Text/Jacques Lacan/L08051979.htm

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J.LACAN                  gaogoa

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XXVI-La topologie et le temps �1978-1979

Version rue CB

8 mai 1979                    [#note note]

Je vais passer la parole � Alain DIDIER-VEIL

 

A.DIDIER-VEIL :  (texte de 25 pages)  

     (p1->) Je ne vous demanderai pas d��tre indulgent avec ce que je vais essayer de vous dire, mais tout au moins de tenir compte de ce que c�est un travail qui a �t� pr�par� dans la h�te, voire la pr�cipitation, puisque le Docteur Lacan m�a demand� de vous en faire part hier. Alors tenez compte que �a n�a pas la qualit� vraiment d�un �crit. Et je vais essayer de vous transmettre, je vais essayer de vous rendre compte de la rencontre, je dirai de deux enseignements, celui que je re�ois, et de LACAN, et du dialogue analytique. Double rencontre en ce qu�il m�a fallu longtemps, je dirai, pour rep�rer en quoi et comment les �lucubrations qui se sont trouv�es s�imposer � moi dans le cadre du dialogue analytique, en quoi finalement ces �lucubrations �taient d�une part inscriptibles sur le graphe dont, je dois vous dire, les ressources n�ont pas fini de m ��tonner, et d�autre part, en s�inscrivant, inscriraient comme je vais essayer de vous le montrer, une relation articul�e entre la topologie et le temps, c�est-�-dire  rencontraient finalement le th�me du s�minaire de cette ann�e.

     En l�occurrence , cette articulation entre topologie et temps que j�ai soumise au docteur LACAN se supporte d�un rep�rage, dont je vais maintenant essayer de vous rendre compte, d�une dialectique de la parole du sujet parlant en tant qu�habit�, je dirai par un certain rythme temporel, rythme � trois temps comme la valse, qui exigerait finalement que le sujet ait � compter jusqu�� trois pour dire un mot. Ce rythme � trois temps, je vais essayer de vous transmettre la fa�on dont il m�appara�t inf�rable � l�existence de trois Surmoi, repr�sentant chacun synchroniquement dans la structure et diachroniquement une �tape n�cessaire de franchissement pour qu�advienne la parole. Je vais annoncer, si vous voulez, d�embl�e la couleur avant la d�monstration proprement dite et provisoirement donc j�avance ce que je vais essayer de soutenir : c�est qu�il y aurait un premier Surmoi dont la fonction serait d�enjoindre au sujet : � tu ne diras pas un mot �, un deuxi�me Surmoi dont la (p2->) fonction serait d��noncer � tu n�en diras pas deux �  illisible �vous voyez� ? , c�est facile- ment un troisi�me dont la fonction serait : � tu n�en diras pas trois �.

     Alors, dans la mesure ou dans le cadre d�une s�ance de s�minaire �a me para�t ardu d�exposer point par point cette notion, je �il faut bien prendre un fil, l�id�e qui m�est venue pour rentrer dans cette histoire est de me supporter d�un petit apologue de Freud, et ce petit apologue, c�est celui que prend Freud dans la Traundeutung la premi�re fois qu�il introduit le terme de � censure � qui est cet anc�tre du Surmoi, et dans la Traundeutung, si vous voulez vous y reporter, c�est apr�s le commentaire que FREUD fait du � r�ve de l�oncle Joseph �.

     Alors cet apologue est le suivant. Si vous voulez, cet apologue va me permettre d'essayer de vous montrer en quoi la division du sujet est inf�rable � une division du surmoi. Dans cet apologue, FREUD compare le Surmoi, le censeur, � un souverain qui r�gnerait sur des sujets, et des sujets, et des sujets qui se trouvent en position de rebeller, de se r�volter contre un ministre devenu impopulaire, cause de r�volte. Ce que rep�re FREUD tout de suite, c'est que les sujets ont � leur disposition leur r�volte et ont un savoir �l�mentaire, le Roi, le censeur, est dans la position d'un savoir d'une autre structure, puisque la position du Roi est la suivante, c'est qu'il sait qu'il doit compter sur l'opinion publique, mais il sait qu'il doit faire comme si cette opinion publique ne comptait pas pour lui, c'est-�-dire que, si vous voulez, sch�matiquement, la r�volte �clate aux cris : " A bas le ministre ! " Ce que dit FREUD dans un premier temps, il dit : eh bien, voil�, le censeur, pour apaiser la r�volte, il fonctionne comme quelqu'un qui ne consid�re pas que ses sujets sont repr�sent�s comme sujets par ce signifiant, " A bas le ministre ! ", et il fait donc comme si ses sujets parlant n'existaient pas comme tels, sans que se soit pour autant une provocation -�a, c'est important- et il r�pond, on pourrait dire, par un message invers�, cette r�ponse �tant le fait qu'il promeut le ministre � une distinction sup�rieure, c'est-�-dire qu'il r�pond � la limite, si vous voulez, par " En haut le ministre ". J'ai �crit ceci l�, sur ces graphes, vous voyez, j'en suis au point ([../../images/L08051979/L080511.jpg I]) : le sujet dit un premier mot. Le premier mot, nous sommes sur la cellule �l�mentaire du graphe, un premier mot : " A bas le ministre ". A ce premier, le Surmoi, je dirai, r�pond, parce que le Surmoi, il est bon prince, on pourrait dire. Il est bon prince parce qu'il dit : " Un mot, passe, pour un mot, je passe, d'accord, mais n'insiste pas ! ", c'est-�-dire pour un mot, �a va, mais pas un deuxi�me. Et la strat�gie du Surmoi, c'est de...c'est pour �a que vous voyez, le Surmoi, j'ai �crit cette r�ponse du Surmoi en utilisant l'inversion de l'�tage inf�rieur mo�que, c'est-�-dire ce qui introduit le
(p3->)

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(p4->)

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(p5->) champ de la d�n�gation dans la mesure ou la censure est alli�e avec le Moi � ce niveau-l�. Et le message invers� qui consiste � �crire ici : " En haut le ministre ! " , j'�l�ve le ministre, eh bien, a pour effet, remarque FREUD, de suspendre le message du sujet qui, alors qu'il disait : " A bas, le ministre ! " , de l'effet de cette r�ponse du Surmoi, le message va �tre interrompu et le sujet va la boucler. Je veux dire que FREUD ne va pas plus loin que ce petit apologue, mais il a le m�rite quand m�me de montrer que cette strat�gie, s'il l'�crit ainsi, c'est qu'elle se r�v�le op�rante, comme l'exp�rience l'apprend, et en quoi est-ce que c'est op�rant , en quoi est-ce que cette r�ponse de la censure a-t-elle le pouvoir d'interrompre le message du sujet ?

     Une s�rie de points. Si vous voulez, cliniquement vous pouvez rep�rer que l'injonction de la censure a ceci de particulier : �a peut vous �voquer qu'� son injonction le commandement surmo�que a ceci de particulier de s'opposer au commandant que serait un commandant � galon, c'est que le commandement surmo�que, il ne repr�sente pas le sujet pour un autre signifiant, � l'oppos� du commandant de division qui, s'il donne un ordre si f�roce soit-il et qui voudrait se rapprocher de l'ordre surmo�que, n'y atteint pas. Si vous souscrivez � l'ordre du commandant de division, je dirais que c'est pas pour autant que vous �tes d�subjectiv�s, c'est par exemple pour ne pas avoir d'emmerdements, pour avoir votre permission. Mais si vous ob�issez � l'injonction surmo�que, c'est que vous �tes dans cette position que me disait d'une fa�on tr�s pertinente une analysante: qu'est-ce qui fait que devant certains que je rencontre, qui me disent un mot si b�te soit-il �ventuellement, je suis dans l'impossibilit� radicale de contredire, pas possible de dire non. Non.

     Ceci dit, ce qu'il faut - �a, c'est le premier point- ce qu'il faut comprendre, c'est que, comme je vous le disais, parce que, vous le voyez, la censure a laiss� passer un premier mot. L'important c'est de comprendre que : pour une fois �a passe, mais n'insiste pas : N'insiste pas, �a veut dire : n'en rajoute pas, et vous sentez l� que ce " N'insiste pas ", c'est la racine m�me de cette dimension qui saisit le sujet qui est celle de l'angoisse du ridicule. Regardez autour de vous, �coutez, observez vous-m�me : g�n�ralement l"angoisse du ridicule, l'angoisse du para�tre con, de para�tre idiot, voir de para�tre laid, c'est pas autre chose que l'ob�issance finalement � cette id�e : n'insiste pas, �crase, tu serais ridicule. Et effectivement le sujet, � ce moment-l�, se d�dit et quand il se d�dit de cette fa�on-l�, quand il se r�tracte, il est dans la position de culpabilit� la plus intense et il a raison de l'�tre parce que c'est �a la culpabilit� : c'est de c�der sur la responsabilit�, c'est-�-dire sur la responsabilit� � r�pondre.

