pour ne pas vous en apercevoir,
+
propos du prédicat. Il ânonne bien sûr, et à
c'est ça que j'ai déjà énoncé sous le
+
cause de ça on s’est cru tout à fait obligé de faire
nom de <i>Chose freudienne</i>, ça y est en long et en large, et
+
pareil, on parle de l'homme, de l'animal, de... du vivant, à l'occasion,
bien sûr, c'est tout à fait passé inaperçu,
+
et encore, je dis là des choses qui ont tout de suite un vague sens,
pour une simple raison, c'est que nous en restons dans cet Imaginaire.</font>
+
ça s'emboîte : l'homme, l'animal, le vivant ; tout animal
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Dans cet Imaginaire qui est justement
+
est vivant, tout homme est animal, moyennant quoi tout homme sera vivant...</font></font>
ce que met en question la moindre expérience du discours analytique,
+
<br><font face="Arial"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Il est tout à
c'est qu'il n'y a rien de plus flou que l'appartenance, que l'appartenance
+
fait clair dès ce départ, comme la suite d'ailleurs l'a bien
à un de ces deux côtés : celui que je désigne
+
montré, que tout ça ne veut rien dire.</font></font>
de x et l'autre de y, justement en ceci que du même coup il faut
+
<br><font face="Arial"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; En d'autres termes,
que je marque qu'il n'y a nulle fonction qui les relie.</font>
+
que le vrai, dans l'affaire, est tout à fait hors de saison, déplacé.</font></font>
</p><p><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Alors, il s'agit de savoir comment,
+
<br><font face="Arial"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Et ce qui le rend
tout de même, ça fonctionne, à savoir que, tout de
+
tangible, ce qui le rend tangible, c'est que c'est... ces cases, n'est-ce
même, ça baise là-dedans.</font>
+
pas, ces... qu'il remplit comme il peut avec ces par exemple ces trois
</p><p><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; En énonçant cela, ceci,
+
mots que je viens de dire : homme, animal, et vivant, n'est-ce pas, il
il faut quand même que je décolle de quelque chose qui est
+
peut aussi bien mettre n'importe quoi, n'est-ce pas, le cygne, le noir...
une... une supposition, une supposition que, il y ait un sujet, mâle
+
enfin n'importe quoi d'autre, le blanc... le blanc traîne partout,
ou femelle.</font>
+
on ne sait pas qu'en faire, il est rendu manifeste dans ce que j'ai appelé
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; C'est une supposition que l'expérience
+
son frayage, que ces termes, tout son effort est justement de pouvoir s'en
rend très évidemment intenable, et qui implique que ce que
+
passer, c'est-à-dire qu'il les vide de sens, et il les vide de sens
j'avance, que ce que j'avance en énoncé par mon énonciation,
+
par ce moyen qu'il les remplace par des lettres à savoir alpha,
par l'énonciation dont je ne suis le sujet que pour autant que dans
+
bêta, gamma, par exemple, au lieu de mes trois premiers termes, là
le discours analytique je travaille moi-même, qu'il faut que je ne
+
que je vous ai extraits, qui sont dans Aristote ... il dit, n'est-ce pas,
mette pas de sujet sous cet x et sous cet y. Il faut donc que l'énoncé,
+
ça ne commence à prendre forme qu'à partir du moment
et rien que déjà écrire ceci au tableau, il faut donc
+
il énoncera que tout b...&nbsp; tout <i>a</i> est <i>b</i>,
que mon énoncé n'implique pas de sujet.</font>
+
tout gamma est <i>b</i>... non, tout <i>b</i> est gamma, moyennant quoi
 +
tout <i>a</i> sera gamma.</font></font>
  
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; S'il y a quelque chose, s'il y a quelque
+
<br><font face="Arial"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; En d’autres termes,
chose qui se trouve là écrit, c'est que de sujet, il n'est
+
il procédera de la façon à pouvoir qualifier deux
question que dans la fonction, et justement que ce que j'écris,
+
de ces termes, ceux qui font le joint, de moyens, moyennant quoi il pourra
c'est que sous cette fonction, justement de ce qu'elle soit niée,
+
établir une relation entre les deux extrêmes. C’est en cela
il n'y a nulle existence.</font>
+
qu'au départ, dès le départ, se touche qu'il ne s'agit
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Le "il n'existe pas" veut dire ça,
+
pas du vrai. Car peu importe que tel animal soit blanc ou pas, chacun sait
il n'y a pas de fonction.</font>
+
qu'il y a des cygnes noirs, des cygnes, c, y, g, n, e,&nbsp; l'important
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Ce dont il s'agit, ce dont il s'agit,
+
est que quelque chose soit articulé grâce à quoi s'introduit
c'est de démontrer, c'est de démontrer que cette fonction,
+
comme tel le Réel.</font></font>
si elle n'a pas d'existence, ce n'est pas seulement affaire contingente,
+
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp; <font face="Arial">Ce n'est pas pour rien
c'est affaire d'impossible.</font>
+
que, dans le syllogisme, il y a trois termes : les deux extrêmes
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; C'est affaire d'impossible et pour
+
et le moyen.</font></font>
le démontrer, ce n'est pas une petite affaire.</font>
+
<br><font face="Arial"><font size="-1">&nbsp;&nbsp; C'est qu'en fin de compte,
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Ce n'est pas une petite affaire simplement
+
je dis en fin de compte parce que ce n'est qu'un premier essai, tout se
pour ceci : c'est que à simplement l'écrire, à simplement
+
passe comme s'il avait quelque chose comme un pressentiment du nœud borroméen.</font></font>
l'énoncer, même seulement dans l'écriture, la chose
+
<br><font face="Arial"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; C’est à
ne tient que jusqu'à preuve du contraire, à savoir jusqu'au
+
savoir que tout de suite il touche du doigt à partir du moment où
moment, jusqu'au moment où quelque chose de contingent s'inscrive
+
il aborde le Réel, qu'il faut qu'il y en ait trois. Evidemment ces
en faux contre ce dire, et par bonheur, si je puis dire, <i>bon heur</i>,
+
trois, il les manie tout de travers, c'est à savoir qu'il s'imagine
les deux mots séparés, s'écrive f, x, virgule y...
+
qu'ils tiennent ensemble deux par deux. C'est une erreur. Il s'imagine
il y a une fonction qui noue le x et le y, et que ça a cessé
+
qu'ils tiennent ensemble deux par deux, et même jusqu'à un
de ne pas s'écrire.</font>
+
certain point, on peut traduire la chose en disant qu'il les fait concentriques.</font></font>
 +
<br><font face="Arial"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; A savoir qu'il
 +
y a la sphère des vivants, par exemple, puis à l'intérieur,
 +
la sphère des animaux, la sphère ou le rond et puis à
 +
l'intérieur encore la sphère des hommes. C'est ce qu'on appelle
 +
le traduire en extension. Naturellement, on s'y est employé, parce
 +
qu’on en est aussi embarrassé d'un terme dont je me sers beaucoup,
 +
mais ce n'est pas sans raison d'être : on en est embarrassé
 +
comme le poisson d'une pomme.</font></font>
  
</p><center><font size="-1">f (x,y)</font></center>
+
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; <font face="Arial">Pour vous délasser,
 +
je fais ici une franche parenthèse, ça n'a rien à
 +
faire avec Aristote, parce qu'Aristote de ça n'a pas la moindre
 +
espèce d'idée... Moi, je suis embarrassé, par exemple,
 +
de votre nombre, tout à fait comme un poisson d'une pomme. Et pourtant
 +
il y a d'autres moments où je vous dis que les rapports de mon dire
 +
avec, enfin, cette assistance justement dont je ne sais que faire, sont
 +
de l'ordre des rapports de l'homme avec une femme. Je vous ferai remarquer
 +
ceci, comme ça que j'ai trouvé ce matin, ça m'a sauté
 +
aux yeux, que... eh ben que c'est déjà dans la Genèse.
 +
Ce que nous indique la Genèse par l'offre d'Eve, ça n'est
 +
rien d'autre que ceci : que l'homme, là il y a un flottement à
 +
ce moment-là, c'est <i>la</i> femme, mais comme je vous l'ai dit,
 +
<i>la</i>
 +
femme n'existe pas, n'est-ce pas, mais de même qu'Aristote, enfin
 +
vasouille un peu, on ne voit pas pourquoi la Genèse, quoiqu'inspirée,
 +
en aurait fait moins, et que cette offre de la pomme soit très exactement
 +
ce que je dis, à savoir qu'il n'y a pas de rapport entre l'homme
 +
et la femme, ceci qui s'incarne très manifestement du fait que,
 +
comme je l'ai souligné, <i>la</i> femme n'existe pas, <i>la</i>
 +
femme n'est pas-toute, c'est de ça qu'il résulte que l'homme
 +
avec une femme en est aussi embarrassé qu'un poisson d'une pomme
 +
: ce qui normalise nos rapports et ce qui me permet de les assimiler à
 +
quelque chose dont ça serait beaucoup dire que de dire que c'est
 +
l'amour, parce que à la vérité, je n'éprouve
 +
pas pour vous le moindre sentiment d'amour. Et sans doute est-ce réciproque,
 +
comme je l’ai énoncé : dans ce qu'il en est de l'amour, les
 +
sentiments sont toujours réciproques.</font></font>
 +
<p><font face="Arial"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Ceci est une parenthèse,
 +
revenons à Aristote.</font></font>
  
<p><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Pour que ça ait cessé
+
<br><font face="Arial"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Aristote, quoi
de ne pas s'écrire, il faudrait que ça soit possible, et
+
? montre bien que le vrai, c'est pas du tout ça qui est en jeu.
jusquun certain point ça le reste, puisque ce que j'avance,
+
Grâce au fait qu'il se fraye, qu'il fraye l'affaire de cette science
c'est que ça a cessé de s'écrire. Pourquoi ça
+
que j'appelle du Réel, du Réel c'est-à-dire du trois,
ne recommencerait-il pas ?</font>
+
du même coup il démontre qu'il n'arrive au trois qu'en frayant
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Non seulement il est possible, il
+
les choses au moyen de l'écrit, à savoir que dès les
est possible qu'on écrive F... F, x et y, mais il est clair qu'on
+
premiers pas dans le syllogisme, c'est parce qu'il vide ces termes de tout
ne s'en est pas privés.</font>
+
sens en les transformant, en les transformant en lettres, c'est-à-dire
</p><center><font size="-1">f (x,y)</font></center>
+
en des choses qui par elles-mêmes ne veulent rien dire, c'est comme
 +
ça qu'il fait les premiers pas dans ce que j'ai appelé la
 +
science du Réel. Qu'est-ce que la logique ainsi conçue, attrapée
 +
par ce bout-là, qu'est-ce que la logique a à faire dans le
 +
discours analytique ?</font></font>
 +
<br><font face="Arial"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Ce par quoi vous
 +
êtes en somme, pour ma plainte, si nombreux à m'entendre,
 +
c'est dans la mesure où ce que je véhicule, c'est ce qui
 +
se dégage du discours analytique. Dans le discours analytique les
 +
choses procèdent d'une façon différente, et c'est
 +
pourquoi vous êtes là, pour autant que, ici, je le prolonge,
 +
ce qui fait le corps de ce que je dis, c'est tout à fait autre chose
 +
que ce sur quoi, jusqu’à présent, on a fondé une logique,
 +
c'est-à-dire des dits. Des dits qu'on manipule. Aristote le fait,
 +
mais comme je viens de vous le dire, la caractéristique de son pas,
 +
c'est de vider ces dits de leur sens. Et c'est par là qu'il nous
 +
donne l'idée de la dimension du Réel.</font></font>
 +
<br><font face="Arial"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Il n'y a pas de
 +
voie pour tracer les voies de la logique, sinon de passer par l'écrit.
 +
C'est ce qu'Aristote démontre dès ses premiers pas, et c'est
 +
en quoi l'écrit se montre d'une autre dimension que le dire.</font></font>
 +
<br><font face="Arial"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Par contre, ce
 +
qui vous retient, ce qui vous agite, et ce qui agitera sans doute de plus
 +
en plus, c'est que le dire vrai, c'est tout autre chose. Le dire vrai,
 +
c'est si je puis dire la rainure, c’est ce qui définit la rainure
 +
par où passe ce qui... ce qu'il faut bien qu'il supplée à
 +
l'absence, à l'impossibilité d'écrire, d'écrire
 +
comme tel le rapport sexuel. Si le Réel est bien ce que je dis,
 +
à savoir ce qui ne se fraye que par l'écrire, c'est bien
 +
ce qui justifie que j'avance que le trou, le trou que fera, que fait à
 +
jamais l’impossibilité d'écrire le rapport sexuel comme tel,
 +
c’est là à quoi nous sommes réduits, quant à
 +
ce qu'il est, ce rapport sexuel, de le réaliser quand même.</font></font>
 +
<br><font face="Arial"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Il y a des canalicules,
 +
il y a des choses qui font chicane, il y a des trucs où on se perd,
 +
mais où on se perd de façon telle que c'est là proprement
 +
ce qui constitue la métaphore dite du labyrinthe, on en arrive jamais
 +
au bout, mais l‘important n'est pas là, c'est de démontrer
 +
pourquoi on n'en arrive jamais au bout, c'est-à-dire de serrer de
 +
près ce qui se passe quand il s'agit, tout ce par quoi nous touchons
 +
au Réel, de ce qui sans doute fait que du Réel, nous avons,
 +
comme tel, une idée propre et distincte, le Réel, c'est ce
 +
qui se détermine de ce que ne puisse pas, d'aucune façon,
 +
s'y écrire le rapport sexuel.</font></font>
 +
<br><font face="Arial"><font size="-1"><font color="#000000">&nbsp;&nbsp;&nbsp;
 +
Et c'est de là que résulte ce qu'il en est du dire vrai,
 +
tout au moins ce que nous démontre la pratique du discours analytique,
 +
c'est que c'est à dire vrai, c'est-à-dire des conneries,
 +
celles qui nous viennent, celles qui nous jutent comme ça, qu'on
 +
arrive à frayer la voie vers quelque chose dont ce n'est que tout
 +
à fait contingent que quelquefois et par erreur, ça cesse
 +
de ne pas s'écrire, comme je définis le contingent, à
 +
savoir que ça mène, entre deux sujets, à établir
 +
quelque chose qui a l'air de s'écrire comme ça d'où
 +
l'importance que je donne à ce que j'ai dit de la lettre d’(a)mur</font><font color="#990000">.</font></font></font>
  
