Text/Jacques Lacan/NDP19021974.htm

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J.LACAN                           gaogoa

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' XXI-'Les non-dupes errent   1973-1974

                                        version rue CB

'19 F�vrier 1974'                        [#note note]

   (p91->) ALORS , CHER Rondepierre, je vous l'ai barbot�, hein ?

    Je vous l'ai barbot�, c'�tait vous qui l'aviez command�, mais je l'ai, je l'ai pris. Voil�.

    Alors, je ce que j'ai barbot� � Rondepierre, c'est un bouquin de Hintikka qui s'appelle Models for Modalities . C'est une tr�s bonne lecture . C'est une tr�s bonne lecture qui est bien faite pour d�montrer ce qu'il ne faut pas faire. A cet �gard, c'est utile. Bon. Voil�. Ouais . . . Quelle heure est-il ?

    Ce Hintikka est un Finlandais , logicien , c'est pas parce qu'il a fait ce qu'il ne faut pas faire, que comme je viens de vous le dire, il n'est pas tr�s tr�s tr�s tr�s utile. Il est justement particuli�rement d�monstratif. Si vous lisez ce que je viens d'�crire au tableau :

File:1.jpg

    Vous voyez peut-�tre o� �a peut se placer, ce qu'il ne faut pas faire , vous le voyez peut-�tre . Enfin , vous le verrez mieux quand j'en aurai dit un peu plus long. Ouais . . .

    Par contre - puisque j'ai encore une petite minute - par contre , il y a un bon exemple , un bon exemple de ce qu'on peut faire .

    (p92->) C'est un autre bouquin . C'est un autre bouquin du m�me Jaakko , �a se dit , parait-il - Jaakko Hintikka , Jacques , donc qu'il s'appelle . Jaakko Hintikka a fait un bouquin qui s'appelle Time and Necessity, avec comme sous-titre : �tude sur la th�orie des modalit�s d'Aristote. �a n'est pas mal . C'est pas mal et . . . �a suppose , �a suppose - Je ne viens de l'avoir qu'il n'y a deux jours - �a suppose que quelqu'un , le Hintikka en question , m'avait devanc� , m'avait devanc� depuis longtemps puisque son bouquin a non seulement �t� �crit mais est sorti . . . - m'avait devanc� depuis longtemps sur ce que je vous faisais remarquer la derni�re fois , que l' Organon d'Aristote , �a vaut la peine d'�tre lu parce que , parce que le moins qu'on puisse dire , c'est que , c'est que �a vous , c'est que �a vous cassera la t�te , et que ce qui est difficile , c'est bien de savoir , chez un frayeur , comme je l'ai appel� , comme Aristote , c'est bien de savoir pourquoi, pourquoi . . . pourquoi il a choisi ces termes-l� et pas d'autres. Voil�. Il a choisi ceux-l� et pas d'autres parce que . . . c'est pas possible en fin de compte , c'est pas possible, c'est pas possible de dire pourquoi si, si je ne commence pas par articuler ce que j'ai � vous dire aujourd'hui.

    Ce que j'ai fait la derni�re fois , naturellement , c'est pas rien. I1 faut le dire ! Naturellement �a a pass� inaper�u � , j'imagine plus d'une personne , mais enfin il y en a quelques-unes qui ont marqu� le coup . Bon . Alors , si je n'erre pas , et j'ai pas l'air, comment joue le jeu qui me guide ?

    �a fait un verbe , �a , hein : " jouljeu " , je jouljeux , tu jouljeux , �a continue, �a tient le coup � " il jouljeut ". Et puis apr�s �a flotte. Nous " jouljouons ", ou le verbe jouljouer, �a ne peut pas tenir. Ça prouve qu'on ne jouljeut qu'au singulier. Au pluriel, c'est douteux , �a ne se " conjeugue " pas au pluriel , le jouljeu . Et le fait qu'il n'y ait pas de pluriel n'emp�che pas qu'il y ait tout de m�me plusieurs personnes au singulier. I1 y en a trois . Justement ! C'est � �a que se reconna�t le trois du R�el, qui comme je vous l'ai d�j� . . . essay� de vous le faire sentir : il est trois , hein , et m�me " �troit " comme la Porte . . . Donc , ce que j'ai fait la derni�re fois d�pla�ait quelque chose. Quoi ? Ce que je pr�tends , justement , c'est que �a ne d�place p a s t o u t . Quelque chose , ce p a s - t o u t . C'est m�me l� ma chance d'�tre s�rieux . . . Ma chance d'�tre s�rieux , c'est que le s�rieux ne serre pas tout . Il serre de pr�s la s�rie. Ce que j'ai avance , c'est ceci, c'est qu'il y a d�j� une logique. Et c'est m�me ce qui peut surprendre . Si Aristote ne l'avait pas commenc�e , elle ne serait pas l� d�j�.

