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J.LACAN                              gaogoa

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V- Les formations de l'inconscient - 1957-1958
      
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Mercredi 6 novembre1957                  

texte de 33 pages                [javascript:; graphe]

(p1->) Nous avons pris cette ann�e pour th�me de notre s�minaire les formations de l'inconscient.

Ceux d'entre vous, et je crois que c'est le plus grand nombre, qui �taient hier soir � notre s�ance scientifique, sont d�j� au diapason, � savoir qu'ils savent que les questions que nous allons poser concernent cette fois d'une fa�on directe, la fonction dans l'inconscient de ce que nous avons aux cours des ann�es pr�c�dentes, �labor� comme �tant le r�le du signifiant.

Un certain nombre d'entre vous - je m'exprime ainsi parce que mes ambitions sont modestes- j'esp�re ont lu l'article qui est dans le troisi�me num�ro de "La psychanalyse" que j'ai fait passer sous le titre de  " l'instance de la lettre dans l'inconscient " . Ceux qui auront eu ce courage seront bien plac�s, voir mieux plac�s que les autres, pour suivre ce dont il va s'agir. Au reste il (mot illisible) que c'est (p2->) une pr�tention modeste que je puis avoir, que vous qui vous donnez la peine d'�couter ce que je dis, vous vous donniez aussi celle de lire ce que j'�cris, puisqu'en somme c'est pour vous que je l'�cris. Ceux qui ne l'on pas fait, donc, feront tout de m�me mieux de s'y reporter, d'autant plus que je vais tout le temps m'y r�f�rer. Je suis forc� de supposer connu ce qui a d�j� �t� �nonc�.

Enfin pour ceux qui n'ont aucune de ces pr�parations, je vais vous dire ce � quoi je vais me limiter aujourd'hui, ce qui va faire l'objet de cette le�on d'introduction � notre propos.

Je vais vous rappeler dans un premier temps, d'une fa�on forc�ment br�ve, forc�ment allusive puisque je ne peux pas recommencer, quelques point ponctuant en quelque sorte ce qui les ann�es pr�c�dentes amorce, annonce de ce que j'ai � vous dire sur la fonction du signifiant dans l'inconscient.

Ensuite, ceci pour le repos de l'esprit de ceux que ce bref rappel pourra laisser un peu essoufl�s, je vous expliquerai ce que signifie ce sch�ma ( note manuscrite : quel sch�ma ? ) auquel nous aurons � nous reporter dans toute la suite de notre exp�rience th�orique cette ann�e.

Enfin je prendrai un exemple, le premier exemple dont se sert FREUD dans son livre sur " Le trait d'esprit", non pas pour l'illustrer, mais pour l'amener parce qu'il n'y a de trait d'esprit que particulier, il n'y a pas de trait (p3->) d'esprit dans l'espace, abstrait. Et je commencerais de vous montrer � ce propos, comment le trait d'esprit se trouve la meilleure  entr�e pour notre objet, � savoir les formations de l'inconscient. Non seulement c'est la meilleure entr�e, mais je dirais aussi que c'est la forme la plus �clatante sous laquelle FREUD lui-m�me nous indique les rapports de l'inconscient avec le signifiant et ses techniques.

  
    Je vous rappelle donc d'abord, puisque ce sont l� mes trois parties, et vous savez donc � quoi vous en tenir sur ce que je vais vous expliquer, ce qui vous permettra du m�me coup de m�nager votre effort mental, que la premi�re ann�e de mon s�minaire a consist� essentiellement � propos des �crits techniques de FREUD, � vous introduire la notion de la fonction symbolique comme seule capable de rendre compte de ce qu'on peut appeler la d�termination dans le sens, ceci �tant la r�alit� que nous devons tenir comme fondamentale de l'exp�rience freudienne.

Ainsi, je vous rappelle, la d�termination dans le sens n'�tant rien d'autre en cette occasion qu'une d�finition de la raison, je vous rappelle que cette raison se trouve au principe m�me de la possibilit� de l'analyse, et que c'est bien pr�cis�ment parce que quelque chose a �t� nou� � quelque chose de semblable � la parole, que le discours peut le (p4->) d�nouer.

A ce propos je vous ai marqu� la distance qui s�pare cette parole en tant quelle est remplie par l'�tre du sujet du discours qui bourdonne au-dessus des actes humains, eux-m�mes rendus imp�n�trables par l'imagination de ses motifs rendus irrationnels, pr�cis�ment en tant  qu'ils ne sont rationalis�s que dans la perspective mo�que de la m�connaissance.

Que le moi lui-m�me soit fonction de la relation symbolique et puisse en �tre affect� dans sa densit�, dans ses fonctions de synth�se, toutes �galement faites d'un mirage, mais d'un mirage captivant, ceci vous l'ai-je rappel� �galement dans la premi�re ann�e, est possible seulement � raison de la b�ance ouverte dans l'�tre humain par la pr�sence biologique originelle chez lui, de la mort en fonction de ce que j'ai appel� la pr�maturation de la naissance.

Ceci est le point d'impact de l'intrusion symbolique, et voil� o� nous en �tions arriv�s au joint de mon premier et de mon second s�minaire.

Le second s�minaire vous rappellerai-je, a mis en valeur ce facteur de l'insistance r�p�titive comme venant de l'inconscient, consistance r�p�titive que nous avons identifi�e � la structure d'une cha�ne signifiante.  Et c'est ce que j'ai essay� de vous faire entrevoir en vous donnant un mod�le sous la forme de la syntaxe dite des Alpha.jpg (p5->) dont  vous avez un expos� qui , malgr� les critiques qu'il a re�u, certaines motiv�es - il y a deux petits manques qu'il conviendrait de corriger dans une �dition ult�rieure- me semble �tre un r�sum� sommaire sur le sujet de cette syntaxe, qui doit pouvoir, et encore pour longtemps, vous servir. Je suis m�me persuad� qu'il se modifiera en vieillissant, et que vous y trouverez moins de difficult�s � vous y reporter dans quelques mois, voir � la fin de cette ann�e, que maintenant.

