Text/Jacques Lacan/NDP19031974.htm

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J.LACAN                          gaogoa

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'XXI-'Les non-dupes errent   1973-1974

                                        version rue CB

'19 Mars 1974'                        [#note note]

    (p116->) QUOI QUE JE DISE - je dis " je " parce que je m'y suppose, � ce dire, dont pourtant il y a de fait qu'il soit de ma voix quoi que je dise, �a va faire, faire surgir deux versants : un bien et un mal. C'est justement de ce qu'on m'a attribu� de vouloir que l'Imaginaire ce soit caca, bobo, un mal, et que ce qui serait bien et que ce qui serait bien serait le Symbolique. Me revoil� donc � formuler une �thique. C'est de �a que je veux dissiper le malentendu par ce que cette ann�e je vous avance de cette structure de noeud, o� je mets l'accent sur ceci : que c'est du trois que s'y introduit le R�el.

    Tout ceci n'emp�che pas que ce noeud lui-m�me, il est singulier si ce que j'ai la derni�re fois avanc� est vrai ( enseignez-vous aupr�s des math�maticiens - c'est � savoir que ce noeud si simple, ce noeud � trois, 1'algorithme, � savoir ce qui permettrait d'y apporter ce � quoi le Symbolique aboutit, � savoir la d�monstration, l'articulation en termes de v�rit�, si cet algorithme, nous en sommes r�duits � y constater notre �chec, notre �chec � l'�tablir, � le manier, d'o� il r�sulte qu'au moins jusqu'� nouvel ordre, ces noeuds, - ces noeuds dont je puis faire l'�criture, je vous l'ai faite la derni�re fois, sous plus d'une forme - vous en �tes r�duits, sur la base de cette �criture, � l'imaginer dans l'espace.  C'en est m�me au point que si ce que je peux faire sous sa forme la plus simple, ces noeuds

projet�s comme je vais vous le montrer, ils tiennent de ce que, ici ce que je vous dessine, c'est quelque chose que vous pouvez imaginer, � savoir en quoi cette troisi�me boucle, de s'instaurer d'un trajet qu'est ces deux noeuds ind�pendants qui fait ce noeud triple, que j'appelle le noeud borrom�en, ceci qui ainsi repr�sent� vous est imaginable dans l'espace, vous pouvez le voir, tout aussi bien que n'importe quelle autre fa�on que j'aurais eue d`�crire ce noeud - vous pouvez constater que c'est aussi une �criture : � savoir qu'en en effa�ant un, je pourrais cal-

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 culer que les deux autres sont libres. je veux dire, un quelconque. Qu'est ce qui fait imaginaire, dans la fa�on dont ici vous pouvez sentir que dans l'espace ils sont tenus, que ceci m�me est �criture. car il suffit que vous en effaciez un pour pouvoir rep�rer que les deux autres sont libres, � ce seul titre qu'ils se recoupent d'une certaine (p117->) fa�on qui elle, est nommable de ceci : c'est � savoir que le dessus et le dessous forment deux couples, deux couples appari�s de ce que les deux dessus se suivent, et que les deux dessous ne sont pas sur la m�me ligne. Je veux dire qu'ils se succ�dent par rapport aux deux dessus, qu'il y a un tour qui veut que, pour d�montrer que deux de ces cercles sont libres, il suffit qu'il y ait deux dessus qui se suivent, puis deux dessous qui viennent apr�s - j'ai dit : sur la m�me ligne - j'ai probablement tout � l'heure fait une erreur en disant qu'elles ne sont pas sur la m�me ligne, c'est un lapsus.

    L'�nigme de l'�criture, de l'�criture en tant que mise � plat, est l� : c'est qu'aussi bien, � tracer ce qui est essentiellement de l'ordre de l'imaginable, � savoir cette projection dans l'espace, c'est encore une �criture que je fais, � savoir ce qui est �non�able, �non�able de cet algorithme, ici le plus simple, � savoir une succession.

