Text/Jacques Lacan/NDP11061974.htm

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J.LACAN                           gaogoa

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'XXI-'Les non-dupes errent   1973-1974

                                        version rue CB

'11 Juin 1974'                                  [#note note]

    (p173->) VOILA. J'ai du faire quelque efforts pour que cette salle ne, n'ait pas �t� aujourd'hui occup�e par, par des gens en train de passer des examens et je dois dire qu'on a eu la bont� de, de me la laisser. Il est �vident que c'est plus qu'aimable de la part de l'Universit� de Paris I d'avoir fait cet effort puisque, les cours �tant finis cette ann�e - ce que, bien s�r, moi j'ignore, cette salle aurait d� �tre � la disposition d'une autre partie de l'administration qui, elle, s'occupe de vous canaliser. Voil�.

    Alors tout de m�me, comme �a ne peut pas se renouveler, pass� une certaine limite, �a sera aujourd'hui la derni�re fois de cette ann�e que je vous parle. �a me force naturellement un peu � tourner court, mais ce n'est pas pour me retenir puisqu'en somme il faut bien toujours finir par tourner court. Moi je ne sais pas d'ailleurs tr�s bien comment je suis nich� l�-dedans, parce qu'enfin l'Universit�, si c'est ce que je vous explique, c'est peut-�tre elle la femme . Mais c'est la femme pr�historique, c'est celle dont vous voyez qu'elle est faite de replis. �videmment, moi c'est dans un de ces plis qu'elle m'h�berge. Elle ne se rend pas compte - quand on a beaucoup de plis, on ne sent pas grand-chose - sans �a, qui sait, elle me trouverait peut-�tre encombrant. Bon.

    Alors, d'autre part, d'autre part - je vous le donne en mille - vous n'imaginerez jamais � quoi j'ai perdu mon temps, - perdu, enfin, oui perdu - � quoi j'ai perdu mon temps en partie depuis que je vous ai vus r�unis l� ; je vous le donne en mille : j'ai �t� � Milan � un congr�s de s�miotique . Ca c'est extraordinaire . C'est extraordinaire et bien s�r,  �a ma laiss�, �a m'a laiss� un peu pantois. Ça m'a laiss� un peu pantois en ce sens que c'est tr�s difficile dans une perspective justement universitaire d'aborder la s�miotique. Mais enfin, ce manque m�me que j'y ai, si je puis dire, r�alis�, m'a rejet�  , si je puis dire, sur moi m�me, je veux dire m'a fait m'apercevoir que c'est tr�s difficile d'aborder la s�miotique - moi bien s�r, je n'ai pas mouffet� parce que j'�tais invit�, comme ici, tr�s gentiment, et je ne vois pas pourquoi j'aurais, enfin d�rang� ce Congr�s en disant que - que le s�me, enfin, �a ne peut s'aborder comme �a tout cru � partir d'une certaine id�e du savoir, une certaine id�e du savoir qui n'est pas tr�s bien situ�e, en somme dans l'universit�. Mais j'y ai r�fl�chi et y a � �a des raisons qui sont peut-�tre dues justement au fait que le savoir de la femme (p174->) puisque c'est comme �a que j'ai situ� l'Universit� - le savoir de la femme, c'est peut-�tre pas tout � fait la m�me chose que le savoir dont nous nous occupons ici.

    Le savoir dont nous nous occupons ici - je pense vous l'avoir fait sentir - c'est le savoir en quoi consiste l'inconscient. Et c'est en somme l�-dessus que je voudrais clore cette ann�e.

    Je n'ai jamais, en somme, je ne me suis jamais attach� � autre chose qu'� ce qu'il en est de ce savoir dit inconscient. Si j'ai par exemple marqu� l'accent, enfin, sur le savoir en tant que le discours de la science peut le situer dans le R�el - ce qui est singulier et ce dont je crois avoir ici articul� en quelque sorte l'impasse, l'impasse qui est celui dont on a assailli Newton pour autant que, ne faisant nulle hypoth�se, nulle hypoth�se en tant qu'il articulait la chose scientifiquement, eh bien, il �tait bien incapable de dire o� se situait ce savoir gr�ce � quoi enfin le ciel se meut dans l'ordre qu'on sait, c'est-�-dire sur le fondement de la gravitation. Si j'ai accentu�, n'est-ce pas, ce caract�re dans 1e r�el d'un certain savoir, �a peut sembler �tre � c�t� de la question, � c�t� de la question en ce sens que le savoir inconscient, lui, c'est un savoir � qui nous avons affaire. Et c'est en ce sens qu'on peut le dire dans le R�el.

    C'est ce que j'essaie de vous supporter cette ann�e de ce support d'une �criture, d'une �criture qui n'est ais�e , puisque c'est  celle que vous m'avez vu manier plus ou moins adroitement au tableau sous la forme du noeud borrom�en. Et c'est en quoi je voudrais conclure cette ann�e ; c'est � revenir sur ce savoir et � dire comment il se pr�sente. Comme il se pr�sente, je ne dirais pas tout � fait dans le R�el, mais sur le chemin qui nous m�ne au R�el.

    De �a, il faut tout de m�me que je reparte, de ce qui m'a �t� �galement pr�sentifi�, pr�sentifi� dans c't'intervalle , c'est � savoir qu'il y a de dr�les de gens enfin, des gens qui continuent dans une certaine Soci�t� dite Internationale, qui continuent � op�rer comme, si tout �a allait de soi. C'est � savoir que �a pouvait se situer, se situer dans un monde, dans un monde comme �a qui serait fait de corps, de corps qu'on appelle vivants - et bien s�r y a pas de raison qu'on les appelle pas comme �a, n'est-ce pas - qui sont plong�s dans un milieu, un milieu qu'on appelle " monde " et tout �a, en effet, pourquoi le rejeter d'un coup ?