    Et alors, j'arrive l� et je dis : c'est le savoir du R�el. Je le d�montre � tout bout de champ , c'est le cas de le dire . J'y reconnais le trois. Mais le trois comme noeud. Ma ch�re structure, hein, ma structure � la noix ! s'av�re noeud borrom�en. Naturellement. il ne suffit pas de le nommer, de l'appeler comme �a ; parce qu'il ne suffit pas que vous sachiez que �a s'appelle (p93->) noeud borrom�en pour que vous sachiez en faire quelque chose. C'est le cas de le dire, n'est-ce pas - faut l'faire. Ici point une petite lumi�re sur ce que je fais ; puisque c'est de l� que je suis parti, je vais dire la v�rit�. Ça prouve d�j� que �a ne suffit pas de la dire, pour y �tre, dans le vrai. Et j'avance tout de suite, n'est-ce pas, un des points-pivots de ce dans quoi aujourd'hui j'entends avancer, dans ce que je fais ici, comme analyste, puisque c'est de l� que je parle : je ne d�couvre pas la v�rit� , - je l'invente . A quoi j'ajoute que c'est �a, le savoir.

    Parce que, chose dr�le, hein, c'est marrant : personne ne s'est jamais demand� ce que c'�tait, le savoir ! Ah ! moi non plus. Sauf le premier jour o� comme �a, happ� par le bras, enfin, dans cette th�se, dans cette th�se qu'entre nous, hein - o� il est Fran�ois Wahl ? je sais pas mais enfin qu'importe, il est peut-�tre l� , il n'y est peut-�tre pas , mais enfin , s'il est l� je fais remarque que j'ai promis un jour publiquement, comme �a, c�dant � une, � une pression tendre , que je la republierais, cette th�se. Je l'ai dit , �a leur suffit , au Seuil. Pour la publier . . . naturellement ils ne cessaient de me mordiller les talons au d�part, au moment o� j'ai sorti les �crits , pour que je la republie , cette th�se, j'ai dit � ce moment-l� que je voulais pas, j'ai chang� d'avis, mais eux maintenant ils ne sont pas press�s. Bref, qu'importe, apr�s tout, j'ai promis, mais si �a ne se r�alise pas, hein, c'est �videmment pas de ma faute. Enfin c'est quand m�me comme �a que j'ai �t� mordill� par quelque chose, par quelque chose qui m'a comme �a , doucement , fait glisser vers . . . vers Freud. C'�tait quelque chose qui avait d'ores et d�j�, le plus le plus grand rapport avec la question , enfin que je formule aujourd'hui.

    C'est singulier - �a peu para�tre frappant, n'est-ce pas que, que ce soit comme �a, � propos de la psychose, n'est-ce pas que j'ai, que j'ai gliss� vers cette question du . . . qu'il a fallu Freud enfin, pour que je me la pose vraiment, c'est : qu'est-ce que c'est que . . . qu'est-ce que c'est que le savoir ?