<p><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Pour démontrer donc l'impossible,
+
<br><font face="Arial"><font size="-1">&nbsp;&nbsp; Cette distinction qui
il faut prendre fondement ailleurs.</font>
+
spécifie le discours analytique, qui m'a permis de le discerner
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Ailleurs que dans ces écritures
+
parmi quatre autres qui étaient là parce...&nbsp; parce qu'ils
précaires puisqu'après tout, elles ont cessé, et qu'à
+
ont bien l'air, comme ça, de vivre, et non seulement ils ont l'air,
partir du moment où elles ont cessé, on pourrait croire que
+
mais ils sont infiniment plus robustes que le discours analytique qui a
ça peut reprendre. C'est bien le rapport du possible et du contingent.</font>
+
encore tout à faire quant à son frayage. Le discours analytique,
 +
non seulement réserve la place de la vérité, mais
 +
il est à proprement parler ce qui permet de dire ce qui, pour ce
 +
qui est du rapport sexuel, y coule, remplit la rainure.</font></font>
 +
<br><font face="Arial"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; C'est tout à
 +
fait important. C'est tout à fait important parce que ça
 +
change complètement le sens de ce dire vrai que je viens d'abord
 +
de poser comme distinct de toute science du Réel. Ça en change
 +
complètement le sens, parce que, comme je viens de le dire, pour
 +
une fois, cette rainure n'est pas vide, il y passe quelque chose.</font></font>
 +
<br><font face="Arial"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Si certains d'entre
 +
vous se souviennent de ce que j'ai avancé, structuré comme
 +
le discours du maître, ils peuvent y lire, s'ils sont capables de
 +
lire quelque chose, ils peuvent y lire que la vérité du maître,
 +
ça n'est rien d'autre que le sujet. Pour les sourds, je rappelle
 +
que le discours du maître, c'est ça : avec ici deux flèches
 +
et ici deux flèches comme ça, et ici rien du tout...</font></font></p></dir>
  
</p><p><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; A prendre appui sur le noeud pour que
+
<center><img src="ndup7a.jpg" alt="nondupes 7 a : Discours du maître" height="86" width="134"></center>
quelque chose de l'impossible se démontre, qu'est-ce que je fais
 
?</font>
 
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Je prends appui peut-être, la
 
question mérite qu'on la soulève, sur une topologie.</font>
 
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Puisque pour ce qui est de l'ordre,
 
eh bien, on peut dire que c'est bien ce qui, jusqu'à présent,
 
n'a pas manqué, à savoir que c'est à mettre de l'ordre
 
qu'on supporte tout ce qui a pu s'avancer du rapport dit sexuel. Il est
 
vrai que cet ordre, on s'y embrouillait un tant soit peu les pattes, et
 
qu'il est certain que ce n'est pas le même, ce n'est pas le même
 
ordre, en tout cas, qu'instaure, qu'instaure ce que le discours analytique
 
avance, ou paraît avancer de ce qui concerne le rapport sexuel.</font>
 
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; L'ordre 1,2,3, ben, il y en a un qui
 
vient le premier, et ce n'est pas par hasard, on ne sait d'ailleurs pas
 
lequel vient le premier, ce n'est pas par hasard que ce soit le 1, puisque
 
le second le seconde, comme on dit, et que le troisième résulte
 
de leur addition, simplement.</font>
 
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Ça fait une suite qu'on a pu
 
qualifier de naturelle.</font>
 
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Ce qui laisse à rêver.
 
Ce qui laisse à rêver d'autant plus que la dernière
 
fois je vous ai fait la remarque qu'à les écrire à
 
la suite, le privilège de ces trois premiers, c'est qu'il suffit
 
de les prendre à revers pour que tous les ordres soient possibles.</font>
 
  
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Il suffit en effet qu'il y ait 1,2,3,
+
<dir><font face="Arial"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Ce sur quoi repose
ou 1,3,2, c'est ça que j'appelle le... les prendre à revers,
+
le discours du maître, c'est ce que j'ai appelé S1, S indice
pour que les six autres façons d'arranger le 1,2,3, soient possibles.</font>
+
1, autrement dit le commandement, l'impératif. Le discours du maître
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; L'idée de successeur, n'est-ce
+
est là. Et pour un bout de temps. Simplement parce que, parce que
pas, et que, de successeur, il n'y en ait qu'un, qu'un dans la suite naturelle
+
le signifiant existe. Parce que S1, c'est-à-dire le signifiant 1,
des nombres, c'est une idée qui ne s'est dégagée que
+
ça n'est rien d’autre que le fait que le signifiant, il y en a des
tard, ce qui est assez curieux, parce qu'il semblait bien que c'était
+
tas, mais qu'ils sont tous un quelconque. Et c'est tout ce sur quoi repose
là la chose la plus tangible, la plus réelle qui soit, concernant
+
l'existence du Un, c'est qu'il y a du signifiant, et que chacun n'est pas
la suite naturelle.</font>
+
unique, mais tout seul, ce qui n’est pas tout à fait la même
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Pourquoi n'y aurait-il pas, de successeurs,
+
chose.</font></font>
une multitude ?</font>
 
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Ca ne va pas de soi. Nous avons une
 
foule d'exemples, celle de l'arbre notamment, de l'arbre que nous rencontrons
 
partout, vers notre descendance comme vers notre ascendance, pourquoi l'idée
 
de successeur serait-elle inhérente à une suite privilégiée
 
de successeurs se fondant sur ceci : qu'il n'y en a qu'un ?</font>
 
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Qu'il y en ait trois dans tel
 
cas, tel cas privilégié, a certainement rapport à
 
ce qu'il y ait de l'Un.</font>
 
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; "Yad'lun", c'est comme ça que
 
je me suis exprimé. Mais il est tout à fait imaginable que
 
le trois ne soit pas pris dans l'ordre.</font>
 
  
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Ça, c'est pas nouveau, hein
+
<br><font face="Arial"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; C'est justement
le fameux triangle dont les Grecs ont tiré parti, le parti que vous
+
parce qu'il n'y a pas deux... deux quoi ? deux êtres parlants qui
savez, repose là-dessus, et avec, et avec lui, toute la géométrie
+
puissent se conjoindre, faire deux, c'est justement pour ça qu'il
qu'ils en ont extraite, et par quoi longtemps l'idée claire a été
+
y a des signifiants, c'est-à-dire qu'ils parlent. Et ce que démontre
première au regard du distinct. L'idée claire et distincte,
+
le discours analytique, c'est que ce qui se passe quand à la place
qu'on dit !</font>
+
de ceux qui pourraient être sujets, sujets de quelque chose, du rapport
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Moyennant quoi c'est
+
sexuel, quand à leur place il y a deux signifiants, eh ben c'est
<i>more geometrico</i>,
+
ça, et c'est rien d'autre qui coule dans ce que j'ai appelé
qu'on a démontré pendant des siècles et que ça
+
"la rainure du dire vrai".</font></font>
a été un idéal et que ça le reste encore. Le
+
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp; <font face="Arial">Pour ça, il faut
lien de la mesure avec le phénomène de l'ombre, je souligne
+
que le S2, il faut que le S2 n'ait rien à faire avec le dire vrai.
phénomène, c'est-à-dire avec l'Imaginaire, en tant
+
Autrement dit que le S2 soit réel.</font></font>
qu'il suppose la lumière, a instauré cet ordre, qu'on appelle
+
<br><font face="Arial"><font size="-1">&nbsp;&nbsp; Et si vous me suivez
"harmonique", a instauré, fondé, tout ce qu'il en est de
+
dans ce que j'ai tenté de frayer, dans mes premiers vagissements,
la proportion, d'une proportion qui était le seul fondement de la
+
dans ce séminaire, vous concevrez que le S2, c'est ça que
mesure, et instauré un ordre, un ordre qui a servi à construire
+
j'ai écrit dans mon schème du discours analytique, que le
une Physique.</font>
+
S2 c'est un savoir, le savoir en tant qu'inconscient, c'est ça qui
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; C'est de là qu'est partie cette
+
coule dans la rainure du dire vrai.</font></font>
idée de la supposition.</font>
+
<br><font face="Arial"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Ça ne dit
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Parce que, à fonder les choses
+
pas rien, ce que je suis en train de vous raconter ! ça veut dire
sur cet Imaginaire, il fallait qu'il y ait derrière autre chose
+
que c'est un Réel, il y a du savoir qu'il y a beau n’y avoir aucun
: une substance, c'est la même chose, c'est le même mot que
+
sujet qui le sache, il reste être du Réel. C'est un dépôt.
supposition, sujet et tout ce qui s'ensuit.</font>
+
C'est un sédiment... qui se produit chez chacun quand il commence
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Toute cette affaire était par
+
à aborder ce rapport sexuel auquel bien sûr il n'arrivera
trop, si je puis dire, par trop phénoménale.</font>
+
jamais, quelque éducation qu'on lui donne, parce que s'il y a bien
 +
quelque chose qui n'améliorera en rien la situation, la situation
 +
du rapport, c'est bien tout ce qu'on peut leur déconner sur le sujet
 +
de ce que ce rapport serait, soi-disant.</font></font>
 +
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; <font face="Arial">Il n'en restera
 +
pas moins que c'est par des biais tout à fait incidents qu'entrera
 +
pour lui ce qui fait le trois, à savoir le Réel. Parce que
 +
bien sûr, Dieu merci, quand il commence, l'être parlant, il
 +
n'a pas la moindre idée qu’il est un sujet. Il compte un et deux,
 +
ce que vous voudrez, mais pas lui, et comme trois, il y mettra tout ce
 +
qu'on voudra, enfin, voire ce qui maquille les deux autres, à savoir
 +
lui-même, l'enfant, comme qui dirait. C'est un bon prétexte,
 +
à faire entrer le Réel tout en le voilant complètement,
 +
ce n'est qu'un enfant, le Réel ; si ce n'est pas l'enfant lui-même,
 +
ce sera n'importe quel tiers, ce sera la tante Yvonne, enfin, n'est-ce
 +
pas, ou n'importe quoi d'autre... le grand-père Machin. Du moment
 +
que ça fait trois, tout est bon pour ne pas s'apercevoir qu'il ne
 +
s'agit que de trois comme Réel. Moyennant quoi il y a des choses
 +
qui, par la tante Yvonne, par le grand-père Machin ou par l'enfant
 +
lui-même, à savoir son pathétique, à savoir
 +
qu'il est relégué, personne n'y comprend rien, et pour cause,
 +
il n'y a rien à comprendre.</font></font>
 +
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; <font face="Arial">Il y aura tout
 +
de même quelque chose qui s'imprimera, c'est-à-dire non pas
 +
trois, parce que le trois est toujours voilé par quelque côté,
 +
le trois se dérobe, le trois c'est le support, il y aura S2, S indice
 +
2, deux S, deux signifiants grand S qui s'imprimeront, et qui donneront,
 +
selon la voie du pur hasard, à savoir de ce qui, avant tout, clochait
 +
dans ces rapports avec ceux qui étaient là pour présider
 +
à
 +
ce qu'on appelle son éducation, sa formation, il se formera ce savoir,
 +
ce savoir indélébile et en même temps absolument pas
 +
subjectivé, il se formera ce savoir réel, là imprimé
 +
quelque part, imprimé tout comme dans Aristote l'alpha, le bêta
 +
et le gamma, et c'est ça qui sera l'inconscient, et il n'aura rien
 +
d’autre, hein, comme disait le personnage qui passait à la douane,
 +
disant : "Ça c'est de la nourriture pour ma chèvre", à
 +
la suite de quoi le douanier lui disait : "Ecoutez, c'est étonnant,
 +
parce que c'est des bretelles, enfin...!" - l'autre lui répondait
 +
: "Enfin, c'est comme ça, et si elle n'a pas ça, elle n'aura
 +
rien d'autre...", ben c'est pareil pour le savoir inconscient : comme vérité,
 +
il n'aura rien d'autre que ces bretelles !</font></font>
  