    N�anmoins, ce qui ressort d'une pratique, d'une pratique qui se fonde sur l'ek-sistence de l'inconscient, doit tout de m�me nous permettre de d�coller de cette vision �l�mentaire qui est celle je ne dirais pas : du moi, encore qu'il s'en encombre et que j'aie lu des choses directement extraites d'un certain congr�s qui s'est tenu a Madrid o� par exemple, on s'aper�oit que Freud lui-m�me, je dois dire , a dit des choses aussi �normes, aussi �normes que �a que je vais vous avancer : que c'est du moi - le moi, c'est autre chose que (p175->) l'inconscient, �videmment, ce n'est pas soulign� que c'est autre chose, y a un moment o� Freud a refait toute sa Topique n'est-ce pas, comme on dit : y a la fameuse seconde Topique qui est une �criture, simplement, qui n'est pas autre chose que quelque chose en forme d'oeuf, forme d'oeuf qui est tout � fait d'autant plus frappante � voir, cette forme d'oeuf, que ce qu'on y situe comme le moi vient � la place o� sur un oeuf, ou plus exactement sur son jaune, sur ce qu'on appelle le vitellus, est la place du point embryonnaire. C'est �videmment curieux, c'est �videmment tr�s curieux et �a rapproche la fonction du moi de celle o�, en somme, va se d�velopper un corps, un corps dont c'est seulement le d�veloppement de la biologie qui nous permet de situer dans les premi�re modulations, gastrulations, etc . , la fa�on dont il se forme.

    Mais comme ce corps - et c'est en �a que �a consiste, cette seconde Topique de Freud - comme ce corps est situ� d'une relation au �a, au �a qui est une id�e extraordinairement confuse ; comme Freud l'articule, c'est un lieu, un lieu de silence, c'est ce qu'il en dit de principal. Mais � l'articuler ainsi , il ne fait que signifier que ce qui est suppos� �tre �a, c'est l'inconscient quand il se tait. Ce silence, c'est un t a i r e . Et ce n'est pas l� rien, c'est certainement un effort, un effort dans le sens, dans un sens peut-�tre, un peu r�gressif par rapport � sa premi�re d�couverte, dans le sens disons de marquer la place de l'Inconscient. Ce ne dit pas pour autant ce qu'il est, cet inconscient, en d'autres termes, � quoi il sert. L� , il se tait : il est la place du silence. II reste hors de doute que c'est compliquer le corps, le corps en tant que dans ce sch�me, c'est le moi, le moi qui se trouve , dans cette �criture en forme d'oeuf, le moi qui se trouve le repr�senter.

    Le moi est-il le corps ? Ce qui rend difficile de le r�duire au fonctionnement du corps, c'est justement ceci que dans ce sch�me, il est cens� ne se d�velopper que sur le fondement de ce savoir, de ce savoir en tant qu'il se tait, et d'y prendre ce qu'il faut bien appeler sa nourriture. Je vous le r�p�te : c'est difficile d'�tre enti�rement satisfait de cette seconde Topique parce que ce qui se passe, � quoi nous avons affaire dans la pratique analytique, c'est quelque chose qui semble bien se pr�senter d'une fa�on toute diff�rente, c'est � savoir que cet inconscient, par rapport � ce qui couplerait si bien le moi au monde, le corps � ce qui l'entoure, ce qui l'ordonnerait sous cette sorte de rapport qu'on s'obstine � vouloir consid�rer comme naturel, c'est que par rapport � lui, cet inconscient se pr�sente commeessentiellement diff�rent de cette harmonie. Disons le mot : dysharmonique. Je le l�che tout de suite, et pourquoi pas ? Il faut y mettre l'accent. Le rapport au monde est certainement, si nous donnons son sens, ce sens effectif qu'il a dans la pratique, est quelque chose dont on ne peut pas ne pas tout de suite ressentir que, par rapport � cette vision toute simple en quelque sorte de l'�change avec l'environnement, cet inconscient est parasitaire. C'est un parasite dont il semble qu'une certaine esp�ce, entre autres, s'accommode fort bien, mais ce n'est que dans la mesure o� elle n'en ressent pas les effets qu'il faut bien dire (p176->) �noncer pour ce qu'ils sont : c'est-�-dire pathog�nes. Je veux dire que cet heureux rapport, ce rapport pr�tendu harmonique entre ce qui vit et ce qui l'entoure, est perturb� par l'insistance de ce savoir, de ce savoir sans doute h�rit� - ce n'est pas un hasard qu'il soit l� - et cet �tre parlant, pour l'appeler comme �a, comme je l'appelle - cet �tre parlant l'habite mais il ne l'habite pas sans toutes sortes d'inconv�nients. Alors s'il est difficile de ne pas faire de la vie la caract�ristique du corps, parce que c'est � peu pr�s tout ce que nous pouvons en dire. En tant que corps, il est l� et il a bien l'air de se d�fendre, de se d�fendre contre quoi ? contre ce quelque chose auquel il est difficile de ne pas l'identifier, c'est-�-dire de ce qu'il en reste, de ce corps , quand il n'a plus la vie. C'est � cause de �a qu'en anglais on appelle le cadavre corpse ; autrement, quand il vit, on l'appelle body . Mais que ce soit le m�me, �a a l'air satisfaisant comme �a, mat�riellement. Enfin, on voit bien que ce qu'il en reste, c'est le d�chet, et s'il faut en conclure que la vie, comme disait Bichat, c'est l'ensemble des forces qui r�sistent � la mort, c'est un sch�ma, c'est un sch�ma malgr� tout, c'est un sch�ma un peu grossier. Ça ne dit pas du tout comment �a se soutient, la vie. Et � la v�rit�, � la v�rit�, il a fallu en arriver fort tard, fort tard dans la biologie, pour qu'on ait l'id�e que la vie, c'est autre chose - c'est tout ce que nous pouvons en dire - c'est autre chose que l'ensemble des forces qui s'opposent � la r�solution du corps en cadavre. Je dirais m�me plus : tout ce qu'il peut y avoir qui nous laisse esp�rer un peu autre chose, � savoir de ce que c'est que la vie, nous porte tout de m�me vers une toute autre conception : celle dont j'ai cette ann�e essay� de placer quelque chose en vous parlant d'un biologiste, d'un biologiste �minent, de Jacob dans sa collaboration avec Wollman, et de ce qui, d'ailleurs, bien au del�, se trouve �tre ce que nous pouvons articuler du d�veloppement de la vie, et nomm�ment ceci auquel les biologistes arrivent , que gr�ce au fait qu'ils peuvent y regarder d'un peu plus pr�s qu'on ne l'a fait depuis toujours, que la vie se supporte de quelque chose dont je ne vais pas, quant � moi, franchir le pas et dire que �a ressemble � un langage, et parler des messages qui seraient inscrits dans les premi�res mol�cules et qui pourraient faire des effets �videmment singuliers, des effets qui se manifestent dans la fa�on dont s'organisent toutes sortes de choses qui vont aux purines, ou � toutes sortes de constructions chimiquement rep�r�es et rep�rables. Mais enfin, il y a certainement un d�saxement profond qui se produit et qui se produit d'une fa�on dont il est pour le moins curieux que �a vienne � remarquer que tout part de quelque chose d'articul�, jusque et y compris une ponctuation.

