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J.LACAN                    gaogoa

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XIV- La logique du fantasme. 1966-1967

version rue CB

30 Mai 1967                       [#note note]  

(p273->)

    Pour ceux qui se trouvent par exemple revenir aujourd'hui apr�s avoir suivi un temps mon enseignement, il faut que je signale ce que j'ai pu ces derni�res fois y introduire d'articulation nouvelle.

    L'une importante qui date de notre ant�p�nulti�me rencontre, est d'avoir d�sign� express�ment dirai je, puisque aussi bien la chose n'�tait pas � ceux qui m'entendent, inaccessible, express�ment le lieu de lAutre et ce que jusqu'ici je veux dire que depuis le d�but de mon enseignement j'ai articul� comme tel, d�sign� le lieu de lAutre dans le corps.

    Le corps lui-m�me est d'origine ce lieu de l'Autre en tant que c'est l� que d'origine s'inscrit la marque en tant que signifiant. Il �tait n�cessaire que je le rappelle aujourd'hui, au moment o� nous allons faire le pas qui suit en cette logique du fantasme qui se trouve vous le verrez confirm� � mesure de notre avance qui se trouve pouvoir s'accommoder d'une certaine laxit� logique en tant que logique du fantasme elle suppose cette dimension dite de fantaisie sous l'esp�ce o� l'exactitude n'y est pas exig�e au d�part. Aussi bien ce que nous pourrons trouver de plus rigoureux dans l'exercice d'une articulation qui m�rite ce titre de logique, inclut-il en soi-m�me le progr�s d'une approximation, je veux dire un mode d'approximation qui comporte en lui-m�me non seulement une croissance, mais une croissance autant que possible la meilleure, la plus rapide qui soit vers le calcul d'une valeur exacte et c'est en ceci que, en nous r�f�rant � un algorithme d'une tr�s grande g�n�ralit�, il n'est rien d'autre que celui le plus propre � assurer le rapport d'un incommensurable id�al le plus simple qui soit, le plus espac� aussi � resserrer ce qu'il continue d'irrationnel par son progr�s lui-m�me, je veux dire que cette incommensurabilit�, de ce A que je ne figure que pour la lisibilit� de mon texte par �tre le nombre d'or, car ceux qui savent, savent que cette sorte de nombre constitu� par le progr�s m�me de son approximation est tout une famille de nombres si l'on peut dire, peut partir de n'importe o�, de n'importe quel exercice de rapports � cette seule condition que l'incommensurable exige que l'approximation n'ait pas de terme tout en �tant pourtant parfaitement reconnaissable � chaque instant comme rigoureuse.

(p274->)

    C'est de ceci donc qu'il s'agit, de saisir ce � quoi nous sommes confront�s sous la forme du fantasme, refl�te une n�cessit�, eu d'autres termes le probl�me qui, pour un Hegel, pouvait se contenir dans cette limite simple que constitue la certitude incluse dans la conscience de soi-m�me. Cette certitude de soi-m�me dont Hegel peut se permettre, �tant donn� certaines conditions que j'�voquerai tout � l'heure qui sont conditions d'histoire, de mettre en question le rapport avec une v�rit� cette certitude dans Hegel et c'est l� en quoi il conclut tout un proc�s par o� la philosophie est exploration du savoir elle peut se permettre d'y introduire le Thalos, la fin et le but d'un savoir absolu. C'est pour autant qu'au niveau de la certitude il se trouve pouvoir indiquer qu'elle ne contient pas en elle m�me sa v�rit�. C'est en ceci que nous nous trouvons non pas pouvoir simplement reprendre la formule H�g�lienne, mais la compliquer, la v�rit� � laquelle nous avons � faire tient en cet acte par o� la fondation de la conscience de soi-m�me, par o� la certitude subjective est affront�e � quelque chose qui, de nature, lui est radicalement �tranger et qui est proprement......  (interruption).

    Ce qu'il s'agit donc d'introduire aujourd'hui, et d'autant plus rapidement que notre temps aura �t� �court�, c'est ceci : l'exp�rience psychanalytique introduit ceci : que la v�rit� de l'acte sexuel fait question dans l'exp�rience.

