Text/Jacques Lacan/ID10011962.htm

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J.LACAN                             gaogoa

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IX-L'IDENTIFICATION

            Version rue CB                                        [#note note]

S�minaire du 1O janvier 1962

    

    (->p126) (VII/1)  R��voquons ce que j'ai dit la derni�re fois : je vous ai parl� du nom propre,  pour autant que nous l'avons rencontr� sur notre chemin de l'identification du sujet, second type  de l'identification r�gressive, au trait unaire de l'Autre. A propos de ce nom propre, nous avons rencontr� l'attention qu'il a d�j� sollicit�e de quelque linguiste et math�maticien en fonction de philosopher.

     Qu'est-ce que le nom propre ?

     Il semble que la chose ne se livre pas au premier abord, mais, essayant de r�soudre cette question, nous avons eu la surprise de retrouver la fonction du signifiant sans doute �  l'�tat  pur ; c'�tait bien dans cette voie que le linguiste lui m�me nous dirigeait quand il nous disait  : un nom propre, c'est quelque chose qui vaut par la fonction distinctive de son mat�riel sonore, ce en quoi bien s�r, il ne faisait que redoubler ce qui est pr�mices m�me de l'analyse saussurienne du langage � savoir que c'est le trait distinctif, c'est le phon�me comme coupl� d'un ensemble d'une certaine batterie, pour autant uniquement qu'il n'est pas ce que sont les autres, que nous la trouvions ici devoir d�signer comme ce qui �tait le trait sp�cial l'usage d'une fonction sujet dans le langage : celle (->p127) (VII/2)  de nommer par son nom propre.

        I1 est certain que nous ne pouvions pas nous contenter de cette d�finition comme telle, mais que nous �tions pour autant mis sur la voie de quelque chose, et ce quelque chose, nous avons pu au moins l'approcher, le cerner en d�signant ceci que c'est, si l'on peut dire, sous une forme latente au langage lui-m�me, la fonction de l'�criture, la fonction du signe en tant que lui-m�me il se lit comme un objet ; il est un fait que les lettres ont des noms ; nous avons trop tendance � les confondre pour les noms simplifi�s qu'ils ont dans notre alphabet qui ont l'air de se confondre avec l'�mission phon�matique � laquelle la lettre a �t� r�duite : un a a l'air de vouloir dire l'�mission a, un b n'est pas � proprement parler un b, il n'est un b que pour autant que pour la consonne b se fasse entendre il faut qu'elle s'appuie sur une �mission vocalique. Regardons les choses de plus pr�s, nous verrons par exemple, en grec, alpha, b�ta, gamma et la suite sont bel et bien des noms et, chose plus surprenante, des noms qui n'ont aucun sens dans la langue grecque o� ils se formulent ; pour les comprendre, il faut s'apercevoir qu'ils reproduisent les noms correspondants aux lettres de l'alphabet ph�nicien, d'un alphabet protos�mitique, alphabet tel que nous pouvons le reconstituer d'un certain nombre d'�tages, de strates ; des inscriptions nous en retrouvons les formes signifiantes : ces noms ont un sens dans la langue, soit ph�nicienne textuelle, soit telle que nous pouvons la reconstruire, cette langue proto-s�mit�que d'o� serait d�riv� un certain nombre - je n'insiste pas sur leur d�tail - des langages � l'�volution desquels est �troitement li�e la premi�re apparition de l'�criture.

(->p128) (VII/3)   Ici, il est un fait qu'il est important au moins que vienne au premier plan que le nom m�me de l'aleph ait un rapport avec 1e boeuf, dont soi-disant la premi�re forme de l'aleph reproduirait d'une fa�on sch�matis�e dans diverses positions la t�te : il en reste encore quelque chose : nous pouvons voir encore dans notre A majuscule la forme d'un cr�ne de boeuf renvers� avec les cornes qui le prolongent. De m�me, chacun sait que le beth est le nom de la maison. Bien s�r, la discussion se complique, voire s'assombrit, quand on tente de faire un recensement, un catalogue de ce que d�signe le nom de la suite des autres lettres : quand nous arrivons au guimel, nous sommes que trop tent�s d'y retrouver le nom arabe du chameau,         mais malheureusement, il y a un obstacle de temps : c'est  au second mill�naire � peu pr�s avant notre �re que ces alphabets protos�mitiques pouvaient �tre en �tat de connoter ce nom : la troisi�me lettre de l'alphabet, le chameau, malheureusement pour notre bien aise, n'avait pas encore fait son apparition dans l'usage culturel du portage dans ces r�gions du Proche-Orient.

        On va donc entrer dans une s�rie de discussions dans ce que peut bien pr�senter ce nom guimel (ici, d�veloppement sur la tertiarit� consonnantique des langues s�mitiques et sur la permanence de cette forme � 1a base de toute forme verbale dans l'h�breu) . C'est une des traces par o� nous pouvons voir que ce dont il s'agit concernant une des racines de la structure o� se constitue le langage, est ce quelque chose qui s'appelle d'abord lecture des signes, pour autant que d�j� ils apparaissent avant tout usage d'�criture.

        (->p129) (VII/4)  Je vous l'ai signal� en terminant la derni�re fois d'une fa�on surprenante, d'une fa�on qui semble anticiper - si la chose doit �tre admise - d'environ un mill�naire, l'usage des m�mes signes dans les alphabets qui sont les alphabets les plus courants, qui sont les anc�tres directs du notre : alphabet latin, �trusque, etc ... ,  

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lesquels se trouvent par la plus extraordinaire mimicry de l'histoire sous une forme identique dans des marques sur des poteries pr�dynastiques de l'antique �gypte ; ce sont les m�mes signes, encore qu'il soit hors de cause qu' ils n'aient pu � ce moment d'aucune fa�on �tre employ�s � des usages alphab�tiques, l'�criture alphab�tique �tant � ce moment loin d'�tre n�e.

    Vous savez que, plus haut encore, j'ai fait allusion � ces fameux cailloux du Mas d'Azil qui ne sont pas pour peu dans les trouvailles faites � cet endroit, au point qu' � la fin du pal�olithique un stade est d�sign� du terme d'azilien du fait qu'il se rapporte � ce que nous pouvons d�finir le point d'�volution technique � la fin de ce pal�olithique dans la p�riode, non pas � proprement parler transitionnelle, mais pr�transitionnelle du pal�o au n�olithique.