    Je ne veux pas m'�tendre l�-dessus, je ne veux pas m'�tendre l�-dessus, mais apr�s tout, c'est bien parce que je n'assimile nullement cette sorte de signal�tique dont se sert la biologie, je ne l'assimile nullement � ce qu'il en est du langage, contrairement � la sorte de jubilation qui semble avoir saisi � ce propos, le linguiste (p177->) qui se rencontre avec le biologiste, lui serre la main et lui dit nous sommes dans le m�me bain. Je crois que des concepts, par exemple, comme celui de stabilit� structurelle peuvent , si je puis dire, donner une autre forme de pr�sence au corps. Car enfin, ce qui est essentiel, ce n'est pas seulement comment la vie s'arrange avec soi-m�me pour qu'il se produise des choses qui sont capables d'�tre vivantes, c'est que tout de m�me, le corps a une forme, une organisation, une morphogen�se, et que c'est une autre fa�on aussi de voir les choses, � savoir qu'un corps, �a se reproduit.

    Alors, c'est pas pareil , quand m�me, c'est pas pareil que la fa�on dont � l'int�rieur, �a communique, si on peut dire. Cette notion de communication qui est tout ce dont il s'agit dans cette id�e des premiers messages gr�ce � quoi s'organiserait la substance chimique, c'est autre chose. C'est autre chose et alors, c'est l� qu'il faut faire le saut et nous apercevoir que des signes sont donn�s dans une exp�rience privil�gi�e, qu'il y a un ordre, un ordre � distinguer , non pas du R�el, mais dans le R�el, et qu'il s'origine, s'originalise d'�tre solidaire de quelque chose qui, malgr� nous, si je puis dire, est exclu de cet abord de la vie, mais dont nous ne nous rendons pas compte - c'est �a sur quoi, cette ann�e, j'ai voulu insister - que la vie l'implique, l'implique imaginairement si on peut dire. Ce qui nous frappe dans ce fait qui est celui auquel a adh�r� vraiment Aristote, qu'il n'y a que l'individu qui compte vraiment, c'est que sans le savoir, il y suppose la jouissance. Et ce qui constitue l'Un de cet individu, c'est qu'� toutes sortes de signes - mais pas de signes dans le sens o� je l'entendais tout � l'heure, de signes que donne cette exp�rience privil�gi�e que je situais dans l'analyse, ne l'oublions pas - il y a des signes dans son d�placement, dans sa motion, enfin, qu'il jouit. Et c'est bien en �a qu'Aristote n'a aucune peine � faire une �thique, c'est qu'il suppose, c'est qu'il suppose File:Jouis.jpg , que File:Jouis.jpg n'avait pas re�u ce sens que plus tard il a re�u des �picuriens ; 1'File:Jouis.jpg dont il s'agit, c'est ce qui met le corps dans un courant qui est de jouissance. Il ne peut le faire que parce qu'il est lui m�me dans une position privil�gi�e, mais comme il ne sait pas laquelle, comme il ne sait pas qu'il pense ainsi la jouissance parce qu'il est de la classe des ma�tres, il se trouve qu'il y va tout de m�me, � savoir que seul celui qui peut faire ce qu'il veut, que seul celui-l� a une �thique.

    Cette jouissance est �videmment li�e bien plus qu'on ne le croit � la logique de la vie. Mais ce que nous d�couvrons, c'est que chez un �tre privil�gi�, aussi privil�gi� qu'Aristote l'�tait par rapport � l'ensemble de l'humain - chez un �tre privil�gi�, cette vie, si je puis dire, se varie, ou m�me s'avarie, s'avarie au point de se diversifier, dans quoi ? Eh bien, c'est de �a qu'il s'agit justement : il s'agit des s�mes, � savoir de ce quelque chose qui s'incarne dans " lalangue ". Car il faut bien se r�soudre � penser que " lalangue " est solidaire de la r�alit� des sentiments qu'elle signifie. S'il y a quelque chose qui nous le fait vraiment (p178->) toucher, c'est justement la psychanalyse. Qu' " emp�chement " comme je l'ai dit dans un temps dans mon s�minaire sur l'Angoisse dont je peux regretter qu'apr�s tout il ne soit pas d�j� l� � votre disposition - qu' " emp�chement ", " �moi ", - " �moi " tel que je l'ai bien pr�cis� : " �moi " c'est retrait d'une puissance - qu' " embarras " soient des mots qui ont du sens, eh bien, ils n'ont de sens que v�hicul�s sur les traces que fraye " lalangue ". Bien s�r, nous pouvons projeter comme �a sur des animaux ces sentiments. Je vous ferai remarquer seulement que si nous pouvons, " emp�chement ", " �moi ", " embarras ", le projeter sur des animaux, c'est uniquement sur des animaux domestiques. Que nous puissions dire qu'un chien ait �t� �mu, embarrass� ou emp�ch� dans quelque chose, c'est dans la mesure o� il est dans le champ de ces s�mes, et ceci par notre interm�diaire.

