Text/Jacques Lacan/ID16051962.htm

From No Subject - Encyclopedia of Psychoanalysis
Jump to: navigation, search

'J.LACAN'                        gaogoa

[ID09051962.htm <] [ID23051962.htm >]

IX-L'IDENTIFICATION

            Version rue CB                                    [#note note]

S�minaire du 16 mai 1962

(R�daction d'apr�s des notes)

(->p436) (XX/1)

  Cette �lucubration de la surface, j'en justifie la n�cessit�, il est �vident que ce que je vous en donne est le r�sultat d'une r�flexion. Vous n'avez pas oubli� que la notion de surface en topologie ne va pas de soi et n'est pas donn�e comme une intuition. La surface est quelque chose qui ne va pas de soi.

Comment l'aborder ? � partir de ce qui dans le r�el l'introduit, c'est-�-dire qui montrerait que l'espace n'est pas cette �tendue ouverte et m�prisable comme le pensait Bergson. L'espace n'est pas si vide qu'il croyait, il rec�le bien des myst�res.

Posons au d�part certains termes.

Il est certain qu'une premi�re chose essentielle dans la notion de surface est celle de face : il y aurait 2 faces ou 2 cot�s. Cela va de soi si, cette surface, nous la plongeons dans l'espace.  Mais pour nous approprier ce que peut pour nous prendre la notion de surface, il faut que nous sachions ce qu'elle nous livre de ses seules dimensions, voir ce qu'elle peut nous livrer en tant que surface divisant l'espace de ses seules dimensions, nous sugg�re de reconstruire l'espace autrement que nous croyions en avoir l'intuition. En d'autres termes, je vous propose de consid�rer comme plus �vident (capture imaginaire), plus certain (li� � l'action) , plus structural de partir de la surface pour d�finir l'espace - dont je tiens que nous sommes peu assur�s - disons plut�t d�finir le lieu, que de partir du lieu pour d�finir la surface - c'est le lieu en philosophie - le lieu de l'Autre a d�j� sa place dans notre s�minaire. Pour d�finir la face d'une surface, il ne suffit pas de dire que c'est d'un c�t� et de l'autre, d'autant plus que �a n'a rien de satisfaisant, et si quelque chose nous donne le vertige (->p437) (XX/2) pascalien, c'est bien ces 2 r�gions dont le plan infini diviserait tout l'espace.

Comment d�finir cette notion de face ? c'est le champ o� peut s'�tendre une ligne, un chemin sans avoir � rencontrer un bord. Mais il y a des surfaces sans bord : le plan � l'infini, la sph�re, le tore et plusieurs autres qui comme surface sans bord se r�duisent pratiquement � une seule : le cross-cap ou mitre ou bonnet figur� ci-contre (1) 

File:Cross-cap.jpg

  Le cross-cap dans les livres savants c'est �a :  coup� pour pouvoir s'ins�rer sur une autre surface (2)

  Ces trois surfaces, sph�re, tore, cross-cap sont des surfaces closes �l�mentaires � la composition desquelles toutes les autres surfaces closes peuvent se r�duire.

J'appellerai n�anmoins cross-cap la figure 1. Son vrai nom est  le plan projectif de la th�orie des surfaces de Riemann dont le plan est la base. Il fait intervenir au  moins la quatri�me dimension.
     
   
D�j� la 3�me dimension, pour nous psychologues des profondeurs fait assez probl�me pour que nous la consid�rions comme peu assur�e. N�anmoins dans cette simple figure, le cross-cap, la 4 eme est d�j� impliqu�e n�cessairement.

    Le noeud �l�mentaire fait l'autre jour avec une ficelle pr�sentifie d�j� la 4 eme dimension. Il n'y a pas de th�orie topologique valable sans que nous fassions intervenir quelque chose qui nous m�nera � la 4 eme dimension.