     (p6->) Autre point, si vous voulez : � la censure qui a laiss� passer un mot, mais qui ne veut pas qu'un deuxi�me mot soit dit, c'est-�-dire qui ne veut pas qui ne veut pas que ce premier dit soit soutenu par un deuxi�me dit, dans le fond c'est tout ce que l'enseignement du r�ve nous apprend... regardez par exemple cet exemple qui a �t� comment� par LACAN dans les " Formations de l'Inconscient ", ce r�ve que vous connaissez, je pense : une analysante r�ve su mot " canal ", je reprends pas le r�ve en d�tail, mais la signification, � l'issue de l'interpr�tation du r�ve, r�v�le que le mot " canal ", elle veut dire l� � FREUD : " Vos th�ories me font bidonner, c'est pas s�rieux. " La censure laisse passer le mot " canal " Ce qu'elle ne laisse pas passer, c'est que le sujet disant " canal " reconna�t que s'il soutenait ce mot-l�, c'est-�-dire que s'il voyait s'o� il parlait, �a le mettrait en position de dire � FREUD : " Vos th�ories me font marrer, ne sont pas s�rieuses "  Et �ventuellement on peut penser que si elle avait dit � FREUD dans le cadre de sa s�ance : " Vos th�ories, du sublime au ridicule, il n'y a qu'un pas ! ", si elle le lui avait dit, elle aurait fait l'�conomie de ce r�ve.

     Donc la censure, comme vous le voyez, ne voulant pas que le premier mot soit confirmé par un deuxi�me mot, ce � quoi le censure fait obstacle, c'est que le sujet trouve en lui le point d'au-del� d'o� il peut soutenir le premier dit qu'il a avanc�.
       Autre point d�cisif que je veux souligner avant d'aller plus loin, c'est que le sujet ayant dit un mot, il ne fait pas de doute qu'il est un sujet parlant. La censure va avoir un autre strat�gie : comme il ne fait pas de doute, il va prendre, je dirais, le biais de rendre le sujet douteux ; douteux, c'est-�-dire que le sujet est mis en position, s'il insistait, d'�tre confront�, je dirais, � un autre qui est en position de le soup�onner. Quelle est la diff�rence entre, si vous voulez, un sujet " soup�onn� " ou un sujet " suppos� ", eh bien, je dirais qu'un sujet suppos�, je dirais qu'un sujet suppos�, c'est un sujet qui est �ventuellement suppos� pouvoir vous surprendre ; un sujet soup�onn�, � l'encontre, c'est un sujet dont fondamentalement rien ne saurait surprendre venant de lui, puisqu'il y a, par rapport au sujet soup�onn�, une pr�vention, une pr�somption plus exactement, une pr�somption et que rien   de lui ne saurait surprendre : quoi qu'il dise, �a sera int�gr� quelque part et �a n'aura rien de surprenant.

         Si vous voulez, vous voyez par l� que nous sommes tr�s proches, ce censeur, il est tr�s proche du " non-dupe " dont nous a parl� LACAN en son temps, il en est tr�s proche parce que  il est dans la position : tu ne m'auras pas, on ne (p7->) me la fait pas,  quoi que tu disais, je sais o� situer ce que tu as � dire et dans cette position de m�fiance, de soup�on, je t'ai �  l'�il, je ne serai pas surpris. Vous allez le voir, je d�bouche l� sur un point tout � fait fondamentale, c'est qu'une fonction tout � fait d�cisive de la censure - c'est un point qui, � mon  avis, n'a pas assez �t� retenu - est pr�cis�ment de consid�rer ce pr�venu qu'est le sujet pour elle, de pr�venir toute surprise possible venant de lui et en particulier - �a c'est textuellement dans FREUD - FREUD dit qu'une des fonctions de la censure est de d�pouiller de son intensit� ce qu'il appelle le signifiant de haute valeur psychique et ce signifiant de haute valeur psychique autour duquel je vais centrer ce travail, c'est - je vous le signale en passant- le signifiant qui est la cause du r�ve, c'est le signifiant que le sujet a rencontr� dans la journ�e et auquel ayant �t� confront� il est rest� coi, bouche b�e, sans r�pondant et avec l'esprit d'escalier qui caract�rise ce sujet qui n'a pas pu r�pondre, il lui faut le temps d'incubation de la journ�e et il n'arrive � r�pondre que dans la nuit avec l'aide d'un r�ve � ce signifiant qui l'a, pour l'instant, je dirais, inter loqu� avant de voir de plus pr�s de quoi il retourne. Le probl�me de la censure, c'est que sa fonction c'est surtout de pr�venir le sujet contre le fait qu'il puisse acc�der � cet �tat de fading, de sid�ration par ce signifiant de haute valeur psychique qui est donc d�pouill� de son efficace.

     Encore un mot de ce censeur, vous pouvez imaginer, ou ce " non-dupe ", c'est dans la mesure o� le fait de ne pas pouvoir �tre surpris n�cessite chez lui le d�veloppement - je crois qu'on peut le dire- d'une intelligence importante puisqu'il aura r�ponse � tout, rien ne saurait le surprendre.

     Maintenant je vais me permettre de continuer cet apologue que FREUD avait commenc�  et de faire un peu de fiction. On en est l� ([../../images/26-TT/08051979/L080511.jpg II]) : n'insiste pas. Effectivement le sujet s'est d�sist�, il n'a pas insist� sous l'effet de ce que je viens d'essayer de dire. Maintenant, si vous voulez, rien ne nous emp�che de l'imaginer, quelles sont les conditions qui permettraient au premier mot dit par le sujet, c'est-�-dire  " A bas, le ministre ! ", quelles seraient les conditions qui feraient que cet " A bas, le ministre ! " revienne, c'est-�-dire soit repris. Alors l� on pourrait, mais je passe un peu, mais on pourrait en d�taillant les choses montrer par quel processus le sujet acc�derait au savoir ou � la tromperie qui est celle du censeur, mais disons pour l'instant, si vous voulez retenons cette id�e, c'est qu'a un moment donn�, apr�s un temps, disons, d'effacement du sujet, de silence, se reproduit un deuxi�me mot par lequel le sujet reprend sa r�volte, c'est-�-dire " A bas, le ministre ! ", mais, vous voyez, ce deuxi�me mot ne s'�crit pas sur le graphe de la m�me fa�on, c'est-�-dire (p8->) au m�me lieu c'est-�-dire que �a peut �tre le m�me mot, il n'est pas le m�me parce qu'il est situ� topologiquement tout � fait diff�remment. Alors quel est l'impact de ce deuxi�me mot,  de cette reprise disons de la r�volte, quel est son impact, qu'est-ce qui se passe quand il se situe � cet �tage sup�rieur du graphe, c'est-�-dire quand il reprend le fait qu'il se soit d�dit et il ne se d�dit pas dans un premier temps. C'est l'amorce de la pers�v�ration.    ([../../images/26-TT/08051979/L080511.jpg Sch�ma III])

     Si vous voulez, je dirais qu'il y a deux �l�ments qui concourent � la production de ce deuxi�me mot, je dirais d'abord : il y a l'insistance de r�p�tition, c'est-�-dire de la production de cet au-del� d'o� le sujet peut r�pondre de son premier dit, et puis il y a ensuite  le fait que cette relation d'ordre imaginaire avec le censeur qui prend comme point d'appui le haine la haine du pers�cuteur et qui repr�sente un point d'appui pour le sujet, si vous voulez, dans cette relation sp�culaire de " Tu ne m'auras pas, tu ne feras pas taire, c'est moi qui aurait le dernier mot ", il y a cette dimension dans cette reprise �galement. Maintenant une fois que le mot a �t� dit, il se passe quelque chose de tout � fait important qui est la chose suivante : une fois que le mot une deuxi�me fois a �t� dit : 

    " A bas, le ministre ! ", ce qui se passe c'est que le censeur qui disait : " Tu ne diras pas deux fois ", le censeur est en position j'allais dire d'�tre censur�, mais en tout cas le censeur, on passe outre, c'est-�-dire que le censeur devant cette position, sa vocation de censeur, sa fonction n'a plus lieu d'�tre et je crois qu'on peut avancer l� que le censeur est objectivement sid�r�. Que le censeur soit objectivement sid�r�, si vous voulez, se traduit par le fait que le sujet est alors d�shabit� par la censure qui le d�shabite litt�ralement et ce vide qui se fait en lui du fait de cette censure qui le d�shabite, c'est le sujet qui en re�oit le contre-coup qui est, lui, d'�tre sid�r�.
    Prenons un exemple, si vous voulez, un exemple tout b�te, par exemple dans les �tapes de la R�volution Fran�aise, quand apr�s les les premi�res �meutes, un matin le peuple de Paris avait appris que son seizi�me censeur s'�tait enfui � Varennes, avait abdiqu�, �tait sid�r�, MICHELET raconte dans les M�moires que pendant quelques heures dans la matin�e, le peuple de Paris �tait litt�ralement comme sid�r�, c'est-�-dire sans voix du fait que brusquement la consistance de l'autre qui �tait  l� pour soutenir une relation pers�cutive, de censeur disparaissant, le sujet du coup c'est lui qui en recevait le contre-coup et le contre-coup que j'appelle celui de la sid�ration. Je m'expliquerai apr�s sur ce mot d'avantage.
    Ce qui va se produire, c'est que dans le vide qui se produit du fait de la sid�ration de la censure, dans ce vide-l�, � ce moment-l�, dans ce vide va laisser le champ au surgissement effectivement de quelque chose de nouveau et de radicalement surprenant et �tonnant qui est, comme je vous l'ai �crit sur le graphe (p 9->) ([../../images/26-TT/08051979/L080512.jpg Sch�ma IV]) le voix que Lacan dit quelque part mugissante du " Che vuoi ? ", c'est-�-dire que la censure est sid�r�e. Le contre-coup de cette sid�ration fait que ce que j'appelle, dans la fa�on dont je pr�sente les choses ce matin, le troisi�me Surmoi va se faire entendre, c'est-�-dire que dans ce vide constitu�, � ce moment-l�, le sujet entend ce " Che vuoi ? " et ce qui appara�t de tout � fait nouveau, c'est que ce " Che vuoi ? " n'a plus la consistance d'un censeur pers�cutif, ce " Che vuoi ? " n'est pas quelqu'un qui r�pond, qui donne des r�ponses comme un censeur puisque la r�ponse �nigmatique, radicalement �nigmatique et �tonnante - mais quand je dis �tonnante, c'est au sens fort, il faut entendre le mot tonnerre - c'est que ce " Che vuoi ? ", il donne une r�ponse qui est une question : " Che vuoi ? ".

