Text/Jacques Lacan/RSI11021975.htm

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'J.LACAN'                         gaogoa

[RSI21011975.htm <] [RSI18021975.htm >]

XXII- R.S.I    1974-1975
      
version rue CB
(relue et complétée par Ignacio Gárate-Martínez à partir d'une version sonore)                   [#note note]
         

11 f�vrier 1975

    (p68->) On m'a dit la derni�re fois qu'on n'avait rien entendu. On m'a expliqu� depuis que c'est parce qu'on accroche des magn�tophones aux hauts-parleurs. Alors je serais reconnaissant aux personnes qui, qui sont en train d'en accrocher pr�cis�ment de les retirer, de fa�on � ce que quand m�me les hauts-parleurs servent � quelque chose. Du m�me coup, je prierai les personnes qui se trouveraient dans la position de ne rien entendre de m'en donner un signe, de fa�on � ce que je ne me fie pas aux hauts-parleurs et que j'essaie d'�lever la voix, car il m'est �videmment p�nible d'entendre, d'entendre la remarque, puisqu'il y a quelques personnes qui viennent me voir, d'entendre la remarque que j'ai peut �tre bien racont� des choses int�ressantes, la veille ou l'avant veille, mais que, qu'on y �tait, mais qu'on n'a pas entendu.

    Je me r�jouis que, qu'aujourd'hui, tout de m�me, parce que j'ai choisi le mardi-gras pour venir, qu'aujourd'hui tout de m�me, les portes ne soient pas trop encombr�es. Ça pourrait m'�tre une occasion puisque, pour entrer dans les confidences, je vous avais fait le rapport, le rapport parce que �a m'avait instruit, je vous avais fait le rapport du fait que j'avais �t� � Nice, que j'avais accept� n'importe quel titre, enfin, je dirais que c'est au titre de n'importe lequel que je l'avais accept�, � ce titre, �videmment pour moi un peu choquant, du " Ph�nom�ne Lacanien ", et puis, je vous avais, je vous avais fait remarquer que, qu'en somme, qu'en somme je l'avais, je l'avais provoqu�, mais que �a m'avait instruit en ceci que, qui est peut-�tre pr�somption, que ce que je dis a, a des effets de sens. Il y semble � mesurer les choses que ces effets ne sont pas imm�diats, mais qu'avec le, le temps que j'y ai mis, et aussi, il faut bien le dire, la pers�v�rance, puisque, somme toute, pour moi, au moins, il a fallu vingt ans pour que je les constate, je veux dire que je les enregistre, qu'il m'apparaisse que �a a eu des effets, et je vous ai dit ma surprise - on ne sait jamais si une surprise est bonne ou mauvaise, une surprise est une surprise, elle est hors du, hors (p69->) du champ du, de l'agr�able ou du d�sagr�able, puisqu'apr�s tout ce qu'on appelle bon ou mauvais, c'est agr�able ou d�sagr�able, alors une surprise est heureuse, disons, �a signifie ce qu'on appelle une rencontre, c'est-�-dire en fin de compte quelque chose qui vous, qui vous vient de vous. J'esp�re qu'il vous en arrive de temps en temps - alors j'ai pu renouveler cette, cette surprise que j'appelle heureuse, plut�t que bonne ou mauvaise, en allant depuis, depuis que je vous ai donn�, donn� cong� jusqu'au premier mardi de f�vrier, premier, enfin deuxi�me, celui o� je parle, j'ai fait un petit tour � Strasbourg. Et j'ai pu constater sans m�me en �tre trop surpris, puisque, puisque c'est le groupe de Strasbourg qui s'en charge, que, que j'avais des effets, des effets de sens en Allemagne. Je veux dire que les Allemands, des Allemands que, que j'ai rencontr�s au groupe de Strasbourg, j'ai obtenu en fin de compte des questions qui m'ont donn� cette heureuse surprise dont je parlais tout � l'heure.

    J'en ai �t� moins surpris qu'� Nice, �tant donn� que c'est,  c'est le groupe de Strasbourg qui en prend soin - non pas que  personne ne prenne soin de ce que je dis � Nice, mais enfin il s'est trouv�, comme �a, que je m'attendais � moins. Il faut dire que, que dans l'intervalle, je m'�tais un peu remont� le moral, et que c'est peut-�tre pour �a que, toute heureuse qu'elle f�t, la surprise �tait moindre � Strasbourg.

    J'en ai eu une plus grande, parce que je viens de passer, je viens de passer huit jours, je vous donne en mille o�, je viens de  passer huit jours � Londres. II est tout � fait certain que, que  ni les anglais, ni je ne dirai pas les psychanalystes anglais,  je n'en connais qu'un, qui soit anglais, et, et encore, il doit  �tre �cossais probablement. Lalangue, je crois que c'est lalangue  anglaise qui, qui fait obstacle. Ce n'est pas tr�s prometteur,  parce que lalangue anglaise est en train de devenir universelle,  je veux dire qu'elle se, qu'elle se fraie sa voie, enfin je peux  pas dire qu'il n'y ait pas de gens qui, qui ne s'efforcent de m'y  traduire. Ceux qui, ceux qui me lisent, comme �a, de temps en  temps, peuvent se donner, avoir une id�e enfin de ce que �a comporte comme difficult� de me traduire dans lalangue anglaise.