File:Noeuds.jpg

    Si, ce noeud, vous voulez essayer de le reproduire en usant du tore en suivant les tours et les d�tours que vous pouvez faire � la surface d'un tore, vous pourriez apr�s plusieurs tours revenir  sur une ligne qui se boucle comme le noeud ci-dessus. Vous ne pouvez le faire sans que la ligne se coupe elle-m�me; comme la surface du tore vous ne pouvez pas marquer que la ligne passe au-dessus ou au-dessous, il n'y a pas moyen de faire ce noeud sur le tore. Il est par contre parfaitement faisable sur le cross-cap. Si cette surface implique la pr�sence de la 4 eme dimension, c'est un commencement de preuve que le plus simple noeud implique la 4 eme dimension. Cette surface, le cross-cap, je vais vous dire comment vous pouvez l'imaginer. Ca n'imposera pas sa n�cessit� par l� m�me, pour nous, men�e. Elle n'est pas sans rapport avec le tore, elle a m�me avec le tore le rapport le plus profond. La fa�on la  plus simple de vous donner ce rapport est de vous rappeler comment un tore est construit quand on le d�compose sous une forme poly�drique, c'est-�-dire en le ramenant � son polygone fondamental. Ici ce polygone fondamental, c'est un quadrilat�re. Si ce quadrilat�re vous le repliez

Quadri par Dirk Verdoorn.jpg

sur lui-m�me, vous aurez un tube en joignant les bords. Si on vectorise ces bords en convenant que ne peuvent �tre accol�s l'un � l'autre que les vecteurs qui vont dans le m�me sens, le d�but d'un vecteur s'appliquant au point o� se termine l'autre vecteur, d�s lors on a toutes les coordonn�es pour d�finir la structure du tore.

Si vous faites une surface dont le polygone fondamental est ainsi d�fini par des vecteurs allant tous dans le m�me sens sur le quadrilat�re de base, si vous partez d'un polygone ainsi d�fini, �a ferait 2 bords ou m�me un seul, vous obtenez ce que je vous mat�rialise, comme la mitre.

Je reviendrai sur la fonction de symbolisation de quelque chose et �a sera plus clair quand ce nom servira de support.

En coupe avec sa gueule de m�choire, �a n'est pas ce que vous croyez, ceci est une ligne de p�n�tration gr�ce � quoi ce qui est en avant...

(->p439) (XX/4) 

File:Penetrat.jpg

    Au dessous est une demi-sph�re, en haut de la paroi avant passe par p�n�tration dans la paroi oppos�e et revient en avant.

    Pourquoi cette forme plut�t qu'une autre ? : Son polygone fondamental est distinct de celui du tore. Un polygone, dont les bords sont marqu�s par des vecteurs de m�me direction, et distinct de celui du tore, qui part d'un point pour aller au point oppos�, qu'est-ce que �a fait comme surface ?  

Tore.jpg

D�s maintenant, se d�gagent des points probl�matiques de ces surfaces. Je vous ai introduit les surfaces sans bord � propos de la face. S'il n'y a pas de bord, comment d�finir la face ? Et si nous interdisons autant que possible de plonger trop vite notre mod�le dans la 3eme dimension, l� o� il n'y a pas de bord nous serons assur�s qu'il y a un int�rieur et un ext�rieur. C'est ce que sugg�re cette surface sans

bord par excellence qu'est la sph�re. Je veux vous d�tacher de cette intuition ind�cise : il y a ce qui est au dedans et ce qui est au dehors.

    Pourtant pour les autres surfaces, cette notion d'int�rieur et d'ext�rieur se d�robe. Pour le plan infini, elle ne suffirai pas. Pour le tore, l'intuition colle en apparence suffisamment parce qu'il y a l'int�rieur d'une chambre � air et l'ext�rieur. N�anmoins ce qui se passe dans le champ o� cet espace ext�rieur traverse le tore, c'est-(->p440) (XX/5)-�-dire le trou central, l� est le nerf topologique de ce qui a fait l'int�r�t du tore et o� le rapport de l'int�rieur et de l'ext�rieur s'illustre de quelque chose qui peut nous toucher.