Ceci pour vous rappeler ce dont il s'agit dans cette syntaxe dite (Alpha.jpg), pour r�pondre aussi aux efforts  louables qu'ont faits certains pour en r�duire la port�e, ce qui en tout cas pour eux est une occasion de s'y �prouver ; or c'est pr�cis�ment tout ce que je cherche, de sorte qu'en fin de compte quelqu'impasse qu'ils y aient trouv�s, c'est tout de m�me � cela que �a leur aura servi; � cette gymnastique que nous aurons l'occasion de trouver dans ce que j'aurai lieu de leur montrer cette ann�e.. Je vous fais remarquer qu'assur�ment, comme ceux qui se sont donn� cette peine me l'on soulign�, et �crit m�me, chacun de ces termes des (Alpha.jpg) sont marqu�s d'une ambigu�t� fondamentale, mais que c'est pr�cis�ment cette ambigu�t� qui fait la valeur de l'exemple.

Nous sommes d'ailleurs ainsi entr�s dans ces groupements, dans la voie de ce qui fait actuellement la sp�cula-(p6->)tion de ce qu'on appelle les recherches sur les groupes et les ensembles,  leur point de d�part �tant essentiellement fond� sur le principe de partir de structure complexe dans lesquelles les structures simples ne se pr�sentent que par des cas particuliers. Or pr�cis�ment, je ne vous rappellerai pas comment sont engendr�es les petites lettres, mais il est certain que nous aboutissons apr�s les manipulations qui permettent de les d�finir, � quelque chose de fort simple, chacune de ces lettres �tant d�finie par les relations entre eux des  deux termes de deux couples, le couple du sym�trique et du dissym�trique, du dissym�trique et du sym�trique, et ensuite le couple du semblable au dissemblable, et du dissemblable au semblable.

Nous avons donc l� ce groupe minimum de quatre signifiants qui ont pour propri�t� que chacun d'eux soit analysable en fonction de ses relations avec les trois autres, c'est-�-dire pour confirmer le passage des analystes - JACOBSON et d'ailleurs son propre tir (? ) quand je l'ai rencontr�  r�cemment  - que le groupe minimum de signifiants n�cessaires � ce que soient donn�es les conditions premi�res, �l�mentaires de ce qu'on peut appeler l'analyse linguistique. Or vous le verrez, cette analyse linguistique a le rapport le plus �troit avec ce que nous appelons l'analyse tout court; elle se confondent m�me; elles ne sont pas essentiellement, si nous y regardons de pr�s, autre chose. 

(p7->) Dans la troisi�me ann�e de mon s�minaire, nous avons parl� de la psychose  en tant qu'elle est fond�e sur une carence signifiante primordiale, et nous avons montr� ce qui survient de subduction du r�el quand, entra�n� par l'invocation vitale, il vient prendre sa place dans cette carence du signifiant dont on parlait hier soir sous le terme de "Verwerfung", et qui j'en conviens n'est pas quelque chose qui soit sans pr�senter quelques difficult�s. C'est pour cela que nous aurons � y revenir cette ann�e, mais je pense que ce que vous avez compris dans ce s�minaire sur la psychose, c'est que, sinon le dernier ressort, du moins le m�canisme essentiel de cette r�duction de l'Autre, du grand Autre, de l'Autre comme si�ge de la parole, � l'autre imaginaire, cette suppl�ance du symbolique par l'imaginaire, et m�me comment nous pouvons concevoir l'effet de totale �tranget� du r�el qui se produit dans les moments de rupture de ce dialogue du d�lire, par quoi seulement le psychos� peut soutenir en lui ce que  nous appellerons une certaine intransitivit� du sujet, chose qui nous para�t, quant � nous, toute naturelle ; "je pense, donc je suis", disons-nous intransitivement. Mais assur�ment c'est l� la difficult� pour le psychos�, pr�cis�ment dans la mesure de cette r�duction de la duplicit� de l'Autre avec le grand A, et de l'autre avec le petit a, de l'Autre si�ge de la parole et garant de la v�rit�, et de l'autre duel qui est celui en face de qui il (p8->) se trouve comme �tant sa propre image. Cette disparition de cette dualit� est pr�cis�ment ce qui donne au psychos� tant de difficult� � se maintenir dans un r�el humain, c'est-�-dire dans un r�el symbolique.

Je rappellerai enfin que dans cette troisi�me ann�e j'ai illustr� cette dimension de ce que j'appelle le dialogue en tant qu'il permet au sujet de se soutenir, par l'exemple de la premi�re sc�ne d'Athalie, ni plus ni moins. C'est un s�minaire que j'aurai bien aim� reprendre pour l'�crire si j'en avais eu le temps; je pense n�anmoins que vous n'avez pas oubli� l'extraordinaire dialogue de cet Abner qui s'avance ici comme le prototype du faux-fr�re et de l'agent double, qui vient en quelque sorte t�ter le terrain dans la premi�re annonce de :
    " Oui, je viens dans son temple ",
et qui fait raisonner je ne sais quelle tentative de s�duction : admirez comme c'est extraordinaire ! Il est vrai bien entendu, que la fa�on dont nous l'avons couronn� nous fait oublier un peu toutes ces r�sonances ; et je vous ait souligner comment le grand pr�tre allait de quelques signifiants essentiels : " les dieux rest�s fid�les ", " dans toute ses menaces ", "promesses du ciel", "pourquoi renoncez-vous ? " Le terme de ciel et quelques autres mots bien sentis ne sont tr�s essentiellement rien d'autre que des signifiants purs. Je vous en ai soulign� le vide absolu. Il embroche si je (
p9->) puis dire, son adversaire, au point de n'en faire plus d�sormais que ce d�risoire ver de terre qui est all� reprendre comme je vous le disais, les rang de la procession, et de servir d'app�t � Athalie qui finira dans ce petit jour, comme vous le savez, par succomber.