    Bien s�r, l'importance de cette d�couverte ne prend son relief qu'� partir d'une position du terme acte sexuel comme tel. Je veux dire pour des oreilles d�j� suffisamment form�es � la notion de la pr�valence du signifiant dans toute constitution subjective d'apercevoir la diff�rence qu'il y a entre une r�f�rence vague � la sexualit�, on peut � peine dire comme fonction, comme dimension propre � une certaine forme de la vie, celle nomm�ment la plus profond�ment nou�e � la mort, je veux dire entrem�l�e, entrecrois�e � la mort.

    Ce n'est pas tout dire, � partir du moment o� nous savons que l'inconscient c'est le discours de l'autre, � partir de ce moment il est clair que tout ce qui fait intervenir l'ordre de la sexualit� dans l'inconscient n'y p�n�tre qu'autour de la mise en question : l'acte sexuel est-il possible ? Y a-t-il ce noeud d�finissable comme un acte o� le sujet se fonde comme sexu�, c'est-�-dire : m�le ou femelle. L'�tant en soi, ou s'il ne l'est pas proc�dant dans cet acte � quelque chose qui puisse, fusse � son terme, aboutir � l'essence pure du m�le ou du femelle.

    Je veux dire au d�m�lement, � la r�partition sous une forme polaire de ce qui est m�le et de ce qui est femelle, pr�cis�ment dans la conjonction qu'il est r�uni dans quelque chose dont ce n'est pas ici � cette heure ni la premi�re fois que j'introduis le terme dans quelque chose que je nomme comme �tant la jouissance, j'entends comme d�s longtemps inintroduite et nomm�ment dans mon s�minaire sur l'�thique.

    Il est en effet exigible que ce terme de jouissance soit prof�r�, et proprement comme distinct du plaisir comme en constituant l'au-del�, ce qui dans (p275->) la th�orie psychanalytique l'indique est une s�rie de termes convergeant, au premier rang desquels est celui de la libido qui en repr�sente une certaine articulation dont  il nous faudra d�signer au bout de ces entretiens de cette ann�e, d�signer en quoi son emploi peut �tre assez glissant pour non pas soutenir mais faire se d�rober les articulations essentielles que nous allons tenter d'introduire aujourd'hui.

    La jouissance, c'est-�-dire ce quelque chose qui a un certain rapport au sujet en tant que cet affrontement au trou laiss� dans un certain registre d'acte questionnable, celui de l'acte sexuel. Il est, ce sujet, suspendu par une s�rie de modes ou d'�tats qui sont d'insatisfaction, voil� qui � soi seul justifie l'introduction du terme jouissance qui aussi bien � tout instant est nomm�ment dans le sympt�me se propose � nous comme indiscernable de ce registre de la satisfaction puisque a tout instant pour nous, le probl�me est de savoir comment un noeud qui ne se soutient que de malaises, et de souffrances est justement ce par quoi se manifeste l'instance de la satisfaction suspendue. C'est proprement ce, o� le sujet se tient en tant qu'il tend vers cette satisfaction.

    Ici la loi du principe du Plaisir, � savoir de la moindre tension, ne fait qu'indiquer la n�cessit� des d�tours du chemin par o� le sujet se soutient dans la voie de sa recherche, recherche de jouissance, mais ne nous en donne pas la fin qui est cette fin propre, fin pourtant enti�rement masqu�e pour nous dans sa forme derni�re pour autant qu'on peut aussi bien dire que son ach�vement est si questionnable qu'on peut aussi bien partir de ce fondement, qu'il n'y a pas d'acte sexuel, aussi bien celui-ci : qu'il n'y a que l'acte sexuel, qui motive toute cette articulation. C'est en ceci que j'ai tenu � apporter la r�f�rence dont chacun sait que je me suis servi depuis longtemps, la r�f�rence � Hegel pour autant que ce proc�s de la dialectique des diff�rents niveaux de la certitude de soi-m�me, de la ph�nom�nologie de l'esprit, comme il a dit, �a suspend � un mouvement qu'il appelle dialectique et qui, assur�ment, dans sa perspective pour �tre seulement tenu pour �tre dialectique d'un rapport qu'il articule de la pr�sence de cette conscience pour autant que sa v�rit� lui �chappe dans ce qui constitue le jeu du rapport d'une conscience de soi-m�me � une autre conscience de soi-m�me dans le rapport de l'intersubjectivit�. Or il est clair qu'il �tait longtemps d�montr� ne serait-ce que par la r�v�lation de cette b�ance sociale en tant qu'elle ne nous permet pas de r�sumer � l'affrontement d'une conscience � une conscience nomm�ment ce qui pr�sente comme lutte celle du ma�tre et de l'esclave, ce n'est m�me pas � nous de faire la critique de ce que laisse ouvert la gen�se h�gelienne. Ceci a �t� fait par d'autres et nomm�ment par un autre, par Marx pour le nommer et maintient la question de son issue et de ses modes en suspens. Ce � quoi Freud arrive et reprend les choses en un point analogique seulement de la position h�gelienne s'inscrit d�j� suffisamment dans ce terme de jouissance pour autant que Hegel l'introduit.