    Sur ces cailloux du Mas d'Azil, nous retrouvons des signes analogues, dont l'�tranget� frappante, � ressembler de si pr�s aux signes de notre alphabet, a pu �garer, vous le savez, des esprits qui n'�taient pas sp�cialement m�diocres � toutes sortes de sp�culations qui ne pouvaient conduire qu'�(->p130) (VII/5) la confusion, voire au ridicule.    Il reste n�anmoins que la pr�sence de ces �l�ments est l� pour nous faire toucher du  doigt quelque chose qui se propose comme radical dans ce que nous pouvons appeler l'attache du langage au r�el, bien s�r, probl�me qui ne se pose que pour autant que nous avons pu d'abord voir la n�cessit�, pour comprendre le langage, de l'ordonner par ce que nous pouvons appeler une r�f�rence �  lui-m�me, � sa propre structure comme telle, qui d'abord pour nous a pos� ce que nous pouvons presque appeler son syst�me, comme quelque chose qui d'aucune fa�on ne se  suffit d'une gen�se purement utilitaire, instrumentale ; pratique, d'une gen�se psychologique, qui nous montre le langage comme un ordre, un registre, une fonction dont c'est toute notre probl�matique qu'il nous faut la voir comme capable de fonctionner hors de toute conscience de la part du sujet et dont nous sommes amen�s comme tels � d�finir le champ comme caract�ris� par des valeurs structurales qui lui sont propres. D�s lors, il faut bien, pour nous, �tablir la jonction de son fonctionnement avec ce quelque chose qui en porte, dans le r�el, la marque  : est-elle centrifuge ou centrip�te ? C'est l� autour de ce probl�me que nous sommes pour l'instant, non pas arr�t�s, mais en arr�t.

        C'est donc en tant que le sujet, � propos de quelque chose qui est marque, qui est signe, lit d�j� avant qu' il s'agisse des signes de l'�criture, qu'il s'aper�oit que des signes peuvent porter � l'occasion des morceaux diversement r�duits, d�coup�s de sa modulation parlante et que, renversant (->p131) (VII/6) sa fonction, il peut �tre admis � en �tre ensuite comme tel  support phon�tique, comme on dit, si vous savez que c'est ainsi que na�t l'�criture phon�tique, qu'il n'y a aucune �criture, � sa connaissance, plus exactement, que tout ce qui est d'ordre � proprement parler de l'�criture, et non pas simplement d'un dessin, est quelque chose qui commence toujours avec l'usage combin� de ces dessins simplifi�s, de ces dessins abr�g�s, de ces dessins effac�s qu'on appelle diversement improprement id�ogrammes en particulier. La combinaison de ces dessins avec un usage phon�tique des m�mes signes qui ont l'air de repr�senter quelque chose, 1a combinaison des deux appara�t, par exemple �vidente dans les hi�roglyphes �gyptiens. D'ailleurs, nous pourrions, rien qu'� regarder une inscription hi�roglyphe, croire que les �gyptiens n'avaient pas d'autres objets d'int�r�t que le bagage, somme toute limit�, d'un certain nombre d'animaux, d'un tr�s grand nombre, d'un nombre d'oiseaux � vrai dire surprenant pour l'incidence sous laquelle effectivement peuvent intervenir les oiseaux dans des inscriptions qui ont besoin d'�tre comm�mor�es, d'un nombre sans doute abondant de formes instrumentales agraires et autres, de quelques signes aussi, qui de tous temps, ont �t� sans doute utiles sous leur forme simplifi�e : le trait unaire d'abord, la barre, la croix de la multiplication, qui ne d�signent pas d'ailleurs les op�rations qui ont �t� attach�es par la suite � ces signes, mais enfin dans l'ensemble, il est tout � fait �vident au premier regard que le bagage de dessins dont il s'agit n'a pas de proportions, de congruence avec la diversit� effective des objets qui pourraient �tre valablement �voqu�s dans des inscriptions durables.

Aussi bien ce que vous voyez, ce que j'essaie de vous d�signer (->p132) (VII/7) et qu'il est important de d�signer au passage pour dissiper des confusions pour ceux qui n'ont pas le temps d'aller regarder les choses de plus pr�s, c'est que par exemple, la figure d'un grand duc, d'un hibou pour prendre une forme d'

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oiseau de nuit particuli�rement bien  dessin�e, rep�rable dans les inscriptions classiques sur pierre, nous la  verrons revenir extr�mement souvent,  et pourquoi ?

 Ce n'est certes pas qu'il s'agisse jamais de cet animal ; c'est que le nom commun de cet animal dans le langage �gyptien antique peut �tre l'occasion d'un support � l'�mission labiale m et que chaque fois que vous voyez cette figure animale, il s'agit d'un m, de rien d'autre, lequel m d'ailleurs loin d'�tre repr�sent� sous sa valeur seulement litt�rale, chaque fois que vous rencontrez cette figure du dit grand duc, est susceptible de quelque chose qui se fait � peu pr�s comme cela (voir fig. ci-dessus).

        Le m signifiera plus d'une chose, et en particulier ce que nous ne pouvons, pas plus dans cette lettre que dans langue h�bra�que quand nous n'avons pas l'adjonction des points voyelles, que nous ne sommes pas tr�s fix�s sur les supports vocaliques, nous ne saurons pas comment exactement se compl�te ce m, mais nous en savons en tout cas largement assez d'apr�s ce que nous pouvons reconstruire de la syntaxe pour savoir que ce m peut aussi bien repr�senter une certaine fonction, qui est � peu pr�s une fonction introductrice du type : "voyez", une fonction de fixation attentionnelle, si on peut dire, un voici :

(->p133) (VII/8) ou encore dans d'autres cas o� tr�s probablement il devait se distinguer par son appui vocalique, repr�senter une des forces,  non pas de la n�gation, mais de quelque chose qu'il faut pr�ciser avec plus d'accent du verbe n�gatif, de quelque chose qui isole la n�gation sous une forme verbale, sous une forme conjugable, sous une forme non pas simplement ne, mais de quelque chose comme il est dit que non. Bref, que c'est un temps particulier d'un verbe que nous connaissons qui est certes n�gatif, ou m�me plus exactement une forme particuli�re dans deux verbes n�gatifs : le verbe immi d'une part, qui semble vouloir dire ne pas �tre, et le verbe gehom d'autre part qui indiquerait plus sp�cialement la non existence effective.