    Le savoir , �a a l'air de d�couvrir , de r�v�ler comme on dit , Name.jpg , ma bien-aim�e. Je te montre au monde. Toute nue. Je te d�voile. Le monde n'en peut mais, bien s�r ! Puisque c'est de lui qu'il s'agit : quand je la montre, cette v�rit�-l�, la bien-aim�e, c'est lui que je montre. Si j'ai dit que la logique est la science du R�el, �a a bien �videmment un rapport, un rapport tr�s serr� avec ceci, que la science peut �tre sans conscience. Parce que justement , �a ne se dit gu�re , hein , que la logique c'est la science du R�el. Que �a ne se dise gu�re, c'est quand m�me un signe , hein , c'est un signe qu'on ne prend pas �a pour vrai . . . Ce qu'il y a de curieux c'est que, faute de le dire, on n'est pas foutu de dire quoi que ce soit qui vaille , sur ce que c'est que la logique . �a se d�montre en cours, mais quand on l'annonce, l�, au d�part, ouvrez n'importe quel livre de logique, vous verrez le vasouillage. C'est m�me tout � fait curieux. C'est (p94->) certainement d'ailleurs pour �a que . . . qu'Aristote n'a pas du tout appel� son 0rganon " Logique ", et il est rentr� dans le truc . . L'�tonnant est qu'il ait appel� �a 0rganon .

    Quoiqu'il en soit, science donc, sans conscience, il y a quelqu'un qui a dit , un jour - il s'appelait Rabelais , comme �a c'�tait quelqu'un de particuli�rement astucieux , et il suffit de lire ce qu'il a �crit pour s'en apercevoir. �crire ce qu'a �crit Rabelais, c'est comme pour ce que je dis : il faut le faire. " Science sans conscience, a t-il dit , n'est que ruine de l'�me " . Eh ben, c'est vrai. C'est � prendre, seulement, non pas comme les cur�s le prennent , � savoir que �a fait des ravages , dans cette �me qui comme chacun sait n'existe pas, mais �a fout l'�me par terre ! Vous ne vous apercevez sans doute pas que, que je dise que �a fout l'�me par terre , c'est-�-dire que �a la rend compl�tement inutile, c'est exactement la m�me chose que ce que je viens de vous dire en vous disant que r�v�ler la v�rit� au monde, c'est r�v�ler le monde � lui-m�me. Ça veut dire qu'il n'y a pas plus de monde que d'�me . Et que par cons�quent , enfin , chaque fois qu'on part de . . . d'un �tat du monde , comme on dit , pour y pointer la v�rit�, on se fout le doigt dans l'oeil ! Parce que le monde, eh ben, �a suffit d�j� de l'affirmer, c'est une hypoth�se qui emporte toute le reste. Y compris l'�me. Et �a se voit bien � lire Aristote ; le De l'�me , c'est comme pour Hintikka, je vous en conseille beaucoup la lecture.

    S'il y a savoir , si la question peut se poser de ce que c'est que le savoir , ben c'est tout � fait naturel , bien s�r , que j'y aie �t� happ�, parce que la patiente de ma th�se, " le cas Aim�e ", ben elle savait , simplement elle confirme , elle confirme ce dont vous comprendrez que j'en sois parti, elle inventait - bien s�r �a ne suffit pas � assurer , � confirmer que le savoir �a s'invente , parce que comme on dit , elle d�bloquait . . . Seulement , c'est comme �a que le soup�on m'en est venu. Naturellement, je ne le savais pas ! C'est bien pour �a qu'il y faut un pas de plus dans la logique, et s'apercevoir que le savoir, contrairement � ce qu'avance la logique �pist�mique , qui part de ceci de l ' h y p o t h � s e , c'est m�me l�-dessus que repose le balayage qu'elle constitue, c'est de voir ce que �a va donner si vous �crivez - c'est comme �a qu'ils �crivent , l�-dedans - savoir de a , petit a, ( c'est pas si mal choisi, ce petit a, enfin, c'est un hasard si c'est le m�me que le mien ) , savoir de petit a - il faudrait �videmment le commenter, l� il d�signe le sujet ; bien s�r qu'ils ne savent pas que le sujet c'est ce dont petit a est 1a cause , mais enfin c'est un fait qu'ils l'�crivent comme �a :
S de petit a, alpha :

                             S (a, a)

    La logique �pist�mique part de ceci que le savoir c'est forc�ment ; savoir le vrai. Vous ne pouvez pas imaginer o� �a m�ne. A des (p95->) folies . . . . ne serait-ce que celle-ci,  enfin, en faux, en faux duquel s'inscrit le savoir inconscient, qu'il est impossible de savoir quoi que ce soit , suppos� vrai comme tel , sans le savoir. Je veux dire savoir qu'on sait .