    Le d�part, nous dit-il, est dans la lutte � mort du ma�tre et de (p276->) l'esclave apr�s quoi s'instaure le fait que celui qui n'a pas voulu risquer l'enjeu de la mort celui-l� tombe � l'�gard de l'Autre dans un effet de d�pendance qui pour autant n'est pas sans contenir tout l'avenir de la dialectique en question. Le terme de jouissance y intervient.

    La jouissance apr�s le terme de cette lutte � mort de pur prestige, nous est-il dit, va �tre le privil�ge du ma�tre. Pour l'esclave la voie trac�e d�s lors sera celle du travail. Regardons les choses de plus pr�s et cette jouissance dont nous voyons dans le texte de Hegel qu'apr�s tout je ne puis pas ici produire et encore moins avec l'abr�viation avec laquelle nous sommes contraints aujourd'hui, de quoi le ma�tre jouit-il ?

    La chose dans Hegel est tr�s suffisamment aper�ue. Le rapport instaur� par l'articulation du travail de l'esclave fait que si peut-�tre le ma�tre jouit, ce n'est point absolument � la limite, et � forcer un peu les choses. Ce qui est � nos d�pens, vous le verrez, nous dirions qu'il ne jouit que de son loisir ce qui veut dire de la, disposition de son corps. En fait, il est bien loin d'en �tre ainsi. . Nous le r�indiquerons. Mais admettons que tout ce dont il a � jouir comme chose il est s�par� par celui-l� qui est charg� de les mettre � sa merci � savoir de l'esclave dont on peut dire d�s lors, je n'ai point � le d�fendre, je veux dire ce point vif, puisque d�j�, dans Hegel il est suffisamment indiqu� qu'il y a pour l'esclave une certaine jouissance de la chose , en tant que non seulement il l'apporte au ma�tre, mais a � la transformer pour la lui rendre recevable. Apr�s ces rappels il convient que je m'interroge , avec vous, que je vous fasse interroger sur ce que dans un tel registre implique le mot jouissance. Rien, assur�ment, n'est plus instructif que la r�f�rence � ce qu'on appelle le lexique pour autant qu'il s'attache � des buts aussi pr�caires que l'articulation des significations; les termes inclus dans chaque article, lit-on quelque part, dans la note de la pr�face de ce magnifique travail qui s'appelle le Grand Robert. Les termes inclus dans chaque article constituent autant de renvois, de cha�nons, qui devront aboutir au moyen d'expression de la pens�e. L'ast�risque, vous pourrez constater que dans chacun de ces articles qui remplissent tr�s bien leur programme, l'ast�risque renvoie aux articles qui d�veloppent longuement une id�e sugg�r�e d'un seul mot, moyennant quoi l'article jouissance commence par le mot plaisir marqu� d'une ast�risque.

    Ceci n'est qu'un exemple, mais le mot ce n'est point par hasard qu'il nous pr�sente ses paradoxes, bien s�r jouissance n'a pas �t� abord� la premi�re fois dans le Robert, vous pouvez �galement �tudier le mot dans le Littr�. Vous y verrez que son emploi le plus l�gitime varie du versant qu'indique l'�tymologie qui le rattache � la joie, � celui de la possession et de ce dont on dispose au dernier terme, la jouissance d'un titre, que ce terme signifie quelque titre juridique ou quelque papier repr�sentant une valeur de bourse, avoir la jouissance de quelque chose les dividendes par exemple, c'est de pouvoir le c�der. Le signe de possession c'est de pouvoir s'en d�mettre.