C'est vous dire � ce propos, et introduisant � ce propos d'une fa�on anticipante la fonction que ce n'est pas par hasard que ce devant quoi nous nous trouvons en nous avan�ant dans cette voie, c'est le rapport qui ici s'incarne, se manifeste  tout de suite de la coalescence la plus primitive du signifiant, avec quelque chose qui tout de suite, pose la question, de ce que c'est que la n�gation, de quoi elle est la plus pr�s. Est-ce que la n�gation est simplement une connotation qui donc pourtant se propose comme de la question du moment ou par rapport � l'existence, � l'exercice, � la constitution d'une cha�ne signifiante y introduit une sorte d'indice, de sigle surajout� de mots virtuels comme on s'exprime, qui donc �tre toujours con�ue comme une sorte d'invention seconde tenue par les n�cessit�s de l'utilisation de quelque chose qui se situe � divers niveaux ; au niveau de la r�ponse, ce qui est mis en question par l'interrogation signifiante, cela n'y est pas ; est-ce que c'est au niveau de la r�ponse que ce (->p134) (VII/8)  "n'est-ce" semble bien se manifester dans le langage comme la possibilit� de l'�mission pure de la n�gation non, est-ce que c'est d'autre part dans la marque des rapports que la n�gation s'impose, est sugg�r�e par la n�cessit� de la disjonction : telle chose n'est pas, si telle autre est, on ne saurait �tre avec telle autre ? Bref, l'instrument de la n�gation - nous le savons certes, pas moins que d'autres - mais si pour ce qui est donc de la gen�se du langage, on en est r�duit � faire du signifiant quelque chose qui doit peu � peu s'�laborer � partir du signe �motionnel :  
le probl�me de la n�gation est quelque chose qui se pose comme celui � proprement d'un saut, voire d'une impasse.

        Si, faisant du signifiant, quelque chose de tout autre, quelque chose dont la gen�se est probl�matique, nous porte au niveau d'une interrogation sur un certain rapport existentiel, celle qui comme telle d�j� se situe dans une r�f�rence de n�gativit�, le mode sous lequel la n�gation appara�t, sous lequel le signifiant d'une n�gativit� effective est v�cu, peut surgir, est quelque chose qui prend un int�r�t tout autre, et qui n'est pas d�s lors par hasard, sans �tre de nature � nous �clairer quand nous voyons que d�s les premi�res probl�matiques la structuration du langage s'identifie, si l'on peut dire, au rep�rage de la premi�re conjugaison d'une �mission vocale avec un signe comme tel, c'est-�-dire avec quelque chose qui d�j�, se r�f�re � une premi�re manipulation de l'objet ; nous l' avions appel�e simplificatrice quand il s'est agi de d�finir la gen�se du trait qu'est-ce qu'il y a de plus d�truit, de plus effac� qu'un objet. Si c'est de l'objet que le trait surgit, (->p135) (VII/10) c'est quelque chose de l'objet que le trait retient : justement son unicit�. L'effacement, la destruction absolue de toutes ces autres �mergences, de tous ces autres tous ces autres appendices, de tout ce qu'il peut y avoir de ramifi�, de palpitant, eh bien, ce rapport de l'objet � la naissance de quelque chose qui s'appelle ici le signe, pour autant qu'il nous int�resse dans la naissance du signifiant, c'est bien l� autour de quoi nous sommes arr�t�s, et autour de quoi il est pas sans promesse que nous ayons fait, si l'on peut dire : une d�couverte, car je crois que c'en est une. Cette indication qu'il y a, disons, dans un temps, un temps rep�rable, historiquement d�fini, un moment o� quelque chose est l� pour �tre lu, lu avec du langage quand il n'y a pas d'�criture encore c'est par le renversement de ce rapport, et de ce rapport de lecture du signe, que peut na�tre ensuite l'�criture pour autant qu' elle peut servir � connoter la phon�matisation.

        Mais il appara�t � ce niveau, que justement le nom  propre en tant qu'il sp�cifie comme tel l'enracinement du sujet, est plus sp�cialement li� qu'un autre, non pas � la phon�matisation comme telle, � la structure du langage, mais � ce qui d�j� dans le langage, est pr�t, si l'on peut dire, � recevoir cette information du trait. Si le nom propre emporte encore jusque pour nous et dans notre usage, la trace sous cette forme que d'un langage � l'autre il ne se traduit pas, puisqu'il se transforme simplement, il se transf�re, et c'est bien l� sa caract�ristique :
 je m'appelle Lacan  dans toutes les langues, et vous aussi de m�me, chacun par votre nom. Ce n'est pas l� un fait contingent,
(->p136) (VII/11) un fait de limitation, d'impuissance, un fait de non-sens, puisqu'au contraire, c'est ici que g�t, que r�side la propri�t� toute particuli�re du nom propre dans la signification.

        Est-ce que ceci n'est pas fait pour nous faire nous interroger sur ce qu'il en est en ce point radical, archa�que qu'il nous faut de toute n�cessit� supposer � l'origine de l' inconscient, c'est-�-dire de ce quelque chose par quoi en tant que le sujet parle, il ne peut faire que de s'avancer toujours plus avant dans la cha�ne, dans le d�roulement des �nonc�s, mais que, se dirigeant vers les �nonc�s, de ce fait m�me dans l'�nonciation, il �lide quelque chose qui est � proprement parler ce qu'il ne peut pas savoir, � savoir le nom de ce qu'il est en tant que sujet de l'�nonciation.

        Dans l'acte de l'�nonciation, il y a cette nomination latente qui est concevable comme �tant le premier noyau comme signifiant de ce qui ensuite va s'organiser comme cha�ne tournante, telle que je vous l'ai repr�sent�e depuis toujours de ce centre, ce coeur parlant du sujet que nous appelons "l'inconscient".