Cette relation du signifiant avec le signifi�, si visible, si sensible dans ce dialogue dramatique, est quelque chose � propos de quoi je vous ai parl� de r�f�rence au sch�ma c�l�bre de Ferdinand de Saussure : le courant, ou plus exactement le double flot parall�le. - c'est ainsi qu'il le repr�sente- du signifiant et du signifi� comme �tant distincts et vou� � un perp�tuel glissement l'un sur l'autre. C'est � ce propos que je vous ai forg� les images de la technique du matelassier, du point de capiton, dont il faut bien qu'en quelque point le tissu de l'un s'attache au tissu de l'autre. Pour que nous sachions � quoi nous en tenir, au moins sur les limites possibles de ces glissements, les points de capiton laissent quelque �lasticit� dans les liens entre les deux termes. 

C'est bien l�-dessus que nous allons reprendre, quand je vous aurai �voqu� aussi la fonction aussi la fonction de ma quatri�me ann�e de s�minaire, quand je vous aurai dit qu'en somme parall�lement et sym�triquement � ceci, et � quoi aboutissait le dialogue de Joad et d'Abner, il n'y a pas de v�ritable sujet qui tienne, sinon celui qui parle au nom de la parole.  Vous (p10->) n'avez pas oubli� le plan sur lequel parle Joad:
   
     "Voici comme ce dieu vous r�pond par ma bouche". 
Il n'y a pas d'autre objet dans la r�f�rence � cet Autre. Ceci est symbolique de ce qui existe dans toute parole valable.
    De m�me dans la quatri�me ann�e de s�minaire, j'ai voulu vous montrer qu'il n'y a pas d'objet , sinon m�tonymique, l'objet du d�sir �tant l'objet du d�sir de l'autre, et le d�sir toujours d�sir d'autre chose, tr�s pr�cis�ment de ce qui manque � l'objet perdu primordialement, en tant que FREUD nous le montre comme �tant toujours � retrouver. De m�me il n'y a pas de sens, sinon m�taphorique. Le sens ne surgissant que de la substitution d'un signifiant � un signifiant dans la cha�ne symbolique. 

C'est tr�s pr�cis�ment ce qui est connot� dans le travail dont je vous parlais tout � l'heure, et auquel je vous invitais � vous r�f�rer, sur l'instance de la lettre dans l'inconscient, dans les symboles suivant, respectivement de la m�taphore et de la m�tonymie, S est li� dans la combinaison de la cha�ne, � S1 , le tout par rapport � S2 qui aboutit � ceci que S dans sa fonction m�tonymique, est dans un certain rapport m�tonymique avec (lettre illisible, s ?) dans la signification

             F ' (S...S1) S2 = S (- ) S

De m�me dans la substitution de S1 par rapport � S2, rapport de substitution dans la m�taphore, que nous avons (p11->) ceci qui est symbolis� par le rapport de grand S � petit S1, qui indique ici - c'est plus facile � dire dans le cas de la m�tonymie, - la fonction de surgissement, de cr�ation du sens.          Form.jpg

Voil� donc o� nous en sommes, et maintenant nous allons aborder ce qui va faire l'objet de nos recherches cette ann�e. Pour l'aborder je vous ai d'abord construit un sch�ma, et je vais vous dire maintenant ce que pour au moins aujourd'hui, il va  nous servir � concocter.

Si nous devons trouver un moyen d'approcher de plus pr�s les rapport de la cha�ne signifiante � la cha�ne signifi�, c'est par cette grossi�re image du point de capiton.
Mais il est �vident, pour que ce soit valable, qu'il faudrait se demander o� est le matelassier. Il est �vident quelque part; la place o� nous pourrions le mettre sur ce sch�ma serait tout de  m�me un peu par trop enfantine.

Il peut vous venir � la pens�e que puisque l'essentiel des rapport de la cha�ne signifiante par rapport au courant du signifi� est quelque chose comme un glissement r�ciproque, et que malgr� ce glissement  il faut que nous saisissions o� se passe la liaison, la coh�rence entre ces deux courants, il peut vous venir � la pens�e que ce glissement, si glissement il y a, est forc�ment un glissement relatif ; (p12->)  le d�placement  de chacun produit un d�placement de l'autre et aussi bien ce doit  �tre par rapport � une sorte de pr�sent id�al dans quelque chose comme l'entrecroisement en sens inverse des deux lignes, que nous devons trouver quelque sch�ma exemplaire.

Vous le voyez, c'est autour de quelque chose comme cela que nous pourrions grouper notre sp�culation.

Cette notion du pr�sent va �tre extr�mement importante, seulement un discours n'est pas un �v�nement ponctiforme � la (mot ray�, peu lisible: Recel , Race1 ?) ?, si je puis dire, un discours est quelque chose qui a un point, une mati�re, une texture, et non seulement qui prend du temps,  qui a une dimension dans le temps, une �paisseur, qui fait que nous ne pouvons absolument pas nous contenter de pr�sent instantan�, mais en plus dont toute notre exp�rience, tout ce que nous avons dit et tout ce que nous sommes capable de pr�sentifier tout de suite par l'exp�rience, -il est bien clair par  exemple que si je commence une phrase, vous n'en comprendrez le sens que lorsque je l'aurai finie, parce qu'il est quand m�me tout � fait n�cessaire ( c'est la d�finition de la phrase ) que j'en ai dit le dernier mot pour que vous compreniez o� en est le premier - nous montre dans l'exemple le plus tangible ce qu'on peut appeler l'action n . . . . . . . . . . . . . du signifiant, c'est-�-dire ce que je vous dis sans cesse dans le texte de l'exp�rience analytique elle-m�me, comme nous �tant donn� sur une infiniment plus grande �chelle (p13->) dans l'histoire du pass�.

D'autre part il est clair - c'est une fa�on de m'exprimer ! - je pense que vous vous vous �tes aper�u de ceci, en tout cas je ressouligne dans mon article sur l'instance de la lettre dans l'inconscient, d'une fa�on tout � fait pr�cise et � laquelle provisoirement je vous prie de vous reporter, cette chose que je vous ai exprim�e sous cette forme de m�taphore topologique si je puis dire. Il est impossible de repr�senter dans le m�me plan le signifiant, le signifi� et le sujet. Ceci n'est pas myst�rieux ni opaque, c'est d�montr� d'une fa�on tr�s simple � propos de la r�f�rence au cogito cart�sien. Je l'abstiendrai d'y revenir maintenant parce que nous allons tout simplement le retrouver sous une autre forme. Ceci est simplement pour vous justifier que les deux lignes que nous allons manipuler maintenant et sui sont celles-ci ; le bouchon veut dire le d�but d'un parcours, et la pointe de la fl�che est sa fin; vous reconnaissez ma premi�re ligne ici, et l'autre qui vient crocher sur elle apr�s l'avoir deux fois travers�e. Je signale simplement que vous ne sauriez confondre ce que repr�sentent ici ces deux lignes : � savoir le signifiant et le signifi�, avec ce qu'elles rep�sentent ici qui est l�g�rement diff�rent, et vous allez voir voir pourquoi. 