    Alors je voudrais quand m�me vous faire sentir ce qu'implique l'exp�rience analytique : c'est que, quand il s'agit de cette s�miotique, de ce qui fait sens et de ce qui comporte sentiment, eh bien , ce que d�montre cette exp�rience, c'est que c'est de " lalangue ", telle que je l'�cris, que proc�de ce que je ne vais pas h�siter � appeler l'animation - et pourquoi pas, vous savez bien que je ne vous barbe pas avec l'�me : l'animation, c'est dans le sens d'un s�rieux trifouillement, d'un chatouillis, d'un grattage, d'une fureur, pour tout dire - l'animation de la jouissance du corps. Et cette animation n'est pas notre exp�rience, ne provient pas de n'importe o� . Si le corps, dans sa motricit� , est anim�, au sens o� je viens de vous le dire, � savoir que c'est l'animation que donne un parasite, l'animation que peut-�tre moi je donne � l'Universit� par exemple, eh bien, �a provient d'une jouissance privil�gi�e, distincte de celle du corps. Il est bien certain que pour en parler, enfin, on est plut�t dans l'embarras parce que l'avancer comme �a, c'est risible, et c'est pas pour rien que ce soit risible : c'est risible parce que �a fait rire. Mais c'est tr�s pr�cis�ment �a que nous situons dans la jouissance phallique. La jouissance phallique, c'est celle qui est en somme apport�e par les s�mes, puisqu'aujourd'hui � c�t� de - puisqu'aujourd'hui , tracass� comme je l'ai �t� par ce Congr�s de s�miotique, je me permets d'avancer le mot " s�me ". C'est pas que j'y tienne, vous comprenez, parce que je ne cherche pas � vous compliquer la vie. Je ne cherche pas � vous compliquer la vie, ni surtout � vous faire s�mioticiens. Dieu sait o� �a pourrait vous mener ! Ça vous m�nera d'ailleurs dans l'endroit o� vous �tes, c'est-�-dire que �a ne vous sortira pas de l'Universit�. Seulement, c'est quand m�me l� ce dont il s'agit : le s�me - ce n'est pas compliqu� - c'est ce qui fait sens. Tout ce qui fait sens dans " Ialangue " s'av�re li� � l'ek-sistence de cette langue, � savoir que c'est en dehors de l'affaire de la vie du corps, et que s'il y a quelque chose, que j'ai essay� de d�velopper cette ann�e devant vous - que j'esp�re avoir rendu pr�sent, mais qui sait ? - c'est que c'est pour autant que cette jouissance phallique, que cette jouissance s�miotique se surajoute au corps qu'il y a un probl�me.

(p179->) Ce probl�me, je vous ai propos� de le r�soudre si tant est que ce soit une compl�te solution, mais de le r�soudre simplement enfin, du constat que cette s�miosis patinante chatouille le corps dans la mesure - et cette mesure, je vous la propose comme absolue - dans la mesure o� il n'y a pas de rapport sexuel. En d'autres termes, dans cet ensemble connus que seul le s�me,  le s�me une fois qu'on l'a lui-m�me un peu �veill� � l'ek-sistence, c'est-�-dire qu'on l'a dit comme tel, c'est par l� que c'est dans la mesure o� le corps parlant habite ces s�mes qu'il trouve le moyen de suppl�er au fait que rien, rien � part �a, ne le conduirait vers ce qu'on a bien �t� forc� de faire surgir dans le terme " autre" , dans le terme " autre " qui habitue " lalangue " et qui est fait pour repr�senter ceci, justement qu'il n'y a avec le partenaire, le partenaire sexuel, aucun rapport autre que par l'interm�diaire de ce qui fait sens dans " lalangue ". Il n'y a pas de rapport naturel, non pas que s'il �tait naturel, on pourrait l'�crire, mais que justement on ne peut pas l'�crire parce qu'il n'y a rien de naturel dans le rapport sexuel de cet �tre qui se trouve moins �tre parlant qu'�tre parl�.

    Qu'imaginairement, � cause de �a, cette jouissance dont vous voyez qu'en vous la pr�sentant comme phallique, je l'ai qualifi�e de fa�on �quivalente comme s�miotique , bien s�r, c'est �videmment parce qu'il me para�t tout � fait grotesque de l'imaginer ce phallus , dans l'organe m�le. C'est quand m�me bien ainsi que dans le fait que r�v�le l'exp�rience analytique, il est imagin�. Et c'est certainement aussi le signe qu'il y a dans cet organe m�le quelque chose qui constitue une exp�rience de jouissance qui est � part des autres, non seulement qui est � part des autres, mais qui, les autres jouissances, la jouissance qu'il est, ma foi, tout � fait facile d'imaginer, � savoir qu'un corps, mon Dieu, c'est fait pour qu'on ait le plaisir de lever un bras et puis l'autre, et puis de faire de la gymnastique, et de sauter, et de courir, et de tirer, et de faire tout ce qu'on veut. bon. I1 est quand m�me curieux que ce soit autour de cet organe que naisse une jouissance privil�gi�e. Car c'est ce que nous montre l'exp�rience analytique, c'est � savoir que c'est autour de cette forme grotesque que se met � pivoter cette sorte de suppl�ance que j'ai qualifi�e de ce qui, dans l'�nonc� de Freud, est marqu� du privil�ge, si on peut dire, du sens sexuel sans qu'il ait vraiment r�alis� - quoique tout de m�me, �a le chatouillait lui aussi et il l'a entrevu, il l'a presque dit dans Malaise dons la Civilisation - c'est � savoir que le sens n'est sexuel que parce que le sens se substitue justement au sexuel qui manque. Tout ce qu'implique son usage, son usage analytique du comportement humain, c'est �a que �a suppose : non pas que le sens refl�te le sexuel, mais qu'il y suppl�e.