        Ici, avant que nous nous avancions plus loin, je crois devoir indiquer quelque chose qui n'est que la convergence, la pointe d'une th�matique que nous avons abord�e d�j� � plusieurs reprises dans ce s�minaire, � plusieurs reprises en le reprenant aux divers niveaux auxquels Freud a �t� amen� � l'aborder, � le repr�senter, � repr�senter le syst�me, premier syst�me psychique tel qu'il lui a fallu le repr�senter de quelque fa�on pour faire sentir ce dont il s'agit : syst�me (->p137) (VII/12) qui s'articule comme inconscient, pr�conscient, conscient.

        Maintes fois, j'ai eu � d�crire sur ce tableau, sous des formes diversement �labor�es, les paradoxe auquels  les formulations de Freud, au niveau de l'Entwurf, par exemple, nous confondent. 

     Aujourd'hui, je m'en tiendrai � une topologisation aussi simple que celle qu'il donne � la fin de la Traumdeutung, � savoir, celle de couches � travers lesquelles peuvent se passer des franchissements, des seuils, des irruptions d'un niveau dans un autre, tel ce qui nous int�resse au plus haut chef :
le passage de l'inconscient dans le pr�conscient par exemple, qui est en effet un probl�me, qui est un probl�me d'ailleurs -je le note avec satisfaction en passant, �a n'est certes pas le moindre effet que je puisse attendre de l'effort de rigueur o� je vous entra�ne, que je m'impose moi-m�me pour vous ici,  c'est ce que ceux qui m'�coutent, qui m'entendent, eux-m�mes � un degr� susceptible m�me � l'occasion d'aller plus avant -  eh bien, dans leur tr�s remarquable texte publi� dans les Temps Modernes sur le sujet de l'inconscient, Laplanche et  Leclaire - je ne distingue pas pour l'instant leur part � chacun dans ce travail - s'interrogent sur quelle ambigu�t� reste  dans l'�nonciation freudienne concernant ce qui se passe quand  nous pouvons parler du passage de quelque chose qui �tait  dans l'inconscient et qui va dans le pr�conscient .

Est-ce dire qu'il ne s'agit que d'un changement  d'investissement, comme ils posent tr�s justement la question, ou bien (->p138) (VII/13)  est-ce qu'il y a double inscription ? 
Les auteurs ne dissimulent pas leur pr�f�rence pour la double inscription, ils nous l'indiquent dans leur texte. 

        C'est l� pourtant un probl�me que le texte laisse ouvert, et dont somme toute ce � quoi nous avons affaire, nous permettra cette ann�e, d'y apporter peut-�tre quelques r�ponses ou � tout le moins quelques pr�cisions.

        Je voudrais, de fa�on introductive, vous sugg�rer ceci : c'est que si nous devons consid�rer que l'inconscient, c'est ce lieu du sujet o� �a parle, nous en venons maintenant � approcher ce point o� nous pouvons dire que quelque chose, � l'insu du sujet, est profond�ment remani� par les effets de r�troaction du signifiant impliqu�s dans la parole
C'est pour autant et pour la moindre de ses paroles, que le sujet parle, qu'il ne peut faire que de toujours, une fois de plus, se nommer sans le savoir, sans savoir de quel nom. Est-ce que nous ne pouvons pas voir que, pour situer dans leurs rapports, l'inconscient et le pr�conscient, la limite pour nous n'est pas � situer d'abord quelque part � l'int�rieur, comme on dit, d'un sujet qui ne serait simplement que l'�quivalent de ce qu'on appelle au sens large, le psychique ?

        Le sujet dont il s'agit pour nous, et surtout si nous essayons de l'articuler comme le sujet inconscient, comporte une autre constitution de la fronti�re : ce qu'il en est du pr�conscient, pour autant que ce qui nous int�resse dams le pr�conscient, c'est le langage, le langage ici qu'effectivement, non seulement nous le voyons, l'entendons parler, mais tel (->p139) (VII/14)  qu'il scande, qu'il articule nos pens�es. Chacun sait que les pens�es dont il s'agit au niveau de l'inconscient, m�me si je dis qu'elles sont structur�es au dernier terme, et � un certain niveau, comme un langage qu'elles nous int�ressent, mais la premi�re chose � constater, celles dont nous parlons, c'est qu'il n'est pas facile de les faire s'exprimer dans le langage commun. Ce dont il s'agit, c'est de voir que le langage articul� du discours commun, par rapport au sujet de l'inconscient en tant qu'il nous int�resse, il est au dehors, un "au dehors" qui conjoint en lui ce que nous appelons nos pens�es intimes, et ce langage qui coule au dehors, non pas d'une fa�on immat�rielle, puisque nous savons bien, parce que toutes sortes de choses  sont l� pour nous le repr�senter, nous savons ce que ne savaient peut-�tre pas les cultures o� tout se passe dans le souffle de la parole, nous qui avons devant nous des kilos de langage, et qui savons, par dessus le march�, inscrire la parole la plus fugitive sur des disques.

Nous savons bien que ce qui est parl�, le discours effectif,  le discours pr�conscient est enti�rement homog�n�isable comme  quelque chose qui se tient au dehors : le langage en substance court les rues et l�, il y a effectivement une inscription sur une bande magn�tique au besoin.  Le probl�me de ce qui se passe quand l'inconscient vient � s'y faire entendre est le probl�me de la limite entre cet inconscient et ce pr�conscient.

        Cette limite, comment faut-il la voir ? C'est le probl�me que, pour l'instant, je vais laisser ouvert, mais ce que nous pouvons, � cette occasion, indiquer, c'est qu'� passer de l'inconscient dans le pr�conscient, ce qui s'est cons-(->p140) (VII/15)titu� dans l'inconscient rencontre un discours d�j� existant, si l'on peut dire, un jeu des signes en libert�, non seulement interf�rant avec les choses du r�el, mais on peut dire �troitement tel un myc�lium tiss� dans leur intervalle. Aussi bien, n'est-ce pas l� la v�ritable raison de ce qu'on peut appeler la fascination, l'emp�trement id�aliste. 