     Alors vous voyez que le surgissement de ce " Che vuoi ? " dont l'origine est le signifiant de l'Autre, qui est en rapport avec le signifiant du Nom du P�re - mais j'essayerai peut-�tre de mieux le soutenir tout � l'heure - dont je dirais qu'� ce moment-l� tout se passait comme si le signifiant du Nom du P�re chutait dans le R�el, qu'il avait cet effet... il fonctionne � ce moment-l�, ce " Che vuoi ? " , comme ce signifiant de haute intensit� psychique que FREUD met � la racine de la cause du r�ve et ce " Che vuoi ? ", il met � ce moment-l� le sujet en position de soutenir son d�sir avec d'autres coordonn�es que ce par lesquelles il le soutenait quand par exemple il avait repris sa r�volte ici ([../../images/26-TT/08051979/L080511.jpg III]), mais avec comme point d'appui un pers�cuteur qui, s'il �tait inconscient, �tait quand m�me articul� � la structure du Moi, parce que la censure et le Moi travaillent en collaboration.

     Donc ce qu'on peut dire, ce que je dirais, si vous voulez, du surgissement du " Che vuoi ? ", ce que je dirais, si vous voulez, du surgissement du " Che vuoi ? ", c'est que la question qui est renvoy�e au sujet, c'est : " Bon, je prends acte du fait que tu as insist� et maintenant qu'est-ce que tu vas faire.  C'est-�-dire est-ce que cette insistance, tu vas pouvoir la soutenir  par un troisi�me mot, est-ce qu'un troisi�me mot va te permettre de trouver les coordonn�es d'articuler un troisi�me mot, un troisi�me signifiant qui va faire que cette insistance ([../../images/26-TT/08051979/L080512.jpg Sch�ma IV]), tu vas la transmuter en pers�v�rance ? " Pers�v�rance, entendez l� le " perseverare diabolicum " que FREUD avait rep�r� dans la compulsion de r�p�tition qu'il avait alors qualifi�e de d�moniaque. Vous voyez que tout � l'oppos� du censeur qui, lui, serait en position de dire : " Pour une fois je passe :  errare humanum est ", l'erreur n'est pas grave , un mot ; l� o� �a devient grave, c'est si l'insistance se transforme en pers�v�rance.

     Quelques mots maintenant, si vous voulez, sur l'effet de ce signifiant sid�rant qu'est le " Che vuoi ? ". Il est rep�rable, ce signifiant sid�rant, dans de nombreux �crits de FREUD : Il est rep�rable dans la Traumdeutung, mais sans que FREUD ait fait un lien entre ses diff�rentes manifestations. Dans la Traumdeutung (p10->)  donc, il le situe apr�s le r�ve en particulier de " la monographie botanique ", il le situe comme ce signifiant de haute intensit� psychique cause du r�ve. Il est situ� �galement d�s le début dans le premier chapitre  de la " Psychopathologie de la vie quotidienne ", le premier exemple, l'exemple de Signorelli qui est fond� sur le refoulement du signifiant  " Herr " (seigneur), ce signifiant " Herr ", on peut dire incarne en tant que signifiant su p�re mort, incarne cette question du " Che vuoi ? " que FREUD dans cet exemple -tous les mots- s'emploie � ne pas entendre, mais parce que FREUD est FREUD il se trouve que �a ne tombe pas aux oubliettes et qu'il va aller le rep�cher et le retrouver et l'articuler en son nom propre � la fin et il en fait un �crit. C'est rep�rable �galement, ce signifiant sid�rant, dans les mots d'esprit quand FREUD rep�re  que la dialectique par laquelle l'�clat de rire survient, il la d�crit apr�s une dialectique qu'il appelle " sid�ration et lumi�re " ; dans un premier temps, l'auditeur re�oit le mot et avant d'�clater de rire, avant que la m�taphore accomplisse son oeuvre, il y a un temps de sid�ration o� le sujet est en suspens. Le terme de FREUD pour qualifier ce signifiant sid�rant  qui -je ne dis pas que ce mot " sid�rant " est la meilleur traduction, c'est la traduction qui est propos�e par Marie BONAPARTE et NATHAN dans les  Mots d'esprit, c'est la traduction du terme " Verbl�ffung " ; voici ce que le dictionnaire, le catalogue des mots que donne le dictionnaire sur " Verbl�ffung " : foudroy�, �tonn�, sid�r�, interloqu�, atterr�, stup�fi�, abasourdi ; enfin, vous voyez, par cette constellation de signifiants, il y a la notion d'une position subjective par laquelle le sujet serait frapp� d'imb�cillit� ou il resterait sans mot. Et vous voyez que trois directions finalement s'imposent de ce cernage par ce signifiant. Je dirais qu'une premi�re direction d�signe la nature de ce qui se manifeste au " parl'�tre " qui est le surgissement d'une manifestation inattendue du R�el : par le sid�ral, par le tonnerre, par la foudre, le sujet se trouve �tonn�, foudroy�, sid�r�.

Deuxi�me direction qui regroupe des signifiants �voquant la r�ponse du sujet � cette manifestation du R�el par laquelle le sujet consiste � choir du lieu symbolique dans lequel il se soutenait �quivoquement entre deux signifiants, � choir de fa�on univoque comme cette loque qu'est l'objet a dans le r�el et ces signifiants nous disent qu'alors le sujet tombe des nues interloqu�, comme une loque.  O� tombe-t-il effectivement ? Il tombe l� o� on tombe : par terre, il est atterr�.

Et la troisi�me direction qui s'impose de ce cernage, c'est de rep�rer le moment d'immobilit�, d'imb�cillit� stupide � laquelle est r�duit le sujet une fois fix� � terre, puisque, si vous voulez, l� ce sont les termes de stupeur, stupidit�, stup�fi� qui en ancien fran�ais veut dire paralys�, qui qualifient cette impossibilit� de d�placement par laquelle le corps, pas plus que la parole, ne (p11->)peuvent �tre dite de ce que le sujet reste interdit. 

Bon. Vous voyez donc qu'apr�s ce " Che vuoi ? " redoutable, il se trouve que le sujet peut abdiquer. Il a encore le temps, c'est le cas de FREUD quand le " Herr " terrifiant surgit dans un premier temps ; et puis il se trouve pouvoir insister et prolonger son insistance et le d�fi du " Che vuoi ? ", il ne lui reste qu'une voix, il l'articule et il l'articule ici (IV). C'est, vous voyez, j'ai marqu�, � ce moment-l� le sujet pour la troisi�me fois dit : " A bas le ministre ! " . Cette troisi�me fois, c'est toujours le m�me mot, mais j'esp�re vous faire sentir que m�me si c'est le m�me mot, c'est pas du tout le m�me mot, c'est-�-dire qu'il est situ� dans de tout autres coordonn�es que celles qui lui ont fait dire " A bas, le ministre ! " n�1, " A bas, le ministre ! n� 2. Dans celui-ci qui intervient... il y a cette inversion du " Che vuoi ? " dont la formule est : " Que veux-tu ? ", cette inversion qui part d'ici au niveau de la Demande o� le sujet est en position de se demander :  " Je me demande ce que tu veux et " joignant, arrivant jusqu'au fantasme, " ce qu'est je " . Vous voyez qu'au niveau du fantasme il y a deux fl�ches divergentes et que le franchissement est possible avec la production de ce troisi�me mot �crit par LACAN S (A ) et que la production de ce signifiant, troisi�me mot, a ceci de tout � fait �nigmatique, je dirais que c'est le mot le plus risqu� qui soit parce que c'est un mot qui engage � quelque chose de radicalement �nigmatique  puisqu'il engage le sujet � ne plus se d�sister sur son insistance, mais � ne plus se d�sister sur une promesse quant � son d�sir, une promesse qui a ceci d'�nigmatique, c'est qu'elle n'est pas un serment qui a un contenu explicite, elle est promesse d'il ne sait quoi, mais simplement de soutenir ce d�sir sans savoir m�me ce qu'il est.