(p70->) I1 faut tout de m�me reconna�tre les choses comme elles sont, je ne suis pas, je ne suis pas le premier � avoir constat� cette r�sistance de lalangue anglaise � l'Inconscient. J'ai fait, j'ai  fait des remarques, comme �a je me suis permis d'�crire quelque chose qui a �t� plus ou moins bien accueillie, comme j'y suis habitu�, quelque chose au retour d'un voyage au Japon o� je crois que j'ai dit pour le japonais quelque chose qui, qui s'oppose au jeu, et m�me au maniement de l'Inconscient comme tel, dans ce que j'ai appel� � l'�poque, dans un petit article que j'ai fait, que j'ai sorti je ne sais plus o�, j'ai compl�tement oubli�, que j'ai  appel� Lituraterre, j'ai cru voir dans, dans une certaine, disons,  duplicit�, duplicit� dans le cas de lalangue japonaise, de la prononciation, j'ai cru voir l� quelque chose qui redoubl�e par le  syst�me de l'�criture qui est aussi double, j'ai cru voir l� une certaine sp�ciale difficult�, sp�ciale difficult� � jouer sur le plan de l'Inconscient, et justement en ceci qui devrait y para�tre une aide : si, si ce qu'il en est de l'Inconscient se localise  au lieu de l'Autre, et si j'y fais la remarque qu'il n'y a pas  d'Autre de l'Autre, c'est � savoir que ce qui dans mon petit sch�me figur� du noeud borrom�en se caract�rise par une sp�ciale accentuation du trou dans ce qui fait face, si je puis dire, dans  ce qui fait face au Symbolique, et que j'ai point�, je pense,  la derri�re fois, en y mettant, en y mettant un J suivi d'un grand A, que j'ai traduit enfin, que j'ai essay� d'�noncer comme d�signant la Jouissance de l'Autre, g�nitif, non pas subjectif mais objectif ; et j'ai soulign� que c'est l� que se situe tout sp�cialement ceci qui je crois, l�gitimement, sainement, corrige la  notion que Freud a de l'�ros comme d'une fusion, comme d'une union

    J'ai mis l'accent, � ce propos, comme �a incidemment, plus  ou moins, avant d'avoir sorti ce noeud borrom�en, j'ai mis l'accent sur ceci, c'est que, c'est que c'est tr�s difficile que deux corps se fondent. Non seulement, c'est tr�s difficile, mais c'est un obstacle d'exp�rience courante ; et que si on en trouve la place  bien indiqu�e dans un sch�ma, c'est quand m�me de nature � nous encourager, concernant la valeur de ce que j'appelle l� sch�me. Il faut qu'aujourd'hui, je fraie, je fraie la voie � un cer-(p71->)tain nombre, je ne dirai pas d'�quivalences, mais de correspondances. Il est bien �vident que je les ai maintes fois dans mon, dans mon travail de griffonnage, puisque c'est avec des griffonnages que je pr�pare ce que j'ai ici � vous dire, que je l'ai maintes fois rencontr�es, et ces �quivalences, je les ai maintes fois rencontr�es, et que j'y regarde � deux fois avant de vous en faire part. Je suis plut�t prudent, je ne cherche pas à parler � tort et � travers.

    Bon ! Est-ce que ici, par exemple, il y a quelqu'un qui sache parce que je ne sais pas si Fran�ois . Wahl est l�, est-ce qu'il y a quelqu'un qui sache que la Reine Victoria par Lytton Strachey qui est un auteur bien connu, c�l�bre, enfin j'avais lu dans son temps un petit bouquin traduit, si mon souvenir est bon, chez Stock, concernant Elizabeth et le Comte d'Essex. Est-ce que quelqu'un, ici, est en �tat de me dire, comme il y a des personnes qui sont au Seuil, est-ce qu'il y a, je pense qu'elles pourront peut-�tre me dire si le Lytton Strachey sur la Reine Victoria est sorti, est sorti au Seuil traduit ? ( dans la salle : " Au Seuil, non ") - Comment ? J'entends mal, non ? C'est pas sorti ? C'est bien emmerdant. C'est bien emmerdant, parce que je vous aurais recommand� de le lire. Oui, �a c'est vraiment emmerdant !  Qu'est-ce qui a bien pu me dire . . . Bon, enfin, je suis tr�s emb�t�, parce que �a courait les rues sous la forme d'un Penguin Book, mais c'est " out of print " alors je ne peux pas vous en recommander la lecture, mais enfin, tous ceux qui pourront mettre la main, parce qu'il y a quand m�me des biblioth�ques et il y a aussi des livres d'occasion, tous ceux qui pourront mettre la main sur ce " Queen Victoria " de Lytton Strachey, je les invite vivement � le lire, parce que � mon retour d'Angleterre, c'est-�-dire samedi dernier et dimanche, je n'ai pas pu quitter ce bouquin. Je n'ai pas pu quitter ce bouquin et �a ne veut pas dire que je vais vous en parler aujourd'hui, parce que il faut que, pour en faire quelque chose, enfin, qui rentre dans mon discours, il faudrait que, il faudrait que je le triture, il faudrait que je le torde, il faudrait que je l'essore, il faudrait que j'en sorte un jus, c'est, j'ai beau y avoir pris plaisir, c'est trop fatiguant, et puis je n'ai pas le temps.