    Ce coin�age, � savoir qu'� l'imaginer, vous retrouvez l'id�e de la norme, que la norme est imaginable d�s qu'il y a support d'image, et que l� nous sommes toujours amen�s � en privil�gier une, une imagination de ce qui fait bonne forme ; curieuse rechute, pourquoi la forme est-elle dite " bonne " ? Car, apr�s tout, pourquoi ne l'aurait-on pas appel�e, simplement, pour ce qu'elle est, � savoir " belle " ? Nous reglissons, avec l'antique Name.jpg dans cette ambigu�t�, qui elle, s'avoue � cette date, � la date o� c'�tait ainsi que les Grecs s'exprimaient, et qu'en fin de compte, ce qu'on retrouve toujours, c'est le titre de noblesse, l'anciennet� de la famille, ce qui, comme vous le savez, est pour le g�n�alogiste, toujours trouvable, pour n'importe quel imb�cile et donc pour n'importe quelle imb�cillit�.

    Je ne vois pas pourquoi je m'emp�cherais d'imaginer quoique ce soit, si cette imagination est la bonne, et ce que j'avance, c'est que la bonne, elle ne se certifie que de pouvoir se d�montrer, se d�montrer un Symbolique, ce qui veut dire � l'intituler Symbolique, � une certaine d�mantibulation de la langue, en tant qu'elle fait acc�der � quoi? A l'inconscient.

    L'imaginaire n'en reste pas moins ce qu'il est, � savoir d'or, et ceci est � entendre qu'il dort. I1 dort, si je puis dire, au naturel. Ceci dans la mesure o� je ne le r�veille pas sp�cialement, sur le point des �thiques pr�c�dentes. Trop soucieux que je suis, de celle - de cette �thique, nomm�ment, avec quoi je voudrais rompre, celle du Bien, pr�cis�ment.

    Mais comment faire si r�veiller, c'est, dans l'occasion, rendormir, si dans l'Imaginaire, il y a quelque chose qui n�cessite le sujet � dormir ?

    R�ver , n'a pas seulement dans lalangue, lalangue dont je me sers, cette �tonnante propri�t� de structurer le r�veil. Il structure aussi la r�ve-olution, et la r�volution, si nous l'entendons bien, �a va plus fort que le r�ve. Quelquefois, c'est le rendormissement - (p118->) mais cataleptique. Il faudrait arriver � ce que je promeuve, que je fasse entrer pour vous dans vos cogitations ceci, ceci que l'Imaginaire, est la pr�valence donn�e � un besoin du corps, qui est de dormir. Ce n'est pas que le corps, le corps de l'�tre parlant, ait plus besoin de sommeil que les autres animaux, sans que nous sachions d'ailleurs toujours en donner le signe, que les autres animaux qui, eux, fonctionnent avec le sommeil. La fonction de sommeil, d'hypnose, chez l'�tre parlant, ne prend cette pr�valence dont j'ai parl� pour l'identifier � l'Imaginaire m�me, ne prend cette pr�valence que de l'effet de cette nodalit�, de cette nodalit� qui ne noue, ne noue le Symbolique � l'Imaginaire - mais aussi bien vous pourriez-l� mettre n'importe quel autre couple des trois - ne les noue que de l'instance, l'instance du trois en tant que je la fais celle du R�el.

    Si donc je vous r�veille, � l'endroit de ce dont tout de m�me notre antique Name.jpg nous permet de dater la formule dans le Souverain Bien d'Aristote, quand j'ai fait lEthique de la psychanalyse c'est � lEthique � Nicomaque que je me suis r�f�r�, r�f�r� comme d�part, mais je me suis gard� l�-dessus de r�veiller, car si je r�veille � l'imaginaire manifeste de ce Souverain Bien, que ne vont-ils pas r�ver ? Non pas qu'il n'y a pas de Bien, ce qui les entra�nerait un tout petit peu trop loin pour leur bien-�tre, mais qu'il n'y a pas de souverain, moyennant quoi, le souverain effectif, celui qui sait user du noeud, trouve son affaire parce que c'est par l�, parce que c'est par l� que le sommeil se fait d�sirer � ceux, assez � ceux , pour qu'il rencontre chez eux la complicit� du r�ve, � savoir le d�sir que �a continue � bien dormir. I1 convient donc que tout �nonc� se garde justement en ce qu'il r�ve-olutionne de maintenir le r�gne de ce � quoi il r�veille.