Vous voyez qu'on arrive donc au terme de ces sch�mas � l'id�e que trois temps int�rieurs doivent �tre franchis pour que le sujet articule le mot qui dans l'existence engage son �tre. Peut-�tre sommairement on peut voir une m�taphore de ce chiffre 3 dans le fait qu'une repr�sentation spontan�ment au th��tre, par exemple, s'annonce par " toc-toc-toc ",  les trois coups, par le fait aussi que sans m�me que vous comptiez sur vos doigts, si vous vous annoncez � la porte de quelqu'un, vous ferez " toc-toc-toc " sans compter �a se fait tout seul.

Maintenant... vous voyez je me suis permis de qualifier le deuxi�me Surmoi de fascinant, le Surmoi "Che vuoi ? " de sid�rant parce qu'il me para�t qu'il y a un certain nombre de raisons, je ne vais peut-�tre pas avoir le temps de les d�velopper l� vraiment, mais il y a un certain nombre de raisons qui nous autorisent � rep�rer que le Surmoi proc�de de la structure d'un regard. Par regard, il ne faut pas entendre quelque chose qui a un rapport quelconque avec l'or-(p12->)gane de la vue. Par regard, j'entends quelque chose tel que LACAN l'articule dans le S�minaire XI o� il montre qu'un sujet peut �tre brusquement sous le regard de l'Autre alors que surpris dans la for�t ou � l'aff�t, c'est un bruit o� un craquement qui s'imposent � lui comme la dimension d'une pr�sence regardante qui n'a rien � voir avec le probl�me de la vue. Rien n'illustre d'ailleurs mieux cette incarnation du regard que par exemple les films de Fritz Lang o� il met si souvent en sc�ne des aveugles, des aveugles qui pr�cis�ment incarnent on ne peut mieux cette pr�sence surmo�que du regard.

Alors je reviens puisque j'ai dit au d�but que je pensais qu'on pouvait isoler trois Surmois. Le premier Surmoi qui me para�t isolable, je l'ai appel� Surmoi m�dusant ; Surmoi fascinant; Surmoi sid�rant. Surmoi m�dusant, vous voyez l� je l'ai illustr� du fait, ce Surmoi m�dusant, il dirait : 
" Pas un mot " (I) et si vous voulez, je pense qu'on peut l'incarner de la fa�on la plus �l�mentaire du graphe de LACAN, c'est-�-dire que les lignes D et SS' ne crochent pas. Ce surmoi m�dusant, il me semble qu'on pourrait le rep�rer comme �tant ce qui est � l'�uvre dans l'univers de certains psychotiques, c'est-�-dire un univers dans lequel  le sujet est litt�ralement m�dus�, c'est-�-dire � dire sous le regard de cette M�duse qu'est son Autre - je vous rappelle que sous le regard de la M�duse un sujet est p�trifi� ; c'est-�-dire que pour l'�ternit�, il n'y a plus de temps, il n'y a plus de diachronie, pour l'�ternit�, il est fig�, il perd la disposition du mouvement langagier ou du mouvement corporel ; on peut ajouter � ceci que le psychotique, pensez au petit Dick dans le S�minaire II, est un �tre on pourrait dire invisible, le petit Dick on peut dire qu'il est litt�ralement invisible, il se consid�re comme invisible en tant qu'il serait regard� de partout. Vous entendez effectivement certains schizophr�nes qui qualifient ce regard qui vient de partout, ils sont regard�s par les animaux, par tout les gens qu'ils croisent dans le m�tro, par le soleil, par les �toiles. Le probl�me, c'est qu ce regard m�dusant, ce regard qui serait le Surmoi le plus f�roce, le plus archa�que qui soit, qui ne donne pas la possibilit� d'un mot, parce que sous le regard l'Autre dit : 
" Je sais tout de toi, tu n'as rien � dire, puisque mon regard fonctionne comme ce savoir absolu ", le sujet n'est plus dans la dimension d'une supposition quelconque dans son rapport � l'Autre. Je vous ferai remarquer, �a m�rite tout de m�me la peine d'�tre marqu�, c'est que le regard chez le psychotique, par opposition au Surmoi chez le n�vros�, participe, en tout cas dans la Traumdeutung, participe de l'Inconscient, la censure est inconsciente en partie et c'est pour cela que FREUD l'a isol� tr�s tardivement. Je vous ferai remarquer que FREUD a d'abord isol� le Surmoi comme tel chez le psychotique dans " L'introduction au narcissisme " et si vous lisez ce texte, vous verrez que cette pr�sence (p13->) surmo�que qu'il isole chez le psychotique est une pr�sence regardante. C'est extr�mement net chez FREUD, il d�crit dans le d�lire l'influence ou dans cette instance qui est une instance qui surveille, qui ne cesse d'observer, qui a sans cesse � l'�il, c'est une dimension q'une pr�sence qui n'attend pas une parole de l'Autre, puisqu'elle met l'Autre, le psychotique, en position, non pas de parler, mais de se montrer, et c'est �a la dimension monstrueuse de la monstration.

Surmoi fascinant, quelle est la diff�rence entre le surmoi fascinant et le Surmoi m�dusant ? Je dirais que le Surmoi fascinant, il est limit� dans l'espace et dans le temps, c'est-�-dire que le sujet peut se d�prendre du regard fascinant, le sujet il n'est pas impossible qu'il la rompe dans la temporalit�. Ceci dit dit, dans le cadre spatial, dans l'espace, dans le regard fascinant, le sujet est regard� d'un lieu qu'il voit, qui est localisable. Prenez l'exemple du r�ve d'Irma qui est comment� dans le S�minaire II, eh bien, on peut dire que FREUD, c'est ce regard fascinant sous lequel il se d�compose quand Irma bouche b�e lui offre sa gorge ouverte et on peut dire que cette bouche b�e lui dit : " Regarde, je te regarde " et sous ce regard qui sort de cette bouche b�e, Freud pendant tout un temps est l'objet d'une fascination dont il se d�prendra - j'y reviendrai tout � l'heure, je signale juste �a - par le fait que ce surmoi fascinant, il va pouvoir �tre castr� par un certain processus, c'est-�-dire il va pouvoir �tre interrompu et FREUD va pouvoir passer � autre chose.

Maintenant ce que je me suis permis d'appeler regard sid�rant, c'est parce que le " Che vuoi ? " me para�t incarner encore une fois cette dimension d'une pr�sence regardante, � la diff�rence pr�s qu'il ne s'agit pas d'un regard qui serait visible pour le sujet, mais � ce moment-l� le sujet serait regard� d'un lieu qu'il ne conna�t pas, il ne sait pas d'o� il est regard�, c'est un regard qui introduit l'Autre comme radicalement invisible et c'est en ceci que si dans la fascination, point important, je dirais que FREUD en aucun cas n'est surpris, il est fascin�, mais il n'est pas surpris parce que ce qu'il voit  est quelque chose de l'ordre de la  contigu�t�, est quelque chose de l'ordre de l'�trange non inqui�tant, de trop familier pour qu'il soit surpris. Dans le signifiant sid�rant, ce qui sid�re, c'est que l� effectivement le sujet est radicalement surpris et que cette surprise passe par le fait que la sp�cularit�, l'imaginaire �clate.

Maintenant je voudrais essayer de prolonger cette dialectique diachronique par laquelle on peut passer ainsi d'un Surmoi � un autre avec une certaine dialectique du sujet et essayer de rendre compte d'une dialectique topologique.
Si ces diff�rences pour moi sont effectivement isolables, comment rendre compte, dans la mesure o� l'identification dite primordiale d'incorporation est � la racine du Surmoi, comment rendre compte de la dialectique entre incorporation du (p14->) signifiant su Nom du P�re et m�taphore paternelle, m�taphore du signifiant du Nom du P�re. Effectivement nous sommes fond�s � reconna�tre l'incorporation comme pr�sidant � l'origine du Surmoi pr�coce. Ceci, c'est quelque chose que LACAN nous a habitu�s � comprendre, c'est-�-dire on peut consid�rer que l'enfant par exemple dans sa forme la plus pr�coce, alors qu'il adresse � l'Autre cette demande, la demande d'une pr�sence autre symbolique d'�tre reconnu, enfin d'une reconnaissance d'une pr�sence, quand l'Autre � ce niveau-l� est d�faillant, au niveau de la reconnaissance symbolique, on peut dire que l'enfant suppl�e � ce d�faut de satisfaction symbolique, � cette Versagung, qu'il suppl�e � cette d�ficience du don par l'incorporation de l'objet, c'est-�-dire qu'il substitue � la satisfaction symbolique une satisfaction de l'ordre du besoin, de la tendance. Voyez une autre m�taphore incarnant le Surmoi ainsi dans le fait que ... c'est rep�r� par Spitz dans le jeu o� l'enfant rit dans l'�change avec l'adulte qui se masque et se d�masque. L'adulte se d�masque, l'enfant effectivement se trouve �clater de rire, il jubile et cette joie, nous pouvons la comprendre comme la d�couverte pour l'enfant qu'il y a un au-del� du regard qu'incarne le masque , parce que la fonction du masque, c'est d'incarner la pr�sence du regard, mais si sous ce masque, quand l'adulte se d�masque, il se trouve qu'il y a un deuxi�me masque, alors l� ce qui appara�t chez l'enfant c'est quelque chose de l'ordre de l'angoisse et cette angoisse pourquoi ? C'est qu'� lui brusquement est r�v�l� qu'au-del� du masque en fait il d�bouche sur le fait qu'il n'y a pas d'au-del� et il est alors en pr�sence effectivement d'un regard irr�ductible face auquel il ne peut r�pondre que par ce processus tout � fait �nigmatique de l'incorporation. Vous voyez qu'on peut rep�rer dans l'incorporation aussi bien l'incorporation de la parole, ce moignon de parole qui va �tre l'anc�tre du Surmoi pr�coce, que l'incorporation vraisemblablement du regard. Voyez encore une image de ce Surmoi regardant dans cette m�taphore qu'a soutenue LACAN de l'aveugle et du paralytique o� c'est effectivement l'aveugle le v�ritable ma�tre mo�que et surmo�que du paralytique. Enfin je n'insiste pas l� sur ce point.