(p72->) N�anmoins, �a pourrait, �a pourrait, me semble-t-il, montrer que, qu'il y a peut-�tre plus d'une origine � ce ph�nom�ne stup�fiant de la d�couverte de l'Inconscient. Si le XIX�me si�cle, me semble-t-il, n'avait pas �t� si �tonnamment domin� par ce qu'il faut bien que j'appelle l'action d'une femme, � savoir de la Reine Victoria, ben, on ne se serait pas rendu compte � quel point il fallait, il fallait cette esp�ce de ravage, enfin, pour que, pour qu'il y ait l�-dessus ce que j'appelle enfin, un r�veil. C'est un de mes bateaux que le r�veil, c'est un �clair. Il se situe pour moi, enfin, quand �a m'arrive, pas souvent, il se situe pour moi pour moi, �a veut pas dire que ce soit comme �a pour tout le monde il se situe pour moi au moment o� effectivement je sors du sommeil j'ai � ce moment-l� un bref �clair de lucidit�, �a ne dure pas, bien s�r. Je rentre comme tout le monde dans ce r�ve qu'on appelle  la r�alit�, � savoir dans les discours dont je fais partie, et parmi lesquels j'essaie de frayer la voie au discours analytique. C'est un effort tr�s p�nible.

    Je crois que ce livre me semble devoir vous, vous rendre sensible ceci, enfin, sensible avec un particulier relief, ceci que l'amour n'a rien � faire avec le rapport sexuel' et confirmer que �a part, non pas, je veux dire, de la femme, puisque justement ce � propos de quoi j'ai vu, j'ai vu qu''une fois de plus, enfin c'est un point sur lequel m�me les gens qui me sont le plus sympathiques je veux dire qui croient devoir me rendre hommage, l� flottent, et m�me d�raillent, il faut bien le dire. Si, si je dis que la femme n'existe pas, c'est �videmment sans retour, si je puis dire. Mais, une femme, une femme entre autres, une femme bien isol�e dans le, dans le contexte anglais par cette esp�ce de prodigieuse s�lection qui n'a rien � faire avec, avec le discours du ma�tre, c'est pas parce qu'il y a une aristocratie, qu'il y a un discours du ma�tre. Cette aristocratie d'ailleurs n'a pas grand chose � faire avec une s�lection locale, si je puis dire . Les vrais ma�tres, c'est pas ceux  qui sont les, ce qu'on pourrait appeler les mondains, enfin les gens biens, les gens de bonne compagnie, les gens qui se connaissent entre eux, enfin ou qui croient se conna�tre. La fatalit� qui a fait qu'un certain Albert de Saxe Cobourg est, est tomb� dans les pattes, il n'y avait aucun penchant- (p73->) c'est ce qu'il y a de merveilleux, enfin, c'est que Lytton Strachey le souligne, - pas le moindre penchant vers les femmes. Mais quand on rencontre un vagin dent�, si je puis m'exprimer ainsi, de la taille exceptionnelle de la Reine Victoria, enfin une femme qui est Reine, c'est-�-dire, c'est-�-dire c'est vraiment ce qu'on fait de mieux comme vagin dent�, c'est m�me une condition essentielle. Enfin, S�miramis devait avoir un vagin dent�, c'est forc�, �a se voit d'ailleurs quand Degas en a fait un dessin. Elizabeth d'Angleterre devait aussi, enfin �a se voit enfin. Pour Essex, �a a eu des cons�quences. Pour quoi est-ce que �a n'a pas eu les m�mes pour celui qu'on appelle, quand on d�signe le mus�e qui subsiste � leur m�moire le " Victoria and Albert ", parce qu'on ne dit pas Victoria -and-, on dit Victoria (r)and Albert, pourquoi est-ce que le Albert en question n'a pas subi le sort d'Essex ? C'est parce que il ne se, c'est m�me pas s�r qu'il l'ait pas subi, parce que il a d�funt� tr�s t�t. Il a d�funt� tr�s t�t d'une mort qu'on appelle naturelle, mais vous regarderez �a de tr�s pr�s j'esp�re. Vous regarderez �a de tr�s pr�s, �a me semble enfin la plus merveilleuse chose qu'on puisse avoir comme annonce de cette v�rit� que j'avais trouv�e sans �a, enfin, cette v�rit� du non-rapport sexuel.

    Ça me semble une illustration tout � fait sensationnelle, et comme tout de m�me tout �a s'est pass�, s'est pass� tr�s vite, et en somme avait d�j� enfin franchi ses principaux �pisodes avant la naissance de Freud, �a n'est, il me semble, quand m�me une raison pour dire que si Freud n'�tait pas surgi l� enfin, par quelle myst�rieuse rencontre de l'Histoire, tout de suite apr�s cette mise en exercice de ce que les femmes ont, je ne sais pas si c'est un pouvoir, on est tr�s tr�s fascin� par des notions, des cat�gories comme celles-l�, le pouvoir, le savoir, tout �a, ce sont des fadaises enfin, des fadaises qui, qui laissent toute la place aux femmes, je n'ai pas dit � la femme, aux femmes qui, qui ne s'en soucient pas, mais dont le pouvoir d�passe sans mesure toutes les cat�gories. Bon, enfin, paix � l'�me du (r)and Albert, il est certain que ce que je dis ne va pas tout � fait dans le sens malgr� tout de ce que les femmes puissent, ni doivent courir leur chance, si on peut appeler �a une chance, dans une esp�ce (p74->) d'int�gration aux cat�gories de l'homme, je veux dire, ni le pouvoir, ni le savoir, enfin elles en savent, elles en savent tellement plus, enfin n'est-ce pas, du seul fait d'�tre une femme que c'est bien devant quoi je tire mon chapeau, et la seule chose qui m'�tonne, c'est pas tellement comme je l'ai dit comme �a, � l'occasion, qu'elles sachent mieux traiter l'Inconscient. Je ne suis pas tr�s s�r. Leur cat�gorie � l'endroit de l'Inconscient est tr�s �videmment d'une plus grande force. Elles en sont moins emp�tr�es. Elles traitent �a avec une sauvagerie, enfin une libert� d'allure tout � fait saisissante par exemple dans le cas d'une M�lanie Klein. C'est quelque chose que comme �a je laisse � la m�ditation de chacun et les analystes femmes sont certainement plus � l'aise, plus � l'aise � l'endroit de l'Inconscient. Elles s'en occupent, elles s'en occupent pas, il faut bien le dire sans que ce soit, sans que ce soit au d�pens, c'est bien peut-�tre l� que se trouve revers�e l'id�e du m�rite que elles y perdent quelque chose de leur chance qui rien que d'�tre une entre les femmes est en quelque sorte sans mesure. Si j'avais, ce qui �videmment ne peut pas me venir � l'id�e, enfin si je devais localiser quelque part l'id�e de libert�, �a serait �videmment dans une femme que, que je l'incarnerais. Une femme, pas forc�ment n'importe laquelle, puisqu'elles ne sont pas toutes et que le n'importe laquelle glisse vers le toute.