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Quand je témoigne, quand je
+
<br><font face="Arial"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Le savoir inconscient,
dis que le noeud, c'est ça qui me cogite, et que mon discours, pour
+
c'est de ça qu'il s'agit de faire le joint pour que le dire vrai
autant qu'il est le discours analytique, que mon discours en témoigne,
+
réussisse à quelque chose, c'est-à-dire réussisse
il se trouve que, parce que j'ai fait quelques pas de plus que vous, il
+
à se faire entendre quelque part pour suppléer à l'absence
est borroméen, en l'occasion, ce noeud, mais il pourrait être
+
de tout rapport entre l'homme et une femme, des, pas toutes.</font></font>
autre. Même s'il était autre, ma question, ma question de
+
<br><font face="Arial"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Voilà la
savoir, savoir en quoi ça a rapport avec ce qui distingue la topologie,
+
distance, la différence qu'il y a entre le dire vrai et la science
avec ce qui distingue la topologie de l'espace fondé par les Grecs,
+
du Réel. C'est pour ça que pour ce qui est de traiter l'inconscient,
l'espace en tant qu'il a donné une première matière
+
nous en sommes beaucoup plus près à manipuler la logique
à décoller de la supposition, qu'est-ce que suppose la topologie
+
que tout autre chose, parce que c'est du même ordre. C'est de l'ordre
?</font>
+
de l'écrit, comme je vous le fais remarquer d'ailleurs le grand
</p><p><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; La topologie ne suppose, ne suppose,
+
frayeur du discours analytique, Freud lui-même, n'a pas pu l'éliminer,
dans ce qu'il en est de l'espace, qu'une consistance, vous le savez ou
+
car quand il donne ses petits schémas, n'est-ce pas, dans... dans
vous ne le savez pas, en tous les cas, je n'peux pas vous faire un cours
+
ses esquisses, celles par lesquelles il a essayé de comprendre ce
de topologie, mais rien n'exclut que vous vous reportiez au texte mathématique
+
que ça pouvait bien être que le savoir de l'hystérique,
où s'est élaborée cette notion, à partir de
+
eh ben qu'est-ce qu'il fait ? Il ne fait exactement rien d'autre que ça,
l'abandon de la mesure comme telle, à savoir quelle qu'en soit,
+
à savoir ces petits points et ces petites flèches, ces modes
de cette mesure la relativité, puisqu'aussi bien elle ne se produit
+
d'écrit grâce à quoi il rend compte, il croit rendre
que d'homothétie, pour savoir l'heure et la hauteur du soleil, nous
+
compte, de quelque chose qui était vieux comme le monde, à
n'avons rien que le rapport de l'ombre avec le piquet qui la projette,
+
savoir l'anamnèse, il est évident que depuis longtemps on
que c'est sur un triangle que tout repose concernant la mesure, la topologie,
+
considère l'anamnèse comme une marque, comme une impression,
elle, élabore un espace qui ne part que de ceci : de la définition
+
il faut aussi bien dire que c'est tout à fait flottant, insuffisant.
du voisinage, de la proximité, ça a le même sens, c'est
+
Là le cher Freud confirme en quelque sorte que c'est bien de ça
une définition du proche, qui part de... d'un axiome, c'est à
+
qu'il s'agit, quand il s'agit du Réel, qu'il s'agit de quelque chose
savoir que tout ce qui fait partie d'un espace topologique, s'il est à
+
qui s'écrit, quelque chose qui s'écrit et qu'il s'agit de
mettre dans un voisinage, implique qu'il y a quelque chose d'autre qui
+
lire, de lire en le déchiffrant, et qu'est-ce que ça veut
soit dans le même voisinage.</font>
+
dire ? ça ne veut rien dire que ce quelque chose qui, en le, si
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; La notion pure de voisinage implique
+
je puis dire, en le réanimant dans le sens de ce quelque chose,
donc, déjà, triplicité, et ne se fonde, ne se fonde
+
de ce quelque chose qui fait barrage à tout essai de déboucher
sur rien qui unisse chacun des éléments triples, si ce n'est
+
sur le rapport proprement dit, en le réanimant grâce à
d'appartenir au même voisinage. C'est un espace qui ne se supporte
+
ce quelque chose qui est cette espèce de parasite, de meuble du
que de la continuité qui s'en déduit, car il n'y a pas, dans
+
corps, que le discours analytique désigne par le phallus, fait que
le topologique, d'autres rapports dits continus que fondés sur le
+
ce qui faisait bouchon, qui est à proprement parler la jouissance,
voisinage et qui du même coup impliquent ce que j'appellerai la malléabilité.
+
et la jouissance phallique comme telle, n'est-ce pas, ce qui faisait bouchon
C'est ce qu'ils appellent, eux, les mathématiciens, la déformation
+
grâce à quelque chose que le discours arrive à obtenir,
continue.</font>
+
n'est-ce pas, à savoir à le séparer dans l'Imaginaire,
</p><p><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Vous voyez que la référence
+
à faire cette castration symbolique, permet que quelque chose réussisse
au continu est dans le mot, et joint, accolé, au mot déformation,
+
ou rate, rate le plus souvent, qui établit au moins entre deux sujets
lequel pour être plus correct s'énonce : transformation continue.</font>
+
quelque chose qui ressemble au rapport, quelque chose qui cesse de ne pas
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Ce sont des images aussi. Mais il
+
s'écrire pour quelques cas rares et privilégiés.</font></font>
faut le dire, elles se saisissent moins bien. Le fait que je parle de saisir,
+
<br><font face="Arial"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Je parle bien sûr
<i>Beqriff</i>,
+
de ce qui s'obtient par la bonne voie, par le discours analytique,
<i>begrifflich</i>, implique une référence à ce qui
+
parce que, il faut bien dire que ce souci de la vérité n'est
se saisit bien, c'est-à-dire le solide. Le souple se saisit moins
+
nécessité que dans des cas tout à fait rares, ceux
bien, à prendre dans la main. L'idée, l'idée qui fonde
+
pour lesquels l'aide du discours analytique que j'ai dit s'impose, dans
la topologie mathématiquement définie, est d'aborder ce qu'il
+
les autres discours, c'est beaucoup plus aisé à obtenir.
en est de ce qu'elle supporte, c'est la topologie qui, , supporte,
+
Dans le discours du maître, voire pourquoi pas dans le discours universitaire,
ce n'est pas un sujet qui lui est supposé, hein.</font>
+
hein...</font></font>
 +
<br><font face="Arial"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Dans le discours
 +
de l'hystérique, hein, ça fait rêver, un nœud... Mais
 +
dans les deux autres bons vieux discours, le roi et la reine, mais ça
 +
va tout seul ! Il suffit d'être roi et reine pour s'entendre. C'est
 +
même impensable qu'ils ne s'entendent pas. Bien sûr, ça
 +
n'a rien à faire avec la vérité du rapport sexuel,
 +
mais l'important c'est pas ça, hein, c'est que ça y supplée.</font></font>
 +
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; <font face="Arial">Alors, parce que
 +
dans des cas le savoir inconscient est boiteux... non seulement il est
 +
boiteux, mais il fait nettement obstacle à ce que le rapport sexuel
 +
s'établisse. Alors, dans ces cas-là, on a affaire à
 +
la nécessité de passer par le discours analytique, à
 +
savoir on a besoin du dire vrai, et surtout un peu de soupçonner
 +
quelles mauvaises fréquentations a le dire vrai. A savoir que tout
 +
ce qui vient troubler, perturber le discours, mon Dieu calme et tranquille,
 +
auquel normalement nous avons affaire, qui fonde la normale, à savoir
 +
que ce qui vient troubler ces discours parfaitement bien établis,
 +
ça ne sort jamais que des cas, des cas où on a besoin en
 +
somme d'une psychanalyse, c'est-à-dire des cas de vérité.</font></font>
 +
<br><font face="Arial"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Ca ne les réduit
 +
pas à l'indignité, ce que je dis : qu'ils ne soient pas normaux,
 +
c'est qu'ils ont avec la vérité une espèce de... une
 +
espèce, comme ça, de parenté, qui tient au fait qu'ils
 +
sont dans le joint où ça ne marche pas pour un seul Réel,
 +
à savoir ce qu'il en est du rapport dit sexuel.</font></font>
  
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Ce que la topologie supporte, l'idée,
+
<br><font size="-1"><font face="Arial">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Il est donc bien
c'est de l'aborder sans image, de ne leur supposer, de ne leur supposer,
+
entendu, je me livre là, comme ça à des remarques
à ces lettres, telles qu'elles fondent la topologie, [... petite
+
qui me semblent utiles à vous faire pour que vous ne fassiez pas
coupure son : de ne leur supposer que le Réel.]</font>
+
d'erreurs, il est donc bien entendu que le discours analytique ne consiste
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Le Réel en tant qu'il n'ajoute...&nbsp;
+
pas du tout à faire rentrer ce qui ne va pas, ce qui ne va pas dans
est-ce que vous vous apercevez que ce terme est encore de trop, puisqu'il
+
le discours normal, hein, dont</font> je viens de désigner deux.</font>
évoque l'addition ? qu'il n'ajoute, à ce que nous savons
+
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; C'est pas du tout de ça q<font face="Arial">u'il
distinguer comme l'Imaginaire, cette souplesse liée au corps, ou
+
s'agit, il ne s'agit pas du tout de les y faire rentrer, c'est simplement
comme Symbolique le fait de dénommer le voisinage, la continuité,
+
de noter que le discours qui ne procède que par le dire vrai, c'est
qu'il n'ajoute que quelque chose, le Réel, et non pas de ce qu'il
+
justement ce, ce qui ne va pas, comme ça s'est toujours démontré,
soit troisième, mais de ça, qu'à eux tous, ils fassent
+
il suffit que quelqu'un fasse un effort, pour dire vrai, pour que ça
trois. Et que c'est tout ce qu'ils ont de RéeI, rien de plus. Je
+
dérange tout le monde, je restitue là simplement les choses
veux dire : tout un chacun. C'est tout ce qu'ils ont de Réel. Ça
+
à leur contexte.</font></font>
a l'air peu, mais ce n'est pas rien.</font>
+
<br><font face="Arial"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Ce que je veux
</p><p><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Ce n'est pas rien puisque, on l'a si
+
simplement vous faire remarquer : c'est en constituant cette faille, cette
bien senti de toujours, que c'est justement là-dessus que, que le
+
faille du dire vrai avec la science du Réel, en la reconstituant
Réel était supposé. Il s'agit de le débusquer
+
pour ce qu'elle vaut, en la reconstituant à la place même
de cette position de supposition qui en fin de compte le subordonne, le
+
où elle se situe, je ne ferme là, bien loin de là,
subordonne à ce qu'on imagine ou à ce qu'on symbolise.</font>
+
aucun système du monde, bien au contraire. Pour qu'un système
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Tout ce qu'ils ont de Réel,
+
du monde existe, il n'y a qu’un seul moyen, n'est-ce pas, c'est...&nbsp;
c'est que ça fasse trois. Là, trois n'est pas une supposition
+
c'est d'y faire des suppositions. Ce qu'il y a de... de plein d'arêtes,
grâce au fait que nous avons, grâce à la théorie
+
je veux dire de stimulant, dans un discours comme celui d'Aristote, qui
des ensembles, élaboré le nombre cardinal comme tel.</font>
+
n'était sûrement pas un idiot ni même un con, ce qu'il
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Ce qu'il faut voir, ce qu'il faut
+
y a de stupéfiant, c'est que y a pas de texte où ce soit
que vous supportiez, c'est ceci : c'est de mettre en question, de mettre
+
plus clair, ce qu'on appelle "supposition".</font></font>
en question que ce n'est pas un modèle, ce qui serait de l'ordre
+
<p><font face="Arial"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Cette distinction
de l'Imaginaire. Ce n'est pas un modèle parce que, parce que par
+
que je viens de vous articuler aujourd'hui, entre le dire vrai et la science
rapport à ce trois, vous êtes non pas son sujet, l'imaginant
+
du Réel, j'ai appelé ça comme ça, j'ai appelé
ou le symbolisant, vous êtes, vous êtes coincés : vous
+
ça comme j'ai pu : le dire vrai, il est là, c'est ce que
n'êtes que... en tant que sujets, vous n'êtes que les patients
+
j'essaye de faire, la science du Réel, c'est ce quelque chose qui
de cette triplicité.</font>
+
est la logique, et qui aussi tient debout, n'est-ce pas, qui tient debout
 +
pour ceux qui savent, bien sûr, s'y retrouver. La distinction est
 +
quelque part, je peux vous montrer où, quelque part dans Les Premiers
 +
Analytiques, hein : 1-37, là, ouais...&nbsp; 1-37...&nbsp; non,
 +
c'est au... si vous prenez le repérage sur les manuscrits, n'est-ce
 +
pas, c'est vers la septième ligne de la page des manuscrits de ce
 +
qui est numéroté par le 49 a. Bon, le 37, c'est la division
 +
de la traduction. Il s'agit des différentes espèces d'attribution,
 +
des expressions... Non, ce n'est pas ça, c'est plus loin...</font></font>
  
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Vous êtes les patients, d'abord,
+
<br><font face="Arial"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Ah ! <i>Il faut
parce que, parce que c'est déjà dans la langue. Or il n'y
+
aussi opérer l'échange des</i>...&nbsp; c'est plus loin,
a pas de langue où le trois ne s'énonce. C'est dans la langue
+
n'est-ce pas, c'est au 49 b, au contraire, <i>il faut aussi opérer
et c'est aussi dans le fonctionnement qui s'appelle le langage.</font>
+
l'échange des termes de valeur identique, mots pour mots, locutions
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; C'est-à-dire la structure logique
+
pour locutions, mot et locution l'un pour l'autre, et toujours préférer
telle que, tout naïvement, enfin, le premier qui ait commencé
+
un mot à une locution pour faciliter ainsi l'exposition des termes.
-dedans, par exemple le premier à notre connaissance, bien
+
</i>Il
sûr, le premier à notre connaissance, à savoir Aristote,
+
a l'air de ne parler que de sa petite affaire. Mais c'est quand il donne
enfin, celui dont on a justement des écrits, il a bien fallu qu'il
+
un exemple...</font></font>
manipule la chose avec des petites lettres, et ça ne peut pas se
+
<br><font size="-1"><font face="Arial">&nbsp;&nbsp; <i>Par exemple, il n'y
manipuler sans qu'il y en ait trois. A part ceci, bien sûr, à
+
a aucune différence entre dire</i> - et alors à ce propos-
part ceci bien sûr qu'il y restait quelque chose de la supposition
+
il dit quelque chose de vrai mais, si je puis dire, c'est bien un hasard
du Réel, et que ce Réel, il n'a pas cru pouvoir le supporter
+
vous allez voir ce qu'il dit de vrai - "<i>l'objet de la supposition n'est
d'autre chose que le particulier, le particulier dont il s'imagine que
+
pas le genre de l'objet de l'opinion" et dire "le genre" et dire "l'objet
c'est l'individu, aIors que justement, en le situant dans la logique comme
+
l'objet de l'opinion n'est pas identique avec un certain objet de supposition"
particulier, il montre bien que de l'individu, il ne se faisait que...
+
(car le sens est le même dans les deux jugements),</i> <i>au lieu
une notion tout imaginaire, le particulier est une fonction logique, et
+
de la locution énoncée, il vaut mieux poser comme termes</i>
que... il lui ait donné pour support le corps individuel est très
 
précisément, enfin, le signe qu'il lui fallait une supposition.</font>
 
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Un dire qui ne suppose rien, sinon
 
que triple est le Réel, j'ai dit triple, c'est-à-dire trois,
 
non pas troisième, c'est en quoi consiste le dire que je me trouve
 
contraint d'avancer par la question du non-rapport, du non-rapport en tant
 
qu'il touche spécifiquement à ce qu'il en est de la subjectivation
 
du sexuel. Mon dire consiste en ce Réel, en ce Réel qui est
 
ce dont le trois insiste, insiste au point de s'être marqué
 
dans la langue.</font>
 
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Il ne s'agit pas d'une pensée,
 
puisqu'en tant que pensée, elle est, si je puis dire, encore <nobr>vierge.</nobr></font>
 
<br><font size="-1"><nobr>&nbsp;&nbsp;&nbsp; E</nobr>t aussi bien la pensée,
 
au regard de ce qui se supporte de cette avancée du trois, du trois
 
comme nœud, et comme rien d'autre, la pensée n'est que ce que j'ai
 
appelé tout à l'heure ce qui se cogite, c'est-à-dire
 
un rêve noir, celui dans lequel, communément, vous habitez.
 
Car s'il y a quelque chose à quoi nous initie l'expérience
 
analytique, c'est que ce qu'il y a de plus près du vécu,
 
du vécu comme tel, c'est le cauchemar. Il n'y a rien de plus barrant
 
de la pensée, même de la pensée qui se veut claire
 
et distincte : apprenez à lire Descartes comme un cauchemar, ça
 
vous fera faire un petit progrès. Comment même pouvez-vous
 
ne pas apercevoir que ce type qui se dit "Je pense donc je suis", c'est
 
un mauvais rêve ?</font>
 
  
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; L'événement, lui ? l'événement
+
...
ne se produit que dans l'ordre du Symbolique. Il n'y a d'événement
+
</font>en les bloquant... et ça s'appelle ça <b><font face="Symbol">upolekton
que de dire.</font>
+
</font></b>c'est-à-dire
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Je pense que, au siècle où
+
: "<i>l'objet de la supposition" et</i> "<i>l'objet de l'opinion"</i> <font face="Symbol">doxeston,
vous vivez, vous devez vous apercevoir, quand même, de ça
+
<b>doxaston
tous les jours. Cette pluie d'informations, si je puis dire, au milieu
+
</b></font>et
de... desquelles on a pu s'étonner que vous subsistiez encore, que
+
non pas<font face="Symbol"> doxeston,
vous gardiez votre jugeote, à savoir que vous ne vous en fassiez,
+
</font>je vous demande <font face="Arial">pardon,
finalement, pas trop, hein, de ce que le journal vous annonce tous les
+
je suis fatigué...</font></font>
matins, ben, Dieu merci, ça vous passe, comme on dit, comme de l'eau
 
sur les plumes d'un canard... Sans ça, où iriez-vous ?</font>
 
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Il faut tout de même bien qu'il
 
y ait quelque chose de fallacieux qui... dans lequel, hélas, le
 
malentendu de mon dire, je veux dire celui-même que je vous tiens
 
ici, pour autant que j'en suis moi-même la victime, auquel il faut
 
donc qu'un certain dire, le dire sur le dit, ait contribué, pour
 
que vous puissiez croire que dans ce qui fait tenir votre corps, c'est
 
une circulation d'informations parties de je ne sais quels endroits, de
 
prime abord de l'ADN, qu'on nous dit, ou du DN je ne sais pas quoi, que
 
c'est de ça que vous vous supportiez, que tout ne soit, en somme,
 
que... une information dont heureusement on nous avertit enfin, que cette
 
information ne tient qu'à violer un des fondements mêmes de
 
ce qui par ailleurs s'édifie comme énergétique, est-ce
 
que tout cela n'est pas aussi de l'ordre de la cogitation ? Est-ce que,
 
dans d'autres termes, nous sommes obligés d'en tenir compte quand
 
ce à quoi, dans le politique, ce à quoi nous avons affaire,
 
c'est à un type d'informations dont le sens n'a d'autre portée
 
que l'impératif, à savoir le signifiant Un. C'est pour nous
 
commander, autrement dit, pour que le bout du nez suive, que toute information,
 
à notre époque, est déversée comme telle.</font>
 
</p><p><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Dans donc ce que je vous énonce
 