    D'o� il r�sulte qu'il est tout � fait impossible, c'est pas tr�s difficile � obtenir, mais enfin il y a un math�maticien tr�s sympathique, qui se rompt � Hintikka, et qui en effet fait la tr�s jolie d�monstration - on m'en a communiqu� les notes - que le savoir qui se supporterait de ce qu'on ne sache pas qu'on sait est strictement inconsistant , enfin impossible � �noncer dans la logique �pist�mique. Ouais.

    Vous pouvez l� toucher du doigt que le savoir, �a s'invente ! Puisque cette logique, c'est un savoir. Un savoir comme un autre - et l� je voudrais vous ramener, comme �a, un peu les pieds sur terre - c'est simplement vous rappeler, enfin, ce que c'est que le savoir inconscient. �a m�rite p1einement le titre de savoir, hein. Et son rapport � la v�rit�, il faut bien le dire, Freud s'en inqui�te, enfin, c'est m�me au point que �a le chamboule quand une de ses . . . - on appelait �a " patiente " � ce moment-l� , on n'avait pas encore trouv� le terme d' " analysant " quand une de ses patientes lui apporte un r�ve qui ment d�lib�r�ment .

    C'est que c'est l� qu'est la faille.

    Il y a quelque chose , dans Freud , qui pr�tait � cette confusion qu'on a faite, en fin de compte, en traduisant Trieb par " instinct ". Chacun sait que l'inst�nct c'est . . . c'est un savoir, comme �a , suppos� naturel . Mais il y a quelque chose quand m�me qui fait un pli, pour ce qui est de Freud, c'est l'instinct de mort. Bien s�r, moi j'ai fait un petit pas de plus que lui. Mais c'est dans le mauvais sens. Lui tourne autour. Lui, lui se rend bien compte. Il faut que vous lisiez pour �a le fameux Au-del�, oui , Au-del� du princ�pe du plaisir , comme par hasard. Dans cet Au-del�, , enfin,  il . . . il se tracasse , comment quelque chose dont le module ( mod�le ! ) c'est de rester � un certain seuil, le moins de tension possible, c'est �a qui plait � la vie, qu'il dit. Seulement, il s'aper�oit dans la pratique que �a ne marche pas. Alors il pense que �a passe plus bas que le seuil. A savoir que cette vie qui maintient la tension � un certain seuil, elle se met tout d'un coup � l�cher , et que sous le seuil , la voil� qui succombe , qui succombe jusqu'� rejoindre la mort. C'est comme �a qu'� la fin du compte, il fait passer le machin. La vie c'est, c'est quelque chose qui s'est lev� un jour Dieu sait pourquoi, c'est le cas de le dire et puis qui ne demande qu'� faire retour, comme tout le reste. Il confond le monde inanim� avec la mort. II est inanim�, �a veut dire qu'il est suppos� ne rien savoir. �a ne veut rien dire de plus pour quiconque donne � l'�me son �quivalent sens�. Mais ce fait qu'il ne sache rien , �a ne prouve pas qu'il est mort !

    (p96->) Pourquoi que le monde inanim� serait , serait un monde mort ? Ca ne veut pas dire grand-chose , certes , mais poser la question a aussi bien son sens . . .

    Quoiqu'il en soit , corr�lativement � cette question de l'Au-del� du principe du plaisir , Freud nage dans ceci, qui est beaucoup plus pr�s de la question de la mort , � savoir de ce que c'est , hein , il part , il part et puis il l�che le truc , et c'est bien emb�tant. Il part de la question du germen et du soma. Il l'attribue � Weismann. Je ne peux pas m'�tendre. C'est pas tout � fait �a qu'a dit Weismann . Celui qui est parti de la s�paration du germen et du soma , c'est un type qui vivait un peu avant , et qui s'appelait Nussbaum. D'ailleurs, pour ce que vous en faites, restons-en l� , �a n'a pas grande importance .