(p277->) Jouir de, est autre chose que jouir. Rien plus que ces glissements de sens en tant qu'ils sont cern�s dans cette appr�hension que j'ai appel�e lexicale dans son exercice dans le dictionnaire, nous montre � quel point la r�f�rence � la pens�e est bien ce qu'il y a de plus impropre pour d�signer la fonction radicale, j'entends de tel ou tel signifiant. Ce n'est pas la pens�e qui donne du signifiant l'effective et derni�re r�f�rence, c'est de l'instauration qui r�sulte des effets de l'introduction dans le r�el, c'est pour autant que j'articule d'une nouvelle fa�on ce rapport du mot jouissance � ce qui est pour nous dans l'analyse en exercice, que le mot jouissance trouve et peu conserver sa derni�re valeur. Ceci, j'entends aujourd'hui vous en faire sentir la port�e s'ouvre la pure jouissance. A suivre les indices qui nous en donnent le recoupement, peut-�tre certaines question s'effaceraient-elles sur le sens de certaines positions paradoxales, nomm�ment la masochiste.

    Il vaut mieux quelquefois que les portes les plus imm�diatement ouvertes ne soient pas franchies parce qu'il ne suffit pas qu'elles soient faciles � franchir, que ce soit les vraies, je ne dis pas que ce soit l� le ressort du masochisme, bien loin de l�, parce que, assur�ment, ce qu'il faut dire, c'est que s'il est pensable que la condition de l'esclave soit la seule qui donne acc�s � la jouissance, dans la mesure o� pr�cis�ment nous pouvons la formuler comme sujet, nous n'en saurons jamais rien. Or le masochiste n'est pas un esclave, il est au contraire comme je vous le dirai tout � l'heure, un petit malin. Quelqu'un de tr�s fort. Masochiste sait qu'il est dans la jouissance, c'est pr�cis�ment � son propos, � son terme, � votre usage pour ce qu'il est d'entendre sur lui ce dont il s'agit, que tout ce discours progresse. Pour le faire progresser, il convenait de montrer que dans Hegel il y a plus d'un d�faut, le premier est bien s�r, celui qui me permettait devant ceux qui m'entendent de le produire, � savoir : que d�s avant que je l'avance et que j'en parle avec le stade du miroir, j'avais marqu� qu'en aucun cas, cette sorte d'agressivit� qui est d'instance et de pr�sence dans la lutte � mort de pur prestige, n'�tait rien d'autre qu'un leurre et d�s lors rendait caduque toute r�f�rence � elle comme articulation premi�re.

    Je ne fais que repointer au passage, les probl�mes que pose et laisse b�ants la d�duction h�gelienne concernant la soci�t� des ma�tres, comment s'entendent-ils entre eux, et puis la simple r�f�rence � ce qu'il en est � savoir, que l'esclave pour qu'on en fasse un esclave, il n'est pas mort. Le r�sultat de la lutte � mort est quelque chose qui n'a pas mis la mort en jeu, que le ma�tre n'a que le droit de le tuer. Mais que pr�cis�ment c'est pour �a qu'il s'appelle Servus, le Ma�tre Servats, le sauve, c'est � partir de l� que se pose la v�ritable question qu'est-ce que le Ma�tre sauve dans l'esclave ? Nous sommes ramen�s � la question de la loi primordiale de ce qui institue la r�gle du jeu, � savoir celui qui sera, vaincu, on pourra le tuer, et si on ne le tue pas, ce sera � quel prix ? C'est bien l� que nous rentrons dans le registre de la signifiance. Ce dont il s'agit dans la position du Ma�tre est ceci : les cons�quences de l'introduction du sujet dans le R�el pour mesurer ce qu'il en est concernant ses effets sur la jouissance, il convient de poser au niveau de ce terme un certain nombre de principes, � savoir que si nous avons introduit la (p278->) jouissance, c'est sous le mode logique de ce que Aristote appelle une Oussia, une substance, c'est-�-dire quelque chose tr�s pr�cis�ment qui ne peut �tre, c'est ainsi qu'il s'exprime dans son livre des Cat�gories, qu'il ne peut �tre ni attribu� � un sujet, ni mis dans aucun sujet, c'est quelque chose qui n'est pas susceptible de plus ou de moins qui ne s'introduit dans aucun comparatif, dans aucun signe plus petit ou plus grand, ou voire plus petit ou �gal. La jouissance est ce quelque chose dans quoi marque ses traits et ses limites le principe du plaisir, c'est quelque chose de substantiel qui est important � produire sous la forme que je vais articuler au nom d'un nouveau principe : il n'y a de jouissance que du corps. Permettez-moi de dire que je consid�re que le maintien de ce principe, son affirmation, comme �tant absolument essentiel me para�t une plus grande port�e �thique que celle du mat�rialisme.

