Text/Jacques Lacan/LMC11041978.htm

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J-LACAN                     gaogoa

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XXV-Le moment de conclure   1977-1978

        Version rue CB                                           [#note note]

11 Avril 1978

 

         (p1->) J�ai �nonc�, en le mettant au pr�sent, qu�il n�y a pas de rapport sexuel. C�est le fondement de la psychanalyse. Tout au moins me suis-je permis de le dire. Il n�y a pas de rapport sexuel, sauf pour les g�n�rations voisines, � savoir les parents d�une part, les enfants de l�autre. C�est � quoi pare - je parle du rapport sexuel - c�est � quoi pare l�interdit de l�inceste. Le savoir, c�est toujours en rapport avec ce que j��cris � l�asexe �, � condition de le faire suivre du mot qui est � mettre entre parenth�se � ualit� � ; l�asexe (ualit�). Il faut savoir comment s�y prendre avec cette sexualit�. Savoir � comme enfer �, c�est tout au moins comme �a que je l��cris. J�ai commenc� dans un temps � faire, pour symboliser cette sexualit�, une bande de Moebius. Je voudrais maintenant corriger cette bande, je veux dire la tripler.

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  Ceci est une bande, tout comme l�autre, c�est � savoir que son endroit co�ncide avec son envers, mais cette fois-ci �a se passe deux fois. Il vous est facile de voir que, si ceci est � l�endroit, ceci qui tourne c�est l�envers, � la suite de quoi on revient � l�endroit ; et apr�s �a, c�est ici l�envers, de m�me qu�ici l�endroit c�est l�envers. C�est donc une double bande de Moebius, je veux dire que c�est sur la m�me face qu�apparaissent l�endroit et l�envers.

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(p2->) Ici nous pouvons dire que c�est plus simple : si ici c�est l�endroit, c�est aussi l�envers, comme il appara�t de ce fait que ce qui �tait l�envers ici revient l�, c�est � dire que la bande de Moebius n�a qu�un endroit et un envers.

         Mais la distinction qu�il y a entre  ceci (II) et cela (I) tient � ce qu�il est possible d�avoir une bande de Moebius qui, sur ses deux faces, est � la fois endroit et envers. Il y a une seule face de chaque c�t� : c�est une bande de Moebieus qui a pour propri�t� d��tre bilat�rale. Qu�est ce qu�on perd dans l�abstraction ? On perd le tissu, on perd l��toffe c�est � dire qu�on perd ce qui se pr�sente comme une m�taphore. Aussi bien, je vous le fais remarquer, l�art, l�art par lequel on tisse, l�art est aussi une m�taphore. C�est pourquoi je m�efforce de faire une g�om�trie du tissu, du fil, de la maille. C�est tout au moins o� me conduit le fait de l�analyse, car l�analyse est un fait, un fait social tout au moins, qui se fonde sur ce qu�on appelle la pens�e qu�on exprime  comme on peut avec � lalangue � qu�on a � je rappelle que cette lalangue, je l��crivais en un seul mot dans le dessein d�y faire sentir quelque chose. Dans l�analyse, on ne pense pas n�importe quoi et pourtant c�est bien ce � quoi on tend dans l�association dite libre : on voudrait penser n�importe quoi. Est-ce  �a que nous faisons ? Est-ce que c�est �a qui consiste � r�ver ? En d�autres termes : est-ce que nous r�vons sur le r�ve ? Car c�est �a qui est l�objection. L�objection, c�est que Freud, dans � l�Interpr�tation des r�ves � ne fait pas mieux. C�est ce qui m�a fait d�lirer, il faut bien le dire, quand j�ai introduit la linguistique dans ce qu�on appel une p�te bien efficace, tout au moins nous le supposons, et qui est l�analyse.
" De la syntaxe � l�interpr�tation ", c�est ce que nous propose (p3->) Jean Claude Milner. Il est certain qu�il a toute les difficult�s � passer de la syntaxe � l�interpr�tation. Qu�est ce qu�il en �tait au temps de Freud ? Il y a �videmment une question d�atmosph�re comme on dit, de coordonn�es qu�on appelle culturelles. Je veux dire qu�on reste dans les pens�es et agir par l�interm�diaire de la pens�e, c�est quelque chose qui confine � la d�bilit� mentale. Il faudrait qu�il existe un acte qui ne soit pas d�bile mental. Cet acte, j�essaye de le produire par mon enseignement. Mais c�est quand m�me du bafouillage. Nous confinons ici � la magie. L�analyse est une magie qui n�a de support que le fait que, certes, il n�y a pas de rapport sexuel, mais que les pens�es s�orientent, se cristallisent sur ce que Freud imprudemment a appel� le complexe d��dipe. Tout ce qu�il a pu faire, c�est trouver dans ce qu�on appelait la trag�die, au sens o� ce mot avait un sens, ce qu�on appelait la trag�die lui a fourni, sous la forme d�un mythe, quelque chose qui articule qu�on ne peut pas emp�cher  un fils de tuer son p�re. Je veux dire par-l� que le La�os a bien fait tout pour �loigner ce fils sur lequel une pr�diction avait �t� faite, �a ne l�a pas emp�ch� pour autant, et je dirai d�autant plus, d��tre tu� par son propre fils.