    Petite parenth�se, puisqu'aussi bien cela n'est pas ais� � comprendre, comme motif de ce discours dans lequel je me trouve pris, du fait d'en �tre le sujet de par mon exp�rience, l'exp�rience dite analytique .

    Bien s�r, y a-t-il ceux qui, pour ce que cette exp�rience, ils ne la mettent pas au pied du mur, ils ne s'y exposent pas comme telle, ont tout de m�me soup�on de quelque chose qui les d�mange. Les simplement d�mang�s n'ont pas beaucoup d'imagination. Quand ils flairent quelque chose des suites de mon discours, ils d�gottent quelque trait biographique, par exemple ceci : que j'ai fr�quent� les surr�alistes, et que mon discours en porte la trace. I1 est tout de m�me curieux qu'avec les dits surr�alistes, je n'ai jamais collabor�. Si j'avais dit ce que je pensais, � savoir qu'avec le langage, je veux dire en s'en servant, ce qu'ils d�molissaient , c'�tait l'Imaginaire, qu'est ce que je n'aurais pas produit '. Je les aurais peut-�tre r�veill�s. R�veill�s simplement en sursaut � ceci, que je me serais trouv� bel et bien dire, , c'est que de l'un � 1'autre de l'Imaginaire au Symbolique dont justement ils ne soup�onnaient pas l'existence, ils r�tablissaient l'ordre.

    (p119->) Est-ce que je peux vous faire entendre que le sort de l'�tre parlant, c'est qu'il ne peut dire, qu'il ne peut m�me pas dire " J'ai bien dormi ", c'est-�-dire du sommeil profond, " j'ai bien dormi de telle heure � telle heure ", pour la simple raison qu'il n'en sait rien, ses r�ves encadrant ce sommeil profond ayant consist� dans le d�sir de dormir. C'est seulement � l'ext�rieur, � savoir lui soumis � l'observation d'un �lectro-enc�phalogramme, par exemple, que peut se dire, qu'effectivement de telle heure � telle heure, le sommeil �tait profond, c'est-�-dire pas habit� de r�ves, ces r�ves dont je dis qu'ils sont le tissu de l'Imaginaire, qu'ils sont le tissu de l'Imaginaire en tant que c'est d'�tre pris dans le noeud, ce R�el, que son besoin, son besoin principal devient cette fonction �lue : la fonction de dormir.

    Ce passage de l'Imaginaire au crible du Symbolique, suffit-il � donner � l'�noncer le premier, celui de l'Imaginaire, le tampon " bon ", " bon pour le service ". Le service de quoi ? Je ne crois pas forcer la note en posant cette question, puisqu'il faut bien le dire, personne n'a jamais approch� cette question sans soulever par quelque bout une id�e de souverainet�, c'est-�-dire de subordination. C'est vrai que le Bien ne peut �tre dit que souverain. Est-ce que vous ne sentez pas que c'est l� que se d�nonce quelque chose comme une infirmit� - je fais appel � ceux qui, justement, ont l'Imaginaire �veill� - � condition que �a ne supporte chez eux aucun espoir, car il est tout � fait entendu que je ne dis, moi, rien de tel, mais que je ne dis pas le contraire non plus : � savoir que le Bien est souverain. De sorte que le dit Imaginaire, mon dire de nos jours y op�re, certes, mais que ce n'est pas par l� qu'il l'attaque, il dit seulement que l'Imaginaire, c'est ce par quoi le corps cesse de rien dire qui vaille de s'�crire autrement que : " J'ai dormi de telle heure � telle heure ".