d'un certain dire, l'important n'est rien que les conséquences qu'il
 
peut avoir. Encore faut-il pour qu'il ait ces conséquences, que
 
je m'en donne la peine.</font>
 
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Ce dire n'est véritable, ici,
 
je le profère pour le cas plus que probable où vous ne vous
 
en seriez pas aperçus - il n'est véritable qu'en tant qu'il
 
fait limite à la portée, à la portée de ce
 
qui nous intéresse au premier chef, nous autres, dans le discours
 
analytique de ce qu'il fait limite à la portée de la vérité.</font>
 
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Il y avait, autrefois comme ça
 
un... un garçon de bureau qui poussait des cris après chacun
 
de mes séminaires, cris qui se résumaient dans&nbsp; "Pourquoi
 
est-ce qu'il ne dit pas le vrai sur le vrai ?"</font>
 
  
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Ce personnage est bien connu, on lui
+
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Qu'est-ce que c'est, que l'objet de
a même confié le soin d'un Vocabulaire... Je n'ai pas à
+
l’opinion ?</font>
dire le vrai sur le vrai, pour la raison que je ne peux en dire que ceci
+
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Ben, l’objet de l'opinion, c'est ce
: c'est que le vrai c'est ce qui contredit le faux. Mais par contre je
+
qui marche. L’opinion, elle est aussi vraie que quelque chose d'autre.
peux dire, je peux dire, mais encore fallait-il que j'y mette le temps,
+
L'opinion vraie, c'est justement là-dessus que se casse la tête
car il y a un temps pour tout, je peux dire la vérité sur
+
Platon dans le Ménon. L'objet de l'opinion, c'est ce qui fait qu'on
la vérité.</font>
+
ne s'aperçoit pas que... jusqu'à ce que ça vous tombe
</p><p><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; La vérité, c'est qu'on
+
sur la tête, naturellement, qu'il n'y a pas de rapport sexuel. L'objet
ne peut la dire, puisqu'elle ne peut que se mi-dire.</font>
+
de la supposition n'est pas identique, dit-il à cette occasion.
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; La vérité ne se fonde,
+
C'est-à-dire que tout ce dont il nous parle pndant tous <i>Les Premiers
je viens de le dire que sur la supposition du faux : elle est contradiction.</font>
+
analytiques</i>, c'est quelque chose qui nous fait comprendre combien,
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Elle ne se fonde que sur le non. Son
+
quand on est dans l'ordre du Réel, il faut faire de suppositions.</font>
énoncé n'est que la dénonciation de la non-vérité.</font>
+
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Dans l'ordre du Réel, nous
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Elle se dit rien que par le mi-. Disons
+
sommes tout le temps forcés de supposer. Nous sommes forcés
le mot, elle est mi-métique : elle est de l'imaginaire. Et c'est
+
de supposer, enfin, les choses les plus <nobr>folles : </nobr>l'esprit,
bien pour ça que nous sommes forcés d'en passer par là
+
la matière, aussi, quelquefois, et même quelques autres histoires
à mon avis. Elle est de l'Imaginaire en tant que l'Imaginaire, c'est
+
du même genre, n'est-ce pas, qui sont heureusement un tout petit
le faux deuxième, par rapport au Réel, en tant que le mâle,
+
peu plus rapprochées de nous, mais qui n’en sont pas moins suppositionnelles.
chez l'être parlant, n'est pas la femelle ; et qu'il n'a pas d'autre
+
J'essaie ici de procéder par une voie où je ne fasse pas
biais par où se poser. Seulement, ce ne sont pas des...
+
de suppositions, où je ne soupçonne rien d'être suspect.
des biais dont nous puissions nous satisfaire. C'en est au point qu'on
+
Puisque la supposition, ça a ce versant-là. Oui. Dans Aristote,
peut dire que l'inconscient se définit de ceci et rien que de ceci
+
il appelle ça <font face="Symbol">to upokeimenon</font> quelquefois,
: qu'il en sait plus que cette vérité, et que l'homme n'est
+
mais là, dans ce cas-là, c'est quelque chose qu'on ne peut
pas la femme.</font>
+
traduire en latin que par <i>suspicabile</i>, n'est-ce pas,
</p><p><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Même Aristote n'a pas osé
 
mouffeter ça ! Comment est-ce qu'il aurait fait, d'abord hein ?</font>
 
  
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Dire "aucun homme n'est femme", ça,
+
<font face="Symbol">upolekton
ça aurait été vachement culotté, alors, surtout
+
</font>c'est
à son époque ! Alors il ne l'a pas fait… S'il avait dit "tout
+
le soupçonnable. Bien sûr, le soupçonnable, c'est très
homme n'est pas femme"... Hein ? Eh bien, vous voyez, hein, voyez le sens
+
respectable, comme le reste, n'est-ce pas, c'est ce qu'il nous faut soupçonner
que ça prend : celui d'une exception ; il y en a quelques-uns qui
+
comme étant Réel, et ça mène très loin,
ne le sont pas. C'est en tant que tout, qu'il n'est pas femme. A, là,
+
ça mène à toutes sortes de constructions. L'important
le "A" du quanteur, hein, "A" de x, x un point, et y, barré :</font>
+
serait peut-être d'en rester à ce que seule permet d'affirmer
</p><center><img src="ndup6b.jpg" alt="Non dupes 6 b : tout homme n'est pas femme" height="17" width="51"></center>
+
la science du Réel, à savoir que le noyau de tout ça,
 +
c'est avant tout la logique, c'est-à-dire ce qui n'a jamais réussi
 +
à avancer d'un pas, d'un quart de pas, d'un bout de nez de pas,
 +
hein, que par l'écrit. Ce qui est quand même quelque chose.</font>
 +
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Bon, je vous ai raconté ça,
 +
et puis je vous ai fait là mon noeud borroméen, il faut bien
 +
que vous vous imaginiez que ce nœud borroméen-là, c'est si
 +
je puis dire le seul qui... qui se présente décemment, si
 +
je puis dire.</font>
 +
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Il se présente décemment
 +
parce qu'il a la place pour ... pour se déployer, n'est-ce pas,
 +
mais ça ne l'empêche pas d'être facilement l'objet de
 +
toutes sortes de déroutements. Vous y remarquerez par exemple qu'il
 +
est très facile d'y retrouver, par exemple, les trois plans de référence
 +
des coordonnées cartésiennes. Et c'est bien ce qu'il a de
 +
fallacieux. Parce que les coordonnées cartésiennes, c'est
 +
quand même tout autre chose, c'est quelque chose qui du seul fait
 +
enfin que ça implique la surface comme ex-istante est à la
 +
source de toutes sortes d'images fallacieuses : le <i>more geometrico,</i>
 +
qui a suffi pendant des siècles à assurer beaucoup de choses
 +
d'un caractère prétendûment démonstratif, sort
 +
tout entier de là.</font>
 +
</p><center>
 +
<p><img src="ndup7b.jpg" alt="nondupes 7 b le noeud bo" height="140" width="144"></p></center>
 +
</dir>
  
<p><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Seulement, l'ennuyeux, c'est que c'est
+
<dir><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Le fait que, le fait que le caractère
pas vrai du tout et que ça saute aux yeux que ce ne soit pas vrai,
+
fallacieux de la surface, n'est-ce pas, est démontré par
hein !</font>
+
ceci, que quand vous essayez de la rejoindre avec cet appareil qui est
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; La seule chose... La seule chose qu'on
+
là, vous obtenez, ce qui constitue le...&nbsp; depuis quelques temps,
pourrait écrire, c'est que... il n'existe pas de x dont on puisse
+
enfin, je pense pour vous... le sigle de ce qu'il en est du nœud borroméen,
dire...</font>
+
à savoir le joint où les trois ronds, ça se noue ensemble.</font>
<br><font size="-1">qu'il ne soit pas vrai qu'être homme, ce n'est
 
pas être femme :</font>
 
</p><center><img src="ndup6c.jpg" alt="Non dupes 6 c : il n'existe pas de x dont on puisse dire qu'il ne soit pas vrai qu'être homme ce n'est pas être femme" height="30" width="75"></center>
 
  
<p><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Tout ceci, bien sûr, il faut
+
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Et où ça se noue, enfin,
le noter au passage, suppose que le Un est triple.</font>
+
de façon qui est à proprement parler concise, c'est-à-dire
 
+
celle, la façon, qui permet par exemple de voir que c'est comme
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; A savoir que, il y a le Un dont on
+
ça que ça se coince, enfin, hein. Et voilà c'est comme
fait le tout, à savoir ce qui s'unifie comme tel, il y a le Un qui
+
ça qu'il faut que vous conceviez que les... que les nœuds se rejoignent
veut dire l'un quelconque, à savoir ce que je vous dirai tout à
+
pour définir ce quelque chose qui est une tout autre définition
l'heure, et puis il y a le Un, mais unique, qui seul fonde le tout.<b><sup><a href="#1">1.</a></sup></b></font>
+
du point, à savoir le point où les trois ronds se coincent.</font>
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Nier l'Un unique, c'est là
+
<center>
le sens de la barre sur le quanteur de l'existence.</font>
+
<p><img src="ndup7c.jpg" alt="nondupes7 c : le joint où les 3 ronds ça se noue ensemble" height="63" width="81"></p></center>
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Pour ce qui est de l'un quelconque,
 
il nous faut bien le considérer comme un vide pur.</font>
 
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Que le savoir inconscient soit topologique,
 
c'est-à-dire qu'il ne tienne que de la proximité, du voisinage,
 
non de l'ordre, c'est en quoi j'essaie de dire, de fonder là-dessus
 
qu'il est nodal. Ce qui est à traduire de ceci, qu'il s'écrit
 
ou ne s'écrit pas. Il s'écrit quand je l'écris, que
 
je fais le nœud borroméen, et... quand vous essayez à cet
 
instant de voir comment ça tient, c'est-à-dire que vous en
 
faites... que vous en cassez un, les deux autres se baladent. Il ne s'écrit
 
plus. Et c'est là que se voit, que s'amorce la convergence <b>du
 
nodal et du modal</b>.</font>
 
</p><p><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Donc ce savoir inconscient ne se supporte
 
pas de ce qu'il insiste, mais des traces que cette insistance laisse.</font>
 
 
 
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Non pas de la vérité,
 
mais de sa répétition en tant que c'est en tant que vérité
 
qu'elle se module.</font>
 
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Ici, il faut que j'introduise ce dont
 
se fonde le voisinage comme tel. Le voisinage comme tel se fonde de la
 
notion d'ouvert.</font>
 
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Ceci, la topologie en abat tout de
 
suite la carte. C'est d'ensembles en tant qu'ouverts, qu'elle se fonde.
 
Et c'est bien en quoi elle aborde, elle aborde par le bon biais ceci :
 
que la classe ne se ferme pas. C'est-à-dire qu'elle accepte le paradoxe,
 
le paradoxe qui n'est paradoxe que d'une logique prédicative, à
 
savoir que si la logique renonçait simplement à l'être,
 
c'est-à-dire que soit rayée purement et simplement la logique
 
propositionnelle, il n'y aurait pas de problème, le problème,
 
s'il y en a un, problème désigné de paradoxe, étant
 
seulement celui-ci que la classe Homme n'est pas un homme.</font>
 
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Tous les paradoxes se ramènent
 
à ça.</font>
 
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Qu'est-ce que ça veut dire
 
?</font>
 
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Sinon qu'à la rigueur ce que
 
nous pouvons désigner d'Homme est un ensemble ouvert, ce qui saute
 
aux yeux.</font>
 
 
 
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Alors voyons bien ceci : la vérité
 
a une limite d'un côté, et c'est pour ça qu'elle est
 
mi-dire.</font>
 
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Mais de l'autre elle est sans limite,
 
elle est ouverte. Et c'est bien en quoi peut l'habiter le savoir inconscient,
 
parce que le savoir inconscient, c'est un ensemble ouvert.</font>
 
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Vous voyez, vous voyez, je l'étale,
 
hein, que l'amour ça me tracasse.</font>
 
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Vous aussi, bien sûr. Mais pas
 
comme moi ! Hum...</font>
 
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; C'est même pour ça que,
 
une parenthèse, votre nombre me gêne : depuis quelques temps,
 
je ne peux plus vous identifier à une femme. Ça m'emmerde.</font>
 
</p><p><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Bon l'amour, dirai-je donc, puisque,
 
vous me pardonnerez que ça me tracasse, l'amour, c'est la vérité,
 
mais seulement en tant que c'est à partir d'elle, à partir
 
d'une coupure que commence un autre savoir que le savoir propositionnel,
 
à savoir le savoir inconscient.</font>
 
 
 
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; C'est la vérité en tant
 
qu'elle ne peut être dite du sujet, en tant que ce qui est supposé,
 
que ce qui est supposé pouvoir être connu du partenaire sexuel.
 
L'amour, c'est deux mi-dire qui ne se recouvrent pas. Et c'est ce qui en
 
fait le caractère fatal. C'est la division irrémédiable.
 
Je veux dire à quoi on ne peut pas remédier, ce qui implique,
 
ce qui implique que le "médier" serait déjà possible.
 
Et justement, c'est non seulement irrémédiable, mais sans
 
aucune médiation.</font>
 
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; C'est la connexité entre deux
 
savoirs en tant qu'ils sont irrémédiablement distincts. Quant
 
ça se produit, ça fait quelque chose de... de tout à
 
fait privilégié. Quand ça se recouvre, les deux savoirs
 
inconscients, ça fait un sale méli-mélo.</font>
 
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Et là, je vais avancer, en
 
fin de ce laïus, c'est bien le nom qui convient, je vais avancer quelque
 
chose qui... est comme ça, enfin, qui tranche : le savoir masculin,
 
chez l'être parlant, est irrémédiablement une erre/unaire
 
?</font>
 
<br><font size="-1">il est coupure, amorçant une fermeture, justement,
 
celle du départ, c'est pas son privilège mais il part pour
 
se fermer, et c'est de ne pas y arriver qu'il finit par se clore sans s'en
 
apercevoir.</font>
 
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Ce savoir masculin, chez l'être
 
parlant, c'est le rond de ficelle. Il tourne en rond. En lui il y a de
 
l'Un au départ, comme trait qui se répète d'ailleurs
 
sans se compter, et de tourner en rond il se clôt, sans même
 
savoir que de ces ronds, il y en a trois.</font>
 
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Comment peut-il, comment pouvons-nous
 
supposer qu'il y arrive, à en connaître un bout, de cette
 
distinction élémentaire ?</font>
 
 
 
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Ben, heureusement, pour ça
 
il y a une femme. Je vous ai déjà dit que la femme, naturellement
 
c'est ce qui résulte de ce que j'ai déjà écrit
 
au tableau, que la femme ça n'existe pas... Mais une femme, ça...
 