    J'entends que cette formule a exactement la port�e, le relief que l'affirmation qu'il n'y a que la mati�re introduite dans le champ de la connaissance, car apr�s tout, vous n'avez qu'� voir qu'avec l'�volution de la science, que cette mati�re en fin de compte se confond si bien avec le jeu des �l�ments dans lesquels on la r�sout, qu'il devient � la limite presque indiscernable de savoir ce qui devant vous joue, si ce sont ces �l�ments signifiants derniers ceux de l'atome, � savoir ce qu'ils ont en eux-m�mes de quasiment discernables avec le progr�s de votre esprit, le jeu de votre recherche, et ce qu'il en est au dernier terme d'une structure que vous ne savez plus d'aucune fa�on rapporter � ce que vous avez comme exp�rience en la mati�re.

    Dire qu'il n'y a de jouissance que du corps, que ceci vous refuse les jouissances �ternelles, c'est bien l� ce qui est en jeu dans ce que j'ai appel� valeur �thique du mat�rialisme, � savoir ce qui consiste � prendre ce qui se passe dans notre vie de tous les jours au s�rieux. S'il y a question de jouissance, de la regarder en face et de ne pas la repousser dans des lendemains qui chantent. Il n'y a de jouissance que du corps, ceci r�pond tr�s pr�cis�ment � l'exigence de v�rit� qu'il y a dans le freudisme.

    Nous voici donc laissant enti�rement � son errance la question de savoir s'il s'agit d'�tre ou de n'�tre pas. S'il s'agit d'�tre homme ou d'�tre femme dans un acte qui serait l'acte sexuel, si ceci domine tout ce suspens de la jouissance, c'est �galement ceci : que nous avons � prendre �thiquement au s�rieux, ce � propos de quoi s'�l�ve ce quelque chose que nous pourrions appeler notre droit de regard.

    Oedipe n'est pas un philosophe, c'est le mod�le de ce dont il s'agit quant au rapport de ce qu'il en est d'un savoir, et le savoir dont il fait preuve au moins nous est-il indiqu� dans la forme de l'�nigme que c'est un savoir concernant ce qu'il en est du corps. Par ceci, il rompt le pouvoir d'une jouissance f�roce, celle de la sphynge dont il est bien �trange qu'elle nous soit offerte sous la forme d'une figure f�minine vaguement, disons ni bestiale, ni f�minine. Ce � quoi il acc�de apr�s cela, ce qui ne le rend pas, vous le savez, plus triomphant pour cela c'est (p279->) assur�ment une jouissance au moment qu'il y entre, il est d�j� dans le pi�ge, je veux dire que cette jouissance c'est celle-l� qui le marque d'ores et d�j� et d'avance du signe de la culpabilit�.

    Oedipe ne savait pas ce dont il jouissait, j'ai pos� la question de savoir si Jocaste, elle, le savait, et m�me pourquoi pas, jouissait-elle ? de laisser Oedipe l'ignorer.

    Disons, quelle part de la jouissance de Jocaste r�pond-elle � ce qu'elle laisse Oedipe l'ignorer. C'est � ce niveau gr�ce � Freud que se posent d�sormais les questions s�rieuses concernant ce qu'il en est de la v�rit�. Or l'introduction que j'ai d�j� faite de la fonction d'ali�nation en tant qu'elle est coh�rente avec la gen�se du sujet, comme d�termin�e par le v�hicule de la signifiance, nous permet de dire que quant � ce qui nous int�resse et qui est premi�rement pos�e : � savoir qu'il n'y a de jouissance que du corps, c'est que l'effet de l'introduction du sujet lui�m�me effet de ‑la signifiance est propre � t de mettre le corps et la jouissance‑dans ce^ rapp�rt ^que j'ai d�f`ini par la fonction d'ali�nation. ` Je veux dire que comme je viens pendant 1/2 heure de l'articuler devant'vous,‑�e Sujet en tant qu'il se fonde dans cette marque du corps qui le privil�gie qui fait que c'est la marque subjective qui d�sormais domine tout ce dont il va s'agir pour ce corps, qu'il aille l� et pas ailleurs et qu'il soit libre ou non de le faire, voil� sans doute ce qui distingue le ma�tre, parce que le ma�tre est un Sujet.