En effet nous nous pla�ons enti�rement sur le plan du (p14->) signifiant. Les effets sur le signifi� sont (?) ailleurs, ils ne sont pas directement repr�sent�s dans ce sch�ma. Il s'agit des deux �tats, des deux  fonctions que nous pouvons appr�hender d'une suite signifiante . Dans le premier temps de cette premi�re ligne, nous avons la cha�ne signifiante en tant qu'elle reste enti�rement perm�able aux  effets proprement signifiant de la m�taphore et de la m�tonymie, ce qui implique l'actualisation possible des effets de signifiants � tous les niveaux, jusqu'au niveau de l'�l�ment  phonologique de ce qui fonde le calembour, le jeu de mot, bref, ce qui dans le signifiant est ce quelque chose avec quoi nous, analystes, nous avons � jouer sans cesse, car je pense que sauf ceux qui arrivent ici pour la premi�re fois, vous devez avoir � vous rappeler comment cela sse passe dans le jeu de mots et le calembour. C'est pr�cis�ment d'ailleurs par cela qu'aujourd'hui nous allons commencer � entrer dans le sujet de l'inconscient, par le trait d'esprit et le witz.

L'autre ligne est celle du discours rationnel dans lequel est d�j� int�gr� un certain nombre de points de rep�re, de choses fixes, ces choses dans l'occasion ne pouvant strictement �tre saisies qu'au niveau de ce qu'on appelle les emplois du signifiant, c'est-�-dire ce qui concr�tement dans l'usage du discours, constitue des points fixes qui, comme vous le savez, sont tr�s loin de r�pondre d'une fa�on (p15->) univoque � une chose. Il n'y a pas un seul s�manth�me qui corresponde � une seule chose ou a des choses la plupart du temps fort diverses. Nous nous arr�tons ici au niveau du s�manth�me, c'est-�-dire de ce qui est fix� et d�fini par un emploi.

Cette autre ligne, est donc celle du discours courant, commun, tel qu'il est admis dans le code du discours, de ce qu j'appellerais le discours de la r�alit� qui nous est commune. C'est aussi le niveau o� se produit le moins de cr�ation de sens, puisque le sens est en quelque sorte donn�, et que la plupart du temps ce discours ne consiste qu'en un fin brassage de ce qu'on appelle id�aux re�us, que c'est tr�s pr�cis�ment au niveau de ce discours que se produit le fameux discours vide dont un certain nombre de mes remarques sur la fonction de la parent� de langage, sont parties.

Vous le voyez donc bien, ceci (2 ?) est le discours concret du sujet individuel, de celui qui parle et qui se fait entendre. C'est ce discours que l'on peut enregistrer sur un disque. L'autre (1) est ce que tout cela produit comme possibilit�, de d�composition, de r�interpr�tation, de r�sonance, d'effet m�taphorique et m�tonymique. L'un va dans le sens contraire de l'autre, pour la simple raison justement qu'ils glissent l'un sur l'autre; mais l'un recoupe l'autre, et ils se recoupent en deux points parfaitement reconnaissables. Si nous (p16->) partons du discours, le premier point  o� le discours rencontre l'autre cha�ne que nous appellerons la cha�ne proprement signifiante, c'est du point de vue du signifiant, ce que je viens de vous expliquer, � savoir le faisceau des emplois, autrement dit ce que nous appellerons le code; et il faut bien que le code soit quelque part pour qu'il puisse y avoir audition de ce discours. Ce code est tr�s �videmment dans le grand A qui est l�, c'est-�-dire dans l'Autre en tant qu'il est le compagnon du langage. Cet Autre, il faut absolument qu'il existe, et je vous prie de noter � l'occasion qu'il n'y a absolument pas besoin de l'appeler de ce nom imb�cile et d�lirant qui s'appelle la conscience collective. Un Autre c'est un Autre, il en suffit d'un seul pour qu'une langue soit vivante, il en suffit m�me tellement d'un seul, que cet Autre � lui tout seul peut �tre le premier temps. Qu'il y en ait un qui reste et qui puisse se parler � lui-m�me sa langue, cela suffit pour qu'il y ait lui, et non seulement un Autre, mais m�me deux autres, en tout cas quelqu'un qui le comprenne. On peut continuer � faire des traits d'esprit dans une langue, quand on en  est le seul possesseur.

Voil� donc la rencontre premi�re au niveau de ce que nous avons appel� le code. Et dans l'autre, la seconde rencontre qui ach�ve la boucle, qui constitue � proprement parler le sens, qui le constitue � partie du code qu'elle a 


Graphe.jpg 

(p17->) d'abord rencontr�, c'est ce point d'aboutissement. Vous voyez deux fl�ches qui aboutissent, et aujourd'hui je me dispenserai de vous dire dire qu'elle est la seconde des fl�ches qui aboutit ici dans dans ce point gamma ; c'est le r�sultat de cette conjonction du discours avec le signifiant comme rapport cr�ateur de sens; c'est le message.

Ici le sens vient au jour, la v�rit� qu"il y a � �noncer, si v�rit� il y a, est l� dans le message. La plupart su temps aucune v�rit� n'est annonc�e, pour la simple raison que le discours ne passe absolument pas � travers la cha�ne signifiante, qu'il en est le pur et simple ronron de la r�p�tition et du moulin � paroles et qu'il passe quelque part en court-circuit par ici entre b�ta et b�ta,, et que le discours ne dit absolument rien sinon de vous signaler que je suis un animal parlant. C'est le discours commun de ces mots pour ne rien dire, gr�ce � quoi on s'assure, qu'on n'a pas en face de soi affaire � simplement ce que l'homme est au naturel, � savoir un b�te f�roce.