ça peut se produire, quand il y a nœud, ou plutôt tresse.</font>
 
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Chose curieuse, la tresse, elle ne
 
se produit que de ce qu'elle imite l'être parlant mâle, parce
 
que... elle peut l'imaginer, elle le voit strangulé par ces trois
 
catégories qui l'étouffent. Il n'y a que lui à ne
 
pas le savoir, jusque-là. Elle le voit imaginairement, mais c'est
 
une imagination de son unité, à savoir de ce à quoi
 
l'homme lui-même s'identifie.</font>
 
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Non pas de son unité comme
 
savoir inconscient, parce que le savoir inconscient, il reste plutôt
 
ouvert. Alors, avec cette unité, elle boucle une tresse. Pour faire
 
un nœud borroméen, je vous l'ai dit que, il faut faire six gestes
 
et six gestes grâce à quoi, grâce à quoi ils
 
sont dans le même ordre, à ceci près que justement,
 
rien ne permet de les reconnaître. C'est bien pour ça qu'il
 
faut en faire six, à savoir épuiser l'ordre des permutations
 
deux à deux, et savoir d'avance qu'il ne faut pas en faire plus,
 
sans quoi on se trompe. C'est bien en quoi, enfin, une femme n'est pas
 
du tout forcément tressée, de sorte que c'est pas du tout
 
forcément avec le même élément qu'elle fait
 
le rond au bout du compte.</font>
 
</p><p><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; C'est même pourquoi elle reste
 
une femme, entre autres, puisqu'elle est définie par la tresse dont
 
elle est capable, eh bien, cette tresse, il n'est pas du tout forcé
 
qu'elle sache que ça soit qu'au bout de six que ça tienne
 
le coup pour faire un nœud borroméen. C'est pas du tout sûr
 
que... elle sache non plus que le trois ça a rapport au Réel,
 
il peut lui en manquer la distinction, de sorte que ça fait un nœud,
 
si je puis dire, encore plus noué, d'une unité encore plus
 
une.</font>
 
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Dans le meilleur cas, hein, dans le
 
meilleur cas, il se peut que ça... ça n'en fasse qu'une,
 
de corde, de rond de ficelle, au bout du compte, il suffit que vous imaginiez,
 
n'est-ce pas, que le 1,2,3, se raboute au 2,3,1. Ça fera un nœud,
 
encore bien plus beau, si je puis m'exprimer ainsi, n'est-ce pas...</font>
 
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Je veux dire que tout se continue
 
dans tout, et après tout, ça n'en reste pas moins un nœud,
 
parce que si vous avez fait une tresse, ça donne forcément
 
quelque chose, quelque chose qui en noue forcément au moins deux,
 
et si deux des brins se rejoignent, eh bien, ça fera quelque chose
 
qui se nouera ou ne se nouera pas au troisième, mais la question
 
n'est pas là.</font>
 
 
 
</p><p><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Le ratage, si je puis dire, dans cette
 
affaire, c'est-à-dire ce par quoi <i>la</i> femme n'existe pas,
 
c'est bien en quoi, cela même, elle arrive à réussir
 
l'union sexuelle. Seulement c'te union, c'est l'union de un avec deux ou
 
de chacun avec chacun de chacun de ces trois brins. L'union sexuelle, si
 
je puis dire, est interne à son filage.</font>
 
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Et c'est là qu'elle joue son
 
rôle, à bien montrer ce que c'est qu'un nœud, c'est ce par
 
quoi l'homme, lui, réussit à être trois. C'est-à-dire
 
à ce que l'Imaginaire, le Symbolique et le Réel ne se distinguent
 
que d'être trois, tout brut.</font>
 
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; C'est-à-dire que... sans que
 
son sujet s'y retrouve, c'est à partir de cette triplicité,
 
dont une femme parfois fait sa réussite en la ratant, c'est-à-dire
 
dont elle se satisfait comme réalisant en elle-même l'union
 
sexuelle, c'est à partir de là que l'homme commence à
 
prendre d'une petite jugeote l'idée qu'un nœud ça sert à
 
quelque chose.</font>
 
</p><p><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Je vous avais dit que l'hystérique
 
fait l'homme. Mais c'est formé par l'hystérique que l'homme
 
part de l'idée, l'idée première, la bonne, celle qui
 
lui laisse une petite chance, part de l'idée qu'il ne sait rien.</font>
 
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Ce qui est son cas, à elle,
 
d'ailleurs, puisqu'elle fait l'homme. Elle ne sait pas que l'union sexuelle
 
n'existe qu'en elle et par hasard. Elle ne sait rien, mais il se trouve
 
en contrecoup apercevoir ce nœud.</font>
 
 
 
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Et ça donne chez lui un résultat
 
second qui est tout différent en somme : c'est qu'à refuser
 
son savoir ouvert, du même coup, il le ferme. Il constitue le correct
 
nœud borroméen. Que le seul Réel qu'est le 3, il y accède,
 
il sait, il sait que... il sait qu'il parle pour ne rien dire, mais pour
 
obtenir des effets, qu'il imagine à tour de bras que ces effets
 
sont effectifs, encore qu'ils tournent en rond, et que le Réel il
 
le suppose, comme il convient, puisque le supposer n'engage à rien,
 
à rien qu'à conserver sa santé mentale.</font>
 
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; C'est-à-dire être conforme
 
à la norme de l'homme, à la norme de l'homme qui consiste
 
en ceci qu'il sait qu'il y a de l'impossible et comme disait cette charmante
 
femme enfin, que je vous ai déjà citée : "Rien pour
 
l'homme n'est impossible, ce qu'il ne peut pas faire, il le laisse". C'est
 
ce qu'on appelle la santé mentale.</font>
 
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Notamment que de n'écrire jamais
 
le rapport sexuel en lui-même, sinon dans le manque de son désir,
 
lequel n'est rien que son serrage dans le nœud borroméen. C'est
 
pourquoi je l'ai exprimé pour la première fois, il y a un
 
temps ; mais il y a des gens qui ne s'en sont avertis que maintenant, j'ai
 
pu le constater - il est vrai que c'est quelqu'un qui, qui n'avait que
 
des notes, enfin pour s'informer "Je te demande de refuser ce que je t'offre,
 
parce que ça n'est pas ça". Pas ça que je désire
 
que tu acceptes, ni d'arriver à quoi que ce soit de cette espèce,
 
car je n'ai affaire qu'à ce nœud-même.</font>
 
</p><p>
 
</p><hr width="100%">
 
<p><a name="1"></a>1. Il s'agit de l'<b><i>Einheit</i></b> et de l'<b><i>Einzigkeit</i></b>
 
 
 
<br>Cf. un extrait de <a href="../identifi/identi10.htm"><i>L'identification</i>,
 
21 février 1962</a>
 
<br>&nbsp;
 
</p><dir><font size="-1">Donc, cet UN, son paradoxe, c'est justement ceci : c'est
 
que plus il ressemble, je veux dire plus tout ce qui est de la diversité
 
des semblances s'en efface, plus il supporte, plus il incarne, dirai-je,
 
si vous me passez ce mot, la différence comme telle. Le renversement
 
de la position autour de l'Un fait que de
 
<i>l'<b>Einheit</b></i> kantienne,
 
nous considérons que nous passons à <i>l'Einzigkeit</i> à
 
l'unicité exprimée comme telle. Si c'est par là, si
 
je puis dire, que j'essaie pour emprunter une expression à un titre,
 
j'espère, célèbre pour vous, d'une improvisation littéraire
 
de Picasso, si<b> </b>c'est par là que j'ai choisi cette année
 
d'essayer de faire ce que j'espère vous amener à faire, à
 
savoir d'attraper le désir par la queue, si c'est par là,
 
c'est-à-dire non pas par la première forme d'identification
 
définie par Freud, qui n'est pas facile à manier, celle de
 
<i>l'<b>Einverleibung</b></i>,
 
celle de la consommation, de l'ennemi, de l'adversaire du père,
 
si je suis parti de la seconde forme de l'identification, à savoir
 
de cette fonction du trait unaire, c'est évidemment dans ce but
 
; mais vous voyez où est le renversement, c'est que cette fonction,
 
(je crois que c'est le meilleur terme que nous ayons à prendre parce
 
que c'est le plus abstrait, c'est le plus souple, c'est le plus à
 
proprement parler signifiant, c'est simplement un grand F), si la fonction
 
que nous donnons à l'Un n'est plus celle de <i>l'<b>Einheit</b></i>
 
 
 
mais <i>l'<b>Einzigkeit</b></i>, c'est que nous sommes passés -
 
ce qu' il conviendrait quand même que nous l'oublions pas, qui est
 
la nouveauté de l'analyse - des vertus de la norme aux vertus de
 
l'exception. Chose que vous avez retenue quand même un petit peu
 
et pour cause : la tension de la pensée, qui s'en arrange en disant
 
:"l'exception confirme la règle". Comme beaucoup de conneries, c'est
 
une connerie profonde. Il suffit simplement de savoir la décortiquer.
 
N'aurais-je fait que de reprendre cette connerie tout à fait lumineuse
 
comme un de ces petits phares qu'on voit au sommet des voitures de la police
 
que ce serait déjà un petit gain sur le plan de la logique.<a></a><a></a></font>
 
  
 +
<p><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Oui, c'est pas tout à fait ce
 +
que j'avais prévu, enfin, de vous raconter aujourd'hui, mais puisqu'après
 +
tout j'avais envie de... d'improviser, je me suis laissé entraîner,
 +
comme ça, à vous dire d'autres choses, ça a une suite,
 +
bien sûr, ça aura une suite la prochaine fois, je voudrais
 +
tout de même vous faire remarquer qu'il y a des points dans <i>Les
 +
Premiers Analytiques</i>, par exemple, entre autres - il y en a d'autres,
 +
il y a des points de la logique, il y a des points de <i>l’Organon</i>,
 +
où nous voyons tout d'un coup qu'Aristote lui-même, qui savait
 +
rudement bien ce qu'il faisait, n'est pas sans achopper. Je veux dire sans
 +
laisser sortir ce qui, en fin de compte, le tracasse comme tout le monde.</font>
 +
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Il y a une histoire par là,
 +
il faudra que je vous retrouve ça, je vais vous le retrouver tout
 +
de suite, au... au 68 a, page des manuscrits, toujours... Il y a quelque
 +
chose d’inouï. Je remarque, je vous ai parlé tout à
 +
l'heure de... du <i>tout a est beta</i>, <i>tout beta est gamma</i> et
 +
de ce qui s'en déduit que <i>tout alpha est gamma</i>, il interroge,
 +
en apparence, ce qu'il en résulte de ceci, d'inverser la conclusion,
 +
à savoir par exemple de dire que <i>tout gamma est alpha</i>. Il
 +
en montre les conséquences bouleversantes, à savoir que la
 +
conclusion, il va falloir la mettre à une autre place, à
 +
savoir à la place d'une majeure ou d'une mineure pour que ça
 +
aboutisse à proprement parler à une conclusion qui est celle
 +
qui inverse une des prémisses. Bon. Tout ça n'a l'air de
 +
rien, tout ça n'a l'air de rien et ça n'est certainement
 +
pourtant pas rien, parce que c'est à cette occasion que commence
 +
à sortir quelque chose d'autre, à savoir les qualifications
 +
qui s'appliquent à toute espèce d'être.</font>
  
 +
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Il faut vous dire que je vous ai épargné
 +
ceci, c'est à quel point, c'est à quel point l'usage du terme
 +
<font face="Symbol">uparkein</font>
 +
"appartenir à", fait problème. Parce que dans sa définition
 +
de l'Universelle, il est tout à fait hors de question de donner
 +
un sens univoque à cet "appartenir à". Il est impossible
 +
de savoir d'une façon univoque si le sujet appartient au prédicat
 +
ou si le prédicat appartient au sujet. C'est selon les passages.
 +
Il ne se peut pas, bien sûr, que quelqu'un d'aussi vigilant que devait
 +
être Aristote ne s'en soit pas aperçu.</font>
 +
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Quoiqu'il en soit dans ce chapitre,
 +
ce tout petit chapitre qui est bien instructif, on voit par progression,
 +
et par cette progression qui consiste à ce que, d'êtres universels
 +
bien définis, il passe à tous les êtres, il est très
 +
singulier que ce soit à propos de ça, que sorte, que sorte
 +
mais comme une irruption, le passage suivant :</font>
 +
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; <i>Si donc</i> - textuel ! - <i>tout
 +
amant, en vertu de son amour, préfère... en vertu de son
 +
amour, préfère... A</i>, c'est pas "préférer
 +
à", hein, c'est <font face="Symbol">A</font>, le "A" écrit
 +
:&nbsp; <i>savoir que l'aimé soit disposé à lui accorder
 +
ses faveurs</i>, ça se dit <font face="Symbol">suneinai</font>,
 +
aller ensemble, <i>sans toutefois les lui accorder</i>, sans toutefois
 +
les lui accorder, (<i>ce que nous figurons par <b><font face="Symbol">G
  
 +
</font></b>gamma</i>),
 +
c'est donc <font face="Symbol">no</font>-<font face="Symbol">suneinai</font>,
 +
pour appeler ça par leur nom, il ne couche pas avec lui, <i>plutôt
 +
que de voir l'aimé lui accorder ses faveurs</i>, <i>(ce qui est
 +
figuré par <font face="Symbol">D<b> </b></font>delta</i>.) C'est
 +
merveilleux. Donc, <font face="Symbol">D</font> delta, hein, c'est ce que
 +
nous avions dit, ça ? le... comment... beta ? ah ! oui !</font>
  
 +
<br><font size="-1"><i>&nbsp;&nbsp;&nbsp; </i>C'est donc d'abord de ne pas
 +
les lui accorder, plutôt que de voir...<i> </i>etc. Bon. Bon, alors
 +
il est évident que <font face="Arial,Helvetica">A </font>alpha,
 +
c'est-à-dire d'être disposé, ce qui passe pour Aristote
 +
pour l'aimer, n'est-ce pas, il est évident que l'objet de l'amour
 +
A, c'est être aimé, être disposé à lui
 +
accorder ses faveurs, c'est ce que, dans Aristote, et c'est parfaitement
 +
désigné dans ce texte, je vous prie de vous y reporter, se
 +
dit&nbsp; <font face="Symbol">fileistai.
 +
</font>Bon, aimer, c'est donc
 +
<font face="Symbol">filein.</font></font>
 +
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Il s'agit pour lui de démontrer
 +
ceci : après ce passage concernant toute la conversion, et tout
 +
à fait spécialement la correction, la conversion des prédicats
 +
qui concernent tout être, il s'agit que si on part de ceci, n'est-ce
 +
pas, que la conjonction de cet A avec ce B, c'est-à-dire être
 +
aimé par le partenaire, partenaire qui ne vous accorde pas ses faveurs,
 +
si on pose que ceci est préférable à la combinaison
 +
contraire, n'est-ce pas, à savoir qu'il vous accorde ses faveurs
 +
sans vous aimer pour autant, il démontre que, si on pose ceci, c'est
 +
l'objet de sa démonstration, il en résulte que la fin de
 +
l'amour, A, c'est quelque chose, si on la pose ici, n'est-ce pas, il en
 +
résulte, ce qui semble en effet inévitable à admettre,
 +
que <font face="Symbol">suneinai </font>vaut moins que <font face="Symbol">carizestai
 +
</font>à
 +
savoir cette bonne disposition qui témoigne d'être aimé.</font>
  