    La jouissance est dans ce fondement premier de la subjectivit� du corps, ce qui tombe dans la d�pendance de cette subjectivation et pour tout dire s'efface � l'origine la position du Ma�tre, et c'est cela que Hegel entrevoit et justement renonciation � la jouissance, possibilit� de tout engager sur cette disposition ou non du corps, non seulement du sien mais aussi de l'autre.

    L'Autre c'est l'ensemble des corps, � partir du moment o� le jeu de la lutte sociale simplement introduit que la lutte de rapport des corps sont d�s lors domin�s par ce quelque chose qui aussi bien s'appelle la loi, Loi qu'on peut dire li�e � l'av�nement du Ma�tre, mais bien seulement si on l'entend l'av�nement du Ma�tre absolu, c'est-�-dire la sanction de la mort comme devenue l�gale. Ceci d�s lors nous permet d'entrevoir que si l'introduction du Sujet comme effet de signifiance g�t dans cette s�paration du corps et de la jouissance dans la division mise entre les termes qui ne subsistent que l'un de l'autre, c'est l� pour nous que doit se poser la question de savoir comment la jouissance est maniable � partir du sujet.

    La r�ponse est donn�e par ce que l'analyse d�couvre comme approximation de ce rapport � la jouissance sans doute, dans le champ de l'acte sexuel ce qu'elle d�couvre c'est l'introduction de ce que j'ai appel� valeur de jouissance, c'est-�-dire annulation de la jouissance comme telle, plus imm�diatement int�ress�e dans la conjonction sexuelle, ce qu'elle appelle la castration. Ceci ne r�sout rien. Bien s�r, ceci nous explique comment il se fait que la forme l�gale la plus simple et la plus .claire de l'acte sexuel en tant qu'il est institu� dans une formation r�guli�re (p280->) qui s'appelle le mariage d'abord ne soit � l'origine que le privil�ge du Ma�tre, pas simplement bien s�r du Ma�tre en tant qu'oppos� � l'esclave, mais comme vous le savez, si vous avez un peu d'histoire romaine, m�me oppose � la pl�be, n'a pas acc�s � l'institution du mariage qui veut sinon le ma�tre mais aussi bien chacun sait, mon dieu, par l'exp�rience, pour ce que ce mariage qui a �t� mis d�s lors � la port�e de tous tra�ne encore apr�s lui de d�chirements, chacun sait que cela ne va pas tout seul et si vous ouvrez Tite Live vous verrez qu'il est une �poque pas tellement tard dans la R�publique o� les dames romaines, celles qui �taient vraiment marqu�es du vrai conubium ont empoisonn� pendant tout une g�n�ration avec une ampleur et une pers�v�rance qui n'a pas �t� sans laisser quelque trace dans la m�moire et que Tite Live inscrit, ont empoisonn� leur mari, ce n'est pas sans raison; il faut croire que l'institution du mariage pour qu'elle fonctionne au niveau de v�ritables ma�tres doit emporter avec elle quelques inconv�nients qui ne sont pas uniquement li�s � la jouissance, puisque c'est plut�t du caract�re accentu� du trou mis � ce niveau, � savoir du fait que la jouissance n'a rien � faire avec le choix conjugal, que ces menus incidents r�sultaient.

        Quand nous parlons de l'acte sexuel, au niveau o� il nous int�resse, nous, analystes, c'est pr�cis�ment pour autant que la jouissance est en cause. Comme je vous l'ai rappel� la derni�re fois, Dieu n'a pas d�daign� d'y veiller. Il suffit que la femme entre dans le jeu d'�tre cet objet que nous d�signe si bien le mythe biblique d'�tre cet objet phallique pour que l'homme soit combl�, ce qui veut dire exactement parfaitement flou�, � savoir, ne rencontrant que son compl�ment corporel.