Alors maintenant comment rendre compte de la dialectique entre incorporation et refoulement originaire. Tr�s bri�vement je pense qu'on est peut-�tre fond� � rep�rer au moins trois incorporations : une incorporation pr�oedipienne, celle que FREUD rep�re dans le couple BeJahung /Ausstossung, incorporation qui a �t� rep�r�e par M�lanie KLEIN d'ailleurs quand elle rep�re que l'enfant dans la m�re incorpore un signifiant du p�re, le signifiant phallique. Une incorporation oedipienne qui correspond � l'incorporation qui marquerait la r�solution du complexe d'Oedipe, post-oedipienne, si on peut dire, qui correspondrait � l'incorporation (p15->) de ce p�re qui est l'auteur de l'avoir si mal foutu. Ces incorporations ont des destins diff�rents et en tout cas leurs destins que j'essaierai de montrer, si j'ai le temps, c'est d'�tre ponctu� chacun par un certain refoulement originaire. Maintenant pour rendre compte d'une fa�on fond�e d'une telle incorporation, je crois qu'il faut prendre des sources que nous avons, les sources premi�res que nous avons sur l'incorporation qui sont dans " Totem et tabou " et voici un point que je voudrais faire saillir � propos de " Totem et tabou ", c'est le point suivant : ce livre, ce qui est frappant, c'est qu'il ait �t�  l'objet d'une ex�cration g�n�rale, bien qu'il ait �t� au dire de FREUD son livre pr�f�r�. Et quelque chose m'a retenu, c'est : qu'est-ce qui fait que des gens, si vous voulez au moins comme LEVI-STRAUSS, soient tellement pass�s � c�t� de la lecture d'un livre comme " Totem et tabou ",  c'est-�-dire qu'est ce qui fait que quelqu'un comme LEVI-STRAUSS ait �t� amen� � faire � FREUD la critique qu'il a faite � MALINOWSKI, c'est-�-dire qu'il a fait cette lecture de " Totem et tabou " consistant � rep�rer que FREUD ne ferait qu'une th�orie affective du sacr�, c'est-�-dire qu'il n'y aurait pas d'apr�s LEVI-STRAUSS de promotion du signifiant dans " Totem et tabou ". Et alors si nous nous demandons ce qui fait que le signifiant est effectivement assez....il semble comme �a pas �videmment rep�rable, on peut remarquer que la notion d'ambivalence qui centre le travail de FREUD, eh bien, cette notion d'ambivalence effectivement pr�te � confusion parce que FREUD, dans l'ambivalence, il oppose en gros des couples affectifs, l'amour, la haine, l'horreur, l'int�r�t et dans ce couple affectif quelque chose pr�te � confusion parce qu'on peut dans une lecture superficielle avoir le sentiment qu'il promeut le domaine de l'affect. En v�rit� ce n'est pas le cas, mais si on veut serrer les choses de plus pr�s, il faudrait montrer que substituer � ce couple ambivalentiel que FREUD a rep�r�, je crois que nous aurions int�r�t � substituer deux couples ambivalentiels en tant qu'il y a deux s�ries de constellations signifiantes qu'il faut opposer, les associer et les dissocier. Alors quels sont ces couples ? Si vous voulez, je pense qu'en particulier dans le chapitre o� FREUD parle du p�re mort en tant que le p�re mort va donner, si on peut dire, l'anc�tre quand les rites sont convenablement rendus ou en tant que le p�re mort va donner naissance au revenant, au d�mon, au spectre. Entre l'anc�tre et le revenant, il y a effectivement une dialectique tr�s particuli�re o� j'essaierai de montrer tout � l'heure que la notion de r�versibilit� � laquelle nous avons �t� sensibilis�s  au S�minaire de l'an dernier peut nous aider peut-�tre � comprendre quelque chose. Dans le mythe en tout cas, dans la forme h�ro�que du mythe, quelque chose nous est rendu de cette dialectique, de ce va-et-vient tr�s particulier qu'il y a entre l'anc�tre et le spectre (p16->) qui est ceci - ce sont des choses qui sont rapport�es par DURKHEIM, par FRAZER, par les sources de FREUD, SPENCER et GILLEN -eh bien, le mouvement de va-et-vient qu'il y a entre le spectre et l'anc�tre se manifeste par exemple par le fait que : il y a le p�re mort, dans un premier temps l'�me va rester ici-bas, elle ne veut pas foutre le camp, elle reste l�, elle demeure l� et pourquoi, c'est la question que nous abordons? Pourquoi ? Il se trouve qu'elle est malfaisante et dangereuse. Ce spectre qui ne veut pas foutre le camp, qui reste l�, il y a toute une s�rie de rites qui le convient � rejoindre l'�le des Morts, l'au-del� et alors on nous raconte - par exemple chez DURKEIM- c'est assez joliment d�crit - qu'il y a des trajets incessants comme �a, c'est-�-dire que le spectre est l� pendant un certain temps, les rites sont rendus, il fout le camp dans l'�le des Morts, il y reste, il fait un deuxi�me retour, il revient parce qu'il ne se plait pas � l'�le des Morts, il revient de nouveau roder, de nouveau des rites sont faits, il repart une deuxi�me fois, il se trouve qu'il revient une deuxi�me fois et enfin, si les rites sont parfaitement ex�cut�s, il repart pour la troisi�me et derni�re fois  � l'�le des Morts d'o� il ne reviendra pas. Vous voyez qu'il y a une r�versibilit� entre cet anc�tre, ce signifiant du Nom du P�re en tant qu'assumant sa fonction symbolique et cette possibilit� de retour dans le R�el et sous une forme qui n'est plus celle d'un signifiant, mais d'un objet que nous pouvons qualifier de petit a . Alors pourquoi devons-nous dissocier deux couples ambivalentiels ? On a int�r�t parce que l'anc�tre et le spectre, autour de chacun d'entre eux, il y a deux mouvement ambivalentiels que chacun soutient et qui sont comparables, mais qui doivent �tre diff�renci�s. Chacun des deux, effectivement il y a une position ambivalente sur chacun des deux en tant que l'anc�tre soutient... chacun des deux, je dirais, � la fois incarne un int�r�t et un mouvement de r�pulsion. mais cet int�r�t et cette r�pulsion sont de structure tout � fait diff�rente � cause des diff�rence de topologie. L'anc�tre, je dirais, dans le mouvement d'int�r�t ou positif qu'il soutient, l'anc�tre - les mouvements positifs, ce sont les sentiments de l'ordre de la v�n�ration, du respect, voire de l'extase dans une certaine communion avec lui et les sentiments de r�pulsion sont de l'ordre de la terreur sacr�e, sont de l'ordre de l'effroi sacr�, sont de l'ordre de ce que j'ai qualifi� tout � l'heure de la sid�ration, de l'�tonnement le plus radical quand cet au-del� qui est �voqu� - dans la pri�re par exemple - s'il arrive que cet au-del� du Symbolique alors que la pri�re semble appeler cet au-del�, si jamais cet au-del� se manifeste dans le R�el - il faut songer � ce vers de PREVERT : " Notre P�re qui �tes aux Cieux, restez-y " - eh bien, c'est �a, parce que si jamais il vient dans le R�el, il vient chuter dans le R�el, c'est la catastrophe, enfin la catastrophe.... c'est (p17->) tout au moins, si vous voulez, cette sid�ration et ce mugissement du " Che vuoi ? ". Le probl�me, c'est que tout � l'inverse, le mouvement ambivalentiel du spectre m�rite d'�tre diff�renci� parce que l'int�r�t, lui, qu'il suscite, je dirais qu'il est de curiosit�, d'une attraction comme disent certains, une attraction malsaine, voyez la fr�quentation et les d�lices que certains semblent �prouver � voir les films d'horreur o� il s'agit ni plus ni moins tout � fait b�tement et d�bilement de mettre en sc�ne les revenants et les spectres, qu'est ce que le d�lice d'avoir des angoisses avec l'appr�hension de ce retour de cet objet ? Ce que je voudrais vous faire remarquer, c'est que l'�tonnement que suscite la rencontre du spectre justement n'est pas un �tonnement parce que c'est quelque chose que dans le fond  le sujet s'attend toujours � rencontrer, ce n'est pas un �tonnement, �a n'a rien � voir avec la Verbl�ffung, �a n'est pas sans rapport, mais �a n'est pas un �tonnement parce que c'est quelque chose de l'ordre de l'inqui�tante �tranget�, de cette familiarit� qui fait que je dirais que le sujet ne cesse de s'attendre � voir retourner dans le R�el cette pr�sence qu'il attend tout le temps � voir se manifester. Et peut-�tre ne faut-il pas voir dans autre chose que dans ce retour  que le sujet attend le fait que, si vous l'observez, quand vous �tes dans une salle, bien souvent vous ne pouvez pas vous emp�cher de vous retourner derri�re vous pour voir ce qui se passerait, comme s'il pouvait se passer ou passer quelque chose. Parce qu'effectivement on peut penser que cette pr�sence qui est dans le R�el ne vous oublie pas parce qu'elle est inoubliable, elle n'est pas de l'ordre de ce qui peut �tre refoul�. Alors vous voyez que la dimension du spectre, du fant�me est quelque chose qui soutient une ambivalence d'un autre ordre que terreur sacr�e et sid�ration, mais qui soutien quelque chose de l'ordre de l'angoisse et l'autre p�le �tant l'int�r�t est quelque chose qui est proche de la tentation. FREUD dit d'ailleurs du " mana " dans " Totem et tabou " qu'il a comme pouvoir de rappeler au sujet des d�sirs refoul�s et, les lui rappelant, de ressusciter ces d�sirs  oubli�s, c'est-�-dire que la notion de tentation est l� pr�sente. A partir de l�, nous allons voir que nous pouvons faire deux lectures du " Che vuoi ? " . Ces deux lectures du " Che vuoi ? ", je dirais qu'on peut les faire selon la fa�on  dont dans le graphe le poin�on qui s�pare le sujet du petit a , selon que dans le graphe, c'est l'Autre qui est en position de a - �a, c'est la cas du spectre - ou que c'est le sujet qui se trouve choir en position de a du fait de la sid�ration par le signifiant Verbl�ffung. En ceci on pourrait dire que le " Che vuoi ? " incarne cette ambivalence qui n'est pas explicit�e dans FREUD, mais l'�crit du fait du poin�on, du fait que le petit a , on peut le faire jouer. Il peut ou bien incarner l'angoisse (p18->) par l'apparition - et remarquez que la premi�re fois dont LACAN introduit le " Che vuoi ? ", c'est en se r�f�rant au " Diable amoureux " de CAZOTTE  o� il appara�t comme une apparition, comme ce chameau mugissant et qui va fonctionner comme tentateur, l'autre fonction du " Che vuoi ? ", c'est celle effectivement par laquelle �a serait, non pas l'angoisse qui pr�vaudrait, mais cette sid�ration par le signifiant que FREUD qualifie de signifiant de " haute valeur psychique ", le signifiant de la Verbl�ffung. Maintenant FREUD, si vous voulez,  ce qui est tr�s int�ressant si on lit ligne � ligne - je me permets de le faire pendant cinq minutes - FREUD, du fait qu'il n'a pas distingu� tr�s nettement ces deux cat�gories, qu'il n'a pas � sa disposition l'objet  petit a  peut-�tre, ni celle du R�el, FREUD est tr�s flottant dans l'interpr�tation qu'il donne de la crainte, de la crainte de l'anc�tre o� de la crainte du fant�me et il interpr�te la crainte du mort comme une agressivit� refoul�e qui serait projet�e. Ce qu'on peut voir cependant, c'est qu'il n'est pas satisfait du terme de projection qu'il emploie  et ce qui ne le satisfait pas dans le terme de projection qu'il emploie est tout � fait perceptible. Si vous voulez, voil� ce qu'il �crit : cette projection �nigmatique, cette projection au dehors d'une perception int�rieure, dit-il, il en dit ceci : dans des conditions encore insuffisamment �lucid�es, nos perceptions internes de nos processus intellectuels et affectifs - c'est tout � fait �nigmatique chez FREUD cette notion de perception interne de processus intellectuels et affectifs - sont comme des perceptions sensorielles projet�es au dehors. Perceptions sensorielles, vous voyez par l� que la dimension du R�el lacanien est promue par FREUD par la dimension d'un retour sensoriel par le R�el. A propos de cette perception interne de ce qui serait sensoriel, rappelons ce que FREUD �crit quatre pages plus loin, c'est dans la page o� il pose que c'est sur le terrain de l'ambivalence affective que la conscience morale s'inscrit, voil� ce qu'il �crit : " la conscience morale est la perception interne de la forclusion de certains d�sirs que nous �prouvons " Il dit bien " forclusion ", c'est-�-dire Verwerfung. Alors l�, je crois qu'on peut cr�diter FREUD quand il emploie le terme de Verwerfung et pas de Verdrangung qu'il sait ce qu'il fait, m�me s'il est un peu flottant dans ce petit bouquin, et qu'il faut prendre au pied de la lettre le fait qu'il utilise le terme l� de Verwerfung. On peut cependant, rien ne nous emp�che de le faire, c'est de voir dans l'�volution de la pens�e de FREUD, c'est de voir, sept ans plus tard, dans " La d�n�gation ", comment il reprend le terme de Verwerfung; dans " La d�n�gation " o� il traite �galement de l'incorporation du destin du p�re, il a pour qualifier la pr�sence  de ce qui n'a pas pu �choir � l'incorporation positive, � la Bejahung, il a pour qualifier le destin de ce qui n'a pas �t� Bejahung, de ce qui n'a pas �chu � la symbolisa-(p19->)tion, il a diff�rents termes : le terme qui �t� retenu par Lacan est celui d'Ausstossung qui a �t� traduit par expulsion, rejet, et il a un autre terme qui me para�t tout � fait retenable et int�ressant qui est le terme de Werfen, c'est-�-dire qu'il n'emploie plus le terme de Verwerfung, il  emploie Verfen, c'est-�-dire que ce qui me para�t important, c'est que supprimant le pr�fixe " ver " qui dans Verwerfung qualifie un rejet avec cette connotation d'impossibilit� de retour, c'est-�-dire quelque chose de l'ordre de l'irr�m�diable, avec la notion de ce qui est Werfen, il y a effectivement une notion d'exclusion radicale, mais l'impossibilit� de retour n'est pas exclue radicalement, c'est-�-dire qu'une r�versibilit� de retour n'est pas exclue radicalement, c'est-�-dire qu'une r�versibilit� n'est pas impossible, �a ne veut pas dire qu'elle va se faire comme �a, mais elle n'est pas impossible.