    Ce qui est important, et ce qu'a fr�l� Freud � cette occasion, c'est qu'il n'y a de mort que l� o� il y a reproduction de type sexuel . C'est tout .

 Si nous employons le terme d'Aristote , l' Name.jpg en question , " l'appartenir � ", et si nous l'employons de la bonne fa�on, de la fa�on dont Aristote l'emploie , c'est-�-dire sans savoir par quel bout l'attraper, nous voyons que le sexe File:4.jpg " appartient " � la mort , � moins que la mort n'appartienne au sexe , et nous restons l�, avec dans la main, pr�cis�ment, le manche par o� nous avons attrap� la chose. Ouais.

    L� o� la faille se d�montre dans ses cons�quences , c'est que c'est � ce propos que Freud, sous ce pr�texte qu'il y a quelque chose dans le monde qui montre que la vie quelquefois va � la mort , il conjoint , il y conjoint ce qu'il est quand m�me difficile de, d'�liminer du sexe, c'est la jouissance ; et que, faisant le glissement qu'il n'aurait pas fait s'il avait tenu ferme dans ses mains le noeud borrom�en , il d�signe de masochisme la pr�tendue conjonction de cette jouissance , jouissance sexuelle , et de la mort . C'est un collapsus. Ouais.

    S'il y a un endroit o� la clinique , la pratique , nous montrent bien quelque chose - et c'est pourquoi j'en ai f�licit�, comme �a au tournant , quelqu'un qui depuis a mal tourn� - s'il y a quelque chose qui est bien �vident , c'est que le masochisme , c'est du chiqu� . C'est un savoir , certes , un savoir-faire ! Mais s'il y a alors un savoir dont �a se touche du doigt que �a s'invente, que c'est pas � la port�e de tout le monde , c'est bien l� ! Faut dire que le personnage en question , l� , que j'ai f�licit� au tournant , c'�tait pas un clinicien , mais il avait seulement lu, Sacher Masoch . Si c'est l� que �a se voit , enfin , que le masochisme �a s'invente, et que c'est pas � la port�e de tout le monde, que c'est une fa�on d'�tablir un rapport l� o� il n'y en a pas le moindre , entre la jouissance et la mort , c'est bien clairement manifest� par le fait que , quand m�me hein, on n'y met que le petit bout du petit doigt , hein , on se laisse (p97>) pas happer comme �a dans 1a machine . Bon .

    Alors c'est ce qui, quand m�me, permet d'envisager la port�e de ce que j'�nonce, c'est que le savoir, le savoir l� o� nous le saisissons pour 1a premi�re fois, comme �a, maniable, maniable parce que , parce que c'est pas nous qui savons - c'est pas nous qui savons , que dit un de mes �l�ves , et qu'il appelle �a le non-savoir , pauvre gars ! I1 s'imagine qu'il ne sait pas ! Quelle dr�le d'histoire . . . Mais nous savons tous parce que tous , nous inventons un truc pour combler le trou dans le R�el. L� o� il n'y a pas de rapport sexuel, �a fait " troumatisme ". On invente. On invente ce qu'on peut, bien s�r. Quand on est pas malin, on invente le masochisme. Sacher Masoch �tait un con. I1 faut voir aussi avec quelles pincettes, enfin n'est ce pas , la personne qui voulait bien jouer le machin , comme �a, pour lui r�pondre, avec quelles pincettes elle le prenait, le Sacher Masoch ! Elle ne savait pas qu'en faire. Il n'avait que le Figaro pour s'exprimer, hein, c'est tout dire ! Enfin, laissons Sacher Masoch ! Il y a des savoirs plus intelligemment invent�s. Et c'est bien en �a que je dis que le R�el, non seulement l� o� il y a un trou , �a s'invente, mais que c'est pas impensable que ce soit pas par ce trou que nous avancions dans tout ce que nous inventons du R�el , qui n'est pas rien parce qu'il est clair qu'il y a un endroit o�, o� �a marche, le R�el, c'est que nous le faisons entrer comme trois, cette chose b�tarde, parce qu'il est s�r que c'est difficile � manipuler logiquement , cette connotation " trois " pour le R�el.