Ces deux points, b�ta et b�ta, comme n�uds minimum du court-circuit du discours, sont tr�s facilement reconnaissables. C'est pr�cis�ment l'objet au sens de l'objet m�tonymique dont je vous ai parl� l'ann�e derni�re; c'est d'autre part le je en tant que qu'il indique dans le discours lui-m�me, la place de celui qui parle.

Observez bien que dans ce sch�ma, vous pouvez toucher (p18->) d'une fa�on sensible � la fois ce qui distingue la v�rit� parfaitement et imm�diatement accessible � l'exp�rience linguistique, mais que l'exp�rience freudienne de l'analyse recoupe de la distinction au moins principielle qu'il y a entre ce je qui n'est rien d'autre que la place de celui qui parle dans la cha�ne du discours, qui n'a  m�me pas besoin d'ailleurs d'�tre d�sign� par un je, et d'autre part le message, c'est-�-dire cette chose qui n�cessite absolument au minimum l'appareil de ce sch�ma pour exister. Il est totalement impossible de faire sortir un message quelconque , ni une parole d'une fa�on en quelque sorte irradiante et concentrique, de l'existence d'un sujet quelconque, s'il n'y a pas toute cette complexit�. Il n'y a pas de parole possible pour la bonne raison que la parole suppose pr�cis�ment l'existence d'une cha�ne signifiante, ce qui est une chose dont la gen�se est loin d'�tre simple � obtenir - nous avons pass� un an pour y arriver- et ce qui suppose l'existence d'un r�seau des emplois, autrement dit de l'usage d'une langue; ce qui suppose en outre tout ce m�canisme qui fait que quoique vous disiez en y pensant, ou e n'y pensant pas, quoique vous formuliez, une fois que vous �tes entr� dans la roue du moulin � paroles, votre discours en dit toujours plus que vous n'en dites, et tr�s �videmment en se fondant par le seul fait qu'il est parole, sur l'existence quelque part de ce terme de r�f�rence qu'est le plan de la v�rit�; de la v�rit� en tant que (p19->) distinct de la r�alit�, et quelque chose qui fait entrer en jeu le surgissement possible de nouveaux sens introduits dans le monde, dont la r�alit� y introduit litt�ralement, non pas les sens qui y sont, mais les sens qu'elle en fait surgir.

Vous avez l�, irradiant du message d'une part, du je d'autre part, le sens de ces petits ailerons que vous voyez l�; deux sens divergents, l'un qui va du je vers l'objet (a?) m�tonymique , et vers l'autre � quoi correspond sym�triquement le message par la voie de retour du discours, la direction du message vers l'objet m�tonymique, et vers l'autre, tout cela provisoirement -je vous prie de le relever. Sur le sch�ma vous verrez que cela nous sera d'un grand usage, ce qui peut vous sembler aller de soi, la ligne qui va du je vers l'autre, et la ligne qui va du je vers l'objet m�taphorique, et vous verrez � quoi correspondent les deux autres lignes formidablement passionnantes et remplies d'int�r�t, qui vont du message vers le code d'une part, car pr�cis�ment cette ligne de retour existe; si elle n'existait pas il y aurait, comme le sch�ma lui-m�me vous l'indique, pas le moindre espoir de cr�ation de (du ?) sens. C'est pr�cis�ment dans l'inter-je entre le message et le code, et aussi dans le retour du code au message, que va jouer la dimension essentielle dans laquelle nous introduit de plein pied le trait d'esprit. C'est l� que pendant un certain nombre de le�ons (p20->) je pense, nous nous maintiendrons pour voir tout ce qui peut s'y passer d'extraordinairement suggestif et indicatif. D'autre part cela nous donnera une occasion de plus de saisir la d�pendance o� est l'objet m�tonymique, ce fameux objet qui n'est jamais cet objet toujours situ� ailleurs, qui est toujours autre chose dont nous avons commenc� � nous occup� l'ann�e derni�re.

Maintenant abordons ce " witz ". Le " witz ", qu'est-ce que cela veut dire? On l'a traduit par " le trait d'esprit ", on a dit " le mot d'esprit ". Je passe tout de suite sur les raisons pour lesquelles je pr�f�re le trait d'esprit.
    Le witz veut tout de m�me aussi dire " l'esprit ". L'esprit, pour tout dire, a tout de suite �t� l'apport qui se pr�sente � nous dans une extr�me ambigu�t�, car en fin de compte un trait d'esprit, c'est l'objet � l'occasion de quelque d�pr�ciation, c'est l�g�ret�, manque de s�rieux, fantaisie, caprice. Quant � l'esprit, on s'arr�te, on y regarde � deux fois avant de parler de la m�me fa�on de l'esprit. Malgr� tout, l'esprit, dans le sens d'un homme spirituel, n'a pas une excessivement bonne r�putation, c'est tout de m�me bien autour de cela que g�t le centre de gravit� de la notion d'esprit, et il convient de lui laisser toutes ses ambigu�t�s, jusqu'� y compris l'esprit au sens (p21->) large, cet esprit qui sert �videmment trop souvent de pavillon � des marchandises douteuses, l'esprit du spiritualisme. 

Cet esprit, nous pouvons le centrer sur le trait d'esprit, c'est-�-dire sur ce quelque chose qui para�t en lui le plus contingent, le plus caduc, le plus offert � la critique. C'est bien dans le g�nie de la psychanalyse de faire des choses comme cela, et c'est pour cela d�j� que nous n'avons pas � nous �tonner que ce soit en somme le seul point de l'�uvre de FREUD o� soit mentionn� � proprement parler ce qu'on d�core ailleurs d'une grande majuscule, � savoir Esprit. N�anmoins il n'en  reste pas moins encore cette parent� entre les deux p�les du terme esprit, et donn� depuis toujours aux querelles de la tablature.