    Tout �a ne change rien au fait que �a d�mange. La v�rit� d�mange, m�me ceux que, sans trop y croire, j'appelle les canailles, parce que, en fin de compte, il suffit que la v�rit� d�mange pour que �a touche au vrai par quelque biais. Dites n'importe quoi, �a touchera toujours au vrai. Si �a ne touche pas au v�tre, pourquoi �a ne toucherait-il pas au mien ? Voil� le principe du discours analytique, et c'est en cela que j'ai dit quelque part - et � quelqu'un qui a fait, ma foi, un fort joli petit livre sur le transfert, c'est le nomm� Michel Neyraut - en quoi je lui ai dit que, commencer comme il le fait par ce qu'il appelle le " contre-transfert ", si par l� il veut dire : en quoi la v�rit� touche l'analyste lui-m�me, il est s�rement dans la bonne voie, puisqu'apr�s tout, c'est l� que le vrai prend son importance primaire, et que, comme je l'ai fait remarquer depuis longtemps, il n'y a qu'un transfert, c'est celui de l'analyste, puisqu' apr�s tout c'est lui qui est le sujet suppos� au savoir. I1 devrait bien savoir � quoi s'en tenir l�-dessus : sur son rapport au savoir, jusqu'o� il est r�gi par la structure inconsciente qui l'en s�pare, de ce savoir, qui l'en s�pare bien qu'en sachant un bout, et je le souligne, autant par l'�preuve qu'il en a faite dans sa propre analyse que par ce que mon dire peut lui en porter.

    (p120->) Est-ce � dire, est-ce � dire que le transfert, ce soit l'entr�e de la v�rit� ? C'est l'entr�e de quelque chose qui est la v�rit�, mais la v�rit� dont justement le transfert est la d�couverte, la v�rit� de l'amour.

    La chose est notable, le savoir de l'inconscient, le savoir de l'inconscient s'est r�v�l�, s'est construit, c'est bien le prix de ce petit livre, c'est son seul prix d'ailleurs, mais �a vaut qu'on l'ach�te, la v�rit� de l'inconscient - c'est-�-dire la r�v�lation de l'inconscient comme savoir, cette r�v�lation de l'inconscient s'est faite de fa�on telle que la v�rit� de l'amour, � savoir le transfert, n'y a fait qu'irruption. Elle est venue en second. Et on n'a jamais bien su y faire rentrer, si ce n'est sous la forme du malentendu, de la chose impr�vue, de la chose dont on ne sait que faire, si ce n'est de dire qu'il faille la r�duire, voire m�me la liquider. Cette remarque � elle toute seule justifie qu'un petit livre sache le faire valoir, car aussi bien faut-il se p�n�trer de ceci, que de l'exp�rience ; de l'exp�rience analytique, le transfert, c'est ce qu'elle expulse, c'est ce qu'elle ne peut supporter qu'� en avoir de forts maux d'estomac.

    L'amour, s'il passe ici par cet �troit d�fil� de ce qui le cause, et de ce fait r�v�le ce qu'il en est de sa v�ritable nature, voil�, voil�-t-il pas qui vaille qu'on en r�p�te la question ? Car il est difficile de ne pas avouer que l'amour �a tient une place, m�me si jusqu'ici on en a �t� r�duit �, comme on dit, lui rendre ses devoirs Avec l'amour, on s'acquitte, on lui verse une obole, enfin, on tente, de tous les moyens , de lui permettre de s'�loigner, de se tenir pour satisfait.