    Bon, laissons �a de c�t�. Laissons �a de c�t� parce que c'est un sujet o� comme dans le fond Freud lui-m�me, je pourrais dire que, que j'y perds mon latin. Ce qui n'est pas une mauvaise fa�on de dire les choses. Mais enfin, si �a vous tombe sous la main, j'ai eu le bonheur que une personne qui �tait une de celles qui m'avaient invit� l�-bas, je veux dire � Londres, qu'une personne me passe ce truc " out of print ", enfin son exemplaire pour tout dire, et je pense que c'est une lecture que personne ici ne doit manquer, si, si, s'il a je ne sais pas quoi, un peu de touche, un peu de vibration � l'endroit de ce que je dis. Bon !

    Il est �videmment tout � fait extraordinaire, je passe � un autre sujet, tout � fait extraordinaire de voir que l'art, l'art-m�me qui, qui a trait� les sujets qu'on appelle g�om�triques au nom de ceci que un interdit est port� par certaines religions sur (p75->) la repr�sentation humaine, que m�me l'art  arabe donc, pour l'appeler par son nom, fait des frises, mais que ces frises et ces tresses que �a comporte, que il n'y ait pas de noeud borrom�en. Alors que le noeud borrom�en pr�te, pr�te � une richesse de figures tout � fait foisonnantes dont il n'y a justement dans aucun art trace. C'est une chose en soi-m�me tr�s surprenante. Ça n'est pas facile, ce n'est pas facile de donner de �a une explication, si ce n'est peut-�tre que, que si personne n'en a senti l'importance c'est tout de m�me fait pour nous donner cette dimension qu'il fallait quelque chose qui ne va pas du tout, qui ne va pas du tout sans l'exigence de l'�mergence de ce que j'appellerai (une) certaine consistance. Ce sont pr�cis�ment celles que je donne, celles que je donne au Symbolique, � l'Imaginaire et au R�el. Mais, c'est de les homog�n�iser que je leur donne cette consistance et, les homog�n�iser, c'est les ramener � la valeur de ce qui commun�ment enfin est consid�r� comme le plus bas - on se demande au nom de quoi - c'est leur donner une consistance pour tout dire de l'Imaginaire.

    C'est bien en �a que, qu'il y a quelque chose � redresser : la consistance de l'Imaginaire est strictement �quivalente � celle du Symbolique comme � celle du R�el. C'est m�me en raison du fait qu'ils sont nou�s de cette fa�on, c'est-�-dire d'une fa�on qui les met strictement l'un par rapport � l'autre, l'un par rapport aux deux autres, dans le m�me rapport ; c'est m�me l� qu'il s'agit de faire un effort qui soit de l'ordre de l'effet de sens. Qui soit de l'ordre de l'effet de sens, je veux dire, que l'interpr�tation analytique implique tout � fait une bascule dans la port�e de cet effet de sens. Il est certain qu'elle porte, l'interpr�tation analytique porte d'une fa�on qui va beaucoup plus loin que la parole. La parole est un objet d'�laboration pour l'analysant, mais ce que dit l'analyste, car il dit, ce que dit l'analyste a des effets dont �a n'est pas rien de dire que le transfert y joue un r�le, mais �a n'est pas rien, mais �a n'�claire rien. Il s'agirait de dire comment l'interpr�tation porte, et que elle n'implique pas forc�ment une �nonciation. Il est bien �vident que trop d'analystes ont l'habitude de la fermer, j'ose croire, je veux dire de (p76->) la boucler, de ne pas l'ouvrir, comme on dit, je parle de la bouche, mais j'ose croire, que leur silence n'est pas seulement fait d'une mauvaise habitude, mais d'une suffisante appr�hension de la port�e d'un dire silencieux. J'ose le croire, mais j'en suis pas s�r. A partir du moment o� nous entrons dans ce champ, il n'y a pas de preuve. Il n'y a pas de preuve, si ce n'est dans ceci c'est que �a ne r�ussit pas toujours, un silence opportun.