 +
</p><center>
 +
<p><img src="ndup7d.jpg" alt="nondupes7 d" height="181" width="177"></p></center>
  
 +
<p><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Le surgissement, à cet endroit,
 +
et d'une façon qui est d'autant plus problématique qu'elle
 +
est absolument caractéristique de l'amour en tant qu'homosexuel,
 +
est une chose tout à fait frappante, concernant, si je puis dire,
 +
l'éruption au milieu de ce que j'ai défini comme étant
 +
ici articulé comme la science du Réel, comme l'éruption
 +
en un certain point, un point qui, je vous le répète, est
 +
au 68b auquel je vous prie de vous reporter dans <i>Les Premiers Analytiques</i>,
 +
une chose qui est vraiment l'irruption du vrai, et d'un vrai qui est justement
 +
un vrai dont il n'y a, en fin de compte, que l'approche, puisque le problème
 +
dont il s'agit est justement celui d'un amour qui, en fin de compte, ne
 +
concerne que par l'intermédiaire de la jouissance, du <font face="Symbol">suneinai</font>
 +
dont il s'agit, à savoir d'une jouissance, enfin, parfaitement localisée
 +
et homologue, homogène, enfin, celle qui fait qu'en fin de compte,
 +
s'il y a en effet quelque chose que permet la non-existence du rapport
 +
sexuel comme tel, c'est très précisément que l'<font face="Symbol">omoioz</font>
 +
en est assurément quelque chose comme, comme un pas, sans doute,
 +
mais un pas, en quelque sorte, qui confirme, qui appuie la non-existence
 +
du rapport.</font>
 +
</p><p><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Et ce sur quoi je voudrais conclure
 +
est ceci, n'est-ce pas, que pour autant, pour autant que c'est autour de
 +
cet x qui s'appelle le phallus que continue à tourner, à
 +
tourner que parce que c'en est à la fois la cause et le masque,
 +
la non-existence du rapport sexuel, j'annonce, j'annonce si je puis dire
 +
le thème de mon prochain séminaire, n'est-ce pas !</font>
  
 +
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Pour ce qui en est de l'homme et d'abord
 +
quand je dis L'homme, je l'écris avec un grand L, n'est-ce pas,
 +
à savoir qu'il y a un tout-homme, pour L'homme, l'amour, j'entends
 +
ce qui s'accroche, ce qui se situe dans la catégorie de l'Imaginaire,
 +
pour l'homme, l'amour ça va sans dire.</font>
 +
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; L'amour ça va sans dire parce
 +
qu'il lui suffit de sa jouissance, et c'est d'ailleurs très exactement
 +
pour ça qu'il n'y comprend rien.</font>
 +
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Mais pour une femme, il faut prendre
 +
les choses par un autre biais, n'est-ce pas. Si pour l'homme ça
 +
va sans dire parce que la jouissance couvre tout, et y compris que justement
 +
il n'y a pas de problème concernant ce qu’il en est de l’amour,
 +
la jouissance de la femme, et c'est là-dessus que je terminerai
 +
aujourd'hui, la jouissance de la femme, elle, ne va pas sans dire, c'est-à-dire
 +
sans le dire de la vérité.<a></a><a></a></font>
  
 
[[Category:Works by Jacques Lacan]]
 
[[Category:Works by Jacques Lacan]]
 
[[Category:Essays by Jacques Lacan]]
 
[[Category:Essays by Jacques Lacan]]
 
[[Category:Jacques Lacan]]
 
[[Category:Jacques Lacan]]

Revision as of 23:50, 17 May 2006

séminaire oral du 12 février 1974

Jacques Lacan
1973-74

<img src="pipe.jpg" alt="ceci n'est pas une pipe" height="100" width="144">

<a></a>

En rapport avec les documents sonores disponibles en archives au groupe <a href="http://www.lutecium.fr/Accueil.html">Lutecium</a>, le texte proposé sur cette page est une transcription intégrale écrite de la séance qui a été relue à l'aide de la bande son. (février 2003).


transcription de la version sonore originale

<dir>Bon, eh bien j’espérais... j'ai appris sur le tard qu'il y avait les vacances de... dites de Mardi gras, justement parce que c’est pas le Mardi gras, alors j'ai maintenu ma ... j'ai maintenu ma... ma, je ne sais pas quoi, mon séminaire, n'est-ce pas, je l'ai maintenu aujourd'hui parce que j’espérais que grâce à ça je pourrais peut-être me promener au milieu de vous parce que vous seriez un peu moins nombreux, et en somme parler un peu avec les gens qui sont censés m’écouter. Vous êtes un peu moins nombreux, c’est vrai, ce qui d'ailleurs me permet de le faire, mais enfin, je regrette de ne pas avoir eu cette occasion de m’exprimer d'une façon un peu plus familière et directe. Voilà.
    Là-dessus... là-dessus je vous annonce que, il vient de sortir une espèce de plaquette comme ça (le docteur Lacan lance la plaquette dans la salle), que je vous envoie, il y a un encart dedans, l’encart est aussi intéressant que la plaquette, de sorte que ça va aussi bien si c'est pas les mêmes qui l'ont reçu. Voilà. En principe - en principe, ça doit passer à la télévision - donnez l'encart à quelqu'un d'autre... voilà. C'est des questions que Jacques-Alain Miller a eu la bonté de me poser, dans l'espoir de faire ... Télévision. Naturellement, naturellement c'est un espoir tout à fait abusif : il m’a posé les questions qu'il est capable de me poser à partir de l'idée qu'il se fait de la télévision. Il m'a posé des questions kantiennes en particulier, comme si tout le monde était kantien, mais jusqu'à un certain point c'est vrai, tout le monde est kantien, de sorte que les questions qu'il m'a posées m'ont donné simplement occasion de... occasion de répondre au niveau présumé télévision par Jacques-Alain Miller. Le résultat m'a paru quand même digne d'être retenu puisque je l'ai fait publier. Voilà.
    Alors maintenant, je vais vous parler un peu, aujourd'hui, en essayant de rester dans la note de ce que j'espérais. Ce que j'espérais vous dire, c’était en somme, c'était quelque chose, disons, en gros, comme ça, dont la visée, enfin, vous en ferez le titre que vous voudrez, dont la visée était de vous dire, vous dire la différence, c'est ça qui me parait, c'est ça qui me parait important dans ce que j'essaie de vous apporter cette année, de vous dire la différence qu'il y a entre le vrai et le Réel.


    Comme vous vous en êtes peut-être aperçus, n'est-ce pas, je me suis avancé cette année à... avec vous, je me suis avancé cette année avec, comme dans La paix chez soi de Courteline, n’est-ce pas, "le truc d'un côté et le machin de l’autre", c’est tout ce qu'elle a réussi à obtenir, la petite bonne femme, en achetant je ne sais quel lustre, enfin qui justement se met en deux morceaux... enfin, contrairement à elle, mes trois morceaux, à savoir les trois, les trois ronds consistants dont s'ajuste le nœud borroméen, c'est ce que je tiens dans la main pour vous parler de ce que les non-dupes errent.
    Ca n'a pas l'air d'avoir un rapport direct, immédiat tout au moins, ça ne saute pas aux yeux. Mais vous savez peut-être qu'un de ces ... un de ces trois ronds, je le dénomme, je le dénomme du Réel, les deux autres étant l'Imaginaire et le Symbolique, et que c'est autour de ça que j'essaie de vous faire sentir quelque chose.
    Vous faire sentir ceci, d'abord, que j'ai déjà proféré, mais qui ne vous a pas forcément sauté aux yeux, n'est-ce pas, c'est que, c'est que justement je les prends sous seulement cet angle qu'ils sont trois, qu'ils sont trois et également consistants. C'est une première façon d'aborder, d'aborder ce qu'il en est du Réel. Il est bien certain que le Réel, c'est ce qui les fait trois, sans que pour autant ce qui les fait trois soit le troisième. S'ils se rajoutent, ce n'est que pour faire trois. Et justement ils ne se rajoutent pas. Parce que chacun des trois se rajoute tout autant sans pour autant, sans pour autant être le troisième. Il n'est là que parce que les deux autres ne font pas nœud sans trois, si je puis m'exprimer ainsi.
    Et c'est ce que je voudrais vous dire, c'est que la logique ne peut se définir que d'être la science du Réel. L'embêtant, c'est qu’elle ne parle et qu'elle ne part que du vrai.
    Elle n'a pas tout de suite commencé comme ça. Il y avait peut-être, comme tout de même dans l’ensemble, enfin, vous le savez, il y avait un nommé Aristote qui a frayé la question. Evidemment, le mot de "vrai" alethes

traîne pas mal dans son machin qu'il a appelé l'Organon et dont on a fait depuis, la logique. Lui frayait, il se débrouillait comme il pouvait, et l'ennui, actuellement, dans notre affaire avec l'Organon, c'est que ça ne peut pas paraître sans que la moitié de la page soit tenue par des, disons, commentaires de l'Organon, qui ne sont pas du tout à proprement parler ce qu'on peut appeler commentaires, mais une certaine façon d'organifier sur I'Organon, c'est-à-dire de le rendre comestible.
    Ça commence à un certain Alexandre, à un autre qui s'appelle Simplicius, et puis plus tard à un nommé Pacius, et puis après tout ce qu’on veut, un Pierre d'Espagne, un saint Thomas d'Aquin, enfin grâce à ça, la chose a été, enfin complètement déviée, c'est au point que ce n'est pas du tout facile, parce que malgré tout on a un espèce, comme ça, de frottis, on s'est frottés à ces divers auteurs, et on les entend, on entend Aristote, malgré tout, à travers, à travers eux.
    Ce serait bien si, si quelqu'un, si quelqu'un arrivait à faire l'effort, en somme de lire, de lire par exemple, rien que ceci, qui est le second volume de cet Organon, à lire ce qu'on appelle, qu'on appelle, c'est parce qu'on l’a intitulé comme ça, c'est aussi un titre qui est venu après coup, on appelle ça Les Premiers Analytiques, arriver à le lire, non pas bien sûr de première impression, parce que quelqu'un qui le lirait de première impression, simplement, n'y comprendrait pas plus que ce que, dans l'ensemble, enfin vous comprenez à ce que je raconte, c'est-à-dire pas lourd...  la chose absolument qu'il faudrait qu'un jour quelqu'un arrive à faire, c'est justement à connaître assez bien la différence de ce que dit Aristote avec ce que nous ont transmis, enfin, ceux qui ont ressassé le truc, à en voir assez bien la différence pour voir combien Aristote frayait et comment il frayait et pourquoi pas, même les endroits où il glissait, où il s'est tordu le pied, ... c'est un monde ! Ouais...
    Il est tout à fait clair que je n'en rajoute pas, là. Ou plutôt que ce que je rajoute, ce serait destiné à, à proposer, enfin tout au moins une tâche, à savoir jusqu'à quel point, et dans Aristote, me semble-t-il, on peut saisir, à quel point c'est un frayage ; et un frayage qui ne s'éclaire qu'à partir de ceci que j'ai énoncé juste à l'instant : que la logique, c'est proprement la science du Réel.


   Dans Aristote, on n'est pas tellement encombré par le vrai. Il ne parle pas de vrai à propos du prédicat. Il ânonne bien sûr, et à cause de ça on s’est cru tout à fait obligé de faire pareil, on parle de l'homme, de l'animal, de... du vivant, à l'occasion, et encore, je dis là des choses qui ont tout de suite un vague sens, ça s'emboîte : l'homme, l'animal, le vivant ; tout animal est vivant, tout homme est animal, moyennant quoi tout homme sera vivant...
    Il est tout à fait clair dès ce départ, comme la suite d'ailleurs l'a bien montré, que tout ça ne veut rien dire.
    En d'autres termes, que le vrai, dans l'affaire, est tout à fait hors de saison, déplacé.
    Et ce qui le rend tangible, ce qui le rend tangible, c'est que c'est... ces cases, n'est-ce pas, ces... qu'il remplit comme il peut avec ces par exemple ces trois mots que je viens de dire : homme, animal, et vivant, n'est-ce pas, il peut aussi bien mettre n'importe quoi, n'est-ce pas, le cygne, le noir... enfin n'importe quoi d'autre, le blanc... le blanc traîne partout, on ne sait pas qu'en faire, il est rendu manifeste dans ce que j'ai appelé son frayage, que ces termes, tout son effort est justement de pouvoir s'en passer, c'est-à-dire qu'il les vide de sens, et il les vide de sens par ce moyen qu'il les remplace par des lettres à savoir alpha, bêta, gamma, par exemple, au lieu de mes trois premiers termes, là que je vous ai extraits, qui sont dans Aristote ... il dit, n'est-ce pas, ça ne commence à prendre forme qu'à partir du moment où il énoncera que tout b...  tout a est b, tout gamma est b... non, tout b est gamma, moyennant quoi tout a sera gamma.


    En d’autres termes, il procédera de la façon à pouvoir qualifier deux de ces termes, ceux qui font le joint, de moyens, moyennant quoi il pourra établir une relation entre les deux extrêmes. C’est en cela qu'au départ, dès le départ, se touche qu'il ne s'agit pas du vrai. Car peu importe que tel animal soit blanc ou pas, chacun sait qu'il y a des cygnes noirs, des cygnes, c, y, g, n, e,  l'important est que quelque chose soit articulé grâce à quoi s'introduit comme tel le Réel.
   Ce n'est pas pour rien que, dans le syllogisme, il y a trois termes : les deux extrêmes et le moyen.
   C'est qu'en fin de compte, je dis en fin de compte parce que ce n'est qu'un premier essai, tout se passe comme s'il avait quelque chose comme un pressentiment du nœud borroméen.
    C’est à savoir que tout de suite il touche du doigt à partir du moment où il aborde le Réel, qu'il faut qu'il y en ait trois. Evidemment ces trois, il les manie tout de travers, c'est à savoir qu'il s'imagine qu'ils tiennent ensemble deux par deux. C'est une erreur. Il s'imagine qu'ils tiennent ensemble deux par deux, et même jusqu'à un certain point, on peut traduire la chose en disant qu'il les fait concentriques.
    A savoir qu'il y a la sphère des vivants, par exemple, puis à l'intérieur, la sphère des animaux, la sphère ou le rond et puis à l'intérieur encore la sphère des hommes. C'est ce qu'on appelle le traduire en extension. Naturellement, on s'y est employé, parce qu’on en est aussi embarrassé d'un terme dont je me sers beaucoup, mais ce n'est pas sans raison d'être : on en est embarrassé comme le poisson d'une pomme.