     Dans l'exp�rience philosophique, si l'homme s'aper�oit ou croit s'apercevoir qu'il n'a jamais que des id�es des choses, c'est-�-dire , que des choses, il ne conna�t enfin que les id�es, c'est justement parce que d�j� dans le monde des choses, cet empaquetage dans un univers du discours, est quelque chose qui n'est absolument pas d�p�trable. Le pr�conscient pour tout dire, est d'ores et d�j� dans le r�el, et le statut de l' inconscient, lui, s'il pose un probl�me, c'est pour autant qu'il s'est constitu� � un tout autre niveau, � un  niveau plus radical de l'�mergence de l'acte d'�nonciation. I1 n'y a pas, en principe, d'objections au passage de quelque chose de l'inconscient dans le pr�conscient, ce qui tend � se manifester, dont Laplanche et Leclaire notent si bien le caract�re contradictoire. L'inconscient a comme tel son statut comme quelque chose qui de position et de structure ne saurait p�n�trer au niveau o� il est susceptible d'une r�organisation pr�-consciente, et pourtant, nous dit-on, cet inconscient, � tout instant, fait effort, pousse dans le sens de se faire reconna�tre ; assur�ment et pour cause, c'est qu'il est chez lui si on peut dire, dans un univers structur� par le discours. Ici, le passage de l'inconscient vers le pr�-conscient n'est, on peut dire, qu'une sorte d'effet d'irradiation normale de ce qui (->p141) (VII/16) tourne  dans la constitution de l'inconscient, de ce qui dans l'inconscient, maintient pr�sent le fonctionnement premier et radical de l'articulation du sujet en tant que sujet parlant.

     Ce qu'il faut voir, c'est que l'ordre qui serait celui de l'inconscient, pr�conscient, puis arriverait � la conscience, n'est pas � accepter sans �tre r�vis�, et l'on peut dire  que d'une certaine fa�on, pour autant que nous devons admettre ce qui est pr�conscient comme d�fini, comme �tant dans la circulation du monde, dans la circulation r�elle, nous devons concevoir que ce qui se passe au niveau du pr�conscient est quelque chose que nous avons � lire de la m�me fa�on sous la m�me structure, qui est celle que j'essayais de vous faire sentir � ce point de  racine o� quelque chose vient apporter au langage ce qu'on pourrait appeler sa derni�re sanction ; cette lecture du signe, au niveau actuel de la vie du sujet constitu�, d'un sujet �labor� par une longue histoire de culture, ce qui se passe, c'est pour le sujet une lecture au dehors de ce qui est ambiant du fait de la pr�sence du langage dans le r�el, et au niveau de la conscience, ce niveau qui, pour Freud, a toujours sembl� faire probl�me il n'a jamais cess� d'indiquer qu'il �tait  certainement l'objet futur � pr�cision, � articulation plus pr�cise quant � sa fonction �conomique, au niveau o� il nous le d�crit au d�but,  au moment o� se d�gage sa pens�e, souvenons-nous comment il nous d�crit cette couche protectrice qu'il d�signe du terme Phi.jpg , c'est avant tout quelque chose qui, pour lui, est � comparer avec la pellicule de surface des organes sensoriels,  c'est-�-dire essentiellement avec quelque chose qui filtre, qui (->p142) (VII/17) ferme, qui ne retient que cet indice de qualit� dont nous pouvons montrer que la fonction est homologue avec cet indice de r�alit� qui nous permet juste de go�ter l'�tat o� nous sommes, assez pour �tre s�r que nous ne r�vons pas, s'il s'agit de quelque chose d'analogue, c'est vraiment du visible que nous voyons. De m�me, la conscience, par rapport � ce qui constitue le pr�conscient et nous fait ce monde �troitement tiss� par nos pens�es, la conscience est la surface par o� ce quelque chose qui est coeur du sujet, re�oit, si l'on peut dire du dehors ses propres pens�es, son propre discours.  

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La conscience est l� pour que l'inconscient, si l'on peut dire, bien plut�t refuse ce qui lui vient du pr�conscient ou y choisisse de la fa�on la plus �troite ce dont il a besoin pour ses offices ; et qu'est-ce que c'est ?  

        C'est bien l� que nous rencontrons ce paradoxe qui est ce que j'ai appel� l'entrecroisement des fonctions syst�miques � ce premier niveau si essentiel � reconna�tre de l'articulation freudienne : l'inconscient vous est repr�sent� par lui comme un flux, comme un monde, comme une cha�ne de pens�es. Sans doute la conscience aussi est faite de la coh�rence des perceptions. Le test de r�alit�, c'est l'articulation des perceptions entre elles dans un monde          (espace blanc- note du claviste)

        Inversement, ce que nous trouvons dans l'inconscient, c'est cette r�p�tition significative qui nous m�ne de quelque chose qu'on appelle des pens�es, Ged�nken, fort bien form�es, (->p143) (VII/18) dit Freud, � une concat�nation de pens�e, qui nous �chappe � nous-m�mes.

     Or, qu'est-ce que Freud lui-m�me va nous dire ? Que ce que cherche le sujet  au niveau de l'un et l'autre des syst�mes, qu'au niveau du pr�conscient, ce que nous cherchons ce soit � proprement parler, l'identit� des pens�es, c'est ce  qui a �t� �labor� par tout ce chapitre de la philosophie ; l'effort de notre organisation du monde, l'effort logique, c'est � proprement parler r�duire le divers � l'identique, c'est identifier pens�e � pens�e, proposition � proposition dans des relations diversement articul�es qui forment la trame m�me de que l'on appelle la logique formelle, ce qui pose pour celui qui consid�re d'une fa�on extr�mement id�ale l'�difice de la science comme pouvant ou devant m�me virtuellement �tre d�j� achev�e, ce qui pose le probl�me de savoir si effectivement, toute science du savoir, toute saisie du monde d'une fa�on ordonn�e et articul�e ne doit pas aboutir � une tautologie.
   