    Ce que j'essaie de faire ici o�, h�las, je bavarde, je bavarde beaucoup, est tout de m�me destin� � changer la perspective sur ce qu'il en est de l'effet de sens. Je dirais que �a consiste cet effet de sens � le serrer, � le serrer, mais bien s�r � condition que ce soit de la bonne fa�on, � savoir � le serrer d'un noeud, et pas n'importe lequel

    Je suis tr�s �tonn� de r�ussir � substituer, je le crois, cet effet de sens tel qu'il fasse noeud, et noeud de la bonne fa�on, � ce que j'appellerai , � ce que j'appellerai ce qui se produit, enfin, en un point parfaitement d�signable, d�signable sur ce noeud-m�me, ceci dont je ne crois pas du tout participer, si ce n'est en ce point pr�cis, et qui s'appelle l'effet de fascination. Car, � vrai dire, c'est ce qui, c'est sur cette corde, c'est sur cette corde que glissent, enfin, que portent, la plupart des effets de l'art, et c'est le seul crit�re qu'on puisse trouver qui le s�pare, qui le s�pare de ce que la science, elle, arrive � coordonner. C'est bien en cela qu'un homme de lettres, enfin, comme je sais pas, un Val�ry, par exemple, se contente de rester enfin, sur ceci qu'il s'agit d'expliquer, sur des effets de fascination, dont quand m�me l'analyse, l'analyse est exigible.

     L'effet de sens exigible, l'effet de sens exigible du discours analytique n'est pas Imaginaire, il n'est pas non plus Symbolique, il faut qu'il soit R�el. Et, ce dont je m'occupe cette ann�e, c'est d'essayer de serrer de pr�s quel peut �tre le R�el d'un effet de sens. Parce que, d'un autre c�t�, il est bien clair que on est habitu� � ce que l'effet de sens se v�hicule par des mots et ne soit pas sans r�flexion, sans ondulation imaginaire. On peut m�me dire que m�me sur mon petit sch�me tel que je vous l'ai reproduit la derni�re fois, tel que je vais le refaire  

(p77->) 

File:Rsi.jpg

maintenant. Prenez vraiment l'habitude, n'est-ce pas! de dessiner �a comme �a, c'est-�-dire de ne pas faire ce qu'on fait, ce qu'on fait r�guli�rement, enfin la jonction une fois qu'on est parti avec cet �lan. 

 L'effet de sens, c'est l�,

  au joint du Symbolique et de l'Imaginaire, que je l'ai situ�. Il n'a, il n'a en apparence de rapport avec ceci, � savoir le cercle consistant du R�el, il n'a qu'un rapport, en principe, d'ext�riorit�. Je dis en principe, je dis en principe parce que c'est en ceci qu'il est l�, mis � plat. Il est mis � plat de ce fait que nous ne pouvons pas penser autrement. Nous ne pensons qu'� plat.

    Il suffit de figurer autrement ce noeud borrom�en, vous allez voir le tintouin bien s�r que �a va donner, n'est-ce pas, vous voyez d�j� . . . Ah ! C'est �a qu'il y a de merveilleux, c'est que . . . Prenons �a comme �a. J'aurais pu bien s�r le prendre de n'importe quelle fa�on.  

French singer Bo.jpg
Vous voyez bien que ce dont il s'agit, c'est de faire que ce noeud soit borrom�en. C'est-�-dire que, vous voyez bien les deux qui sont l� figur�s se s�parent ais�ment l'un de l'autre. Il n'y a qu'une fa�on et une seule, une seule simple, car il y en a plus d'une de faire qu'il soit borrom�en, ce noeud, c'est ceci que je vous

figure avec toute la maladresse, qui j'esp�re, sera dans l'occasion  �galement la v�tre. Parce que je veux vous en montrer . . . la difficult�, c'est ceci : vous voyez que du fait que la troisi�me boucle que j'ai ajout�e passe, si je puis dire, � travers les deux oreilles que permet de distinguer le passage de cet �l�ment du noeud � l'int�rieur de ce que j'appellerai le trou de la troisi�me boucle (p78->) c'est dans cette mesure que le noeud tient.

      Est-ce que il faut nous en tenir l� ? C'est-�-dire penser qu'il suffise de trois �l�ments consistants qui, dont l'un fait noeud des deux autres. I1 y a d�j� ceci que nous posons avec ce noeud, ceci qui va contre l'image dite de la concat�nation, c'est en tant que le discours dont il s'agit ne fait  pas cha�ne, c'est-�-dire qu'il n'y a pas r�ciprocit� du passage d'une des consistances dans le trou que lui offre l'autre, c'est-�-dire qu'une des consistances au sens commun du terme ne se noue pas � l'autre, je veux dire, ne fait pas cha�ne. C'est en ceci que se sp�cifie le rapport  du symbolique, de l'Imaginaire et du R�el. C'est en cela que la question d'abord se pose de savoir si l'effet de sens dans son R�el tient bien � l'emploi des mots, je dis l'emploi au sens usuel du terme, o� seulement � leur jaculation, si je puis dire, c'est un terme en usage pour ce qu'il en est des mots. Beaucoup de choses depuis toujours l'ont donn� � penser, mais de cet emploi � cette jaculation, on ne faisait pas la distinction. On croyait que c'�tait les mots qui portent. Alors que si nous nous donnons la peine d'isoler la cat�gorie du signifiant, nous voyons bien que la jaculation garde un sens, un sens isolable.