    La d�couverte de l'analyse est pr�cis�ment de s'apercevoir que c'est uniquement dans la mesure o� l'homme ne serait pas flou� au point de ne retrouver que sa propre chair, rien d'�tonnant que d�s lors il n'y ait l� qu'une seule chair puisque c'est la sienne, c'est justement dans la mesure o� cette op�ration de flouage ne se produit pas, c'est-�-dire o� la castration est produite, s'il y a oui ou non chance d'un acte sexuel. Mais alors, qu'est-ce que veut dire ce qu'il en est de la jouissance, puisque la caract�ristique d'un acte sexuel qui serait fond� serait dans le fait de ce manque � la jouissance quelque part.

    Cette interrogation sur ce qu'il en est de la jouissance en fonction tierce, c'est ce qui nous est donn� dans une autre approche qui s'appelle exacte � l'inverse de ce pas de l'acte sexuel qui s'appelle, uniquement � cause que c'est dans un sens inverse concernant une certaine progression logique qui s'appelle � cause de cela, la r�gression. C'est ici que notre algorithme en tant qu'il confronte le a avec le Un soit vers l'int�rieur comme je l'ai d�j� dessin�

a se rabattant sur le 1, lui donnant la diff�rence de a - 1

                II y a aussi une autre fa�on de traiter la question. Par la fonction de l'Autre � savoir que ce 1 .... le a se rabat laissant entre lui et le A l'intervalle du Un qui est en cause.  

    (p281->) Vous ne pouvez que voir que ce fait privil�gi� que le 1-a.jpg soit �gal au a 1 + a et que c'est �a qui fait la valeur de cet algorithme, c'est par l� que nous est donn� le lieu, la topologie de ce qui en est concernant la jouissance. Dans le cas de l'esclave, il est priv� de son corps, comment savoir ce qu'il en est de sa jouissance ? Comment le savoir, sinon pr�cis�ment dans ce qui de son corps a gliss� hors de la ma�trise subjective. Tout ce qu'il en est de l'esclave pour autant que son corps va et vient au caprice du Ma�tre, laisse n�anmoins pr�server ces objets qui nous sont donn�s comme surgis pr�cis�ment de la dialectique signifiante.

        Ces objets qui en sont l'enjeu, mais aussi la forgerie. Ces objets pris aux fronti�res, ces objets qui fonctionnent au niveau des bords du corps. Ces objets que nous connaissons bien dans la dialectique de la n�vrose, ces objets sur lesquels nous aurons � revenir encore et maintes fois pour bien d�finir ce qui fait leur prix et leur valeur, leur qualit� d'exception. Je n'ai pas besoin de les rappeler pour ce qui en est de l'oral et de ce qu'on appelle aussi l'anal. Mais ces autres aussi, sup�rieurs, moins connus, au registre plus intime qui par rapport � la demande est constitu� comme le d�sir et qui s'appellent le regard et la voix. Ces objets pour autant que eux, ne sauraient d'aucune fa�on �tre pris par la domination quelle qu'elle soit du signifiant fut-elle enti�rement constitu�e au rang de domination sociale, ces objets qui de leur nature y �chappent.

    Qu'est-ce � dire, est-ce l�, puisque pour l'esclave il n'y a du c�t� de l'Autre qu'une jouissance suppos�e. Hegel est tromp� en ceci que c'est pour l'esclave qu'il y a la jouissance du Ma�tre, mais la question qui vaut, je vous l'ai pos�e tout � l'heure, ce dont on jouit, jouit-il, et s'il est vrai que quelque chose du r�el de la jouissance ne peut subsister qu'au niveau de l'esclave, ce sera bien alors dans cette partie laiss�e en marge du champ de son corps que constitue les objets dont je viens de rappeler la liste, c'est � cette place que doit se poser la question de la jouissance. Rien ne peut retirer � l'esclave la fonction de son regard, ni de sa voix, ni celle de ce qu'il est dans sa fonction de nourrice, puisque c'est dans cette fonction que l'antiquit� nous le montre, ni non plus dans sa fonction d'objet d�jet�, d'objet de m�pris, � ce niveau se pose la question de la jouissance, c'est une question, comme vous le voyez c'est m�me une question scientifique.