    Pour vous délasser, je fais ici une franche parenthèse, ça n'a rien à faire avec Aristote, parce qu'Aristote de ça n'a pas la moindre espèce d'idée... Moi, je suis embarrassé, par exemple, de votre nombre, tout à fait comme un poisson d'une pomme. Et pourtant il y a d'autres moments où je vous dis que les rapports de mon dire avec, enfin, cette assistance justement dont je ne sais que faire, sont de l'ordre des rapports de l'homme avec une femme. Je vous ferai remarquer ceci, comme ça que j'ai trouvé ce matin, ça m'a sauté aux yeux, que... eh ben que c'est déjà dans la Genèse. Ce que nous indique la Genèse par l'offre d'Eve, ça n'est rien d'autre que ceci : que l'homme, là il y a un flottement à ce moment-là, c'est la femme, mais comme je vous l'ai dit, la femme n'existe pas, n'est-ce pas, mais de même qu'Aristote, enfin vasouille un peu, on ne voit pas pourquoi la Genèse, quoiqu'inspirée, en aurait fait moins, et que cette offre de la pomme soit très exactement ce que je dis, à savoir qu'il n'y a pas de rapport entre l'homme et la femme, ceci qui s'incarne très manifestement du fait que, comme je l'ai souligné, la femme n'existe pas, la femme n'est pas-toute, c'est de ça qu'il résulte que l'homme avec une femme en est aussi embarrassé qu'un poisson d'une pomme

ce qui normalise nos rapports et ce qui me permet de les assimiler à

quelque chose dont ça serait beaucoup dire que de dire que c'est l'amour, parce que à la vérité, je n'éprouve pas pour vous le moindre sentiment d'amour. Et sans doute est-ce réciproque, comme je l’ai énoncé : dans ce qu'il en est de l'amour, les sentiments sont toujours réciproques.

    Ceci est une parenthèse, revenons à Aristote.
    Aristote, quoi ? montre bien que le vrai, c'est pas du tout ça qui est en jeu. Grâce au fait qu'il se fraye, qu'il fraye l'affaire de cette science que j'appelle du Réel, du Réel c'est-à-dire du trois, du même coup il démontre qu'il n'arrive au trois qu'en frayant les choses au moyen de l'écrit, à savoir que dès les premiers pas dans le syllogisme, c'est parce qu'il vide ces termes de tout sens en les transformant, en les transformant en lettres, c'est-à-dire en des choses qui par elles-mêmes ne veulent rien dire, c'est comme ça qu'il fait les premiers pas dans ce que j'ai appelé la science du Réel. Qu'est-ce que la logique ainsi conçue, attrapée par ce bout-là, qu'est-ce que la logique a à faire dans le discours analytique ?
    Ce par quoi vous êtes en somme, pour ma plainte, si nombreux à m'entendre, c'est dans la mesure où ce que je véhicule, c'est ce qui se dégage du discours analytique. Dans le discours analytique les choses procèdent d'une façon différente, et c'est pourquoi vous êtes là, pour autant que, ici, je le prolonge, ce qui fait le corps de ce que je dis, c'est tout à fait autre chose que ce sur quoi, jusqu’à présent, on a fondé une logique, c'est-à-dire des dits. Des dits qu'on manipule. Aristote le fait, mais comme je viens de vous le dire, la caractéristique de son pas, c'est de vider ces dits de leur sens. Et c'est par là qu'il nous donne l'idée de la dimension du Réel.
    Il n'y a pas de voie pour tracer les voies de la logique, sinon de passer par l'écrit. C'est ce qu'Aristote démontre dès ses premiers pas, et c'est en quoi l'écrit se montre d'une autre dimension que le dire.
    Par contre, ce qui vous retient, ce qui vous agite, et ce qui agitera sans doute de plus en plus, c'est que le dire vrai, c'est tout autre chose. Le dire vrai, c'est si je puis dire la rainure, c’est ce qui définit la rainure par où passe ce qui... ce qu'il faut bien qu'il supplée à l'absence, à l'impossibilité d'écrire, d'écrire comme tel le rapport sexuel. Si le Réel est bien ce que je dis, à savoir ce qui ne se fraye que par l'écrire, c'est bien ce qui justifie que j'avance que le trou, le trou que fera, que fait à jamais l’impossibilité d'écrire le rapport sexuel comme tel, c’est là à quoi nous sommes réduits, quant à ce qu'il est, ce rapport sexuel, de le réaliser quand même.
    Il y a des canalicules, il y a des choses qui font chicane, il y a des trucs où on se perd, mais où on se perd de façon telle que c'est là proprement ce qui constitue la métaphore dite du labyrinthe, on en arrive jamais au bout, mais l‘important n'est pas là, c'est de démontrer pourquoi on n'en arrive jamais au bout, c'est-à-dire de serrer de près ce qui se passe quand il s'agit, tout ce par quoi nous touchons au Réel, de ce qui sans doute fait que du Réel, nous avons, comme tel, une idée propre et distincte, le Réel, c'est ce qui se détermine de ce que ne puisse pas, d'aucune façon, s'y écrire le rapport sexuel.
    Et c'est de là que résulte ce qu'il en est du dire vrai, tout au moins ce que nous démontre la pratique du discours analytique, c'est que c'est à dire vrai, c'est-à-dire des conneries, celles qui nous viennent, celles qui nous jutent comme ça, qu'on arrive à frayer la voie vers quelque chose dont ce n'est que tout à fait contingent que quelquefois et par erreur, ça cesse de ne pas s'écrire, comme je définis le contingent, à savoir que ça mène, entre deux sujets, à établir quelque chose qui a l'air de s'écrire comme ça d'où l'importance que je donne à ce que j'ai dit de la lettre d’(a)mur.
   Cette distinction qui spécifie le discours analytique, qui m'a permis de le discerner parmi quatre autres qui étaient là parce...  parce qu'ils ont bien l'air, comme ça, de vivre, et non seulement ils ont l'air, mais ils sont infiniment plus robustes que le discours analytique qui a encore tout à faire quant à son frayage. Le discours analytique, non seulement réserve la place de la vérité, mais il est à proprement parler ce qui permet de dire ce qui, pour ce qui est du rapport sexuel, y coule, remplit la rainure.
    C'est tout à fait important. C'est tout à fait important parce que ça change complètement le sens de ce dire vrai que je viens d'abord de poser comme distinct de toute science du Réel. Ça en change complètement le sens, parce que, comme je viens de le dire, pour une fois, cette rainure n'est pas vide, il y passe quelque chose.
    Si certains d'entre vous se souviennent de ce que j'ai avancé, structuré comme le discours du maître, ils peuvent y lire, s'ils sont capables de lire quelque chose, ils peuvent y lire que la vérité du maître, ça n'est rien d'autre que le sujet. Pour les sourds, je rappelle que le discours du maître, c'est ça : avec ici deux flèches et ici deux flèches comme ça, et ici rien du tout...

</dir>

<img src="ndup7a.jpg" alt="nondupes 7 a : Discours du maître" height="86" width="134">

<dir>    Ce sur quoi repose le discours du maître, c'est ce que j'ai appelé S1, S indice 1, autrement dit le commandement, l'impératif. Le discours du maître est là. Et pour un bout de temps. Simplement parce que, parce que le signifiant existe. Parce que S1, c'est-à-dire le signifiant 1, ça n'est rien d’autre que le fait que le signifiant, il y en a des tas, mais qu'ils sont tous un quelconque. Et c'est tout ce sur quoi repose l'existence du Un, c'est qu'il y a du signifiant, et que chacun n'est pas unique, mais tout seul, ce qui n’est pas tout à fait la même chose.


    C'est justement parce qu'il n'y a pas deux... deux quoi ? deux êtres parlants qui puissent se conjoindre, faire deux, c'est justement pour ça qu'il y a des signifiants, c'est-à-dire qu'ils parlent. Et ce que démontre le discours analytique, c'est que ce qui se passe quand à la place de ceux qui pourraient être sujets, sujets de quelque chose, du rapport sexuel, quand à leur place il y a deux signifiants, eh ben c'est ça, et c'est rien d'autre qui coule dans ce que j'ai appelé "la rainure du dire vrai".
   Pour ça, il faut que le S2, il faut que le S2 n'ait rien à faire avec le dire vrai. Autrement dit que le S2 soit réel.
   Et si vous me suivez dans ce que j'ai tenté de frayer, dans mes premiers vagissements, dans ce séminaire, vous concevrez que le S2, c'est ça que j'ai écrit dans mon schème du discours analytique, que le S2 c'est un savoir, le savoir en tant qu'inconscient, c'est ça qui coule dans la rainure du dire vrai.
    Ça ne dit pas rien, ce que je suis en train de vous raconter ! ça veut dire que c'est un Réel, il y a du savoir qu'il y a beau n’y avoir aucun sujet qui le sache, il reste être du Réel. C'est un dépôt. C'est un sédiment... qui se produit chez chacun quand il commence à aborder ce rapport sexuel auquel bien sûr il n'arrivera jamais, quelque éducation qu'on lui donne, parce que s'il y a bien quelque chose qui n'améliorera en rien la situation, la situation du rapport, c'est bien tout ce qu'on peut leur déconner sur le sujet de ce que ce rapport serait, soi-disant.
    Il n'en restera pas moins que c'est par des biais tout à fait incidents qu'entrera pour lui ce qui fait le trois, à savoir le Réel. Parce que bien sûr, Dieu merci, quand il commence, l'être parlant, il n'a pas la moindre idée qu’il est un sujet. Il compte un et deux, ce que vous voudrez, mais pas lui, et comme trois, il y mettra tout ce qu'on voudra, enfin, voire ce qui maquille les deux autres, à savoir lui-même, l'enfant, comme qui dirait. C'est un bon prétexte, à faire entrer le Réel tout en le voilant complètement, ce n'est qu'un enfant, le Réel ; si ce n'est pas l'enfant lui-même, ce sera n'importe quel tiers, ce sera la tante Yvonne, enfin, n'est-ce pas, ou n'importe quoi d'autre... le grand-père Machin. Du moment que ça fait trois, tout est bon pour ne pas s'apercevoir qu'il ne s'agit que de trois comme Réel. Moyennant quoi il y a des choses qui, par la tante Yvonne, par le grand-père Machin ou par l'enfant lui-même, à savoir son pathétique, à savoir qu'il est relégué, personne n'y comprend rien, et pour cause, il n'y a rien à comprendre.
    Il y aura tout de même quelque chose qui s'imprimera, c'est-à-dire non pas trois, parce que le trois est toujours voilé par quelque côté, le trois se dérobe, le trois c'est le support, il y aura S2, S indice 2, deux S, deux signifiants grand S qui s'imprimeront, et qui donneront, selon la voie du pur hasard, à savoir de ce qui, avant tout, clochait dans ces rapports avec ceux qui étaient là pour présider à ce qu'on appelle son éducation, sa formation, il se formera ce savoir, ce savoir indélébile et en même temps absolument pas subjectivé, il se formera ce savoir réel, là imprimé quelque part, imprimé tout comme dans Aristote l'alpha, le bêta et le gamma, et c'est ça qui sera l'inconscient, et il n'aura rien d’autre, hein, comme disait le personnage qui passait à la douane, disant : "Ça c'est de la nourriture pour ma chèvre", à la suite de quoi le douanier lui disait : "Ecoutez, c'est étonnant, parce que c'est des bretelles, enfin...!" - l'autre lui répondait

"Enfin, c'est comme ça, et si elle n'a pas ça, elle n'aura

rien d'autre...", ben c'est pareil pour le savoir inconscient : comme vérité, il n'aura rien d'autre que ces bretelles !


    Le savoir inconscient, c'est de ça qu'il s'agit de faire le joint pour que le dire vrai réussisse à quelque chose, c'est-à-dire réussisse à se faire entendre quelque part pour suppléer à l'absence de tout rapport entre l'homme et une femme, des, pas toutes.
    Voilà la distance, la différence qu'il y a entre le dire vrai et la science du Réel. C'est pour ça que pour ce qui est de traiter l'inconscient, nous en sommes beaucoup plus près à manipuler la logique que tout autre chose, parce que c'est du même ordre. C'est de l'ordre de l'écrit, comme je vous le fais remarquer d'ailleurs le grand frayeur du discours analytique, Freud lui-même, n'a pas pu l'éliminer, car quand il donne ses petits schémas, n'est-ce pas, dans... dans ses esquisses, celles par lesquelles il a essayé de comprendre ce que ça pouvait bien être que le savoir de l'hystérique, eh ben qu'est-ce qu'il fait ? Il ne fait exactement rien d'autre que ça, à savoir ces petits points et ces petites flèches, ces modes d'écrit grâce à quoi il rend compte, il croit rendre compte, de quelque chose qui était vieux comme le monde, à savoir l'anamnèse, il est évident que depuis longtemps on considère l'anamnèse comme une marque, comme une impression, il faut aussi bien dire que c'est tout à fait flottant, insuffisant. Là le cher Freud confirme en quelque sorte que c'est bien de ça qu'il s'agit, quand il s'agit du Réel, qu'il s'agit de quelque chose qui s'écrit, quelque chose qui s'écrit et qu'il s'agit de lire, de lire en le déchiffrant, et qu'est-ce que ça veut dire ? ça ne veut rien dire que ce quelque chose qui, en le, si je puis dire, en le réanimant dans le sens de ce quelque chose, de ce quelque chose qui fait barrage à tout essai de déboucher sur le rapport proprement dit, en le réanimant grâce à ce quelque chose qui est cette espèce de parasite, de meuble du corps, que le discours analytique désigne par le phallus, fait que ce qui faisait bouchon, qui est à proprement parler la jouissance, et la jouissance phallique comme telle, n'est-ce pas, ce qui faisait bouchon grâce à quelque chose que le discours arrive à obtenir, n'est-ce pas, à savoir à le séparer dans l'Imaginaire, à faire cette castration symbolique, permet que quelque chose réussisse ou rate, rate le plus souvent, qui établit au moins entre deux sujets quelque chose qui ressemble au rapport, quelque chose qui cesse de ne pas s'écrire pour quelques cas rares et privilégiés.
    Je parle bien sûr là de ce qui s'obtient par la bonne voie, par le discours analytique, parce que, il faut bien dire que ce souci de la vérité n'est nécessité que dans des cas tout à fait rares, ceux pour lesquels l'aide du discours analytique que j'ai dit s'impose, dans les autres discours, c'est beaucoup plus aisé à obtenir. Dans le discours du maître, voire pourquoi pas dans le discours universitaire, hein...
    Dans le discours de l'hystérique, hein, ça fait rêver, un nœud... Mais dans les deux autres bons vieux discours, le roi et la reine, mais ça va tout seul ! Il suffit d'être roi et reine pour s'entendre. C'est même impensable qu'ils ne s'entendent pas. Bien sûr, ça n'a rien à faire avec la vérité du rapport sexuel, mais l'important c'est pas ça, hein, c'est que ça y supplée.
    Alors, parce que dans des cas le savoir inconscient est boiteux... non seulement il est boiteux, mais il fait nettement obstacle à ce que le rapport sexuel s'établisse. Alors, dans ces cas-là, on a affaire à la nécessité de passer par le discours analytique, à savoir on a besoin du dire vrai, et surtout un peu de soupçonner quelles mauvaises fréquentations a le dire vrai. A savoir que tout ce qui vient troubler, perturber le discours, mon Dieu calme et tranquille, auquel normalement nous avons affaire, qui fonde la normale, à savoir que ce qui vient troubler ces discours parfaitement bien établis, ça ne sort jamais que des cas, des cas où on a besoin en somme d'une psychanalyse, c'est-à-dire des cas de vérité.
    Ca ne les réduit pas à l'indignité, ce que je dis : qu'ils ne soient pas normaux, c'est qu'ils ont avec la vérité une espèce de... une espèce, comme ça, de parenté, qui tient au fait qu'ils sont dans le joint où ça ne marche pas pour un seul Réel, à savoir ce qu'il en est du rapport dit sexuel.