    Remarquez que jusqu'� Freud, l'anatomie traditionnelle, un tant soit peu Wissenschaft avec Paracelse et Aristote, a toujours fait �tat, parmi les orifices du corps,  les organes des sens comme d'authentiques orifices.

    La th�orie psychanalytique, en tant que structur�e par la fonction de la libido, a fait un choix bien �troit parmi les orifice et ne nous parle pas des orifices sensoriels comme orifices, sinon � les ramener au signifiant des orifices d'abord choisis. Quant on fait de la  scoptophilie une scoptofagie , on dit que l'identification scoptophile  est une identification orale, comme le fait F�nichel.

    Le privil�ge des orifices oraux, anaux et g�nitaux nous retient en ceci que ce ne sont pas vraiment les orifices qui donnent sur l'int�rieur du corps : le tube digestif n'est qu'une travers�e, il est ouvert sur l'ext�rieur. Le vrai int�rieur est l'int�rieur m�sodermique et les orifices qui y introduisent existent :sous la forme des yeux ou de l'oreille dont jamais la th�orie psychanalytique ne fait mention comme tels sauf sur la couverture de "La Psychanalvse". C'est la vraie port�e donn�e au trou central du tore ; encore que ce ne soit pas un v�ritable int�rieur, mais que �a nous sugg�re quelque chose de l'ordre d'un passage de l'int�rieur � l ext�rieur..  

Cross2.jpg

Ceci nous donne l'id�e qui vient � l'inspection de cette surface close, le cross-cap.  Supposez quelque chose d'infiniment plat qui se d�place sur cette surface passant de l'ext�rieur 1 de la surface close � l'int�rieur 2 pour suivre plus loin � l'int�rieur 3 de la ligne de p�n�tration o� il ressurgira � l'ext�rieur 4 (de dos)

Ceci montre la difficult� de la d�finition de la distinction int�rieur-ext�rieur, m�me quand il s'agit d'une surface close, d'une surface sans bords.

(->p441) (XX/6)

    Je n'ai fait qu'ouvrir l� question pour vous montrer que l'important dans cette figure c'est que cette ligne de p�n�tration doit �tre tenue pour vous pour nulle et non avenue. On ne peut la mat�rialiser au tableau sans faire intervenir cette ligne de p�n�tration, car l'intuition spatiale ordinaire exige qu'on le montre, mais la sp�culation n'en tient aucun compte. On peut la faire glisser ind�finiment, cette ligne de p�n�tration. Il n'y a rien de l'ordre d'une couture. Il n'y a pas de passage possible. A cause de cela, le probl�me de l'int�rieur et de l'ext�rieur est soulev� dans toute sa confusion.  

Cross3.jpg

    Il y a deux ordres de consid�ration quant � la surface : m�trique et topologique. I1 faut renoncer � toute consid�ration m�trique : en effet � partir de ce carr�, je pourrais donner toute la surface. D'un point de vue topologique, cela n'a aucun sens. Topologiquement la nature des rapports structuraux qui constituent la surface est pr�sente en chaque point : la face interne se confond avec 1a face ext�rieure pour chacun de ses points et de ses propri�t�s.

    Pour marquer l'int�r�t de ceci, nous allons �voquer une question encore jamais pos�e qui concerne le signifiant : un signifiant n'a-t-il pas toujours pour lieu une surface. Ca peut para�tre une question bizarre. Mais elle a au moins l'int�r�t, si elle est pos�e, de sugg�rer une dimension. Au premier abord le graphique comme tel exige une surface, si tant est que l'objection peut s'�lever qu'une pierre lev�e, une colonne grecque c'est un signifiant et que �a a un volume, n'en soyez pas si s�rs, si s�rs de pouvoir introduire la notion de volume avant d'�tre bien assur�s de la notion de surface. Surtout si, en mettant les choses � l'�preuve, la notion de volume n'est pas saisissable autrement qu'� partir de celle de 1'enveloppe. Nulle pierre lev�e ne nous a int�ress�s par autre chose, je ne dirai pas que son enveloppe - ce qui serait aller � un sophisme, - mais par ce qu'elle enveloppe.