    Le sens, il faut le dire, le sens comme �a quand on ne le travaille pas, eh bien, il est opaque. La confusion des sentiments, c'est tout ce que " lalangue " est faite pour s�miotiser. Et c'est bien pour �a que tous les mots sont faits pour �tre ployables � tous les sens. Alors, ce que j'ai propos�, ce que j'ai propos� d�s le d�part de cet enseignement, d�s le discours de Rome, c'est d'accor-(p180->)der l'importance qu'elle a dans la pratique, dans la pratique analytique , au mat�riel de " lalangue ". Un linguiste, un linguiste, bien s�r, est tout � fait introduit d'embl�e � cette consid�ration de lalangue comme ayant un mat�riel. Il le conna�t bien, ce mat�riel : c'est celui qui est dans les dictionnaires, c'est le lexique, c'est la morphologie aussi, enfin , c'est l'objet de sa linguistique. Il y a quelqu'un qui, naturellement est � cent coud�es au-dessus d'un tel congr�s que celui que je vous ai dit, c'est Jakobson. Il a un petit peu parl� de moi en marge, pas dans son discours d'entr�e, mais tout de suite apr�s, il a tenu � bien pr�ciser que l'usage que j'avais fait de Saussure, et derri�re de Saussure - j'en savais assez pour le savoir quand m�me - des sto�ciens et de saint Augustin. Pourquoi pas ? Moi, je ne recule devant rien. C'est bien s�r que ce que j'ai emprunt� � Saussure simplement et aux sto�ciens sous le terme de signatum , ce signatum, c'est le sens et qu'il est tout aussi important que cet accent que j'ai mis sur le signans . . .  

    Le signans a l'int�r�t, a l'int�r�t qu'il nous permet dans l'analyse d'op�rer , de r�soudre, encore que comme tout le monde nous ne soyons capables que d'avoir une pens�e � la fois, mais de nous mettre dans cet �tat dit pudiquement d'attention flottante qui fait que justement quand le partenaire, l�, l'analysant, lui, en �met une, une pens�e, nous pouvons en avoir une tout autre, que c'est un heureux hasard d'o� jaillit un �clair ; et c'est justement l� que peut se produire l'interpr�tation, c'est-�-dire qu'� cause du fait que nous avons une attention flottante, nous entendons ce qu'il a dit quelquefois simplement du fait d'une esp�ce d'�quivoque, c'est-�-dire d'une �quivalence mat�rielle. Nous nous apercevons de ce qu'il a dit - nous nous en apercevons parce que nous le subissons - que ce qu'il a dit pouvait �tre entendu tout de travers. Et c'est justement en l'entendant tout de travers que nous lui permettons de s'apercevoir d'o� ses pens�es, sa s�miotique � lui, d'o� elle �merge : elle �merge de rien d'autre que de l'ek-sistence de " lalangue ". " Lalangue " ek-siste, ek-siste ailleurs que dans ce qu'il croit �tre son monde.

    " Lalangue " a le m�me parasitisme que la jouissance phallique, par rapport � toutes les autres jouissances. Et c'est elle qui d�termine comme parasitaire dans le R�el ce qu'il en est du savoir inconscient. Il faut concevoir " lalangue ". Et pourquoi pas, pourquoi pas parler de ce que " lalangue " serait en rapport avec la jouissance phallique comme les branches � l'arbre. C'est pas pour rien - parce que quand m�me, j'ai ma petite id�e . . . - c'est pas pour rien que je vous ai fait remarquer que ce fameux arbre de d�part, l�, celui o� on a cueille la pomme, on pouvait se poser la question s'il jouit lui-m�me tout comme un autre �tre vivant. Si je vous ai avanc� �a, c'est pas tout � fait sans raisons, bien s�r. Et alors, disons que " lalangue " , n'importe quel �l�ment de " lalangue ". c'est, au regard de la jouissance phallique, un brin de jouissance. Et c'est en �a que �a �tend ses racines si loin dans le corps.

    (p181->) Bon, alors ce dont il faut partir - vous voyez, �a tra�ne, il est tard, bon c'est cette forte affirmation que l'inconscient n'est pas une connaissance : c'est un savoir, et un savoir en tant que je le d�finis de la connexion de signifiants. Premier point. Deuxi�me point : c'est un savoir dysharmonique qui ne pr�te d'aucune fa�on � un mariage heureux, un mariage qui serait heureux. C'est impliqu� dans la notion m�me de mariage, c'est �a qui est �norme, qui est fabuleux : qui est-ce qui conna�t un mariage heureux ? Non, mais enfin . . . Passons. N�anmoins le nom est fait pour exprimer le bonheur. Oui, le nom est fait pour exprimer le bonheur et c'est celui qui m'est venu pour vous dire ce qu'on pourrait imaginer d'une bonne adaptation, comme on dit, d'un embo�tement , enfin de quelque chose qui ferait que ce que je vous ai dit de la vie, de la vie du corps chez celui qui parle, �a pourrait se juger d'un juste, d'un noble �change entre ce corps et son milieu, comme on dit, son Welt � la noix.

    Quand m�me, ces remarques ont leur importance historique, parce que vous verrez, vous qui me survivrez, vous le verrez tout ce qui a commenc� de se balbutier en biologie donne bien l'impression que la vie n'a rien de naturel. C'est une chose folle. La preuve, c'est qu'on y a foutu la linguistique ! C'est �norme, enfin. Elle r�servera des surprises, cette vie, quand on aura cess� de parler comme des sansonnets, � savoir de s'imaginer que la vie �a s'oppose � la mort. C'est absolument dingue, cette histoire ! D'abord, qu'est-ce que nous en savons ? Qu'est-ce qui est mort ? Le monde inanim�, que nous disons. Mais c'est parce qu'il a une autre conception de l'�me que celle que je vous repr�sentais maintenant, � savoir que l'�me, c'est ce qui . . . , c'est un crabe.