    Comment donc l'aborder ? J'ai promis � Rome, pour je ne sais plus quel jour, de faire une conf�rence sur l'amour et la logique. C'est bien en la pr�parant que je me suis aper�u de l'�normit�, en somme, de ce que supporte mon discours, car il n'y a � peu pr�s rien qui m'ait paru dans le pass� en rendre compte si peu que ce soit. C'est l� que je m'aper�ois qu'en fin de compte, ce n'est pas pour rien  que Freud, dans ce que je citais la derni�re fois, � savoir l'intitul� de la Psychologie dite justement des masses et l'analyse  du Moi, en signalant que l'identification, l�, il la confronte � l'amour , et ce  sans le moindre succ�s, pour essayer de rendre passable que l'amour participe en quoi que ce soit de l'identification.

    Simplement, l�, s'indique que l'amour a affaire � ce que j'ai isol� du titre du Nom du p�re. C'est bien �trange. Le nom du p�re auquel j'ai fait tout � l'heure l'allusion ironique qu'on sait, � savoir qu'il aurait rapport � l'anciennet� de la famille, qu'est-ce que �a peut �tre ? Qu'est-ce que l�-dessus l'Oedipe, ledit Oedipe, nous apprend ?

    Eh bien, je ne pense pas que �a puisse s'aborder de front. C'est pourquoi, dans ce que j'ai projet� aujourd'hui de vous dire, ceci sans doute au titre d'exp�rience qui m'avait moi-m�me fatigu�, je voudrais vous montrer comme se monnaie ce nom , ce nom qu'en , (p121->) qu'en peu de cas, nous ne voyons pas au moins refoul�. I1 ne suffit pas, pour porter ce nom, que celle de qui s'incarne l'Autre, l'Autre comme tel, l'Autre avec un grand A, celle dis-je, de qui l'Autre s'incarne, ne fait que s'incarner, d'ailleurs, incarne la voix, � savoir la m�re, la m�re parle, la m�re par laquelle la parole se transmet, la m�re, il faut bien le dire, en est r�duite, ce nom, � le traduire par un non, justement, le non que dit le p�re, ce qui nous introduit au fondement de la n�gation - est-ce que c'est la m�me n�gation qui fait cercle dans un monde, qui � d�finir quelque essence, essence de nature universelle, soit ce qui se supporte du tout - justement rejette, rejette quoi ? hors du tout, men� de ce fait � la fiction d'un compl�ment au tout, et fait � tout homme r�pondre : de ce fait (. . . ) ce qui est non-homme est-ce qu'on ne sent pas qu'il y a une b�ance de ce non logique au dire-non ? Au dire-non propositionnel, dirais-je, pour le supporter. A savoir ce que je fais fonctionner, dans mes sch�mes de l'identification sexuelle, c'est � savoir que tout homme ne peut s'avouer dans sa jouissance, c'est-�-dire dans son essence, phallique pour l'appeler par son nom, que tout homme ne parvient qu'� se fonder sur cette exception de quelque chose, le p�re, en tant que propositionnellement, il dit non � cette essence. Le d�fil�, le d�fil� du signifiant par quoi passe � l'exercice ce quelque chose qui est l'amour, c'est tr�s pr�cis�ment ce nom du p�re, ce nom du p�re qui n'est non ( n, o, n, ) qu'au niveau du dire, et qui se monnaye par la voix de la m�re dans le dire-non d'un certain nombre d'interdictions, ceci dans le cas, dans le cas heureux, celui o� la m�re veut bien, de sa petite t�te, enfin prof�rer quelques nutations.

    I1 y a quelque chose dont je voudrais d�signer l'incidence. Parce que c'est le biais d'un moment qui est celui que nous vivons dans l'histoire. I1 y a une histoire, quoique ce ne soit pas forc�ment celle qu'on croit, ce que nous vivons est tr�s pr�cis�ment ceci : que curieusement , la perte, la perte de ce qui se supporterait de la dimension de l'amour, si c'est bien celle non pas que je dis, je ne peux la dire, je ne peux pas la dire , � ce nom du p�re se substitue une fonction qui n'est autre que celle du nommer-�. �tre nomm� � quelque chose, voil� ce qui point dans un ordre qui se trouve effectivement se substituer au nom du p�re. A ceci pr�s qu'ici, la m�re suffit g�n�ralement � elle tout seule � en d�signer le projet, � en faire la trace, � en indiquer le chemin.