A la v�rit� il serait amusant de vous �voquer, par exemple dans la tradition anglaise o� c'est le terme wit qui est encore plus nettement ambigu� que le witz, et m�me que l'esprit en fran�ais, les discussions sur le vrai, l'authentique esprit, le bon esprit pour tout dire, et puis  sur le mauvais esprit, c'est-�-dire cet esprit avec lequel les faiseurs de pirouettes amusent le monde. Comment distinguer cela ? Les difficult�s dans lesquelles les critiques sont entr�s, sont la seule chose � laquelle il faudrait bien qu'on se r�f�re. Et cela continue encore apr�s le XVIII si�cle, avec ADDISON, POE, etc . . . . a u d�but du XIX si�cle. 

(p22->) Dans l'�cole romantique anglaise, la question du " witz " n'a pas pu ne pas �tre de premier plan et � l'ordre du jour, et � cet �gard les �crits de RASLITT ( ou HASLITT) sont aussi quelque chose de bien significatif, et quelqu'un dont nous aurons l'occasion de parler COLERIDGE, est encore bien celui qui a �t� le plus loin dans cette voie.

Je pourrais vous dire cela �galement pour la tradition allemande, et en particulier de la conjonction de la promotion sur l'esprit au premier plan, du christianisme litt�raire qui a suivi une �volution strictement parall�le en Allemagne, o� la question essentielle du witz est au coeur de toute la sp�culation romantique allemande, c'est-�-dire de quelque chose qui, du point de vue historique et du point de vue aussi de la situation de l'analyse, aura de nouveau � retenir notre attention.

Ce qui est tout � fait frappant, c'est � quel point la critique autour de la fonction du witz ou du wit, � laquelle je dois dire il n'y a rien qui corresponde dans ce lieu, et quoique vous le sachiez, les seules personnes qui s'en soient s�rieusement occup�, �tant uniquement chez nous les po�tes, c'est-�-dire que dans cette p�riode du XIX �me si�cle, la question, non seulement est vivante, mais est au c�ur de BAUDELAIRE  et de MALLARM� ; mais d'ailleurs elle n'y a jamais �t�, m�me dans des eesais, que du  point de vue critique, je veux dire du point de vue d'une for-(p23->)mulation intellectuelle du probl�me.

Le point d�cisif est ceci. Le fait est que, quoique ce soit que vous lisiez sur le sujet s probl�me du witz ou du wit, vous arrivez toujours � des impasses extr�mement sensibles, que seul le temps m'emp�che de vous d�velopper aujourd'hui -j'y reviendrai. Il faut  que j'efface cette partie de mon discours, et qu'il t�moigne, je vous prouverai ult�rieurement quel saut, quelle franche rupture, quelle diff�rence de qualit� et de r�sultat est constitu� par l'�uvre de FREUD.

FREUD n'avait pas fait cette enqu�te � laquelle je viens de vous faire allusion, celle qui va de toute la tradition europ�enne sur le sujet du witz. J'ai laiss� de c�t� encore une autre, la principale, la tradition espagnole, parce qu'elle est trop importante pour que nous n'ayions pas dans la suite � y revenir abondamment. FREUD ne l'avait pas fait, il nous dit ses sources, elles sont claires : ce sont trois livres fort cens�s, fort lisibles, de ces braves professeur allemands de petites universit�s, qui avaient le temps de r�fl�chir paisiblement, et qui s'appelle respectivement G.FISCER ,  Fridrich Theodore FISCHER et L......., professeur munichois qui a �crit  certainement la chose la meilleure des trois, et qui va fort loin, pour tout dire qui vraiment tendre les bras � la rencontre de la recherche freudienne.

(p24->) Simplement si M. L......... n'avait pas �t� tellement soucieux  de la respectabilit� de son witz, s'il n'avait pas voulu qu'il y ait de faux et de vrais, il aurait �t� certainement beaucoup plus loin.

C'est ce qu'au contraire n'a absolument pas retenu FREUD. FREUD avait d�j� l'habitude de se commettre, et c'est pour cela qu'il a vu beaucoup plus clair; c'est aussi parce qu'il a vu les relations structurales qu'il y a entre le witz et l'inconscient. 

Sur quel plan les a-t-il vues ? Uniquement sur le plan qu'on peut appeler formel. J'entends formel, non pas au sens des jolies formes, des rondeurs de tout ce avec quoi on essaye de vous replonger dans l'obscurantisme le plus noir : je parle de la forme au sens o� on l'entend par exemple dans la th�orie litt�raire, parce qu'il y a encore une autre tradition dont je ne vous ai pas parl�, mais c'est aussi parce que j'aurai � y revenir souvent, tradition n�e r�cemment, la tradition tch�que. Le groupe qui a formul� le formalisme dont nous croyons ici que cette r�f�rence a un sens vague, pas du tout, c'est simplement votre ignorance qui vous fait croire cela, le formalisme est une �cole critique litt�raire qui a un sens extr�mement pr�cis, et que l'organisation d'�tats qui se placent l�-bas du c�t� de Spoutnik, pers�cutent depuis quelque temps d�j�. 

Enfin quoiqu'il en soit, c'est au niveau pr�cis�ment de (p25->) ce formalisme, c'est-�-dire d'une th�orie structurale du signifiant comme tel, que se place d'embl�e FREUD, et le r�sultat n'est pas douteux, il est m�me tout a fait convaincant ; c'est une clef qui va permettre d'aller beaucoup plus loin. Je n'ai pas besoin de vous demander, apr�s vous avoir demand� de lire de temps en temps mes articles, de lire quand m�me, puisque je vous parle  cette ann�e du witz, le livre de FREUD. Cela me para�t la moindre des choses. Quand vous verrez l'�conomie de ce livre, vous verrez qu'il est fond� sur ceci que FREUD part de la technique du mot d'esprit, et qu'il y revient toujours, et que c'est appuy� sur la technique du mot d'esprit.

Qu'est-ce que cela veut dire pour lui ? Cela veut dire technique verbale, comme on dit et comme je vous le dis plus pr�cis�ment technique du signifiant.