    Tout ce que nous savons c'est que " un " connote fort bien la jouissance , et que " z�ro " �a veut dire " y en a pas ", ce qui manque, et que si z�ro et un �a fait deux, c'est pas �a qui rend moins hypoth�tique la conjonction de la jouissance d'un c�t� avec la jouissance de l'autre. Ouais.

    Non seulement �a ne la rend pas plus s�re, mais �a l'ab�me. Dans un monde ni fait ni � faire, un monde totalement �nigmatique, d�s qu'on essaie d'y faire entrer ce quelque chose qui serait model� sur la logique, et dont se fonderait que dans l'esp�ce dite humaine on est ou homme ou femme . C'est tr�s sp�cialement ce contre quoi s'�l�ve l'exp�rience - et je n'ai pas besoin d'aller loin, quelqu'un m'a rapport�, pas plus tard qu'il y a quelques heures, sa rencontre avec un chauffeur de taxi - �a court les rues , hein , c'est le cas de le dire - dont non seulement il lui �tait impossible, � la personne qui parlait , de dire si c'�tait un homme ou une femme , mais m�me elle lui a demand� et lui n'a pas pu lui r�pondre. Quand je dis que �a court les rues , hein quand m�me , c'est pas rien ! Et m�me c'est de l� que Freud part .

    Il part, comme �a, en commentaire, l'exp�rience ne lui suffit pas parce qu'il faut qu'il s'accroche un peu partout, � la science, hein , du moment qu'il n'y a rien , il n'y a rien qui ressemble plus � un corps masculin qu'un corps f�minin, si on sait regarder � un (p98->) certain niveau, au niveau des tissus, hein. �a n'emp�che pas qu'un oeuf c'est pas un spermatozo�de, que c'est l� que g�t le truc du sexe . C'est tout � fait superflu , hein, de faire remarquer que pour le corps, enfin , �a peut �tre ambigu comme dans le cas du chauffeur de tout � l'heure. C'est tout � fait superflu. Parce qu'on voit bien que ce qui d�termine, c'est m�me pas un savoir, c'est un dire . Ce n'est un savoir que parce que c'est un dire logiquement inscriptible. C'est celui que je vous ai �crit, en toutes lettres , c'est le cas de le dire avec mon

5.jpg

� savoir l'exception autour de quoi pivote que c'est dans la mesure o� cette exception porte cons�quence pour tous ceux qui croient qu'ils l'ont , qu'ils l'ont quoi ? ce que nous n'osons m�me pas appeler la queue, nous appelons �a le phallus, et c'est ce qui reste � d�terminer .

    Alors que de l'autre c�t� c'est du dire, du dire formel quoique dire de personne ,File:8.jpg, non-existe x, c'est-�-dire que ce n'est que pour tout autre qu'est ni�e la fonction ! , que la n�gation, disons , pour illustrer, est laiss�e - je ne vais quand m�me pas dire � Dieu, parce que �a nous emmerde, cette histoire, le collage de l'Autre � Dieu, mais quand m�me, pour qui r�alise cette sorte d'universalit� qu'il n'y a pas la n�gation de la fonction !, et c'est la seule forme d'universalit� du dire d'une femme, quelle qu'elle soit. Il n'en reste pas moins - je pense que vous vous souvenez quand m�me de ce que j'ai �crit au tableau , et que je ne vais pas �tre forc� de le r�crire, l� - il n'en reste pas moins que dans cet ensemble, ce n'est pas tout dire qui formule la fonction ! . En d'autres termes, qu'� ma petite barre que je mets sur le A invers�, File:9.jpg, signe du quantificateur universel , la petite barre par quoi s'inscrit le pas-tout, ce qu'il faudrait substituer, c'est le signe du d�nombrable, � savoir

Name.jpg.