Avant d'�tre des volumes, l'architecture s'est faite � mobiliser, � arranger des surfaces autour d'un vide. Des pierres lev�es servent (->p442) (XX/7) � faire des alignements ou des tables, � faire quelque chose qui sert par le trou qu'il y a autour.

    Car c'est cela le reste � quoi nous avons � faire. Si, attrapant la nature de la face, je suis parti de la surface avec bords pour vous faire remarquer que le crit�re nous d�faillait aux surfaces sans bord, s'il est possible de vous montrer une surface sans bord fondamentale, o� la d�finition de la face n'est pas forc�e, puisque la surface sans bord n'est pas faite pour faire r�soudre le probl�me de l'int�rieur et de l'ext�rieur, nous devons tenir compte de la distinction d'une surface sans avec une surface avec : elle a le rapport le plus �troit avec ce qui nous int�resse, � savoir le trou qui est � faire entrer positivement comme tel dans la th�orie des surfaces.

    Ce n'est pas un artifice verbal. Dans la th�orie combinatoire de  la topologie g�n�rale, toute surface triangulable, c'est-�-dire composable de petits morceaux triangulaires que vous collez les uns aux autres, tore ou cross-cap, peut se r�duire par le moyen du polygone fondamental � une composition de la sph�re � laquelle seraient adjoints plus ou moins d'�l�ments toriques, d'�l�ments de cross-cap et des �l�ments purs trous indispensables repr�sent�s par ce vecteur boucl� sur lui-m�me

File:Purtrou.jpg

 Est-ce qu'un signifiant, dans son essence la plus radicale, ne peut �tre envisag� que comme coupure > < dans une surface, ces deux signes "plus grand : > "et "plus petit : <" ne s'imposant que de leur structure de coupure inscrite sur quelque chose o� toujours est marqu�e, non seulement la continuit� d'un plan sur lequel la suite s'inscrira, mais aussi la direction vectorielle o� ceci se retrouvera toujours ? Pourquoi le signifiant dans son incarnation corporelle, c'est-�-dire vocale s'est toujours pr�sent� � nous comme d'essence discontinue ? Nous n'avions donc pas besoin de la surface : la discontinuit� le constitue. L'interruption dans le successif fait partie de sa structure.

    Cette dimension, temporelle du fonctionnement de la cha�ne signifiante que j'ai d'abord articul�e comme succession, a pour suite que la scansion introduit un �l�ment de plus que la division de l'interruption (->p443) (XX/8) modulatoire : elle introduit la h�te que j'ai ins�r�e en tant que h�te en logique. C'est un vieux travail : "le Temps logique".

    Le pas que j'essaie de vous faire franchir a d�j� commenc� d'�tre trac�, c'est celui o� se noue la discontinuit� avec ce qui est l'essence du signifiant, � savoir la diff�rence. Si ce sur quoi nous avons fait pivoter, nous avons ramen� sans cesse cette fonction du signifiant, c'est � attirer votre attention sue ceci que, m�me � r�p�ter le m�me, le m�me d'�tre r�p�t� s'inscrit comme distinct. O� est l'interpolation d'une diff�rence ? R�side-t-elle seulement dans la coupure -c'est ici que 1'introduction de la dimension topologique au-del� de la scansion temporelle nous int�resse - ou dans ce quelque chose d'autre que nous appellerons la simple possibilit� d'�tre diff�rent, l'existence de la batterie diff�rentielle qui constitue le signifiant et par laquelle nous ne pouvons pas confondre synchronie avec simultan�it� � la racine du ph�nom�ne, synchronie qui fait que r�apparaisse le m�me ?