    Alors, je vais vous dire, m�me : au point o� nous en sommes, c'est paradoxal. C'est paradoxal, je dis �a parce que j'ai lu un petit papier torchon qui s'est �mis l� dans le dernier congr�s de la Soci�t� de Psychanalyse et qui t�moignait de ceci qui est pour le moins paradoxal : c'est que pour ce que je suis en train de rejeter, � savoir qu'il y ait connaissance, qu'il y ait la moindre harmonie de ce qu'on situe de la jouissance, de la jouissance corporelle avec ce qui entoure. Mais il n'y a qu'un endroit o� �a puisse se produire, cette fameuse connaissance, un endroit, � mon sens et vous ne le devinerez jamais : c'est dans l'analyse elle-m�me. Dans l'analyse, on peut dire qu'il peut y avoir quelque chose qui ressemble � la connaissance. Et j'en trouve le t�moignage dans ceci qu'� propos du papier, du papier torchon dont je vous parle o� il s'agit du r�ve, c'est absolument merveilleux l'innocence avec laquelle �a s'avoue. Il y a une personne, et une personne dont je m'�tonne pas du tout que ce soit cette personne -l�, parce que quand m�me il a re�u une touche d'un petit coup de fion que je lui ai donn� dans le temps, c'est que tout est centr� autour de ceci qu'il voit se reproduire dans un de ses r�ves une note, une note � proprement parler s�mantique - � savoir que �a n'est que vraiment l� comme not�, articul�, �crit - il voit se reproduire dans un de ses r�ves une note s�mantique du r�ve d'un de ses patients .

    (p182->) I1 a bien raison de foutre " connaissance " dans son titre. Cette esp�ce de mise en covibration, en covibration s�miotique, en fin de compte, c'est pas �tonnant qu'on appelle �a comme �a pudiquement le transfert. Et on a bien raison aussi de ne l'appeler que comme �a. Ca, je suis pour. Ce n'est pas l'amour, mais c'est l'amour au sens ordinaire, c'est l'amour tel qu'on se l'imagine. L'amour, c'est �videmment autre chose. Mais pour ce qui est de l'id�e, si je puis dire, qu'on se fait de l'amour, on ne fait pas mieux que dans cette sorte de connaissance analytique. Je ne suis pas s�r que �a m�ne loin, c'est bien aussi d'o� leurs pourquoi �a reste dans le marais, toute l'exp�rience analytique. Ce n'est pas de cela qu'il devrait s'agir. Il doit s'agir d'�laborer, de permettre � celui que j'appelle l'analysant d'�laborer, d'�laborer ce savoir, ce savoir inconscient qui est en lui comme un chancre, pas comme une profondeur, comme un chancre.

    Ça, c'est autre chose, bien s�r, c'est autre chose que la connaissance. Et il y faut une discipline �videmment un peu autre qu'une discipline philosophique. Il y a un machin de Cocteau parce que de temps en temps je ne vois pas pourquoi je cracherais sur les �crivains, ils sont plut�t moins cons que les autres - il y a un machin de Cocteau qui s'appelle Le Potomak o� il a cr�� quelque chose dont je ne vais pas me mettre � vous dire ce que c'est : les Eug�nes. Mais il y a aussi l�-dedans les Mortimer. Les Mortimer n'ont qu'un seul coeur, et c'est repr�sent� dans un petit dessin o� ils ont un r�ve en commun.  

Name.jpg

    C'est quelqu'un dans le genre de mon psychanalyste de tout � l'heure, de celui que je n'ai pas nomm� : entre l'analysant et l'analyste c'est comme chez les Mortimer. C'est pas fr�quent, c'est pas fr�quent, m�me chez les gens qui s'aiment, qu'ils fassent le m�me r�ve. Ca, c'est m�me tr�s remarquable. C'est bien ce qui prouve la solitude de chacun avec ce qui sort de la jouissance phallique. Bien.

    Alors quand m�me - il ne reste plus qu'un petit quart d'heure - je voudrais quand m�me  faire quelques remarques sur la port�e - parce que �a (p183->) a sembl� frapper comme �a un copain qui est l� au premier rang, je lui ai l�ch� �a comme �a au cours d'un d�ner et j'ai eu la surprise de voir que �a le comblait de plaisir, alors je me suis rendu compte � quel point je m'explique mal : parce que moi je vous avais �crit au tableau :

File:9.jpg

ce qui veut dire : 

il faut qu'il y ait un
qui dise non � la jouissance phallique
gr�ce � quoi et seulement � quoi
il y en a des tous qui disent oui