    Or le pervers, c'est �a qu'il est. La perversion est � la recherche de ce point de perspective pour autant qu'il peut faire surgir l'accent de la jouissance, mais il le recherche d'une fa�on exp�rimentale. La perversion tout en ayant le rapport le plus intime � la jouissance est comme la pens�e de la science : c'est une op�ration du sujet en tant qu'il a parfaitement rep�r� ce moment de disjonction par quoi le sujet d�chire le corps de la jouissance mais qui sait que la jouissance n'a pas seulement �t� dans ce processus jouissance ali�n�e qu'il y a aussi ceci : qu'il reste quelque part une chance qu'il y ait quelque chose qui en ait r�chapp�, je veux dire que tout le corps n'a pas �t� pris dans le processus d'ali�nation.

(p282->) C'est de ce point, du lieu de "a", que le pervers interroge ce qu'il en est de la fonction de la jouissance. A ne jamais saisir que d'une fa�on partielle et si je puis dire dans la perspective, je ne dirai pas du pervers, car on peut dire que les psychanalystes n'y comprennent rien, y en a-t-il pas un, r�cemment, qui posait l'�quation � ce propos : que ne saurait � la fois le pervers, �tre sujet et jouissance, et que dans la mesure o� il �tait jouissance, il n'�tait plus sujet. Le pervers reste sujet dans tout le temps de l'exercice de ce qu'il pose comme question � la jouissance, la jouissance qu'il vise, c'est celle de l'Autre en tant que lui en est peut-�tre bien le seul reste. Mais s'il le pose par une activit� de Sujet, ce que ceci nous permet de remonter ne peut se faire qu'� une seule condition c'est que nous nous apercevions que ces termes sado-masochiste, par exemple, comme on les noue, n'ont de sens que si nous les consid�rons comme des recherches sur la voie de ce que c'est que l'acte sexuel, des rapports que nous appelons sadiques entre telle ou telle vague unit� du corps social, n'ont d'int�r�t que dans ceci : qu'elle figure quelque chose qui int�resse les rapports de l'homme et de la femme.

            Vous verrez la prochaine fois, qu'� oublier ce rapport fondamental, on laisse �chapper tout moyen de saisir ce qu'il en est dans le sadisme et le masochisme, ceci ne voulant pas dire non plus qu'en aucune fa�on, ces deux termes figurant des rapports comparables � ceux du m�le et du femelle. Un personnage, je dois dire, d'une incroyable na�vet�, �crit quelque part cette v�rit� : que le masochisme n'a sp�cifiquement rien de f�minin. Les raisons qu'il en donne sont au niveau de formuler qu'assur�ment si le masochisme �tait f�minin �a voudrait dire qu'il ne serait pas une perversion puisqu'il serait naturel � la femme d'�tre masochiste.

        A partir de l� on voit bien que les femmes naturellement ne peuvent �tre qualifi�es de masochistes puisqu'�tant une perversion, ce ne saurait �tre quelque chose de naturel. Voil� le genre de raisonnement dans quoi on s'embourbe, non pas certes sans une certaine intuition, je veux dire la premi�re, � savoir qu'une femme n'est pas naturellement masochiste, elle n'est pas naturellement masochiste, et pour cause ! c'est parce que s'il �tait en effet masochiste, �a voudrait dire qu'elle est capable de remplir le r�le que le masochiste donne � une femme, ce qui, bien entendu, donne un tout autre sens dans ce cas � ce que serait le masochisme f�minin. Elle n'a justement, la femme, aucune vocation pour remplir ce r�le. C'est ce qui fait la valeur de l'entreprise masochiste. C'est pourquoi vous me permettrez de terminer aujourd'hui sur ce point, en vous promettant comme point d'arriv�e, ce qui est mis en question par cette introduction de la perversion en vous permettant de vous indiquer comme point que nous mettrons enfin, j'esp�re, quelque ordre, au moins un peu plus de clart� concernant ce dont il s'agit : quand il s'agit du masochisme.

note : bien que relu, si vous d�couvrez des erreurs manifestes dans ce s�minaire, ou si vous souhaitez une pr�cision sur le texte, je vous remercie par avance de m'adresser un [mailto:gaogoa@free.fr �mail]. [#J.LACAN Haut de Page] 
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