     C'est comme distinct de ce qu'il r�p�te  que le signifiant repara�t,  et ce qui peut �tre consid�r� comme distinguable c'est l'interpolation de la diff�rence pour autant que  nous pouvons poser comme fondamentale de la fonction signifiante l'identit� du "a et a", � savoir que la diff�rence est dans 1a coupure, ou dans la possibilit� synchronique qui constitue  la diff�rence signifiante. En tout cas ce que nous r�p�tons  n'est diff�rent que de pouvoir �tre inscrit.

    Il n'en reste pas moins que la fonction de la coupure nous importe au premier chef dans ce qui peut �tre �crit. Et c'est ici que la notion de surface topologique doit �tre introduite dans notre fonctionnement mental parce que c'est l� seulement que prend son int�r�t la fonction de la coupure.

    L'inscription nous ramenant � la m�moire est une objection � r�futer. La m�moire qui nous int�resse, nous analystes, est � distinguer d'une m�moire organique, celle qui a la m�me succion du r�el r�ponde par la m�me fa�on pour l'organisme de s'en d�fendre que celle que nous tient l'hom�ostasie, car l'organisme ne reconna�t pas le m�me qui renouvelle en tant que diff�rent. La m�moire organique m�morise (m�me-orise) .

(->p444) (XX/9) Notre m�moire est autre chose : elle intervient en fonction du trait unaire marquant la fois unique et a pour support l'inscription. Entre le stimulus et la r�ponse, l'inscription, le printing, doit �tre rappel� en termes d'imprimerie gutenbergienne. Le premier jet de la th�orie psychophysique contre lequel nous nous r�voltons est toujours atomistique ; c'est toujours � l'impression dans des sch�mas de surface que cette psycho-physique prend sa premi�re base. I1 ne suffit pas de dire que c'est insuffisant avant qu'on n'ait trouv� autre chose.

    Car s'il est d'un grand int�r�t de voir que la premi�re th�orie de la vie relationnelle s'inscrit en des termes int�ressants qui traduisent seulement sans le savoir la structure m�me du signifiant sous les  formes masqu�es des effets distincts de contigu�t� et de continuit� (assoc�ationnisme), il est bon de montrer que ce qui �tait reconnu et m�connu comme dimension signifiante, c'�taient les effets du signifiant dans la structure du monde id�aliste dont cette psychophysique ne s'est jamais d�tach�e.

    Inversement ce qu'on a introduit par la Gestalt est insuffisant � rendre compte de ce qui se passe au niveau des ph�nom�nes vitaux, en raison d'une ignorance fondamentale qui se traduit par la rapidit� avec laquelle on tient pour certaines des coordonn�es que tout contredit. La pr�tendue bonne forme de la circonf�rence que l'organisme s'obstinerait sur tous les plans - subjectifs ou objectifs - � chercher � reproduire est contraire � toute observation des formes organiques. Je dirai aux Gestaltistes qu'une oreille d'�ne ressemble � un cornet, � un arum, � une surface de Moebius. Une surface de Moebius est l'illustration la plus simple du cross-cap : �a se fabrique avec une bande de papier dont on colle les 2 extr�mit�s apr�s l'avoir tordue, de sorte que l'�tre infiniment plat qui s'y prom�ne peut le suivre sans jamais franchir aucun bord. Ca montre l'ambigu�t� de la notion de face. Car il ne suffit pas de dire que c'est une surface unilat�re, � une seule face, comme certains math�maticiens le formulent. Autre chose est une d�finition formelle, il n'en reste pas moins qu'il y a coalescence pour chaque point de 2 faces et c'est �a qui nous int�resse. Pour nous qui ne nous ne contentons pas de la dire unilat�re sous pr�texte que ces deux faces sont partout pr�sentes, il n'en reste pas moins que nous pouvons manifester en chaque point le scandale pour notre intuition de ce rapport des deux faces.

