24,656
edits
Changes
no edit summary
1945-03-00.htm
<CENTER><I><FONT SIZE=+2>Le temps logique et l'assertion</FONT></I></CENTER>
<CENTER><B><FONT SIZE=+1>Jacques Lacan</FONT></B></CENTER>
Christian Zervos de contribuer avec un certain nombre d'écrivains
au numéro de reprise de sa revue, <I>les Cahiers d'Art, </I>conçu
et l'après où nous le plaçons ici, même s'il
démontre que l'après faisait antichambre, pour que l'avant
pût prendre rang.</FONT></DIR></DIR>
<UL>
choix et leur communique l'avis suivant :
messieurs, je dois libérer un d'entre vous. Pour décider
lequel, j'en remets le sort à une épreuve que vous allez
courir, s'il vous agrée.</I>
ne diffèrent que par leur couleur : trois sont blancs, et deux sont
noirs. Sans lui faire connaître duquel j'aurai fait choix, je vais
exclue par l'absence ici d'aucun moyen de se mirer.</I>
vos compagnons et les disques dont chacun d'eux se montrera porteur, sans
qu'il vous soit permis, bien entendu, de vous communiquer l'un à
dont nous disposons.</I>
motifs de logique, et non seulement de probabilité. A cet effet,
il est convenu que, dès que l'un d'entre vous sera prêt à
part, il soit jugé sur sa réponse."</I>
blanc, sans utiliser les noirs, dont on ne disposait, rappelons-le, qu'au
nombre de deux.
<BR>
<H3>
alors une réponse semblable qui s'exprime ainsi :
que mes compagnons étaient des blancs, j'ai pense que, Si j'étais
un noir, chacun d'eux eût pu en inférer ceci : "Si j'étais
eux. Sur quoi, j'ai pris la porte, pour faire connaître ma conclusion."</I>
mêmes raisons de conclure.
<BR>
Nous laissons à l’initiative de chacun le soin d'en décider.
au naturel, encore que le progrès antinomique de notre époque
semble depuis quelque temps en mettre les conditions à la portée
plus pour le fin du fin de la liberté humaine.
l'expérience ne décevra pas, nous nous en portons garant,
ceux qui gardent quelque goût de s'étonner. Peut-être
ces sujets, de la réalité d'autrui.
de la solution présentée. Elle nous apparaît en effet
comme un remarquable sophisme, au sens classique du mot, c'est-à-dire
d'un soir l'apporta à notre réflexion.
se présente sous l'habit du philosophe, qu'il faut plus souvent
chercher ambigu dans les propos de l’humoriste, mais qu'on rencontre toujours
il résulte que A ne peut en déduire qu'il soit un blanc.
B et de C leur est imputée <I>à faux</I>, puisque la situation
qui seule pourrait la motiver chez eux de voir un noir n'est pas la vraie,
il n'est question que personne sorte pour la raison qui s'en déduit.
étape de la déduction de A. Car, Si c'est à bon droit
qu'il est venu à sa conclusion qu'il est un blanc, en posant que,
il voit les autres s'ébranler avec lui.
A désigne chacun des sujets en tant qu'il est lui-même sur
la sellette et se décide ou non à sur soi conclure. B et
réel.
d'être par eux vu noir, il suffit qu'il repose la question, en s'arrêtant,
pour la résoudre. Il les voit en effet s'arrêter aussi : car
repartent tous ensemble, pour déclarer qu'ils sont des blancs.
nous n'avons pas pour autant réfuté l'objection logique,
et qu'elle va se représenter la même avec la réitération
le même arrêt.
logique d'accompli. Pour la raison que cette fois A ne peut tirer de l'arrêt
commun qu'une conclusion sans équivoque. C'est que, s'il était
qui ne permet ni à l'objection ni au doute de renaître.
la<B> </B>rigueur contraignante d'un procès logique, à la
condition qu'on lui intègre la valeur des deux <I>scansions suspensives</I>,
logique.
du procès logique, puisque l'acte qu'elles suspendent manifeste
cette conclusion même. On ne peut donc objecter de là qu'elles
logique lui-même.
logique, n'est pas celui de l'expérience dans la vérification
d'une hypothèse, mais bien d'un fait intrinsèque à
l’ambiguïté logique.
décomposeraient ainsi :
des sujets : deux noirs, un blanc, - un noir, deux blancs, - trois blancs.