    Il est donc bien entendu, je me livre là, comme ça à des remarques qui me semblent utiles à vous faire pour que vous ne fassiez pas d'erreurs, il est donc bien entendu que le discours analytique ne consiste pas du tout à faire rentrer ce qui ne va pas, ce qui ne va pas dans le discours normal, hein, dont je viens de désigner deux.
    C'est pas du tout de ça qu'il s'agit, il ne s'agit pas du tout de les y faire rentrer, c'est simplement de noter que le discours qui ne procède que par le dire vrai, c'est justement ce, ce qui ne va pas, comme ça s'est toujours démontré, il suffit que quelqu'un fasse un effort, pour dire vrai, pour que ça dérange tout le monde, je restitue là simplement les choses à leur contexte.
    Ce que je veux simplement vous faire remarquer : c'est en constituant cette faille, cette faille du dire vrai avec la science du Réel, en la reconstituant pour ce qu'elle vaut, en la reconstituant à la place même où elle se situe, je ne ferme là, bien loin de là, aucun système du monde, bien au contraire. Pour qu'un système du monde existe, il n'y a qu’un seul moyen, n'est-ce pas, c'est...  c'est d'y faire des suppositions. Ce qu'il y a de... de plein d'arêtes, je veux dire de stimulant, dans un discours comme celui d'Aristote, qui n'était sûrement pas un idiot ni même un con, ce qu'il y a de stupéfiant, c'est que y a pas de texte où ce soit plus clair, ce qu'on appelle "supposition".

    Cette distinction que je viens de vous articuler aujourd'hui, entre le dire vrai et la science du Réel, j'ai appelé ça comme ça, j'ai appelé ça comme j'ai pu : le dire vrai, il est là, c'est ce que j'essaye de faire, la science du Réel, c'est ce quelque chose qui est la logique, et qui aussi tient debout, n'est-ce pas, qui tient debout pour ceux qui savent, bien sûr, s'y retrouver. La distinction est quelque part, je peux vous montrer où, quelque part dans Les Premiers Analytiques, hein : 1-37, là, ouais...  1-37...  non, c'est au... si vous prenez le repérage sur les manuscrits, n'est-ce pas, c'est vers la septième ligne de la page des manuscrits de ce qui est numéroté par le 49 a. Bon, le 37, c'est la division de la traduction. Il s'agit des différentes espèces d'attribution, des expressions... Non, ce n'est pas ça, c'est plus loin...
    Ah ! Il faut aussi opérer l'échange des...  c'est plus loin, n'est-ce pas, c'est au 49 b, au contraire, il faut aussi opérer l'échange des termes de valeur identique, mots pour mots, locutions pour locutions, mot et locution l'un pour l'autre, et toujours préférer un mot à une locution pour faciliter ainsi l'exposition des termes. Il a l'air de ne parler que de sa petite affaire. Mais c'est quand il donne un exemple...
   Par exemple, il n'y a aucune différence entre dire - et alors à ce propos-là il dit quelque chose de vrai mais, si je puis dire, c'est bien un hasard vous allez voir ce qu'il dit de vrai - "l'objet de la supposition n'est pas le genre de l'objet de l'opinion" et dire "le genre" et dire "l'objet l'objet de l'opinion n'est pas identique avec un certain objet de supposition" (car le sens est le même dans les deux jugements), au lieu de la locution énoncée, il vaut mieux poser comme termes ... en les bloquant... et ça s'appelle ça upolekton c'est-à-dire

"l'objet de la supposition" et "l'objet de l'opinion" doxeston,

doxaston et non pas doxeston, je vous demande pardon, je suis fatigué...
    Qu'est-ce que c'est, que l'objet de l’opinion ?
    Ben, l’objet de l'opinion, c'est ce qui marche. L’opinion, elle est aussi vraie que quelque chose d'autre. L'opinion vraie, c'est justement là-dessus que se casse la tête Platon dans le Ménon. L'objet de l'opinion, c'est ce qui fait qu'on ne s'aperçoit pas que... jusqu'à ce que ça vous tombe sur la tête, naturellement, qu'il n'y a pas de rapport sexuel. L'objet de la supposition n'est pas identique, dit-il à cette occasion. C'est-à-dire que tout ce dont il nous parle pndant tous Les Premiers analytiques, c'est quelque chose qui nous fait comprendre combien, quand on est dans l'ordre du Réel, il faut faire de suppositions.
    Dans l'ordre du Réel, nous sommes tout le temps forcés de supposer. Nous sommes forcés de supposer, enfin, les choses les plus <nobr>folles : </nobr>l'esprit, la matière, aussi, quelquefois, et même quelques autres histoires du même genre, n'est-ce pas, qui sont heureusement un tout petit peu plus rapprochées de nous, mais qui n’en sont pas moins suppositionnelles. J'essaie ici de procéder par une voie où je ne fasse pas de suppositions, où je ne soupçonne rien d'être suspect. Puisque la supposition, ça a ce versant-là. Oui. Dans Aristote, il appelle ça to upokeimenon quelquefois, mais là, dans ce cas-là, c'est quelque chose qu'on ne peut traduire en latin que par suspicabile, n'est-ce pas, upolekton c'est le soupçonnable. Bien sûr, le soupçonnable, c'est très respectable, comme le reste, n'est-ce pas, c'est ce qu'il nous faut soupçonner comme étant Réel, et ça mène très loin, ça mène à toutes sortes de constructions. L'important serait peut-être d'en rester à ce que seule permet d'affirmer la science du Réel, à savoir que le noyau de tout ça, c'est avant tout la logique, c'est-à-dire ce qui n'a jamais réussi à avancer d'un pas, d'un quart de pas, d'un bout de nez de pas, hein, que par l'écrit. Ce qui est quand même quelque chose.
    Bon, je vous ai raconté ça, et puis je vous ai fait là mon noeud borroméen, il faut bien que vous vous imaginiez que ce nœud borroméen-là, c'est si je puis dire le seul qui... qui se présente décemment, si je puis dire.
    Il se présente décemment parce qu'il a la place pour ... pour se déployer, n'est-ce pas, mais ça ne l'empêche pas d'être facilement l'objet de toutes sortes de déroutements. Vous y remarquerez par exemple qu'il est très facile d'y retrouver, par exemple, les trois plans de référence des coordonnées cartésiennes. Et c'est bien ce qu'il a de fallacieux. Parce que les coordonnées cartésiennes, c'est quand même tout autre chose, c'est quelque chose qui du seul fait enfin que ça implique la surface comme ex-istante est à la source de toutes sortes d'images fallacieuses : le more geometrico, qui a suffi pendant des siècles à assurer beaucoup de choses d'un caractère prétendûment démonstratif, sort tout entier de là.

<img src="ndup7b.jpg" alt="nondupes 7 b le noeud bo" height="140" width="144">

</dir>

<dir>    Le fait que, le fait que le caractère fallacieux de la surface, n'est-ce pas, est démontré par ceci, que quand vous essayez de la rejoindre avec cet appareil qui est là, vous obtenez, ce qui constitue le...  depuis quelques temps, enfin, je pense pour vous... le sigle de ce qu'il en est du nœud borroméen, à savoir le joint où les trois ronds, ça se noue ensemble.


    Et où ça se noue, enfin, de façon qui est à proprement parler concise, c'est-à-dire celle, la façon, qui permet par exemple de voir que c'est comme ça que ça se coince, enfin, hein. Et voilà c'est comme ça qu'il faut que vous conceviez que les... que les nœuds se rejoignent pour définir ce quelque chose qui est une tout autre définition du point, à savoir le point où les trois ronds se coincent.

<img src="ndup7c.jpg" alt="nondupes7 c : le joint où les 3 ronds ça se noue ensemble" height="63" width="81">

    Oui, c'est pas tout à fait ce que j'avais prévu, enfin, de vous raconter aujourd'hui, mais puisqu'après tout j'avais envie de... d'improviser, je me suis laissé entraîner, comme ça, à vous dire d'autres choses, ça a une suite, bien sûr, ça aura une suite la prochaine fois, je voudrais tout de même vous faire remarquer qu'il y a des points dans Les Premiers Analytiques, par exemple, entre autres - il y en a d'autres, il y a des points de la logique, il y a des points de l’Organon, où nous voyons tout d'un coup qu'Aristote lui-même, qui savait rudement bien ce qu'il faisait, n'est pas sans achopper. Je veux dire sans laisser sortir ce qui, en fin de compte, le tracasse comme tout le monde.
    Il y a une histoire par là, il faudra que je vous retrouve ça, je vais vous le retrouver tout de suite, au... au 68 a, page des manuscrits, toujours... Il y a quelque chose d’inouï. Je remarque, je vous ai parlé tout à l'heure de... du tout a est beta, tout beta est gamma et de ce qui s'en déduit que tout alpha est gamma, il interroge, en apparence, ce qu'il en résulte de ceci, d'inverser la conclusion, à savoir par exemple de dire que tout gamma est alpha. Il en montre les conséquences bouleversantes, à savoir que la conclusion, il va falloir la mettre à une autre place, à savoir à la place d'une majeure ou d'une mineure pour que ça aboutisse à proprement parler à une conclusion qui est celle qui inverse une des prémisses. Bon. Tout ça n'a l'air de rien, tout ça n'a l'air de rien et ça n'est certainement pourtant pas rien, parce que c'est à cette occasion que commence à sortir quelque chose d'autre, à savoir les qualifications qui s'appliquent à toute espèce d'être.
    Il faut vous dire que je vous ai épargné ceci, c'est à quel point, c'est à quel point l'usage du terme uparkein "appartenir à", fait problème. Parce que dans sa définition de l'Universelle, il est tout à fait hors de question de donner un sens univoque à cet "appartenir à". Il est impossible de savoir d'une façon univoque si le sujet appartient au prédicat ou si le prédicat appartient au sujet. C'est selon les passages. Il ne se peut pas, bien sûr, que quelqu'un d'aussi vigilant que devait être Aristote ne s'en soit pas aperçu.
    Quoiqu'il en soit dans ce chapitre, ce tout petit chapitre qui est bien instructif, on voit par progression, et par cette progression qui consiste à ce que, d'êtres universels bien définis, il passe à tous les êtres, il est très singulier que ce soit à propos de ça, que sorte, que sorte mais comme une irruption, le passage suivant :
    Si donc - textuel ! - tout amant, en vertu de son amour, préfère... en vertu de son amour, préfère... A, c'est pas "préférer à", hein, c'est A, le "A" écrit

  savoir que l'aimé soit disposé à lui accorder

ses faveurs, ça se dit suneinai, aller ensemble, sans toutefois les lui accorder, sans toutefois les lui accorder, (ce que nous figurons par G gamma), c'est donc no-suneinai, pour appeler ça par leur nom, il ne couche pas avec lui, plutôt que de voir l'aimé lui accorder ses faveurs, (ce qui est figuré par D delta.) C'est merveilleux. Donc, D delta, hein, c'est ce que nous avions dit, ça ? le... comment... beta ? ah ! oui !
    C'est donc d'abord de ne pas les lui accorder, plutôt que de voir... etc. Bon. Bon, alors il est évident que A alpha, c'est-à-dire d'être disposé, ce qui passe pour Aristote pour l'aimer, n'est-ce pas, il est évident que l'objet de l'amour A, c'est être aimé, être disposé à lui accorder ses faveurs, c'est ce que, dans Aristote, et c'est parfaitement désigné dans ce texte, je vous prie de vous y reporter, se dit  fileistai. Bon, aimer, c'est donc filein.
    Il s'agit pour lui de démontrer ceci : après ce passage concernant toute la conversion, et tout à fait spécialement la correction, la conversion des prédicats qui concernent tout être, il s'agit que si on part de ceci, n'est-ce pas, que la conjonction de cet A avec ce B, c'est-à-dire être aimé par le partenaire, partenaire qui ne vous accorde pas ses faveurs, si on pose que ceci est préférable à la combinaison contraire, n'est-ce pas, à savoir qu'il vous accorde ses faveurs sans vous aimer pour autant, il démontre que, si on pose ceci, c'est l'objet de sa démonstration, il en résulte que la fin de l'amour, A, c'est quelque chose, si on la pose ici, n'est-ce pas, il en résulte, ce qui semble en effet inévitable à admettre, que suneinai vaut moins que carizestai à savoir cette bonne disposition qui témoigne d'être aimé.

<img src="ndup7d.jpg" alt="nondupes7 d" height="181" width="177">

    Le surgissement, à cet endroit, et d'une façon qui est d'autant plus problématique qu'elle est absolument caractéristique de l'amour en tant qu'homosexuel, est une chose tout à fait frappante, concernant, si je puis dire, l'éruption au milieu de ce que j'ai défini comme étant ici articulé comme la science du Réel, comme l'éruption en un certain point, un point qui, je vous le répète, est au 68b auquel je vous prie de vous reporter dans Les Premiers Analytiques, une chose qui est vraiment l'irruption du vrai, et d'un vrai qui est justement un vrai dont il n'y a, en fin de compte, que l'approche, puisque le problème dont il s'agit est justement celui d'un amour qui, en fin de compte, ne concerne que par l'intermédiaire de la jouissance, du suneinai dont il s'agit, à savoir d'une jouissance, enfin, parfaitement localisée et homologue, homogène, enfin, celle qui fait qu'en fin de compte, s'il y a en effet quelque chose que permet la non-existence du rapport sexuel comme tel, c'est très précisément que l'omoioz en est assurément quelque chose comme, comme un pas, sans doute, mais un pas, en quelque sorte, qui confirme, qui appuie la non-existence du rapport.

    Et ce sur quoi je voudrais conclure

est ceci, n'est-ce pas, que pour autant, pour autant que c'est autour de cet x qui s'appelle le phallus que continue à tourner, à tourner que parce que c'en est à la fois la cause et le masque, la non-existence du rapport sexuel, j'annonce, j'annonce si je puis dire le thème de mon prochain séminaire, n'est-ce pas !


    Pour ce qui en est de l'homme et d'abord quand je dis L'homme, je l'écris avec un grand L, n'est-ce pas, à savoir qu'il y a un tout-homme, pour L'homme, l'amour, j'entends ce qui s'accroche, ce qui se situe dans la catégorie de l'Imaginaire, pour l'homme, l'amour ça va sans dire.
    L'amour ça va sans dire parce qu'il lui suffit de sa jouissance, et c'est d'ailleurs très exactement pour ça qu'il n'y comprend rien.
    Mais pour une femme, il faut prendre les choses par un autre biais, n'est-ce pas. Si pour l'homme ça va sans dire parce que la jouissance couvre tout, et y compris que justement il n'y a pas de problème concernant ce qu’il en est de l’amour, la jouissance de la femme, et c'est là-dessus que je terminerai aujourd'hui, la jouissance de la femme, elle, ne va pas sans dire, c'est-à-dire sans le dire de la vérité.<a></a><a></a>