    Si le d�sir de l'homme, je l'ai d�fini pour �tre le d�sir de l'Autre, c'est bien l� que �a se d�signe dans l'exp�rience. Et m�me dans les cas o�, comme �a, par hasard, enfin, il se trouve que par un accident elle n'est plus l�, c'est quand m�me elle, elle , son d�sir, qui d�signe � son moutard ce projet qui s'exprime par le nommer-�. �tre nomm�-� quelque chose, voil� ce qui, pour nous, � ce point de l'histoire o� nous sommes, se trouve pr�f�rer je veux dire effectivement pr�f�rer, passer avant - ce qu'il en est du nom du p�re.

    (p122->) I1 est tout � fait �trange que l�, le social prenne une pr�valence de noeud, et qui litt�ralement fait la trame de tant d'existences, c'est, qu'il d�tient ce pouvoir du nommer-� au point qu'apr�s tout, s'en restitue un ordre, un ordre qui est de fer. Qu'est-ce que cette trace, cette trace d�signe comme retour du nom du p�re dans le R�el, en tant pr�cis�ment que le nom du p�re est verworfen, forclos, rejet�, et qu'� ce titre il d�signe si cette forclusion dont j'ai dit qu'elle est le principe de la folie m�me, est-ce que ce nommer n'est pas, est-ce que ce nommer-� n'est pas le signe d'une d�g�n�rescence catastrophique ?

    Pour l'expliquer, il faut, il faut que je donne plein sens � ce que j'ai d�sign� du terme tel que de l'�cris de l'ek-sistence. Si quelque chose ek-siste � quelque chose, c'est tr�s pr�cis�ment de n'y �tre pas coupl�, d'en �tre trois�, si vous me permettez ce n�ologisme. La forme du noeud, puisqu'aussi bien le noeud n'est rien de plus que cette forme, c'est-�-dire imaginable, est-ce que ce n'est pas l� que l'imaginable se d�signe de ne pouvoir �tre pens� ? Pens�, c'est-�-dire mis en ordre, enracin� non pas seulement dans l'impossible, mais dans l'impossible en tant que d�montre comme tel, rien n'est d�montr� par ce noeud, mais seulement montr�. Montrer ce que veut dire l'ek-sistence, d'un rond de ficelle pour me faire comprendre un rond de ficelle en tant que ce n'est que sur lui que repose le noeud, de ce qui autrement reste fou. L'explication ne mordant pas sur l'inexplicable.

    Est-ce que ce n'est pas l� que nous devons chercher dans ce qui nous poss�de, nous poss�de comme sujet, qui n'est rien d'autre qu'un d�sir, et qui plus est d�sir de l'Autre, d�sir par quoi nous sommes d'origine ali�n�s, est-ce que ce n'est pas l� que doit porter - � savoir dans ce ph�nom�ne, cette apparition � notre exp�rience, que comme sujets, ce n'est pas seulement de n'avoir nulle essence, sinon d'�tre coinc�s, squeez�s dans un certain noeud, mais aussi bien comme sujet, sujet suppos� de ce que squeeze ce noeud comme sujet ce n'est pas seulement l'essence qui nous manque, � savoir l'�tre, c'est aussi bien que nous ek-siste tout ce qui fait noeud. Mais dire que cela nous ek-siste ne, veut pas dire que pour autant nous y existions d'aucune fa�on. C'est dans le noeud m�me que r�side tout ce qui pour nous n'est en fin de compte que path�tique, ce que Kant a repouss� comme � l'avance de notre �thique, � savoir de ce que rien dont nous p�tissions ne puisse d'aucune fa�on nous diriger vers notre bien, c'est l� quelque chose qu'il faut entendre on ne sait comment, comme un prodrome, comme un prodrome j'ose le dire, et c'est en cela que j'ai �crit une fois Kant avec Sade , comme un prodrome de ce qui fait effectivement notre passion, � savoir que nous n'avons plus aucune esp�ce , aucune esp�ce d'id�e de ce qui pour nous tracerait la voie du Bien.