Alors vous voyez que j'en arrive � la pens�e qu'on peut dire que ce qui était de l'ordre de cette perception interne, dont parle FREUD, des d�sirs qui ont �t� Werfen, eh bien, nous pouvons l� rep�rer la notion de ce qui du p�re incorpor� n'a pas pu �tre enti�rement incorporable et la notion de ce d�chet, de ce reste : parce que tout du p�re n'est pas incorporable, il y a un d�chet. Il faut sans doute corriger le texte de " La Verneinung " o� FREUD semble, pour qualifier � la fois ce qui est introject� et ce qui est expuls�, FREUD prend le parti de dire, comme s'il y avait une position ant�c�dente du sujet : ceci, je le mets dans le bon dedans et ceci, je le mets dans le bon dehors, comme si pr�existait un choix. Il semble que nous sommes plut�t autoris�s � penser qu'il n'y a pas deux " ceci ", mais qu'il n'y en a qu'un seul et que le sujet incorpore et qu'il se trouve que quelque chose d�choit de cette incorporation.

Maintenant avant d'essayer de parler de... de passer � autre chose, pour fixer les id�es, si vous voulez, je voudrais rappeler que le r�ve d'Irma et le commentaire qu'en donne Jacques LACAN donne la possibilit� de situer ces deux r�els que j'essaie de situer, c'est-�-dire ce r�el qu'incarnerait l'anc�tre comme �tant ce qui est au-del� et qui ne se manifeste pas au sujet et ce r�el qui est de l'ordre de celui qui se manifeste par le biais du revenant.

X dans la salle : (Inaudible)

Alain DIDIER-WEIL :

Oui, on pourrait s�rement montrer par rapport � ce que vous dites, peut-�tre que le drame en particulier du psychotique, c'est celui de ne pas acc�der dans le fond � l'inconscient, c'est-�-dire d'�tre fondamentalement celui qui serait conscient du fait de ne pas �tre arriv� � refouler et de ce que son univers serait peupl� uniquement effectivement de quelque chose de l'ordre du Verwerfung. On peut penser que  la conscience du n�vros�, qui n'est pas une conscience, mais une mauvaise conscience, est une mauvaise conscience en ceci qu'elle est le produit (p20->) d'un mauvais inconscient qui n'arrive pas tout � symboliser et que c'est ce reste dans le fond qui �veille, qui nous emp�che ou qui nous donne des insomnies, ou qui nous emp�che de refouler plus avant.