(->p445) (XX/10) 

Rotation.jpg

En effet dans un plan, si nous tra�ons un cercle dans le sens des aiguilles d'une montre, de 1' autre c�t�, par transparence, la m�me fl�che tourne dans le sens contraire. L'�tre infiniment plat, le petit personnage sur la surface de Moebius, s'il v�hicule avec lui un cercle tournant autour de lui dans le sens des aiguilles d'une montre,

ce cercle tournera tournera toujours dans le m�me sens, si bien que de l'autre c�t� de son point de d�part ce qui s'inscrira tournera dans le  sens horaire, c'est-�-dire en sens oppos� � ce qui passerait sur une  bande normale, sur le plan : �a n'est pas invers�.

    C'est pour �a qu'on d�finit ces surfaces comme non-orientables et pourtant �a n'en est pas moins orient�. Le d�sir, de n'�tre pas articulable, nous ne pouvons dire pour autant qu'il ne soit pas articul�.  

Car ces petites oreilles dans la bande de Moebius, toutes non-orientables qu' elles soient, sont plus orient�es qu'une bande normale. Faites vous une ceinture conique. Retournez-la : ce qui �tait ouvert en bas l'est en haut. Mais la bande de Moebius, retournez-la : �a aura toujours

File:Oreilles.jpg

la m�me forme. M�me quand vous retourner l'objet, il y aura toujours la bosse rentr�e sur la gauche, la bosse renfl�e sur la droite , une surface non-orientable est donc beaucoup plus orient�e qu'une surface orientable.

    Quelque chose vu encore plus loin et surprend les math�maticiens qui renvoient avec un sourire le lecteur � 1'exp�rience, c'est que, si dans cette bande de Moebius � l'aide de ciseaux vous tracez une coupure � �gale distance des points les plus accessibles des bords (elle n'a qu'un seul bord), si vous faites un cercle, la coupure se ferme, vous r�alisez un cercle, un lacs, une courbe ferm�e de Jordan. Or cette coupure, non seulement laisse la surface enti�re, mais transforme la surface non-orientable en surface orientable, c'est-�-dire en une bande dont, si vous colorez l'un des c�t�s, tout un c�t� restera blanc, contrairement � ce qui ce serait pass� tout � l'heure sur la surface de Moebius enti�re : tout aurait �t� color� sans que le pinceau change de face. La simple intervention de la coupure a chang� la structure omnipr�sente de tous les (->p446) (XX/11) points de la surface, vous disais-je. Et si je vous demande de me dire la diff�rence entre l'objet d'avant la coupure et celui-ci, il n'y a pas moyen de le faire, ceci pour introduire 1'int�r�t de la fonction de la coupure.

    Le polygone quadrilat�re est originaire du tore et du bonnet. Si je n'ai jamais introduit la v�ritable verbalisation de cette forme && , poin�on, d�sir, unissant le S au a dans S & a , ce petit quadrilat�re doit se lire : le sujet en tant que marqu� par le signifiant est proprement dans le fantasme, coupure de a.

    La prochaine fois, vous verrez comment ceci nous donnera un support fonctionnant pour articuler la question ; comment ce que nous pouvons d�finir, isoler � partir de la Demande comme champ du d�sir, dans son c�t� insaisissable, peut-il, par quelque torsion, se nouer avec ce qui, pris d'un autre c�t� se d�finit comme le champ de l'objet a, comment le d�sir peut-il s'�galer � a. C'est ce que j'ai introduit et qui vous donnera un mod�le utile jusque dans votre pratique.

note: bien que relu, si vous d�couvrez des erreurs manifestes dans ce s�minaire, ou si vous souhaitez une pr�cision sur le texte, je vous remercie par avance de m'adresser un [mailto:gaogoa@free.fr �mail]. [#J.LACAN Haut de Page] 
[../../erreurs.htm commentaire]