    A u moment o� cette voie expire, au moment o� Kant fait le geste de ce mince recours. de cette liaison infime  avec ce qu'Aristote a instaur� comme l'ordre du monde, les arguments qu'il avance, (p123->) quels sont-ils ? Pour faire sentir la dimension de ce qui est le devoir, qu'avance-t-il ? Ce qu'il avance, c'est pr�tendument qu'un amoureux pr�s d'obtenir le succ�s de sa jouissance y regardera � deux fois si, devant la porte de sa ma�tresse, le gibet est d�j� dress� auquel on l'attachera ; et d'opposer � cela que bien entendu personne ne se risquera jamais � pareil truc, alors qu'il est tout � fait au contraire �vident que n'importe qui est capable de le faire, s'il en veut, simplement. Alors, qu'est-ce qu'on oppose � �a ? C'est que - comme si c'�tait l� le signe d'une sup�riorit� - c'est que somm� par le tyran de diffamer un autre sujet, quelqu'un y regardera � deux fois avant de porter un faux t�moignage.

    A quoi dans mon texte, Kant avec Sade, car j'ai �crit des choses tr�s bien, des choses auxquelles personne ne comprend rien, bien s�r, mais c'est simplement parce qu'ils sont sourds - � quoi j'ai oppos� : mais si pour d�signer � la main du tyran celui que le tyran d�sire atteindre il suffisait non pas d'un faux , mais d'un vrai t�moignage ! Ce qui suffit bien s�r � foutre tous les syst�mes par terre pour la raison que la v�rit�, la v�rit� est toujours pour le tyran. C'est toujours vrai que le tyran, on ne peut pas le supporter et par cons�quent, celui que le tyran veut atteindre, il a d�j� ses raisons pour �a, ce qu'il lui faut, c'est un semblant de v�rit�. Le biais, le biais par o� ici Kant fait la fente, ce biais n'est pas bon, d'o� il r�sulte la formule qui se d�gage simplement de ces deux termes entre quoi Kant fait la rentr�e de la raison pratique, c'est-�-dire du devoir moral, c'est que l'essence, l'essence de ce dont il s'agit dans le bien, c'est que le corps force sa jouissance, � savoir la r�prime, et simplement, ceci au nom de la mort, de la mort de soi ou de la mort de quelqu'un d'autre, dans l'occasion, celui qu'il songera � �pargner - mais cette formule une fois serr�e, est-ce que cela ne r�duit pas le Bien � sa juste port�e, est-ce que hors ces termes, ces termes dont se font les trois, les trois du R�el, en tant que le R�el lui-m�me est trois,  � savoir la jouissance, le corps, la mort , en tant qu'ils sont nou�s, qu'ils sont nou�s seulement, bien entendu, par cette impasse inv�rifiable du sexe, c'est bien l� que se v�hicule la porte de ce discours nouveau venu dont ce n'est pas rien que quelque chose l'ait n�cessit�, le discours analytique dont vous me permettrez de prendre le relais le 9 mai, le 9 mai deuxi�me mardi, et non pas ensuite le troisi�me, mais le quatri�me, le quatri�me, qui ne sera pas donc celui d'apr�s P�ques, le 16 avril, mais celui du 23 . . .

Le 9 avril, pas mai, avril !

note: bien que relu, si vous d�couvrez des erreurs manifestes dans ce s�minaire, ou si vous souhaitez une pr�cision sur le texte, je vous remercie par avance de m'adresser un [mailto:gaogoa@free.fr �mail]. [#J.LACAN Haut de Page] 
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relu ce 9 août 2005