C'est parce qu'il parle de la technique du signifiant, et qu'il y revient sans cesse, que v�ritablement  il d�brouille le probl�me. Il y fait appara�tre des plans, c'est-�-dire que tout d'un coup on voit avec la plus grande nettet� ce qu'il faut savoir reconna�tre et distinguer pour ne pas se perdre dans des confusions perp�tuelles du signifi�, et des pens�es qui ne permettent absolument pas de s'en sortir. Tout d'un coup on voit qu'il y a un probl�me de l'esprit par exemple, et qu'il y a un probl�me du comique, que ce n'est pas la m�me chose, de m�me que le probl�me du co-(p26->)mique et le probl�me du rire. cela a beau de temps en temps aller ensemble, et m�me tous les trois s'embrouiller, ce n'est quand m�me pas non plus le m�me probl�me.

Le probl�me  de l'esprit, pour s'�clairer, par chez FREUD de la technique signifiante. C'est de l� que nous allons partir avec lui, et chose tr�s curieuse, ceci qui se passe � un niveau dont assur�ment il n'est pas tout de suite indiqu� que ce soit le niveau de l'inconscient, c'est pr�cis�ment de l�, et pour des raisons profondes qui tiennent � la nature m�me de ce dont il s'agit dans le witz, c'est pr�cis�ment en regardant l� que nous verrons le plus sur ce qui n'est pas tout � fait l�, qui est � c�t�, qui est l'inconscient, et qui justement ne s'�claire et ne se livre que quand on regarde un peu � c�t�. 

Vous trouvez l� d'ailleurs quelque chose que vous allez tout le temps trouver dans le witz, c'est la nature du witz qui est ainsi quand vous regardez l�, c'est ce qui vous permet de regarder ou �a n'est pas. 

Commen�ons avec FREUD par les clefs de la technique du signifiant. FREUD ne s'est pas cass� pour trouver ses exemples, presque tous les exemples qu'il nous donne, et qui peuvent vous appara�tre un peu terre � terre et de valeur in�gale, sont pris � ses professeurs G. FISCHER, F. T. FISCHER et L......., c'est pourquoi je vous ai dit l'estime dans laquelle je les tenais.

(p27->) Il y a une autre source quand m�me dont FREUD est v�ritablement p�n�tr�, c'est Henriette..............[../../erreurs%20reperees.htm#5 *], c'est � elle qu'il prend le premier exemple qui est ce mot merveilleux qui fleurit dans la bouche de Hirch Hyacinthe, collecteur juif de Hambourg, besogneux et fam�lique, qu'il retrouve aux bains de Luques. Si vous voulez faire une lecture pleine sur le witz, il faudrait que vous lisiez du AZEDEBEL[../../erreurs%20reperees.htm#5 *]. Il est stup�fiant que ce ne soit pas un livre classique. On trouve dans AZEDEBEL, un passage dans la partie italienne, sur les bains de Luques, et c'est l� qu'avec ce personnage in�narrable de Hirch Hyacinthe, sur les propri�t�s duquel j'esp�re avoir le temps de vous dire encore quelque chose, et parlant avec lui, il obtient cette d�claration qu'il a eu l'honneur de soigner les cors aux pieds du grand ROTHSCHILD, Nathan le Sage, et que pendant qu'il lui rognait les corps, il pensait que Nathan le Sage pr�voyait tous les courtiers qu'il enverrait aux rois, et que si lui, Hirch Hyacinthe, lui rognait un peu trop le cor au pied, il en r�sulterait dans les hauteurs cette irritation qui ferait que Nathan rognerait lui aussi un peu plus sur le cuir des rois.

Et de fil en aiguille, il nous parle aussi d'un autre ROTHSCHILD qu'il a connu, � savoir Salomon ROTHSCHILD, et qu'un jour o� il s'annon�ait comme Hirch Hyacinthe, il (p28->) lui f�t r�pondu r�pondu dans un langage d�bonnaire : " Moi aussi je suis le collecteur de la ............, je ne veux pas que mon coll�gue entre dans la cuisine !" Et, s'�crit Hirch Hyacinthe, il m'a trait� d'une fa�on tout � fait familionnaire.

Voil� sur quoi s'arr�te FREUD, qui est compl�t� par ce tr�s joli : qu'est-ce que c'est ? Un n�ologisme, un lapsus, un trait d'esprit ? C'est un trait d'esprit assur�ment, mais le fait que j'ai pu poser ces deux autre questions, d�j� nous introduit dans une ambigu�t�, dans le signifiant, dans l'inconscient lapsus, et en effet qu'est-ce que FREUD  va nous dire? Nous reconnaissons l�-dedans le m�canisme de la condensation mat�rialis�e dans le mat�riel du signifiant, une esp�ce d'emboutissage � l'aide de je ne sais qu'elle machine, entre deux lignes de cha�ne signifiante : Salomon ROTHSCHILD l'a trait� d'une fa�on tout � fait famili�re, et puis en-dessous, FREUD fait le sch�ma signifiant aussi, il y a millionnaire, et alors il y " aire " des deux c�t�s, " mil " aussi des deux c�t�s, �a se condense et dans l'intervalle appara�t " familionnaire ".

Essayons de voir un peu ce que cela donne sur ce sch�ma. Je suis forc� d'aller un peu vite, mais j'ai quand m�me l� quelque chose � pointer.

Le discours, c'est �videmment ce qui part du je, ce qui va � l'Autre. On peut le sch�matiser l� en allant vers (p29->) l'Autre. On peut aussi, ce qui est plus correct, voir que tout discours partant de l'Autre, quoique nous en pensions, part et vient, se r�fl�chir sur le je, parce qu'il faut bien qu'il soit pris dans l'affaire, et il file vers le message; et cela veut simplement annoncer au second temps l'invocation de l'autre cha�ne principielle du discours : " J'�tais avec Salomon ROTHSCHILD, tout � fait familier ", retour � l'autre au deuxi�me temps.