    Et je vous ai mis en face ceci : qu'il y a - j'ai d�, j'ai d� pr�ter � confusion - qu'il y en a d'autres chez qui il n'y en a pas qui disent non. Seulement, �a a pour curieuse cons�quence que chez ces autres, enfin, y a pas de tout qui dise oui. Ça , c'est l'inscription, c'est la tentative d'inscription dans une fonction math�matique de quelque chose qui use des quanteurs ; et il n'y a rien d'ill�gitime - je ne vais pas plaider �a aujourd'hui parce que nous n'avons plus le temps - il n'y a rien d'ill�gitime � cette quantification du sens. Cette quantification rel�ve d'une identification . L'identification rel�ve d'une unification. Qu'est-ce que je vous ai �crit autrefois dans les formules des quatre discours ? Un S1.jpg qui vient se ficher, qui vient pointer dans un S2.jpg . Qu'est-ce que c'est qu'un S1.jpg ? C'est un signifiant, comme la lettre l'indique. Le propre d'un signifiant - c'est un fait de langue auquel on ne peut rien - c'est que tout signifiant peut se r�duire � la port�e du signifiant Un . Et c'est en tant que signifiant Un - je pense que vous vous souvenez autre-fois de mes petites parenth�ses : S1.jpg S2.jpg entre parenth�ses, et il y avait des S1.jpg qui se refoutaient devant, etc . , pour exprimer l'affaire que je d�finis pour faire que le signifiant �a soit ce qui domine dans la constitution du sujet : un signifiant est ce qui repr�sente un sujet pour un autre signifiant. Bon alors, alors, toute lettre x, quelle qu'elle soit, �a veut dire cet Un comme ind�termin�. C'est ce qu'on appelle dans la fonction, dans la fonction au sens math�matique, l'argument. C'est de l� que je suis parti pour vous parler de l'identification. Mais s'il y a une identification, une identification sexu�e, et si d'autre part je vous dis qu'il n'y a pas de rapport sexuel, qu'est-ce que �a veut dire ? Ca veut dire qu'il n'y a d'identification sexu�e que d'un c�t�, c'est-�-dire que tous ces �pinglages dits fonctionnels de l'identification, ils sont � mettre - et c'est en �a que le copain en question manifestait sa vive satisfaction, c'est parce que je le lui ai dit comme �a appuy�, au lieu qu'� vous, je vous ai laiss�s dans la m�lasse - c'est que toutes ces identifications sont du m�me c�t� : �a veut dire qu'il n'y a qu'une femme qui est capable de les faire. Pourquoi pas l'homme ? Parce que vous remarquez que je dis bien s�r "une femme " et puis je dis : " l'homme ". Parce que l'homme, l'homme, l'homme tel que (p184->) l'imagine la femme , c'est-�-dire celle qui n'existe pas, c'est-�-dire une imagination de vide, l'homme, lui, il est tordu par son sexe . Au lieu qu'une femme peut faire une identification sexu�e . Elle a m�me que �a faire, puisqu'il faut qu'elle en passe par la jouissance phallique qui est justement ce qui lui manque . Je vous dis �a parce que je pourrais le moucheter d'un rep�rage de mes quatre petits �pinglages , l� : File:Existe.jpgde x - je ne vais pas au tableau parce que vous n'allez plus entendre si j'�cris au tableau File:Existe.jpg de x, Phi.jpgde x : qu' est-ce que �a veut dire pour la femme, puisque vous avez pu croire qu'avec �a, que ce que je d�signais c'�taient tous les hommes ? Ca veut dire l'exigence que la femme montre - c'est patent : que l'homme soit tout � elle. Je commence par l�, parce que c'est le plus marrant. Il est dans la nature d'une femme d'�tre jalouse, dans la nature de son amour. Quand je pense qu'il va falloir que d'ici dix minutes , je vous explique aussi ce que c'est que l'amour ! C'est ennuyeux d'�tre bouscul� � ce point-l�. Bon . Le " pas toutes " dont j'ai inscrit l'autre rapport au Phi.jpg de x , c'est par quoi ce m�me amour, l'amour dont il s'agit et que je mets l� comme �a, g�n�reusement tout entier du c�t� des femmes, il faut quand m�me y mettre, si je puis dire, une p�dale, je veux dire par l�, que c'est " pas toute " qu'elle aime : il lui en reste un bout pour elle , de sa jouissance corporelle . C'est �a que �a veut dire , le File:Paspour.jpg , le pas-toutisme . Bon , Et puis apr�s le File:Exix.jpg  , l'existence , l'existence du x , lui, que pour un rien - pour un rien et puis parce que je l'ai dit ici en clair - qui est celui o� se situe Dieu . . .I1 faut �tre plus temp�r� , je veux dire par l� qu'il ne faut pas se monter le bourrichon avec cette histoire de Dieu , depuis le temps , �a s'use , et c'est tout de m�me pas parce qu'il y a du savoir dans le R�el que nous somme forc�s de l'identifier � Dieu. Je m'en vais vous en proposer , moi une autre interpr�tation le File:9.jpg  c'est le lieu de la jouissance de la femme qui est beaucoup plus li� au dire qu'on ne l'imagine. II faut bien dire que sans la psychanalyse, il est bien �vident que je serais l�-dedans comme un b�jaune , comme tout le monde . Le lien de la jouissance de la femme � l'impudence du dire, c'est ce qui me parait important � souligner. Je n'ai pas dit l'impudeur . L'impudence , c'est pas pareil , c'est pas pareil du tout . Et le File:10.jpg barr�s tous 1es deux, c' est en quoi la femme n'existe pas , c'est-�-dire ce en quoi sa jouissance ne saurait �tre fond�e de sa propre impudence.

    Je vous livre �a comme �a, c'est , je dois convenir que c'est . . . je vous trouve patients. Ça, c'est des coups de massues que je vous colle sur le zinzin . Mais enfin , comme je suis un tout petit peu bouscul�, je voudrais quand m�me conclure sur ce fait que 1 ' i n c o n s c i e n t  c o m m e  s a v o i r  d y s h a r m o n i q u e  e s t  p 1 u s  � t r a n g e r  �  u n e  f e mm e  q u ' �  1 ' h o m m e. C'est marrant que je vous dise un truc pareil ! Et alors , et alors qu'est-ce qui va en r�sulter ? Qu'est-ce qui va en r�sulter c'est qu'il y a quand m�me le c�t� femme. C'est pas parce qu'il est plus �tranger qu'il est pas �tranger � l'homme aussi. II lui est plus �tranger � elle parce que �a lui vient de 1'homme, de l'homme dont j'ai parl� tout � l'heure, de l'homme dont elle r�ve parce que si j'ai dit que l'homme existe, j'ai bien pr�cis� que c'est dans la mesure o� c'est lui qui par l'inconscient est le plus (p185->) chancr�, �chancr�, m�me. Mais une femme conserve, si je puis dire, un petit peu plus d'a�ration dans ses jouissances. Elle est moins �chancr�e contrairement � l'apparence.