 
        Ce n'est pas pour rien que vous m'avez entendu �  plusieurs reprises �voquer le probl�me de la tautologie et nous ne saurions d'aucune fa�on terminer cette ann�e notre discours sans y apporter un jugement d�finitif

        Le monde donc, ce monde dont la fonction de r�alit� est li�e � la fonction perceptive est tout de m�me ce autour de quoi nous ne progressons dans notre savoir que par la voie de l'identit� des pens�es. Ceci n'est point pour nous un paradoxe, mais ce qui est paradoxal, c'est de lire dans le texte de Freud que ce que cherche l'inconscient, ce qu'il veut, si l'on peut dire, que ce qui est � la racine de son fonctionnement, de sa (->p144) (VII/19) mise en jeu, c'est l'identit� des perceptions, c'est-�-dire que ceci n'aurait litt�ralement aucun sens si ce dont il s'agit, ce n'�tait pas que ceci : que le rapport de l'inconscient � ce qu' il cherche dans son mode propre de retour, c'est justement ce qui dans l'une fois per�u est l'identiquement identique, si l' on peut dire, c'est le per�u de cette fois l�, c'est cette bague qu'il s'est pass�e au doigt avec le poin�on de cette fois l�, et c'est justement cela qui manquera toujours : c'est qu'� toute esp�ce d'autre r�apparition de ce qui r�pond au signifiant originel, au point o� est la marque que le sujet a re�ue de ce quoi que ce soit qui est � l'origine de l'Urverdr�ngt, il manquera toujours � quoi que ce soit qui vienne le repr�senter, cette marque qui est la marque unique du surgissement originel d'un signifiant originel qui s'est pr�sent� une fois au moment o� le point, le quelque chose de l'Urverdr�ngt en question est pass� � l'existence inconsciente, � l'insistance dans cet ordre interne qu'est l'inconscient, entre, d'une part ce qu'il re�oit du monde ext�rieur et o� il a des choses � lier : du fait que les lier sous une forme signifiante, il ne peut les recevoir que dans leur diff�rence, et c'est bien pour �a qu'il ne peut d'aucune fa�on �tre satisfait par cette recherche comme telle de l'identit� perceptive si c'est �a m�me qui le sp�cifie comme inconscient.

        Ceci nous donne la triade : conscient, inconscient, pr�conscient, dans un ordre l�g�rement modifi� et d'une certaine fa�on, qui justifie la formule que j'ai d�j� une fois essay� de vous donner de l'inconscient, en vous disant qu'il �tait entre perception et conscience, comme on dit entre cuir et chair.

(->p145) (VII/20)   C'est bien l� quelque chose qui, une fois que nous l'avons pos� nous indique de nous reporter � ce point dont je suis parti en formulant les choses � partir de l'exp�rience philosophique de la recherche du sujet, telle qu'elle existe dans Descartes en tant qu'il est strictement diff�rent de tout ce qui a pu se faire � aucun autre moment de la r�flexion philosophique, pour  autant que c'est bien le sujet qui lui-m�me est interrog�, qui cherche � l'�tre comme tel : le sujet en tant qu'il y va de toute la v�rit� � son propos, que ce qui y est interrog�, c'est non pas le r�el et l'apparence, le rapport de qui existe et de qui n'existe pas, de ce qui demeure et de ce qui fuit, mais de savoir si on peut se fier � l'Autre, si comme tel ce que le sujet re�oit de l'ext�rieur est un signe fiable. Le " je pense, donc je suis" je l'ai tritur� suffisamment devant vous pour que vous puissiez voir maintenant � peu pr�s comment s'en pose le probl�me. Ce "je pense" dont nous avons dit � proprement parler qu'il �tait un non-sens - et c'est ce qui fait son prix - il n'a,  bien s�r, pas plus de sens que le "je mens", mais il ne peut faire � partir de son articulation que de s'apercevoir lui-m�me que "donc je suis", �a n'est pas la cons�quence qu'il en tire, mais c'est qu'il ne peut faire que de penser � partir du moment o� vraiment il commence � penser, c'est-�-dire que c'est en tant que ce "je pense" impossible passe � quelque chose qui est de l'ordre du pr�conscient qu'il implique comme signifi�, et non pas comme cons�quence, comme d�termination ontologique, qu'il implique comme signifi� que ce "je pense" renvoie � un "je suis" qui d�sormais n'est plus que le x de ce sujet que nous cherchons, � savoir de ce qu'il y a au d�part pour que puisse se produire l'identification de ce "je pense".

(->p146) (VII/21)   Remarquez que ceci continue. Et ainsi de suite. 
Si "je pense que je pense que je suis" -  je ne suis plus � ironiser : si " je pense que je ne peux faire qu'�tre un pense � �tre ou un �tre pensant-  le "je pense qui est ici au d�nominateur voit tr�s facilement se reproduire la m�me duplicit�, � savoir que je ne peux faire que de m'apercevoir que pensant que je pense, ce "je pense" qui est au bout de ma pens�e, sur ma pens�e, est lui-m�me un "je pense" qui reproduit le "je pense, donc je suis". Est-ce ad infinitum ?

            S�rement pas : c'est aussi un des modes les plus courants des exercices philosophiques quand on a commenc� d'�tablir une telle formule que d'appliquer que ce qu'on a pu y retenir d'exp�rience effective est en quelque sorte ind�finiment multipliable comme dans un jeu du miroir.

           

            File:146.jpg

            I1 y a un petit exercice qui est celui auquel je me suis livr� dans un temps - mon petit sophisme personnel - celui de l'assertion de certitude anticip�e � propos du jeu des disques o� c'est du rep�rage de ce que font les deux autres qu' un sujet doit d�duire la marque pair ou impair dont lui-m�me est affect� dans son propre dos, c'est-�-dire quelque chose de fort voisin de ce dont il s'agit ici.