    Est-ce � dire que c'est l�, � cela que nous devions nous fier pour que se passe ceci que le dire fasse noeud, � la distinction de la parole qui tr�s souvent glisse, laisse glisser, et que notre intervention au regard de ce qu'il est demand� � l'analysant de fournir, � savoir comme on dit tout ce qui lui passe par la t�te, ce qui n'implique pour autant nullement que ce ne soit l� que du bla-bla-bla, car justement derri�re il y a l'Inconscient. Et c'est de ce fait qu'il y ait l'Inconscient que d�j� dans ce qu'il dit, il y a des choses qui font noeud, qu'il y a d�j� du dire, si nous sp�cifions le dire d'�tre ce qui fait noeud.

    I1 ne suffit pas ce noeud, de l'appeler du R�el, l'Imaginaire dans ce sch�ma n'est pas un rond Imaginaire, si le noeud tient, c'est justement que l'Imaginaire doit �tre pris dans sa consistance propre et que, sans doute, puisque ce sch�ma est ce qui nous presse au moins par mon interm�diaire, c'est que l'usage du Symbolique n'y est �videmment pas � prendre comme tout l'indique dans (p79->) la technique de l' analyse, au sens courant du mot. Le symbolique n'est pas seulement du bla-bla-bla. Ce qu'ils ont de commun, c'est �a. C'est pas le R�el, c'est-�a le R�el. Le R�el, c'est qu'il y a quelque chose qui leur soit commun dans la consistance. Or, or cette consistance r�side seulement dans le fait de pouvoir faire noeud. Un noeud mental est-il R�el ? L� est la question. Je conviens que je ne vous m�nage pas aujourd'hui, mais c'est tout de m�me pour vous donner tout de suite la r�ponse : il a 1e R�el, le noeud mental, il a le R�el de l'ex-sistence. Il a le R�el de l'ex-sistence, tel que je l'�cris, de ces �quivalences dont je vous disais tout � l'heure que c'�tait mon but de l'introduire aujourd'hui, je parle, j'ai parl� prudemment de correspondances, je parle maintenant de fonctions. Et c'est en �a que j'avance le mot " �quivalence ".

    Il est assez curieux, si nous voulons donner quelque support � ce que nous avan�ons, que ceci pr�cis�ment nous force � ne pas mettre le R�el dans la consistance. Et la consistance, pour la d�signer par son nom, je veux dire par sa correspondance, la consistance, je dirais, est de l'ordre Imaginaire. Ce qui se d�montre, ce qui se d�montre longuement, dans toute l'histoire humaine, et qui doit nous inspirer une singuli�re prudence, c'est que beaucoup de la consistance , toute la consistance qui a d�j� fait ses preuves, est pure imagination. Je fais retourner ici l'Imaginaire � son accent de sens. La consistance pour le parle-�tre, pour l'�tre-parlant, c'est ce qui se fabrique et qui s'invente. Dans l'occasion, c'est le noeud, en tant qu'on l'a tress�.

    Mais justement, c'est l� qu'est le fin mot de l'affaire, si je puis dire c'est que �a n'est pas en tant qu'on l'a tress� qu'il ex-siste, m�me si je ne fais pas de figure de mon noeud borrom�en sur le tableau, il ex-siste. Car, d�s qu'il est trac�, n'importe qui voit bien que c'est impossible qu'il ne reste pas ce qu'il est dans le R�el, � savoir un noeud. Et c'est bien en quoi je crois que j'avance quelque chose qui aux analystes qui m'�coutent peut �tre utile dans leur pratique. C'est qu'ils sachent que ce qu'il tressent, que ce qu'ils tressent d'Imaginaire, n'en ex-siste pas moins. Que cette ex-sistence, c'est ce qui r�pond au R�el. Il y a quelque chose, Dieu merci, qui nous a introduit � cette notion de (p80->) l'ex-sistence.

      C'est l'emploi de l'�crit : (petit File:Existe.jpg invers�) File:Exfx.jpg � propos de ce quelque chose qui, dans l'occasion, s'appelle une variable li�e, d�sign�e par la lettre x . Il ex-siste un x qui peut �tre port� dans f(x) , c'est-�-dire dans une fonction de x.  Que cette fonction soit x , une fonction au sens g�n�ral du terme, ou simplement une �quation, dans le cas d'une �quation, il arrive qu'il n'ex-siste pas de racine comme on s'exprime si une �quation, c'est toujours quelque chose qui s'�gale � z�ro, il arrive qu'il n'y ait pas de racine, qu'il n'ex-siste pas de racine, et quand elle n'ex-siste pas, �a ne nous fait ni chaud ni froid, nous la faisons ex-sister, c'est-�-dire que nous inventons la cat�gorie de la racine imaginaire et que, en plus, �a donne des r�sultats.

    Ici, g�t le point de flottement par o� on voit que le terme d'Imaginaire ne veut pas dire pure imagination, puisqu'aussi bien, si nous pouvons faire que l'Imaginaire ex-siste, c'est qu'il s'agit d'un autre R�el. Je dis que l'effet de sens ex-siste, et qu'en ceci, il est R�el. Ce n'est pas de l'apolog�tique, c'est de la consistance, de la consistance Imaginaire, sans doute, mais il semble qu'il y ait tout un domaine usuel de la fonction Imaginaire qui, elle, dure et qui se tienne. Je ne peux dialoguer qu'avec quelqu'un que j'ai fabriqu� � me comprendre, au niveau o� je parle et c'est bien en cela que, non seulement je m'�tonne que vous soyez si nombreux, mais je ne peux m�me pas croire que j'ai fabriqu� chacun de vous � me comprendre. Sachez seulement qu'il ne s'agit pas de �a dans l'analyse. I1 s'agit seulement de rendre compte de ce qui ex-siste comme interpr�tation. L'�tonnant est qu'� travailler, si je puis dire, sur ces trois fonctions, du Symbolique, de l'Imaginaire et du R�el, j'ai, � distance, fabriqu� assez de gens qui n'ont eu qu'� ouvrir, enfin de compte je ne peux d�j� m�me pas croire qu'il y ait jamais un anglais qui ait fait plus que �a, de regarder d'un petit peu ou d'ouvrir mes livres, quand ils savent le fran�ais, puisque c'est pas encore traduit, et que quand m�me il y ait quelque chose qui leur ait permis d'y r�pondre. Qu'est-ce que veut dire qu'il ex-siste une construction dont il faut bien que la consistance ne soit pas Imaginaire.