         Je crois qu�en m�employant � la psychanalyse, je la fais progresser. Mais en r�alit� je l�enfonce. Comment diriger une pens�e pour que l�analyse op�re ? La chose qui en est le plus pr�s, c�est de se convaincre, si tant-est que ce mot ait  sens, c�est de se convaincre que �a op�re. J�essaie de mettre �a � plat. C�est pas facile. Dans le passage du signifiant, tel qu�il est entendu, au signifi�, il y a quelque chose qui se perd, en d�autres termes : il ne suffit pas d��noncer une pens�e pour que �a marche. �lever la psychanalyse � la dignit� de la chirurgie par exemple c�est ce qui serait bien souhaitable. Mais il est un fait c�est que le fil de la pens�e n�y suffit pas. Qu�est-ce que �a veut dire, d�ailleurs, le fil de la pens�e ? C�est une m�taphore. C�est bien pourquoi j�ai �t� conduit � ce qui est aussi une m�taphore, � savoir � mat�rialiser ce fil des pens�es. J�y ai �t� encourag� par quelque chose qui n�est au fond que ce que je disais au d�part, � savoir cette triplicit�  qui fonde le fait de la succession des g�n�rations. Il y en a trois, trois g�n�rations entre lesquelles il y a du rapport sexuel. Ca entra�ne bien entendu toute une s�rie de catastrophe  et c�est ce dont Freud somme toute s�est aper�u. Il s�en est aper�u, mais �a ne s�est pas vu dans sa vie familiale ; parce qu�il avait pris la pr�caution d��tre fou d�amour pour ce qu�on appelle une femme, il faut le dire, c�est une bizarrerie, c�est une �tranget�. Pourquoi le d�sir passe-t-il � l�amour ? Les faits ne permettent pas de l�expliquer. Il y a sans (p4->) doute des effets de prestige. Ce qu�on appelle la sup�riorit� sociale doit y jouer un r�le ; en tout cas, pour Freud, c�est vraisemblable. L�ennui c�est qu�il le savait. Il s�est aper�u que cet effet de prestige jouait, du moins c�est vraisemblable qu�il s�en soit aper�u. Freud �tait-il, faut bien poser la question quand m�me, Freud �tait-il religieux ? il est certain qu�il vaut de se poser la question. Est-ce que tous les hommes tombent sous ce � faix � -f.a.i.x- d��tre religieux ? C�est quand m�me curieux qu�il y ait quelque chose qui s�appelle la mystique, la mystique qui est un fl�au, comme le prouvent bien tous ceux qui tombent dans la mystique.

         Je m�imagine que l�analyse, je veux dire en tant que je la pratique, c�est ce qui m�a rendu born�. C�est, il faut le dire, une excellente m�thode de cr�tinisation que l�analyse. Mais peut-�tre que je me dis que je suis born� parce que je r�ve, je r�ve de l��tre un peu moins. Mettre � plat quelque chose, quoi que se soit, �a sert toujours. Il y a quelque chose qui est frappant, c�est que mettre � plat ceci, on s�aper�oit

 

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  que ce n�est rien d�autre que le fil � trois, je veux dire que ceci est exactement identique � ce fils � 3. Mis � plat, c�est la m�me chose que ce fil � trois. Ca n�a pas l�air, pourtant c�est bien ce dont il s�agit. Le fils � trois, je veux dire ce qui est � proprement parler un n�ud, un n�ud dit � trois points d�intersection, c�est ce qui  met � plat notre bande de Moebius. Je vous prie de le consid�rer et de me permettre de m�en tenir l�.

note: bien que relu, si vous d�couvrez des erreurs manifestes dans ce s�minaire, ou si vous souhaitez une pr�cision sur le texte, je vous remercie par avance de m'adresser un email. [#J-LACAN Haut de Page]