La première étant exclue par l'observation de tous, une inconnue
reste ouverte entre les deux autres, que vient résoudre :
qui équivaudrait à un signal par où les sujets se
communiqueraient l'un à l'autre, sous une forme déterminée
de l'autre.
une conception spatialisée, celle-là même qui transparaît
chaque fois qu'il prend l'aspect de l'erreur et qui seule objecte à
la solubilité du problème.
se présente comme une aporie pour les formes de la logique classique,
dont le prestige "éternel" reflète cette infirmité
<I>être vu d'un seul coup</I>.
ici en litige fait-elle prévaloir la structure temporelle et non
pas spatiale du procès logique. Ce que les <I>motions suspendues</I>
en trois <I>temps de possibilité</I>.
pour le seul choix qu'impose la première interprétation erronée,
<I>deux</I> scansions sont nécessaires pour la vérification
des deux laps qu'implique la seconde et seule valable.
le procès logique, les <I>motions suspendues</I> y sont si nécessaires
que seule l'expérience peut y faire manquer le synchronisme qu'elles
leur fonction dans le procès de la vérification.
dont la nécessité fait apparaître l'ordre croissant
des instances du temps qui s'enregistrent dans le procès logique
pour s'intégrer dans sa conclusion.
qu'elles constituent, laquelle, objection du logicien ou doute du sujet,
se révèle à chaque fois comme le déroulement
sujet dans une exigence formelle.
permettent d'y reconnaître un véritable mouvement logique.
Ce procès exige l'examen de la qualité de ses temps.
aussi rigoureuse que possible, de ces moments de l'évidence.
un blanc.</I>
<BR> C'est là une <I>exclusion logique</I> qui donne sa base
l'évidence suivante
ne tarderaient pas à se reconnaître pour être des blancs</I>.
<BR> C'est là une <I>intuition</I> par où le sujet
suivante:
pour que ces blancs, par moi ainsi considérés, ne me devancent
pas à se reconnaître pour ce qu'ils sont.</I>
s'applique.
<I>apodose</I> et <I>hypothèse</I>, la conjonction ici manifestée
se noue en une motivation de la conclusion, "<I>pour qu'il n’y ait pas</I>"
l'erreur)...
logique du sujet de l'assertion : en raison de quoi nous la caractérisons
comme <I>assertion subjective</I>, à savoir que le sujet logique
à chacun de ces moments.
valeur logique du sujet de l'assertion. Le premier, qui s'exprime dans
l' "<I>on</I>" de l' "<I>on sait que...</I>", ne donne que la forme générale
que la forme dite existentielle) du "<I>je</I>" psychologique<A NAME="bknote3"></A><SUP><A HREF="#note3">[3]</A></SUP>.
dans notre terminologie) de la conclusion du sophisme, c'est l'indétermination
où sera tenu un observateur (le directeur de la prison qui surveille
des deux autres, il sera seul à se déclarer tel en ces termes.
pensée moderne a montré que tout jugement est essentiellement
un acte</B>, et les contingences dramatiques ne font ici qu'isoler cet
ce qui suit.
du mouvement qui, comme aspiré entre l'instant de son début
et la hâte de sa lin, avait paru éclater comme une bulle.
de conclure</I>.
à la valeur du jugement, il faut remarquer que, pour la forme d'assertion
ici étudiée, cette valeur tient moins au doute qui la suspend
qu'à la <I>certitude anticipée</I> qui l'a introduite.
voyons ce que vaut objectivement la première suspension pour l'observateur
que nous avons déjà intéressé à la motion
était erronée.
et s'il s'arrête, c'est qu'il s'est pris à douter s'il a bien
saisi le <I>moment de conclure</I> qu'il était un blanc, mais il
à tout autre qu'à lui-même.
Chacun des sujets, s'il a ressaisi la certitude subjective du <I>moment
de conclure</I>, peut à nouveau la mettre en doute. Mais elle est
pas un noir.
Comme le prouve ceci que, même si l'un quelconque des sujets ne l'avait
pas saisi encore, il s'impose à lui pourtant maintenant; le sujet,
son jugement.
du rassemblement logique des deux motions suspendues dans l'acte où
elles s'achèvent, à <I>se désubjectiver au plus bas</I>.
blanc.
sujet peut, à l'enquête, exprimer la certitude qu'il a enfin
vérifiée, par l'<I>assertion subjective</I> qui la lui a
qui détermine le moment de conclure.
l'erreur et s'avançant seule dans l'acte qui engendre sa certitude;
inversement <B>l'erreur, comme se confirmant de son inertie</B>, et se
redressant mal à suivre l'initiative conquérante de la vérité.
logique? A une forme d'objectivation qu'elle engendre dans son mouvement,
c'est à savoir à la référence d'un "<I>je</I>"
peu que l'<I>instant du regard</I>.
la moindre disparate pour qu'il s'en manifeste combien <B>la vérité
pour tous dépend de la rigueur de chacun</B>, et même que
pourtant sinon par les autres.
la pratique à une table de bridge ou à une conférence
diplomatique, voire dans la manœuvre du "complexe" en pratique psychanalytique.
est déjà intégralement représentée dans
la forme du sophisme, puisqu'elle se définit comme un groupe formé
comme une classe comprenant abstraitement un nombre indéfini d'individus.