    (p81->) I1 n'y a qu'une seule condition qui est tout � fait lisible, lisible ici au tableau noir, il faut pour �a qu'elle ait un trou. Et c'est ceci qui nous am�ne � la topologie dite du tore qui est celle par laquelle depuis longtemps j'ai �t�, je ne peux pas dire de mon plein gr�, c'est pas de ces choses qui me soient tellement famili�res, quoique tout le monde sache bien ce que c'est qu'un bracelet, simplement ce que je constate, c'est que la topologie math�matique, celle qui s'intitulant comme telle et constituant l'introduction de ces rapports au mou, au flou, comme s'exprime mon cher ami Guilbaud au noeud du m�me coup, soit quelque chose qui, dans la th�orie math�matique me donne tellement de mal et vous en donnerait tout autant, je dois dire, car je ne vois pas qu'une th�orie des noeuds ait besoin d'en passer par la fonction dite des filtres, par exemple, ou d'exiger la consid�ration des ensembles, les uns ouverts, les autres ferm�s, quand ces termes d'ouvert et de ferm� prennent une consistance Imaginaire, sans doute, mais une consistance toute diff�rente de la pratique des noeuds.

    Le trou dont je parle, qui parait devoir �tre mis au centre de ceci, qui me para�t �tre le point par o� nous pouvons d�coller de cette pens�e qui fait cercle, cette pens�e qui met � plat, obligatoirement et qui, de ce fait, de ce fait seulement dit que ce qu'il y a l�-dedans ( Il s'agit d'un cercle trac� au tableau ) , c'est autre chose que ce qu'il y a dehors. Alors qu'il suffit de l'imaginer, de l'imaginer comme corde consistante pour bien voir que le dedans dont il s'agit l� et le dehors, c'est exactement la m�me chose : qu'il n'y a qu'un dedans, c'est celui que nous imaginons comme �tant l'int�rieur du tore. Mais justement, l'introduction de la figure du tore consiste, ce dedans du tore, � ne pas en tenir compte. C'est bien l� qu'est le relief et l'importance de ce qui nous est fourni.

    La derni�re fois, � propos de mon noeud, j'ai fait la remarque et j'ai m�me dessin� la figure de ceci que si nous partons de l'exigence de faire un noeud borrom�en, non pas � trois, mais bien � quatre, il nous faut supposer ces trois tores ind�pendants, c'est-�-dire, c'est-�-dire les dessiner comme ceci (Fig.2) : voil� celui qui est au-dessus - celui qui est interm�diaire et celui qui est au-dessous.

(p49->) [../../images/14011975/49.jpg p49]          [../../erreurs%20reperees.htm#22 voir note pour la pagination]

Crazy B.jpg
 

(p50->) Je vous ai figuré la dernière fois comment par une figure qui est celle d'un troisième tore, d'un quatrième tore, ces trois ici figurés indépendants peuvent être noués, peuvent et doivent être noués, et j'ai même fait allusion à ceci, c'est que dans Freud, il y a élision de ma réduction à l'Imaginaire, au Symbolique et au Réel, comme noués tous les trois entre eux, et que ce que Freud instaure avec son Nom du Père, identique à la réalité psychique, à ce qu'il appelle la réalité psychique, nommément à la réalité religieuse, car c'est exactement la même chose, que c'est ainsi par cette fonction, par cette fonction de rêve que Freud instaure le lien du Symbolique, de l'Imaginaire et du Réel.

    Ceux qui, je l'espère, étaient ici la dernière fois, ont conservé, je pense, la note, la trace, de la façon simple, de la façon simple dont ici peut se tracer ce tore comme bien sûr ici. Je crois si mon souvenir est bon - je pourrais le dessiner, il est très possible que je ne me trompe pas, parce que ce n'est pas du tout si aisé - Essayons comme ça, tout de même ça m'amuse, ça m'amuse, parce que à chaque fois on s'y perd. Voyons, partant de ceci . . . Ah ! qu'est-ce que ça donne ça ? Ouaih, ça a l'air par bonne chance d'être réussi, à savoir de tenir, à savoir de reproduire ce que je vous ai donné la dernière fois. (Fig.3)

    Mais c'est pas ça qui m'importe. Ce qui m'importe, c'est ceci cette figure, cette figure qui est ici, supposons-la non noeud, à savoir, comme vous le voyez, ici (Fig.4) ce que j'ai tracé la dernière fois comme troisième cercle, comme troisième corde ne moue rien . Comment pouvons-nous là-dessus faire le dessin de ce qui nouerait ces trois ?