    Et c'est l�-dessus que je voudrais terminer. Je voudrais terminer sur ceci qui est extrait de Peirce : c'est qu'il s'est aper�u quand m�me que la logique, la logique aristot�licienne, c'est une logique purement pr�dicative et classificatoire. Alors il s'est mis � cogiter autour de l'id�e de la relation, � savoir ce qui est parfaitement, ce qui va de soi, ce qui est du billard, du billard concernant non pas l'�pinglage fonctionnel � un seul argument que je viens de vous donner pour �tre celui de l'identification en en remettant la chose dans la poche de la femme, il s'est mis � cogiter autour de x R .    R, signe d'une relation id�ale vid�e, il ne dit pas laquelle - R et y : x R y : une fonction � deux arguments. Qu'est ce que c'est, � partir de ce que je viens de vous avancer aujourd'hui, qu'est-ce que c'est que la relation savoir ? Il y a une chose tr�s tr�s astucieuse qui est not�e dans Peirce - vous voyez, je rends hommage � mes auteurs. Quand j'y fais une trouvaille, je la lui rends. Je la lui rends comme �a, je pourrais aussi bien ne pas la lui rendre. Autrefois, j'ai parl� de m�taphore et de m�tonymie, et tous les gens se sont mis � pousser les hauts cris, sous pr�texte que je n'avais pas dit tout de suite que je devais �a � Jakobson. Comme si tout le mon de ne devait pas le savoir ! Enfin, c'�tait Laplanche et Lefebvre-Pontalis qui ont pouss� les hauts cris autour de �a. Enfin, quel souvenir ! C'est le cas de le dire !

    Si ce que je vous dis aujourd'hui, ce que je vous avance, est fond�, le savoir, �a n'a pas de sujet. Si le savoir c'est foutu dans la connexion de deux signifiants et que ce n'est que �a, �a n'a de sujet qu'� ne supposer qu'un ne sert que de repr�sentant du sujet aupr�s de l'autre. I1 y a quand m�me quelque chose d'assez curieux l� : c'est que la relation, si vous �crivez x R y dans cet ordre, en r�sulte-t-il que x est relat� � y ? Pouvons-nous de la relation supporter ce qui s'exprime dans la voie active ou passive du verbe ? Mais �a ne va pas de soi. C'est pas parce que j'ai dit que les sentiments sont toujours r�ciproques - car c'est ainsi que je me suis exprim� dans le temps devant des gens qui comme d'habitude n'entendent rien � ce que je dis - c'est pas parce qu'on aime qu'on est aim�. Je n'ai jamais os� dire une chose pareille. L'essence de la relation, si en effet quelqu'effet en revient au point de d�part, �a veut simplement dire que quand on aime on est fait �namor�. Et quand le premier terme, c'est le savoir ? L�, nous avons une surprise, c'est que le savoir, c'est parfaitement identique , au niveau du savoir inconscient, au fait que le sujet est su. Au niveau du sens en tout cas, c'est absolument clair le savoir, c'est ce qui est su.

    Alors essayons quand m�me de tirer quelques cons�quences de ceci que ce que l'analyse nous montre, c'est que ce qu'on appelle le transfert, c'est-�-dire ce que j'ai appel� tout � l'heure l'amour, l'amour courant -l'amour sur lequel on s'asseoit tranquillement et  (p186->) puis , pas d'histoires - c'est pas tout � fait pareil que ce qui se produit quand �merge la jouissance de la femme . Mais , que voulez vous, je vous r�serverai �a pour l'ann�e prochaine. Pour l'instant, essayons bien de saisir que ce que l'analyse a r�v�l� comme v�rit�, c'est que l'amour, l'amour dont j'ai parl� tout � l'heure, l'amour se porte vers le sujet suppos� savoir et alors que ce qui serait l'envers de ce sur quoi j'ai interrog� la relation de savoir, eh bien, �a serait que le partenaire, dans l'occasion, est port� par cette sorte de motion qu'on qualifie de l'amour.

    Mais, si le x de la relation qui pourrait s'�crire comme sexuelle c'est le signifiant en tant qu'il est branch� sur la jouissance phallique nous avons tout de m�me � en tirer la cons�quence. La cons�quence, c'est �a : si l'inconscient est bien ce dont je vous ai dit aujourd'hui le support, � savoir un savoir, c'est que tout ce que j'ai voulu vous dire cette ann�e � propos des non-dupes qui errent, �a veut dire que : qui n'est pas-amoureux de son inconscient erre. Ça ne dit rien du tout contre les si�cles pass�s. Ils �taient tout autant que les autres amoureux de leur inconscient et donc, ils n'ont pas err�. Simplement, ils ne savaient pas o� ils allaient, mais pour �tre amoureux de leur inconscient, ils l'�taient ! Ils s'imaginaient que c'�tait la connaissance. Car il n'y a pas besoin de se savoir amoureux de son inconscient pour ne pas errer, il n'y a qu'� se laisser faire, en �tre la dupe. Pour la premi�re fois dans l'histoire, il vous est possible, � vous d'errer, c'est-�-dire de refuser d'aimer votre inconscient, puisqu'enfin vous savez ce que c'est : un savoir, un savoir emmerdant. Mais c'est peut-�tre dans cette erre, e, deux r, e, vous savez, ce truc qui tire, l�, quand le navire se laisse balancer c'est peut-�tre l� que nous pouvons parier de retrouver le R�el un peu plus dans la suite, nous apercevoir que l'inconscient est peut �tre sans doute dysharmonique, mais que peut-�tre il nous m�ne � un peu plus de ce R�el qu'� ce tr�s peu de r�alit� qui est la n�tre, celle du fantasme, qu'il nous m�ne au-del� : au pur R�el.

note: bien que relu, si vous d�couvrez des erreurs manifestes dans ce s�minaire, ou si vous souhaitez une pr�cision sur le texte, je vous remercie par avance de m'adresser un [mailto:gaogoa@free.fr �mail]. [#J.LACAN Haut de Page] 
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relu ce 12 août 2005