du sophisme pour voir qu'il peut s'appliquer logiquement a un nombre illimité
de sujets<A NAME="bknote4"></A><SUP><A HREF="#note4">[4]</A></SUP>, étant
la logique classique.
apporter à l'inadéquation qu'on ressent d'une affirmation
telle que "Je suis un homme", à quelque forme que ce soit de la
que l'on voudra. ("<I>L'homme est un animal raisonnable</I>"..., etc.)
présentée en conclusion de la forme ici démontrée
de l'assertion subjective anticipante, à savoir comme suit :
des hommes;
convaincu par les hommes de n'être pas un homme.
en tant précisément qu'elle se pose comme assimilatrice d'une
barbarie, et qui pourtant réserve la détermination essentielle
d'une laborieuse mise au point.</FONT>
votre réflexion sur une nouvelle difficulté à vrai
dire, le raisonnement admis hier n'est pas concluant, car aucun des trois
comportement des autres la couleur de son disque."</FONT>
cas, restait-il aveugle à ceci que ce n'est pas le départ
des autres, mais leur attente, qui détermine le jugement du sujet.
de la hâte en logique.</FONT>
comme s'exprime le contradicteur cité dans la note ci-dessus.</FONT>
est encore la "première personne", mais aussi la seule et la dernière.
Car la deuxième personne grammaticale relève d'une autre
n'est que prétendue c'est un démonstratif, également
applicable au champ de l'énoncé et à tout ce qui s'y
particularise.</FONT> <P><A NAME="note4"></A><FONT SIZE=-1><A HREF="#bknote4">[4]</A> En voicil'exemple pour quatre sujets, quatre disques blanc, trois disques noirs.</FONT> <P><FONT SIZE=-1BR>A pense que, s'il était un noir, l'un quelconquede B, C, D pourrait penser des deux autres que, si lui-même étaitnoir, ceux-ci ne tarderaient pas à savoir qu'ils sont des blancs.<BR>L'un quelconque de B, C, D devrait donc en conclure rapidement qu'il estlui-même blanc, ce qui n'apparaît pas. Lors A se rendant compteque, s'ils le voient lui noir, B, C, D ont sur lui l'avantage de n'avoirpas à en faire la supposition, se hâte de conclure qu'il estun blanc.</FONT> <P><FONT SIZE=-1BR>Mais ne sortent-ils pas tous en même temps que lui?<BR>A, dans le doute, s’arrête, et tous aussi. Mais, si tous aussi s’arrêtent,qu'est-ce à dire? Ou bien c'est qu'ils s’arrêtent en proieau même doute que A, et A peut reprendre sa course sans souci. Oubien c'est que A est noir, et que l'un quelconque de B, C, D est venu àdouter Si le départ des deux autres ne signifierait pas qu'il estun noir, aussi bien à penser que, s'ils s’arrêtent, ce n'estpas pour autant qu'il soit lui-même blanc, puisque l'un ou l'autrepeut encore douter un instant s'il n'est pas un noir; encore peut-il poserqu'il devraient tous les deux repartir avant lui s'il est lui-mêmeun noir, et repartir lui-même de cette attente vaine, assuréd'être ce qu'il est, c’est-à-dire blanc. Que B, C, D, doncne le font-ils? Car alors je le fais, dit A. Tous repartent alors.</FONT> <PBR><FONT SIZE=-1BR>Second arrêt. En admettant que je sois noir, sedit A, l'un quelconque de B, C, D doit maintenant être fixésur ceci qu'il ne saurait imputer aux deux autres une nouvelle hésitation,s'il était noir; qu'il est donc blanc. B, C, D doivent donc repartiravant lui. Faute de quoi A repart, et tous avec<B> </B>lui.</FONT> <PBR><FONT SIZE=-1BR>Troisième arrêt. Mais tous doivent savoir
dès lors qu'ils sont des blancs, si j'étais vraiment noir,
se dit A. Si donc, ils s'arrêtent...</FONT> <PBR><FONT SIZE=-1BR>Et la certitude est vérifiée en trois <I>scansionssuspensive.</I></FONT> <P><A NAME="note5"></A><FONT SIZE=-1><A HREF="#bknote5">[5]</A> Cf. lacondition de ce moins un dans l'attribut avec la fonction psychanalytique
de l'Un-en-plus dans le sujet de la psychanalyse, p. 480 de ce recueil
(Les écrits).</FONT> <P><A NAME="note6"></A><FONT SIZE=-1><A HREF="#bknote6">[6]</A> Que lelecteur qui poursuivra dans ce recueil, revienne à cette référenceau collectif qui est la fin de cet article, pour en situer ce que Freuda produit sous le registre de la psychologie collective <I>(Massen : PsychoIogiePsychologie und Ichana1yse, </I>1920<B>) : le collectif n'est rien, que le sujet del'individuel.</B></FONT>