       (->p147) (VII/22)  Il est facile de voir dans l'articulation de ce jeu que loin que l'h�sitation qui est, en effet, tout � fait possible � voir se produire, car si je vois les autres d�cider trop vite de la m�me d�cision que je veux prendre, � savoir que je  suis comme eux marqu�s d'un disque de la m�me couleur, si je les vois tirer trop vite leurs conclusions, j'en tirerai justement la conclusion, je peux � l'occasion voir surgir pour moi quelque h�sitation, � savoir que s'ils ont vu si vite qui il �taient, c'est que moi-m�me je suis assez distinct d'eux pour me rep�rer, car en toute bonne logique, ils doivent se faire la m�me r�flexion : nous les verrons aussi osciller et se dire :  regardons-y � deux fois ; c'est � dire que les trois sujets dont il s'agit auront la m�me h�sitation ensemble, et on d�montre facilement que c'est effectivement au bout de trois oscillations h�sitantes que seulement ils pourront vraiment avoir et auront certainement et en quelque sorte en plein, figur� par la scansion de leur h�sitation, les limitations de toutes les possibilit�s contradictoires.

        I1 y a quelque chose d'analogue ici : ce n'est pas ind�finiment qu'on peut inclure tous les "je pense", donc je suis" dans un "je pense" ; o� est la limite ? C'est ce que nous ne pouvons pas tout de suite ici si facilement dire et savoir. Mais la question que je pose, ou plus exactement celle que je vais vous demander de suivre, parce que, bien s�r, vous allez peut-�tre �tre surpris, mais c'est de la suite que vous verrez venir ici s'adjoindre ce qui peut modifier, je veux dire rendre op�rant ult�rieurement, ce qui m'a sembl� au premier abord qu'une sorte de jeu, voire comme on dit de r�cr�ation math�matique.

         (->p148) (VII/23)  Si nous voyons que quelque chose dans l'appr�hension cart�sienne, qui se termine s�rement dans son �nonciation � des niveaux diff�rents, puisqu'aussi bien il y a quelque 
chose qui ne peut pas aller plus loin, que ce qui est inscrit ici, et il faut bien qu'il fasse intervenir quelque chose qui vient, non pas de la pure �laboration, "sur quoi je puis me fonder ?". Qu'est-ce qui est viable ?, il va bien �tre amen� comme tout 1e monde � essayer de se d�brouiller avec ce qui se vit mais dans l'identification qui est celle qui se fait au trait unaire, est-ce qu'il n'y en a pas assez pour supporter ce point impensable et impossible du "je pense" au moins sous sa forme de diff�rence radicale ?

            Si c'est par un que nous le figurons, ce "je pense" je vous le r�p�te en tant qu'il ne nous int�resse que pour autant qu'il a rapport avec ce qui se passe � l'origine de la nomination en tant que c'est ce qui int�resse la naissance du sujet, le sujet est ce qui se nomme. Si nommer c'est d'abord quelque chose qui a affaire avec une lecture du trait un d�signant la diff�rence absolue, nous pouvons nous demander comment je chiffrerai la sorte de "je suis" qui ici se constitue en sorte r�troactivement simplement de la reprojection de ce qui se constitue comme signifi� du "je pense", � savoir la m�me chose, l'inconnu de ce qui est � l'origine sous la forme du sujet. Si le 1 qu'ici j'indique sous la forme d�finitive que je vais lui laisser est quelque chose qui, ici, se suppose dans une probl�matique totale, � savoir qu'il est aussi bien vrai qu'il n'est pas puisqu'ici il n'est qu'� penser � penser, est pourtant corr�latif, indispensable, et c'est bien ce qui fait (->p149) (VII/24)  force de l'argument cart�sien de toute appr�hension d'une  

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pens�e d�s lors qu'elle s'encha�ne 
-cette voie lui est ouverte vers un cogitatum de quelque chose qui s'articule "cogito ergo sum"- .

 

Je vous en saute pour aujourd'hui les interm�diaires parce que vous verrez dans la suite, d'o� ils viennent, et qu' apr�s tout, au point o� j'en suis, il a bien fallu que j'en passe par l�. I1 y a quelque chose dont je dirai que c'est � la fois paradoxal - pourquoi ne pas dire amusant - mais je vous le r�p�te : si cela a un int�r�t, c'est pour ce que cela peut avoir d'op�rant : une telle formule en math�matique, c'est ce qu'on appelle une s�rie (voir sch�ma) : 
je vous passe ce qui aussit�t peut, pour toute personne qui a une pratique des math�matiques, se poser comme question : si c'est une s�rie, est-ce une s�rie convergente ? Cela veut dire quoi ? Cela veut dire que si au lieu d'avoir petit i vous aviez des I partout, un effort de mise en forme vous permettrait tout de suite de voir que cette s�rie est convergente, c'est-�-dire que si mon souvenir est bon, elle est �gale � quelque chose comme

Name.jpg

L'important, c'est que ceci veut dire que si vous effectuez les op�rations dont il s'agit : 

etc....       File:4.jpg

(->p150) (VII/25) vous avez donc les valeurs qui, si vous les reportez, prendront � peu pr�s cette forme  l� jusqu'� venir � converger sur une valeur parfaitement constante qu'on appelle une limite :

5.jpg

Trouver une formule convergente dans la formule pr�c�dente  nous int�resserait d'autant moins que le sujet est une fonction qui tend � une parfaite stabilit�, mais ce qui est int�ressant - et c'est l� que je fais un saut, parce que -  pour �clairer ma lanterne - je ne vois pas d'autre fa�on que de commencer � projeter la t�che et de revenir apr�s � la lanterne -prenez i en me faisant confiance pour la valeur qu'il a exactement dans la th�orie des nombres o� on l'appelle imaginaire - �a n'est pas une homonymie qui, � elle toute seule, me para�t ici justifier cette extrapolation m�thodique, ce petit moment de saut et de confiance que je vous demande de faire - cette valeur imaginaire est celle-ci : 6.jpg
Vous savez quand m�me assez d'arithm�tique �l�mentaire pour savoir que racine de moins un n'est aucun nombre r�el : il n'y aucun nombre n�gatif                  (espace blanc-note du claviste) par exemple, qui puisse d' aucune fa�on, remplir la fonction d'�tre la racine d'un nombre quelconque dont racine de moins un serait le facteur.
                 Pourquoi ?

 Parce que pour �tre la racine carr�e d'un nombre n�gatif, cela veut dire qu'�lev� au carr�, �a donne un nombre n�gatif. Or, aucun nombre, �lev� au carr�, ne peut donner un nombre n�gatif, puisque tout nombre n�gatif �lev� au carr� devient positif.
C'est pourquoi racine de moins 1 n'est rien qu'un algorithme, mais il sert .