Pour reprendre et concr�tiser un peu ce que je disais, on peut voir sur le r�ve d'Irma, rep�rer les  diff�rents temps qui ont �t� dit l�. Premier temps dans le r�ve d'Irma, on peut dire que FREUD est fascin�, angoiss� par le regard qui se pose sur lui. Le propre de FREUD, sans doute parce que c'est lui, c'est qu'il ne r�pond pas � ce r�el, mais �a a �t� d�j� remarqu�, en se r�veillant ni en faisant un r�ve de d�sir sexuel, le propre de FREUD, c'est que cette angoisse, on pourrait dire cette fascination, va laisser place � la sid�ration, de ce que vraisemblablement on peut dire qu'il y a eu une castration du regard fascinant qui est sur lui, castration qui va �tre op�r�e justement par la mise en oeuvre d'un au-del� - au-del� du Principe de Plaisir  - et cette sid�ration qui va succ�der � l'angoisse, je dirais qu'elle s'introduit selon la dialectique du mot d'esprit, sid�ration et lumi�re,  c'est-�-dire que FREUD va faire une sorte de mot d'esprit, c'est-�-dire qu'il va articuler ce signifiant S (A ) par la mise en jeu finalement de cette pr�sence qui est en lui quand tout est perdu, puisque sous l'effet de ce R�el horrible et angoissant qui se montre � lui, il se dissout, tout fout le camp et au moment ou tout fou le camp, eh bien, il ne trouve que quelque chose qui tient bon, quelque chose r�pond pr�sent et r�pond en l'occurrence " trim�thylamine " et r�pond pr�sent, comme je l'ai d�montr� tout � l'heure sur la dialectique, apr�s la survenue de cette sid�ration  du 
" Che vuoi ? ". 
  On pourrait dire que cet au-del� seul a pu r�pondre � l'action dissolvante du petit a dans le R�el en tant que cet au-del� est le R�el m�me de l'inconscient. Je sais que cette notion, j'en ai parl� avec quelques amis qui la trouve critiquable, �a l'est peut-�tre, c'est peut-�tre un peu sommairement dit d'opposer deux R�els qui entretiendraient entre eux une r�versibilit�, enfin l'important c'est qu'en tout cas le r�ve d'Irma que nous connaissons tous permet de fixer les choses de la fa�on suivante : ces deux r�els sont particuli�rement pr�sents dans le r�ve m�me; dans le texte du r�ve, mais qui est dans une petite note en bas de page - il y a une fonction topologique de la note vraisemblablement - eh bien, ce deuxi�me r�el correspond � une deuxi�me b�ance que FREUD nous indique prendre le relais de son principe de plaisir qui est dissout et cette deuxi�me b�ance, c'est celle qui ressort � l'ombilic du r�ve o� dans sa r�ponse � Marcel RITTER LACAN a reconnu cette dimension de l'Unnerkannte, de l'impossible � reconna�tre, du refoulement originaire. Ces deux b�ances qui sont dans ce r�ve d'Irma, eh bien, de cette deuxi�me b�ance, jaillit ce " trim�thylamine " dans cette relation avec le premier r�el.

(p21->) Alors pour terminer - parce que c'est plus tard que je pensais - je voudrais maintenant essayer de ...l� c'est des �lucubrations, je dois dire que c'est quelque chose que j'aborde avec beaucoup d'humilit�, mais il me semble qu'il n'est pas impossible de rendre compte avec les id�es que nous apport�es le notion de retournement de tore du s�minaire de l'an dernier, de ces deux b�ances, de ces deux r�els, il n'est peut-�tre pas impossible d'en rendre compte topologiquement. Je dois vous dire que cette possibilit� effectivement qui m'est apparue l'an dernier avec l'aide de CANTARDO CALLIGARIS, je suis effectivement assez timide dans son maniement pour en parler de fa�on soutenue, mais enfin le docteur LACAN ne m'a pas compl�tement d�courag� de tenter de le faire, alors je vous soumets ce que �a va donner.

Alors pour aujourd'hui je me contente de dessiner tr�s succinctement ce que repr�senterait .... si vous voulez, voil�, je vais vous faire passer �a, c'est deux tores ([../../images/26-TT/08051979/L080512.jpg sch�ma VI p 4]) - j'ai pris des chaussettes - deux tores, l'un qui repr�senterait ce mythique " bon dedans ", l'autre le mythique " mauvais   dehors " dans lequel je me suis permis de faire deux trous et je me suis permis de cr�er une couture, une couture qui est l� (voir sch�ma), elle est l� - c'est tr�s mauvais - le tore Ausstossung Werfung, parce que le probl�me, c'est que je suis en train d'essayer de parler d'un r�el qui ne serait pas le R�el disons dont nous sommes habitu�s � reconna�tre les causes d'une forclusion irr�versible, il s'agit d'essayer de voir en quoi quelque chose de la forclusion ou du Werfung serait r�versible. Voil�, ce " mauvais dehors ", ce " bon dedans ", le retournement, vous verrez - je vais vous faire passer �a, c'est retourn� d�j�- vous voyez qu'en vert j'ai dessin� ce qui serait le trou symbolique dans le R�el, en rouge le trou r�el dans le Symbolique et vous verrez que si vous vous amusez en manipulant deux tels tores dont la particularit� est d'�tre s�par�s et li�s en m�me temps par deux trous dont je me suis permis de m�taphoriser la liaison par une couture, � proc�der au retournement en invaginant par le trou mis en commun le tore du " mauvais dehors " dans celui du " bon dedans ", vous vous apercevrez qu'apr�s retournement les deux tores de d�part se retrouvent, non plus b�ants l'un dans l'autre, articulation dont se supporterait peut-�tre le Surmoi archa�que - c'est un soutien provisoire que je me donne - mais s�par� l'un de l'autre par une torsion qui ; amenant le trou r�el dans le trou symbolique, pourrait m�taphoriser cette nouvelle articulation dont se supporterait le deuxi�me Surmoi qui ainsi se substituerait au premier Surmoi du ait donc d'un refoulement originaire du signifiant phallique, refoulement dont le retournement serait le support et qui ferait passer de ce premier Surmoi archa�que au second. 
Je prends l� l'exemple du passage entre le premier et le deuxi�me Surmoi, c'est-(p22->)�-dire que le deuxi�me Surmoi incarnerait ce qui reste du r�el du premier Surmoi apr�s symbolisation. Le R�el subsiste, mais d'une fa�on plus symbolisable, enfin plus articul�e et on pourrait peut-�tre avec le troisi�me Surmoi continuer l'op�ration, c'est-�-dire aller jusqu'au point de r�duction ultime du R�el, voir jusqu'o� le refoulement originaire peut arriver � frayer dans le R�el, � l'articuler. Je n'en suis pas l�. Alors je vous fais passer cette chaussette, vous verrez, si �a peut vous...