    Je vais vous le présenter d'une autre façon qui est celle-ci. I1 est très facile de concevoir, sous la forme qui a été matérialisée de trente six façons au cours des ages, à savoir d'Astrolabeil est très facile de concevoir trois cercles sphériques ; métalliques, là où nous nous retrouverons bien plus aisément, bien sûr, puisque nous ne sommes capables de faire de géométrie que des solides. Voici comment je vais les représenter. Supposez ceci qui a été  très fréquemment réalisé au cours des âges, dans les instruments de marine (Fig.5). Je vais vous le dessiner simplement.

    (p51->) Voilà un cercle vu de face. Le cercle équatorial que je vous dessine maintenant est vu à plat, et c'est pour ça que j'ai feint de vous le dessiner en perspective. Faisons maintenant un troisième cercle sagittal. Traçons ce petit pointillé pour vous donner la notion de la façon dont vous devez le voir en perspective. C'est une façon distincte, parce qu'elle invoque, elle fait invocation sans aucun espoir d'ailleurs à votre sens de l'espace, vous n'en n'avez pas plus que quiconque. Vous croyez voir en relief, mais vous n'imaginez même pas en relief.

    Je veux ici (Fig. 6) figurer comment dans l'espace se conçoit la trace de ce que je vous ai donné tout à l'heure, ce que je vous ai posé tout à l'heure comme problème concernant ce qui peut unir ces trois Imaginaire et Symbolique et Réel désunis. Si vous procédez ainsi, vous verrez que vous avez à tracer cette ligne, cette consistance, qu'il faut et qu'il suffit que ceci soit disons, figuré pour qu'il y ait là noeud, noeud à quatre, noeud partant d'une disjonction conçue comme originaire du Symbolique, de l'Imaginaire et du Réel. Je vous conseille d'en garder note parce que c'est d'une nature assez féconde à faire réfléchir sur ce qu'il en est de la fonction noeud, à savoir pourquoi, par exemple, cette ligne que j'ai isolée comme rose doit passer les deux fois, pour nous, pour nous en avant et au-dessus de ce cercle le seul à-plat et passer, se contenter de passer en somme à l'intérieur de celui qui ici occupe le rang deux au regard de une idée que nous pourrions nous faire de l'extérieur, du moyen et de l'intérieur et du profond. Ceci suffit en effet amplement et est illustratif de la fonction du noeud.

    Je poserai, si je puis dire, cette année la question de savoir si, quant à ce dont il s'agit ; à savoir le nouement de l'Imaginaire, du Symbolique et du Réel, il faille, cette fonction supplémentaire en somme d'un tore de plus, celui dont la consistance serait à référer à la fonction dite du Père. C'est bien parce que ces choses m'intéressaient depuis longtemps, quoique je n'avais pas encore à cette époque trouvé cette façon de les figurer, que j'ai commencé Les Noms du Père. I1 y a en effet plusieurs façons d'illustrer, d'illustrer la manière dont Freud,

    (p52->) [../../images/14011975/52.jpg p52]

File:52.jpg
 

(p53->) comme c'est patent, dans son texte, ne fait tenir la conjonction du Symbolique, de l'Imaginaire et du Réel que par les Noms du Père. Est-ce indispensable ? Ce n'est pas parce que ça serait indispensable et que je dis là contre, que ça pourrait être controuvé que ça l'est, en fait, toujours.

    Il est certain que quand j'ai commencé à faire le séminaire des " Noms du Père ", et que j'ai, comme certains le savent, au moins ceux qui étaient là, que j'y ai mis un terme, j'avais sûrement - c'est pas pour rien que j'avais appelé ça " Les Noms du Père " et pas le Nom du Père, j'avais un certain nombre d'idées de la suppléance que prend le domaine, le discours analytique, du fait de cette avancée par Freud des Noms du Père, ce n'est parce que cette suppléance n'est pas indispensable qu'elle n'a pas lieu notre Imaginaire, notre Symbolique et notre Réel sont peut-être pour chacun de nous encore dans un état de suffisante dissociation, pour que seul le Nom dû Père fasse noeud borroméen et tenir tout ça ensemble, fasse noeud du Symbolique, de l'Imaginaire et du Réel. Mais ne vous imaginez pas que, ce serait bien pas dans mon ton habituel et que je sois en train de prophétiser que du Nom du Père, du Nom du Père dans l'analyse, et aussi bien du Nom du Père ailleurs, nous puissions d'aucune façon nous passer pour que notre Symbolique, notre Imaginaire et notre Réel, comme c'est votre sort à tous ne s'en aillent très bien chacun de son côté. Il est certain que, sans qu'on puisse dire que ceci constitue un progrès car on ne voit pas en quoi un noeud, un noeud de plus sur le dos, sur le col et ailleurs, on ne voit pas en quoi un noeud, un noeud réduit à son plus strict constituerait un progrès si ce seul fait que ce soit un minimum, ça constitue sûrement un progrès dans l'Imaginaire, c'est-à-dire un progrès dans la consistance. Il est bien certain que dans l'état actuel des choses, vous êtes tous et toutes un chacun aussi inconsistants que vos pères, mais c'est justement du fait d'être entièrement suspendus à eux que vous êtes dans l'état présent.

note: bien que relu, si vous d�couvrez des erreurs manifestes dans ce s�minaire, ou si vous souhaitez une pr�cision sur le texte, je vous remercie par avance de m'adresser un [mailto:gaogoa@free.fr �mail]. [#J.LACAN Haut de Page] 
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relu ce 17 août 2005