Cependant de par la myst�rieuse propri�t� des " mil " et des " aire " qui sont dans l'un et dans l'autre, quelque chose corr�lativement - n'oubliez pas que ces deux lignes sont quand m�me deux lignes qui n'ont d'int�r�t que si les choses circulent en m�me temps sur cette ligne. Si quelque chose s'�meut qui est l'�branlement de la cha�ne signifiante �l�mentaire comme telle et qui va ici au premier temps de l'�bauche du message se r�fl�chir sur l'objet m�tonymique qui est "mon millionnaire", car l'objet m�tonymique sch�matis� de mon appartenance, est ce dont il s'agit pour Hirch Hyacinthe ; c'est son millionnaire,  qui en m�me temps n'est pas son millionnaire, parce que c'est bien plut�t le millionnaire qui le poss�de, de sorte que cela ne se passe pas. C'est pr�cis�ment parce que cela ne se passe pas que ce millionnaire vient se r�fl�chir au second temps, c'est-�-dire en m�me temps que l'autre. La fa�on famili�re est arriv�e l�.

(p30->) Dans le troisi�me temps le millionnaire et familier viennent se rencontrer et se conjoindre au message, pour faire familionnaire.

Cela peut vous sembler tout � fait pu�ril � trouver, et encore que c'est bien parce que c'est moi qui ait fait le sch�ma. Seulement quand cela aura coll� comme �a pendant toute l'ann�e, vous vous direz peut-�tre que le sch�ma  sert � quelque chose. Il a tout de m�me un int�r�t, c'est que gr�ce � ce qu'il nous pr�sente d'exigence topologique, il nous permet de mesurer  nos pas quant � ce qui concerne le signifiant, � savoir que tel qu'il est fait, et de quelque fa�on que vous le parcouriez, il limite tous mes pas; je veux dire que chaque fois qu'une chose consistera � faire un pas, il exigera que nous n'en fassions pas plus de trois �l�mentaires.

Vous aller vous apercevoir que c'est � cela que tendent les petits bouchons de d�part et les pointes de fl�ches, ainsi  que les ailerons qui concernent les segments qui doivent toujours �tre dans la position seconde interm�diaire, les autres sont ou bien initiaux ou bien terminaux.

Donc, en trois temps les deux cha�nes, celle du discours et celle du signifiant, sont arriv�es � converger au m�me point, au point du message. Cela fait que monsieur Hirch Hyacinthe a �t� trait� d'une fa�on tout � fait familionnaire. Ce message est tout � fait incongru en ce sens qu'il n'est
(p31->) pas re�u, il n'est pas dans le code. Tout est l�. Le message en principe est fait pour �tre dans un certain rapport de distinction avec le code, mais l� c'est sur le plan du signifiant lui-m�me que manifestement il est en violation du code, de la d�finition que je vous propose du trait d'esprit, en ce sens qu'il s'agit de savoir ce qui se passe, ce qui est la nature de ce qui se passe, et le trait d'esprit est constitu� par ceci que le message qui se produit � un certain niveau  de la production s�millante. Il contient, de par sa diff�rence, de par sa distinction d'avec le code, il prend de par cette distinction et cette diff�rence, valeur de message. Le message g�t dans sa diff�rence m�me d'avec le code. 

Comment cette diff�rence est-elle sanctionn�e ? C'est l� le deuxi�me plan dont il s'agit. Cette diff�rence est sanctionn�e comme trait d'esprit par l'autre, et ceci est indispensable, et ceci est dans FREUD, car il y a deux choses dans le livre de FREUD sur le trait d'esprit : c'est la promotion de la technique signifiante, la r�f�rence expresse � l'Autre comme tiers, que je vous serine depuis des ann�es, et absolument articul� dans FREUD par la deuxi�me partie, tout sp�cialement de son ouvrage, mais forc�ment depuis le d�but, perp�tuellement par exemple FREUD nous promeut que la diff�rence du trait d'esprit et du comique tient en ceci par exemple, que le comique est duel. Comme je le dis (p32->) le comique est la relation duelle, mais il faut qu'il y ait le trait d'esprit, et en effet cette sanction du tiers-Autre, qu'il soit support� par un individu o� pas, est absolument essentielle. L'Autre envoie la balle, c'est-�-dire range dans le code en tant que trait d'esprit, il dit dans le code que ceci est un trait d'esprit. C'est essentiel, de sorte que si personne ne le fait, il n'y a pas de trait d'esprit. Autrement dit, si familionnaire est un lapsus, et si personne ne s'en aper�oit, �a ne fait pas un trait d'esprit. Mais il faut que l'Autre le codifie comme trait d'esprit.

Et troisi�me �l�ment de la d�finition : il est inscrit dans le code de par cette intervention de l'Autre, que ce trait d'esprit a une fonction qui a un rapport avec quelque chose de tout � fait  situ� profond�ment au niveau du sens, et qui est - je ne dis pas une v�rit� - je vous illustrerai � propos de cet exemple que ce n'est pas en tant que familionnaire que nous faisons des allusion subtiles � propos de je ne sais quoi qui serait la psychologie du millionnaire et du parasite par exemple. Bien s�r cela contribue beaucoup � notre plaisir, et nous y reviendrons, mais je vous pose d�s aujourd'hui que le trait d'esprit, si nous voulons le chercher, et avec FREUD car FREUD nous conduira aussi loin que possible dans ce sens o� est sa pointe, puisque de pointe il s'agit et pointe il y a, et (p33->) son essence tient en quelque chose qui a rapport � quelque chose de tout � fait radical dans le sens de la v�rit�, c'est � savoir ce que j'ai appel� ailleurs ( dans mon article sur l'Instance de la Lettre ) quelque chose qui tient essentiellement � la v�rit�, qui s'appelle la dimension d'alibi de la v�rit�. A savoir que dans quelque point que nous puisions, et en entra�nant chez nous je ne sais quelle diplopie mentale, vouloir serrer de pr�s quel est le trait d'esprit.

Ce dont il s'agit, c'est ce qui fait express�ment le trait d'esprit pour d�signer et toujours �  c�t�, et n'est vu que pr�cis�ment en regardant ailleurs. C'est l�-dessus que nous reprendrons la prochaine fois. Je vous laisse certainement sur quelque chose de suspendu, sur une �nigme, mais je crois au moins avoir pos� les termes m�mes auxquels je vous montrerai par la suite que nous devons n�cessairement nous rallier.

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note : bien que relu, si vous d�couvrez des erreurs manifestes dans ce s�minaire, ou si vous souhaitez une pr�cision sur le texte, je vous remercie par avance de m'adresser un email. [#J.LACAN Haut de Page]