Bon, je vais conclure le plus rapidement possible par quelques consid�rations sur le signifiant du Nom du P�re. Je voulais vous rappeler qu'avant que LACAN ait introduit le probl�me de la m�taphore du Nom du P�re dans le s�minaire sur " Les formations de l'inconscient ", il l'a introduit par une r�flexion sur la fonction de l'ennui ? Ca m'a paru tout � fait saisissant et au point o� j'en suis, il m'est apparu que de l'ennui, on pourrait articuler par rapport � ce que j'ai essay� de dire aujourd'hui que l'ennui dans le fond, c'est ce qui se produit quand un sujet n'est plus apte � la surprise, � l'�tonnement, je parle toujours de l'�tonnement au sens fort, au sens de la Verbluffung, de la sid�ration. Sans aller bien loin, regardez les enfants dont la relance du d�sir  est incessamment articul�e par le fait que d'ennui ils ne connaissent pas : tout les �tonne. Qu'est-ce qui fait qu'un sujet puisse perdre l'aptitude � �tre �tonn�, � �tre surpris et � conna�tre l'ennui. Dans l'ennui, je dirais, ce qui nous arrive, c'est que nous acc�dons � une perception douloureuse de la r�p�tition, la r�p�tition se donne � nous sous le biais du monotone et par cette dimension du monotone, ce qui se produit, si vous y pensez bien, vous verrez que �a co�ncide avec quelque chose - je m'excuse d'aller un peu vite, mais je crois qu'on peut le dire quand m�me - �a correspond avec quelque chose de l'ordre de l'usure de la m�taphore paternelle. Les m�taphores s'usent : regardez un mot d'esprit, il fait de l'effet un temps, un mot d'esprit s'use; une fois us�, effectivement il est monotone. Je dirais que l'usure de la m�taphore, l'effet, l'effet de cette usure - et cette usure se produit justement sous l'effet de l'impact de ces signifiants qui persistent dans le R�el et qui sont corrodants sur la m�taphore - cette usure, cette usure, je dirais qu'elle est li�e � l'apparition du d�chet dans notre univers. Sans aller bien loin, regardez par exemple  un sympt�me, le cas que je vous citais tout � l'heure, l'oubli de mot de FREUD de Signorelli, FREUD n'a pas r�ussi � m�taphoriser le signifiant de haute intensit� psychique " Herr ", le seigneur et n'�tant pas arriv� � le symboliser, qu'est-ce qui arrive ? Il arrive que ce qui reste, c'est des d�chets, et  des d�chets m�tonymiques parce que la m�tonymie, c'est quelque chose (p23->) de l'ordre du déchet, de la contiguité et c'est quelque chose qui essentiellement ne surprend pas. Rien de moins surprenant que la contigu�t� dans la mesure ou elle renvoie d'un autre � l'autre, � un autre qui ne s'�crit jamais avec une majuscule. L'usure de la m�taphore, vous pouvez rep�rer  qu'elle est li� � l'apparition dans notre univers du d�chet, que ce d�chet soit de l'ordre subjectif avec ce qu'on appelle la culpabilit� ou le p�ch� ou que ce d�chet soit m�me l'apparition de ce d�chet qu'est notre corps propre dans la mesure ou notre corps dans la perspective de cet ennui ou de cette monotonie, ce qui lui arrive, c'est qu'il peut se mettre parfois � �tre, je dirais, soumis � une loi qui serait la loi exclusive du r�el, je veux dire la loi de la pesanteur, je veux dire par l� que lorsque notre corps se mettrait � se manifester par le fait qu'il p�se parce qu'il ne serait soumis qu'� la loi de la pesanteur, eh bien, vous avez l�, l'accentuation de la fonction de ce d�chet qu'est notre corps tout � l'oppos�, si vous voulez, quand le corps est soumis � cet autre R�el qui est celui du signifiant qui l'all�ge, ce qui fait que vous voyez certaines personnes marcher dans la rue qui semblent ne pas peser, qui semblent �tre comme une plume ; quel que soit leur poids, c'est quelque chose de cette nature et on peut dire que ce d�chet qu'est le corps quand il se met � peser, eh bien, nous pouvons l'opposer � ce qui arrive au corps quand brusquement il s'all�ge, il s'all�ge par exemple dans la f�te ou dans le repas tot�mique, ou tout simplement dans l'amour, dans le coup de foudre, la foudre sid�ration, ce que repr�sente pour un homme ce signifiant de haute intensit� psychique qu'est la femme, ce signifiant sid�rant, il faut reconna�tre q'il a le pouvoir, en suscitant l'amour - en suscitant l'amour, et puis le terme de ce terme de femme fatale nous fait peut-�tre sentire que par cette fatalit�, ce que l'homme rencontre de fatal, c'est quelque chose de l'ordre du signifiant du Nom du P�re - eh bien, qu'est-ce qui se passe quand on perd la t�te  dans l'amour ou le corps, c'est que vous devenez tellement l�gers ou all�g�s que comme � la limite, comme le maniaque vous perdez votre lest, vous devenez fous, ne pesez plus rien, vous perdez le corps , la t�te. Et alors ce que je voulais vous signaler, c'est que cette consomption ou cette consumation du reste qu'est cette consumation du corps quand il ne p�se plus, eh bien, rep�rez que justement dans le repas tot�mique ou dans les f�tes qui sont �tudi�es dans les soci�t�s magiques, les restes, corr�lativement � l'incorporation du p�re, il y a cette c�r�monie, ce qui a �t� peu retenu par FREUD, qui consiste � br�ler les restes. Tout ce qui est de l'ordre du d�chet, de la moisissure est entass� pendant le temps de la vie profane et br�l� avec la plus grande pr�caution dans le temps du repas tot�mique. Et je crois que c'est quelque chose qui nous permettrait d'articuler (p24->) une question que FREUD pose sans aller plus loin, il se demande qu'est-ce qui  fait que p�riodiquement il vit la menace - il parle de l'homme tot�mique - la menace de la disparition en lui de la force du p�re qui a �t� incorpor�. Il pose cette question, il rep�re que c'est du fait de cette menace de disparition, que l'incorporation doit avoir lieu, sans effectivement poser la question : qu'est-ce qui proc�de � cette d�g�n�rescence, si on peut dire, de la puissance paternelle incorpor�e. 

Je concluerai l� en vous rappelant que FREUD a �crit " Totem et tabou " dans le cadre ... cette recherche sur le signifiant du Nom du P�re qu'est " Totem et tabou ", il l'a �crit dans le cadre de sa diatribe avec Jung et il l'�crit pour rompre avec Jung et pour rompre avec ce qu'il appelle  la religion aryenne. Et � JUNG se posait la question de la d�g�n�rescence de l'�nergie vitale des allemands, de la race allemande - je ne vais pas avoir le temps d'aller beaucoup plus loin - mais � JUNG qui se posait cette question, FREUD r�pond en partie, comme il peut, dans ce texte.  Ce qui est int�ressant, c'est de voir la fa�on dont JUNG pose le probl�me. JUNG se dit quand le national-socialisme �clot, la question qu'il se pose, c'est un question d'une na�vet� extra-ordinaire, c'est une question qui est d'autant plus frappante qu'elle a �t� pos� � un congr�s des langues romanes par un analyste qui pensait faire le reproche le plus cinglant possible � l'enseignement de LACAN, JUNG se pose la question suivante, c'est : mais avant l'explosion de cette �nergie extra-ordinaire  que manifeste le national-socialisme , o� �tait cette �nergie inou�e ? Il pose un probl�me l�, non pas de topologie, mais pratiquement de topographie c'est-�-dire qu'il se dit :  si �a appara�t, c'est que �a devait bien �tre quelque part. C'est tout � fait la th�orie des psychanalystes qui promeuvent l'affect au rang su signifiant et qui vous disent : quand un affect appara�t, il faut bien qu'avant d'appara�tre il ait �t� quelque part, il devait �tre quelque part, �a ne na�t pas de rien du tout. Alors à JUNG qui pose cette question, et effectivement vous sentez que ce qui est en question pour JUNG dans cette d�marche, c'est le drame dans le fond que repr�sente pour tout individu le fait que ce soit le m�me p�re, le m�me p�re mort qui soit � l'origine � la fois du signifiant du Nom du P�re et � la fois du Surmoi, de ce Surmoi pers�cutif quasiment m�lancolique parce que l'incorporation dans le fond que nous faisons du p�re, le deuil que nous faisons du p�re en tant qu'il est ou qu'il serait cet individu infoutu de nous avoir mieux foutus que �a, c'est un deuil impossible qui confine � la m�lancolie. Il faut vivre avec, il faut faire avec, mais on con�oit que ce ne soit pas facile, pour ne pas dire impossible et on con�oit que dans la religion tot�mique ce qui se passe, c'est que le signifiant sait d'embl�e ce qu'il a incorpor� : c'est le p�re. Je dis �a parce qu'il faut le d�marquer des religions disons de possession. Dans les religions de possession ou chamaniques, le sujet est poss�d� par un esprit, il ne sait pas lequel, ce n'est que dans un temps ult�rieur que la divinit� va se nommer et va d�clarer ses insignes. Donc �a ne va pas de soi de savoir quel est le p�re incorpor� et effectivement la doctrine de JUNG montre que �a ne va pas de soi, puisque le p�re qui a �t� incorpor�, eh bien, �a ne va pas de soi, qu'il aurait fallu effectivement attendre les d�couvertes de CHAMBERLAIN pour avoir situ� �a du c�t� des Indes.

En conclusion, je terminerai en disant ceci, c'est que dans le fond, la m�taphore paternelle a pour fonction de soutenir une antinomie qui est celle qui consiste � susciter cet exc�s d'�nergie dont parle JUNG, dont parlent tous les gens qui sont angoiss�s par la notion d'une d�cadence, d'une d�perdition �nerg�tique, qui consiste � susciter un exc�s d'�nergie pulsionnel qui d�borde toute parole, toute nomination - c'est un petit peu le " mana " dont nous parle LEVI-STRAUSS - et en m�me temps qui consiste � ne pas c�der � ce mouvement d'une force vitale qui voudrait s'�manciper, n'appartenir qu'� lui-m�me dans la fra�cheur d'une innocence retrouv�e. Le signifiant du Nom du P�re fonde l'exc�dent pulsionnel pour autant que ne c�dant pas au le fait qu'il le fonde et , s'il c�de, nous voyons l'�mancipation de ces forces de vie dont Jung fait l'apologie, dont les psychotiques font l'exp�rience que nous connaissons - ARTAUD par exemple qui toute sa vie �voque la pr�sence vitales qui le c�toient  avec la nostalgie de ne pas en �tre poss�d� comme cela se passait dans le th��tre antique, parce que ces forces, il en a la conscience, le savoir, mais il ne peut pas les articuler - quand il ne c�de pas, il peut arriver que le sujet parvienne conform�ment au graphe qui est aussi la fa�on dont le " parl'�tre " peut travailler � utiliser l'effet de l'insistance de cet exc�s en le pointant sur le m�me point d'o� en lui insiste cet exc�s, alors que cet exc�s sourc� dans le manque de signifiant accepte, fait retour sur lui-m�me et proc�de � la nomination, � la m�taphorisation donc de ce signifiant toujours nouveau du fait de cesser de ne pas trouver      le point ou il insiste.
   C'est en somme une des grandes le�ons, un des grands exemples que nous pouvons retenir de FREUD ou de LACAN. Mais pour prendre exemples sur le fait de prof�rer  des �nonc�s dont la consistance n'a pas � �tre octroy�e par la conscience, n'a pas a �tre octroy�e par le souci de l'�laboration secondaire de se contredire, mais par celui de ne pas se d�dire. Et effectivement que deviendrait notre travail s'il �tait raidi, par un Surmoi pr�munissant de la fonction de l'�tonnement. Voil�.

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note: bien que relu, si vous d�couvrez des erreurs manifestes dans ce s�minaire, ou si vous souhaitez une pr�cision sur le texte, je vous remercie par avance de m'adresser un email. [#J.LACAN Haut de Page]
Séance relue et corrigée par le
Dr Renato Barrios ce 2 mai 2005 .