    Ce qui s'oppose � l'un du tout de l'homme , - et il n'y en a qu'un comme chacun sait , la preuve c'est qu'on le d�signe par l'article d�fini - ce qui s'oppose au " tout " de l'homme , l�, c'est, c'est , il faut bien le dire , " 1es " femmes , en tant qu'il n'y a pas moyen d'en venir � bout , sinon � les �num�rer , je peux pas dire toutes parce que le propre du d�nombrable, c'est justement qu'on n'en vient jamais au bout. Et si je vous donne ce rep�rage, c'est que �a vous - faut que �a vous serve � quelque chose , faut que �a illustre ce que j'ai dit la derni�re fois du dire vrai. . Le dire vrai c'est ce qui achoppe, c'est ce qui , achoppe sur ceci : que pour , dans un ou-ou intenable qui serait que tout ce qui n'est pas homme est femme et inversement, ce qui d�cide, ce qui fraye n'est rien d'autre que ce dire , ce dire qui s'engouffre (p99->) dans ce qu'il en est du trou par o� manque au R�el ce qui pourrait s'inscrire du rapport sexuel.

    Alors , alors .

    Qu'est-ce qu'il en est du savoir ?

    Bien s�r, je ne suis pas arriv� � cette heure-ci, c'est-�-dire une heure vingt , ou quelque chose comme �a . . . , vingt-quatre - je ne suis pas arriv� � cette heure-ci, � m�me vous dire le quart de ce qu'il faut que je vous fasse passer dans les tripes, parce que c'est la fonction du dire, si je vous le dis pas il ne suffira pas que je l'�crive, mais je vais quand m�me vous donner un petit �chantillon de ce qui peut s'�crire , puisque sans cette r�flexion sur l'�crit , sans ce qui fait que le dire �a vient � s'�crire , il n' y a pas moyen que je vous fasse sentir la dimension dont subsiste le savoir inconscient. Et ce qu'il faut que vous fassiez comme pas suppl�mentaire, c'est de vous apercevoir que si ce que je vous rends sensible en vous disant que l'inconscient �a ne d�couvre rien , puisqu'il n'y a rien � d�couvrir , il n'y a rien � d�couvrir dans le R�el, puisque l� il y a un trou, si l'inconscient , l�, invente, c'est d'autant plus pr�cieux de vous apercevoir que dans la logique c'est la m�me chose , � savoir que si Aristote ne l'avait pas invent�, son premier frayage, � savoir fait passer du dire dans ce concassage de l'�tre gr�ce � quoi il fait des syllogismes - bien s�r on avait fait du syllogisme avant lui, simplement on ne savait pas que c'�taient des syllogismes. Pour s'en apercevoir, il faut l'inventer : pour voir o� est le trou , il faut voir le bord du R�el.

    Et comme nous sommes d�j� bien avant , et que je suis pas arriv� � vous en dire le quart - �a sera tant pis , �a meublera , enfin , ce qui viendra ensuite - il faut quand m�me que je vous fasse sentir la port�e d'une certaine fa�on dont moi je fraye la logique modale .