( ->p151) (VII/26) Si vous d�finissez comme nombre complexe tout nombre compos� d'un nombre r�el a auquel est adjoint un nombre imaginaire, c'est-�-dire un nombre qui ne peut aucunement s'additionner � lui, puisqu'il n'est pas un nombre r�el, fait du  

Name.jpg
produit de racine de moins un avec b, si vous  d�finissez ceci nombre complexe, vous pourrez  faire avec ce nombre complexe, et avec le m�me

succ�s, toutes les op�rations que vous pouvez faire avec des nombres r�els, et quand vous vous serez lanc�s dans cette voie, vous n'aurez pas eu seulement la satisfaction de vous apercevoir que �a marche, mais que �a vous permettra de faire des d�couvertes, c'est-�-dire de vous apercevoir que les nombres ainsi constitu�s ont une valeur qui vous permet notamment d'op�rer de fa�on purement num�rique avec ce qu'on appelle des vecteurs, c'est-�-dire avec des grandeurs qui, elles, seront non seulement pourvues d'une valeur diversement repr�sentable par une longueur mais en plus, que gr�ce aux nombres complexes vous pourrez impliquer dans votre connotation, non seulement ladite grandeur, mais sa direction, et surtout l'angle qu'elle fait avec telle autre grandeur, de sorte que 6.jpgqui n'est pas un nombre r�el, s'av�re du point de vue op�ratoire avoir une puissance singuli�rement plus �poustouflante, si je puis dire, que tout ce dont vous avez dispos� jusque l� en vous limitant � la s�rie des nombres r�els.

Ceci pour vous introduire ce que c'est que ce petit i. Et alors si l'on suppose que ce que nous cherchons ici � connoter d'une fa�on num�rique, cette valeur conventionnelle : 6.jpg

cela veut dire quoi ?

(->p152) (VII/27)  que de m�me que nous nous sommes appliqu�s � �laborer la fonction de l'unit� comme fonction de la diff�rence radicale dans la d�termination de ce centre id�al du sujet qui s'appelle id�al du moi, de m�me dans la suite - et pour une bonne raison, c'est que nous l'identifierons � ce que nous avons jusqu'ici introduit dans notre connotation � nous personnelle comme c'est-�-dire la fonction imaginaire du phallus - nous allons nous employer � extraire  de cette connotation,  6.jpg tout ce en quoi il peut nous servir d'une fa�on op�ratoire ; mais, en attendant, l'utilit� de son introduction � ce niveau s'illustre en ceci : c'est que si vous recherchez ce qu'elle fait, cette fonction racine de moins un plus un sur racine de moins un plus, etc... en d'autres termes, c'est  6.jpg qui est l� partout o� vous avez vu petit i, vous voyez appara�tre une fonction qui n'est 
point une fonction convergente, qui est une fonction p�riodique
 :

            File:8.jpg

qui est facilement calculable ; c'est une valeur qui se renouvelle si l'on peut dire, tous les trois temps dans la s�rie.

        La s�rie se d�finie ainsi : i + 1 premier terme de la s�rie File:9.jpg   second terme de la s�rie et troisi�me terme.

        Vous retrouverez p�riodiquement, c'est-�-dire toutes les trois fois dans la s�rie, cette m�me valeur, ces m�mes trois valeurs que je vais donner :

        (->p153) (VII/28)  La premi�re, c' est  i + 1 , c'est-�-dire le point d'�nigme o� nous sommes pour nous demander quelle valeur nous pourrons bien donner � i pour connoter le sujet en tant que le sujet d'avant toute nomination, probl�me qui nous int�resse.

                La deuxi�me valeur que vous trouverez, � savoir  File:9.jpg est strictement �gale � Name.jpget ceci est assez int�ressant ; car la premi�re chose que nous rencontrons, c'est ceci : 
c'est que le rapport essentiel de ce quelque chose que nous cherchons comme �tant le sujet avant qu'il se nomme, � l'usage qu'il peut faire de son nom tout simplement pour �tre le signifiant de ce qu'il y a � signifier, c'est-�-dire de la question du signifi� justement de cette addition de lui-m�me � son propre nom, c'est imm�diatement le diviser en deux, de faire qu'il ne reste qu'une moiti� de litt�ralement Name.jpg de ce qu'il y avait en pr�sence. Comme vous pouvez le voir, mes mots ne sont pas pr�par�s, mais ils sont quand m�me bien calcul�s et ces choses sont tout de m�me le fruit d'une �laboration que j'ai refaite par trente six portes d'entr�e en m'assurant d'un certain nombre de contr�les, ayant � la suite un certain nombre d'aiguillages dans les fois qui vont suivre.

    La troisi�me valeur, c'est-�-dire, quand vous arr�terez l� le terme de la s�rie ce sera 1 tout simplement, ce qui par bien des c�t�s, peut avoir pour nous la valeur dune sorte de confirmation de boucle, je veux dire que c'est � savoir que si c'est au troisi�me temps, chose curieuse, temps vers (->p154) (VII/29) lequel aucune m�ditation philosophique ne nous a pouss�s sp�cialement nous arr�ter, c'est-�-dire au temps du "je pense" en  tant qu'il est m�me objet de pens�e et qu'il se prend comme objet, c'est � ce moment-l� que nous semblons arriver � atteindre  cette fameuse unit� dont le caract�re satisfaisant pour d�finir quoi que ce soit n'est assur�ment pas douteux, mais dont nous  pouvons nous demander si c'est bien de la m�me unit� qu'il s'agit que de celle dont il s'agissait au d�part, � savoir dans l'identification primordiale et d�clanchante. A tout le moins il faut que je laisse pour aujourd'hui ouverte cette question. 

note: bien que relu, si vous d�couvrez des erreurs manifestes dans ce s�minaire, ou si vous souhaitez une pr�cision sur le texte, je vous remercie par avance de m'adresser un [mailto:gaogoa@free.fr �mail]. [#J.LACAN Haut de Page] 
[../../erreurs.htm commentaire]       relu et corrig� en ao�t 2002