    Le plus fort, hein, c'est que bien s�r, pour ce qui est de construire , pour ce qui est d'inventer - et voyez l� tous les �chos d'intuitionnisme qu'il vous plaira, si tant est que vous sachiez ce que c'est, je vous ai traduit un jour le n�cessaire, hein, par ce qui ne cesse pas de s'�crire. Bon. Sachez-le, il y a une trace dans Aristote, que la logique propositionnelle, � savoir que quelque chose est vrai ou faux , ce qui se note z�ro ou un , selon les cas , il y a une petite trace , il y a un endroit o� Aristote d�rape - je vous montrerai �a quand vous voudrez - dans le  ,Name.jpgThe number 12.jpg comme par hasard, De l'interpr�tation , pour ceux qui ne l'entravent pas : il y a un endroit o� �a fuse, que la logique propositionnelle est tout aussi modale que les autres. Il est vrai que , si c'est vrai que �a ne se situe que l� o� je vous le dis, c'est-�-dire l� o� la contradiction n'est en fin de compte qu'artifice, artifice de suppl�ance, mais qui n'en reste pas pour �a moins vrai, le vrai jouant l� le r�le de quelque chose dont on part pour inventer les autres modes . C'est � savoir que " n�cessai-(p100->)re que : p " , quelque v�rit� que ce soit , ne peut se traduire que par que �a " ne cesse pas de s'�crire ". Chacun voit entre ce fait , ce fait que quelque chose ne cesse pas de s'�crire - entendez par l� que �a se r�p�te, que c'est toujours le m�me sympt�me , que �a tombe toujours dans le m�me godant . vous voyez bien qu'entre le " ne cesse pas de s'�crire : p " et le " ne cesse pas de s'�crire non-p ", nous sommes l� dans l'artefact dont t�moigne justement , et qui t�moigne en m�me temps de cette b�ance concernant la v�rit� et que l'ordre du possible est comme l'indique Aristote , connect�e au n�cessaire . Ce qui cesse de s'�crire , c'est p ou non p . En ce sens, 1e possible t�moigne de 1a fai11e de 1a v�rit� -A ceci pr�s qu' i1 n' y a rien � en tirer . I1 n' y a rien � en tirer et Aristote lui-m�me en t�moigne . Il y t�moigne de sa confusion � tout instant entre le possible et le contingent . Ce qu'�crit ici mon V vers le bas : Number 13 (1).jpg - car apr�s tout, ce qui cesse de s'�crire peut aussi bien cesser de ne pas s'�crire, � savoir venir au jour comme v�rit� du truc . . . I1 peut arriver que j'aime une femme comme un chacun d'entre vous - c'est ces sortes d'aventures dans lesquelles vous pouvez glisser - �a ne donne pourtant aucune assurance concernant l'identification sexuelle de la personne que j'aime pas plus que de la mienne. Seulement il y a quelque chose qui, entre toutes ces contingences, pourrait bien t�moigner de la pr�sence du R�el. Et �a c'est bien ce qui ne s'avance que du dire pour autant qu'il se support du principe de contradiction. Ce qui bien s�r, naturellement, n'est pas du dire courant de tous les jours, non seulement dans le dire courant de tous les jours vous vous contredisez sans cesse, c'est-�-dire que vous ne faites aucune attention � ce principe de contradiction, mais il n'y a vraiment que la logique qui l'�l�ve � la dignit� d'un principe , et qui vous permette, non pas bien s�r d'assurer aucun R�el, mais de vous y retrouver dans ce qu'il pourrait �tre quand vous l'aurez invent�.

    Et c'est bien en quoi ce que j'ai marqu� concernant l'impossible , c'est-�-dire ce qui s�pare , mais autrement que ne fait le possible , ce n'est pas un ou-ou, c' est un et-et . En d' autres termes, que ce soit � la fois p et non p , c'est impossible , c'est tr�s pr�cis�ment ce que vous rejetez au nom du principe de contradiction. C'est pourtant le R�el puisque c'est de l� que je pars , � savoir que pour tout savoir , il faut qu'il y ait invention, que c'est �a qui se passe dans toute rencontre, dans toute rencontre premi�re avec le rapport sexuel.

    La condition pour que �a passe au R�el , la logique , et c'est en �a qu'e11e s'invente , et que la logique c'est le plus beau recours de ce qu'il en est du savoir inconscient . A savoir de ce avec quoi nous nous guidons dans le pot-au-noir. Ce que la logique est arriv�e � �lucubrer, c'est non pas de s'en tenir � ceci : qu'entre p et non p , il faut choisir, et qu'� cheminer selon la veine du principe de contradiction, nous arriverons � en sortir quant au savoir. Ce qui est important , ce qui constitue le R�el, c'est que , par la logique , quelque chose se passe , qui d�montre non pas qu'� la fois p et non p soient faux , mais que n i  1' u n  n i l'autre ne puissent �tre v�rifi�s logiquement d'aucune fa�on. C'est (p101->) l� le point, , le point de re-d�part , le point sur lequel la prochaine fois je reprendrai : cet impossible de part et d'autre, c'est l� le R�el tel que nous le permet de le d�finir la logique, et la logique ne nous permet de le d�finir que si nous sommes capables, cette r�futation de l'un et de l'autre, de l'inventer.

note: bien que relu, si vous d�couvrez des erreurs manifestes dans ce s�minaire, ou si vous souhaitez une pr�cision sur le texte, je vous remercie par avance de m'adresser un [mailto:gaogoa@free.fr �mail]. [#J.LACAN Haut de Page] 
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relu ce 8 août 2005